[07] – DreamChaser
Je ne suis personne à vos yeux, pas encore. Bonsoir. Sans prétention, je suis au-dessus des autres, mais ça, personne ne le sait. Pourquoi s’intéresser à moi de toute façon ? Beaucoup de personnes ont cette façon de penser. Je vais vous en présenter une.
Je sais qui je suis, je sais où je suis, mais je n’ai pas la moindre idée de là où je vais. — Siaelian
J’avais quitté le manoir d’Aiden, assez bizarrement, je me suis retrouvé dans la cité de mon père. Je ne l’ai jamais connu, étant toujours resté dans le palais royal, parce que c’est plus sécurisé. C’était grand, plein de vie. Les enfants courraient partout, insouciants, comme si la vie n’avait aucune importance pour eux, à part leur bonheur. J’ai avancé dans la ville, observant tout autour de moi. J’ai croisé un magasin d’habits, j’y suis rentré, pour regarder ce qu’il y avait.
La vendeuse avait un regard assez étrange sur moi, allez savoir pourquoi. J’ai trouvé une tenue qui me plaisait bien sur un mannequin en vitrine, je suis allé voir la vendeuse pour le prendre.
Elle me demandait deux-cents crédits, je ne les avais pas. J’ai posé ma main sur le comptoir et les crédits sont apparus, sans même comprendre comment. J’avais une veste, un pantalon et des chaussures, c’était déjà mieux que rien. J’ai ensuite rejoint les rues de la ville pour me diriger vers le palais de mon père. Je n’avais peut-être pas fait le bon choix de chemin. Je m’en suis rendu compte lorsque je suis tombé sur une bande de mercenaires.
– Dit donc, qu’est-ce que tu fais ici mademoiselle ?
– Laissez-moi passer, fis-je
– Pas si vite, ça ne marche pas comme ça ici, dit-il l’attrapant par le bras.
– Lâche-moi !
Elle se débattait pour se libérer. Elle réussit de force, le bras endolori.
– Ne la laissez pas s’enfuir !
Deux mercenaires se mirent à tirer sur elle, au moment où elle trébuchait dans sa course. Elle essaya de se protéger sachant qu’elle serait touchée dans tous les cas. Un bruit métallique résonna dans la ruelle, alors qu’elle avait encore les yeux fermés. Elle les ouvra à nouveau et tout était figé. Personne ne bougeait, pas même les balles de pistolet.
– Qu’est-ce qu’il se passe ?
Elle se releva, puis vit quelqu’un tomber d’un toit, il prit le bâton qui s’était planté dans le sol dans ses mains pour l’en sortir et le tenir derrière son dos.
– Je crois que c’est de ma faute, répondit l’homme. Enchanté.
– Qui es-tu ?
– Toi, qui es-tu ? dit-il s’approchant d’un des mercenaires.
– Je suis la fille de l’empereur.
– Tu n’étais pas supposée être morte ?
Il posa son doigt sur la joue de celui qui la poursuivait, puis il le poussa pour le faire tomber.
– Ça m’amuse, dit-il se retournant vers la fille.
– Tu n’as pas répondu à ma question.
– Je m’appelle Nova.
– Rien de plus ?
– Je t’en ai posé des questions moi ? Bon, d’accord. Qu’est-ce que tu viens faire ici ?
– Je voulais parler à mon père. Mais j’ai l’impression qu’il m’a déjà enterré.
– Non, considéré comme morte oui. Tu veux pas qu’on aille ailleurs, avant que ces idiots reprennent le cours du temps ?
– T’es bizarre.
– Et tu me connais pas encore. Suis-moi.
Il m’amena vers le palais, dans les jardins privés, personne ne bougeait, rien ne bougeait. C’est comme si tout était figé depuis son arrivée. Quelques mètres plus loin, il y avait l’horloge de la cité, les aiguilles ne se déplaçaient plus.
– Qu’est-ce que tu es exactement ?
Il s’émerveillait de la cour de autour de lui.
– Ce que je suis te dérange ? demanda-t-il.
– Le temps n’avance plus, les personnes ne bougent plus. Et ça depuis que tu es ici.
– J’ai peut-être un peu stoppé le temps oui.
Il posa sa lance sur le sol, dépliant les deux mâchoires pointant vers le ciel et y faisant apparaitre d’étranges anneaux bleus autour.
– Qui es-tu ?
– Je te l’ai dit, je suis Nova.
– Qui es-tu pour contrôler le temps ?
– Quelqu’un qui devrait déjà être mort. Je ne veux pas dévoiler mon identité, je risquerai de mettre ta vie en danger.
– Pourquoi ma vie ?
– Ce que l’on t’a fait n’est pas totalement anodin, personne n’a survécu à leurs tests, sauf toi. Du coup, ils t’ont isolé dans le Titan, pour ne pas avoir à subir des attaques de ceux qui voudraient t’utiliser, ou pour te garder pour un autre jour.
– Quel est ton rôle dans tout ça ?
– Te guider vers le bon chemin, ton bon chemin en tout cas. Siaelian s’éloigna quelque peu de Nova, pour s’assoir en face du jardin. Nova se rapprocha d’une table. Il s’assit et posa sa tête sur sa main. Il se laissa perdre dans ses pensées, et dans ses souvenirs. Une heure plus tard, elle se dirigea à nouveau vers lui, qui n’avait pas bougé d’un centimètre.
– Pourquoi avoir besoin de moi ?
– Hein ?
Il se réveilla en sursaut, défensif, comme si quelqu’un voulait l’attaquer.
– J’ai tendance à croire que tout est plus compliqué quand je fais les choses seul, dit-il se recoiffant.
– Que t’est-il arrivé ?
– J’ai perdu une personne qui est chère à mes yeux.
Elle prit place devant lui, se mit à le regarder avec un léger sourire.
– Ça m’apporterait quoi de retourner voir mon père ?
– Il va pas en croire ses yeux, va te dire : « Oh, tu as changé ma fille. » Puis il va te garder dans ce château qui coute des milliards juste pour te protéger. Alors qu’avant de te tuer, il va falloir que tes adversaires comprennent ce qu’il t’est arrivé.
– Que me proposes-tu ?
Il se releva, leva sa tête vers l’horizon, puis regarda Siaelian.
– Il y a un monde magnifique à découvrir, pourquoi s’en priver ?
– Seulement si c’est moi qui mène la danse, dit-elle prenant sa main pour s’en aller.
09/2130