Parfois, les souvenirs ne sont pas la solution pour s’échapper. Bonsoir. Je vous laisse profiter, mon esprit a besoin de prendre du temps.

Pourquoi il essaie autant de me protéger ? Je n’arrive pas à comprendre — Siaelian

S’imaginer loin de tout, dans le repos éternel, le calme de la fin. Je savais que j’avais tout changé, mais j’avais bien fait les choses.

J’avais une maison, perdue dans les reliefs du centre de la France. Une ancienne ferme que l’on avait rénovée. J’y étais bien, la vue était sublime, surtout en hiver. J’y habitais avec ma femme et mes deux enfants, mon frère était le seul voisin que j’avais.

Ce jour-là, j’étais en train de jouer dans la cour, avec mes enfants. Je prenais dans les bras ma fille qui courrait vers moi. Ah ! Oui, mes enfants, un garçon et une fille. Delsin et… je…

Nova se réveilla en sursaut, à côté de Siaelian, se frottant la tête comme si ses souvenirs l’avaient frappé de la mauvaise manière. Il avait l’air de porter un secret plus lourd que son âme, complexe, qui bouleverserait tout. Qu’est-ce qu’on avait manqué ?

Il se leva, allant quelques mètres plus loin. Il fouilla sa veste, cherchant un étui métallique dans lequel il cachait ses cigarettes. Il en sortit une, la posa entre ses lèvres, puis l’alluma avec une étrange fumée qui sortait de ses doigts. Après la première latte, le temps se mit à ralentir, sans qu’il agisse.

– Ça faisait longtemps, mon ami.

– Heureusement que j’avais dit que je devais arrêter ces conneries.

– Le reste de ta vie te rattrape toujours, répondit l’homme qui se tenait derrière lui.

L’homme disparu quelques secondes plus tard. Puis arriva l’aube, et Siaelian se réveilla quelque temps plus tard. Nova était encore en train de fumer sa seconde cigarette. La fille vint se placer sur le rocher d’à côté.

– Tu ne devrais pas fumer.

Nova lui pointa son paquet, avec un briquet. Siaelian en prit une et l’alluma à son tour. Chaque latte faisait briller son visage et le reste de sa peau. Nova n’était pas intrigué par ces lueurs, il avait l’air plutôt habitué.

– Qu’est-ce que tu cherches ? demanda la demoiselle.

– Moi ? Rien.

– Pourquoi tu es encore à côté de moi alors ?

– Je ne cherche rien. Mon but a toujours été d’aider les autres, répondit-il.

– Alors pourquoi moi ?

– Parce que le monde cache toujours ce qu’il nous veut. Si tu étais captive, c’est parce qu’ils cherchent quelque chose que tu as, que tu es.

– Tu as l’air de beaucoup en savoir.

Nova baissa la tête, s’apercevant qu’il en avait déjà trop dit.

– Qu’est-ce qu’il y a ? Dis-moi, fit la fille.

– Ce n’est pas à moi de t’en parler. Il vaut mieux que tu le découvres par toi-même. La seule chose que je peux te dire c’est qu’il te manque des souvenirs, beaucoup.

– Pourquoi ne pas m’en parler

– Tu ne croiras jamais tes paroles, mais tu croiras tes souvenirs. J’en suis sûr.

– Qu’est-ce que tu caches ?

– Des choses ont changé. Des choses qui n’auraient jamais dû changer. Je n’ai pas le droit de changer l’équilibre, eux non plus. Pourtant ils ont essayé.

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