{21} Mind Over Matter | A.R.I.E.L.
L’esprit a toujours le devant, mais il reste impossible à contrôler. Bonsoir. Il y a quelque temps ce ça, la robotique était un exploit, on n’imaginait pas pouvoir voir un semblant humain dans chaque machine que l’on croisait à chaque coin de rue. Et pourtant.
Nous avons révolutionné la façon dont l’homme vit Adam. Nous sommes plus que des hommes. Nous sommes des surhommes ! — Kévin Buffier
– Vous avez une idée derrière la tête Eldon.
– Merci de lire dans mes pensées Kat, c’est toujours un plaisir, fit le jeune homme.
Vaguement un mois, voilà le temps qu’il s’était écoulé depuis qu’Eldon avait découvert les IA.
– J’ai besoin de quelque chose capable de tout briser.
– Un robot contrôlé par la pensée ?
– C’est possible ? s’étonna-t-il.
– Bien évidemment.
– Je sais ce que je vais faire. Au boulot !
Une journée, pour transformer une oreillette de téléphone en récepteur de pensées.
– Il comprend exactement tout ce que je veux lui transmettre.
– De la même manière que je suis vos pensées Eldon.
– C’est du génie.
– Monsieur, voulez-vous que je vous amène le repas ? demanda le major d’homme.
– Ça serait parfait Gaufrai, merci.
Après la mort de son père, Stéphane, son oncle embaucha un major d’homme. Il est au service d’Eldon, et uniquement d’Eldon. Ça peut avoir des avantages un maître d’hôtel parfois.
– Vous devriez vous reposer.
– Pourtant votre amie a raison, Monsieur, reprit Gaufrai. Le sommeil porte toujours conseil et nous est bénéfique.
– Si vous vous liguez tous les deux contre moi, alors j’y vais, bonne nuit.
– Bien joué Gaufrai, fit l’IA.
– C’est toujours un plaisir.
Puis la nuit passa, le nombre d’heures de sommeil d’Eldon aussi. Et Eldon retourna une fois de plus dans son labo, dès son réveil. Seulement, cette fois-ci, l’idée de génie était là. Gaufrai faisait le ménage de la salle, quand Eldon entra, la poussière qu’il tenant dans sa pelle lui inspira une idée.
– Gaufrai, vous êtes un génie !
– Merci, Monsieur, même si je n’ai pas la moindre idée de ce à quoi vous avez pensé.
– Kat ! Un polymorphe.
– C’est un bien grand mot Eldon, fit la voix. Dites-m’en plus.
– Quel format on peut donner à un robot pour qu’il soit polymorphe ?
– Microscopique ?
– Avec une structure qui peut facilement s’assembler pour se souder. J’ai une idée brillante.
– Je vous écoute Eldon.
Un icosaèdre. Un dé à vingt faces, voilà à quoi ressemble le robot. Une minuscule sphère métallique, noyée dans une résine acrylique colorée, puis une couche d’acier pour créer un assemblage magnétique. Eldon venait de créer le premier nanorobot intelligent.
– Il m’en faut plus Kat, dit-il regardant sa création tourner dans ses doigts.
– Je me charge de la production, vous pouvez aller vous coucher.
– À demain, Kat, dit-il avec le sourire.
– À demain Eldon. Lancement du protocole Synchronisme.
Des milliers, des milliards de nanorobots, tous aussi intelligents les uns que les autres. Tous capables de s’assembler les uns aux autres pour former ce que le bon vouloir de son hôte souhaitait. C’était merveilleux, brillant, excellent, mais pas fonctionnel.
– Qu’est-ce que je rate bordel !
– Calmez-vous Eldon, nous allons trouver ce qui cloche.
– Pourquoi est-ce que tu ne veux pas m’écouter ?
Il jouait toujours avec le premier modèle de nano, le faisait tourner dans ses doigts, faisait jouer la réflexion de la lumière dans l’acrylique pour le changer de couleur. Alors il prit son fer à souder, pour y attacher un anneau et le passer sur une chaîne en argent qu’il portait autour du cou.
– Vous avez une idée derrière la tête Eldon, fit Kat.
– À quoi ça sert d’avoir une IA super intelligente si elle n’est pas capable de fonctionner ? Si elle n’est pas capable de me donner ce que je veux.
– Tout dépend de ce que vous en voulez.
– Prouver au monde que les robots peuvent être bon. Je sais que des Symbians ont tué des gens, dont mes parents. Mais ils ne peuvent pas tous être mauvais.
– Vous voulez prouver que le monde se trompe sur la vision qu’ils ont de la vie augmentée ?
– Et cette chose en est le seul moyen.
– Vous avez le même esprit que votre père Eldon. Ce ne sont pas les horreurs du monde qui vous poussent à faire toujours pire. Vous avez une grande âme, un grand cœur toujours pour aider le monde.
– J’aurais tellement voulu le connaître. Pas que je me plaigne de Stéphane, de son éducation ou de ses choix. Mais c’était mon père, il était tout ce dont j’ai envie d’être aujourd’hui.
– Il est ce que vous êtes aujourd’hui Eldon. Votre oncle vous a élevé pour faire de votre père une icône, l’icône dont vous aviez besoin. L’icône que vous voulez être.
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