L’innocence est magnifique, jusqu’à ce que l’horreur du monde vous en sorte. Bonsoir. Une légende raconte qu’il existe une personne qui a des dons inimaginables, qu’elle peut sauver quiconque de la mort, de la défaite, de la souffrance. C’est assez difficile à imaginer, en vrai, mais si ça l’était, ne serait-elle pas un objet de convoitise ?

L’honneur n’est source de victoire que s’il est porté par l’humilité. Ce n’est pas parce que j’ai tué mon frère que je n’ai pas le droit de lui rendre honneur. — Lars

La mère de Lars leur avait inculqué un savoir. La connaissance des dragons, et l’art de contrôler ces derniers. Mais ils sont morts, à cause des hommes, aucun n’acceptait leur présence parmi nous. Lars veut les ramener à la vie, même s’il lui faut sacrifier sa vie pour les ranimer. Il a vu son âme entre les mains du démon pour lui donner le droit d’utiliser leurs pouvoirs. « Et je n’hésiterai pas à continuer. » Cela fait un an que cet homme prétendant être son frère était venu l’affronter. Il contrôle son dragon, comme Lars. Peut-être a-t-il raison ? Il manque encore un parchemin à Lars, il parcourt toute la Terre pour le retrouver et il est désormais à sa portée.

Lars avait pris position non loin du temple du dragon, là où le parchemin reposait depuis des années. Le soleil se couchait et il devait attendre l’aube pour attaquer, lorsque la ronde de la garde changeait. Seulement, il aperçut un comportement étrange de la part des gardes. Comme si certains se confinaient à tour de rôle deux par deux dans une pièce. Mais pas celle du parchemin. Intrigué par leurs actions, il décida d’aller y jeter un œil, sans prendre de risque. Il fit le tour du temple, pour y pénétrer par-derrière, traversa les couloirs, sans se faire repérer pour atteindre la salle qu’il recherchait. Il assomma les trois gardes postés devant, et y entra, en vain. Il n’y avait rien. Pourquoi se donner autant de peine, pour rien ? Il se retourna vers la porte. Il dégaina son arc et banda une flèche avant que la fille en face de lui ne ramasse une des armes des soldats et la pointa sur lui.

– Qui es-tu ? demanda-t-elle.

– Je devrais être celui qui te pose cette question.

– Réponds.

– Je m’appelle Lars, si c’est que tu souhaites savoir.

– Qu’est-ce que tu viens faire ici ?

– Il y a quelque chose qui m’appartient ici, je suis venu le récupérer.

– Pourquoi moi ?

– Parce que les gardes effectuaient des rondes anormales autour de cette pièce.

– Par où es-tu entré ?

– Par le même chemin que je vais prendre pour sortir.

– Tu ne vas pas me laisser comme ça ?

– Tu as l’air de t’en sortir très bien toute seule, pourquoi tu aurais besoin de mon aide ?

Il fit demi-tour, pour rejoindre son campement. Il ne s’était pas préoccupé de la jeune fille qui l’avait suivi pour sortir. Quelques heures plus tard, alors qu’il avait chassé un lapin pour le cuisiner, elle le rejoint, intriguée.

– Tu vois que tu n’as pas besoin de moi.

– Qu’es-tu venu chercher dans ce temple ? demanda Naia.

– Ça ne te regarde pas. C’est un objet de famille.

Elle s’installa en face de lui. Elle avait l’air triste, et perdue. Comme si l’univers tout entier l’avait abandonné.

– J’ai l’impression que tu recherches quelque chose toi aussi, qu’est-ce si ce n’est pas les ennuis ?

– Je cherche mon père, ça pourrait être n’importe qui, même toi.

– Non, pas moi.

– Tu n’as pas envie d’avoir des enfants ?

– Je ne peux pas avoir d’enfant. Là est la différence.

– Oh, je suis désolé.

– Non, c’est un choix personnel.

Ces derniers mots laissèrent un blanc entre les deux, la fille se posait des questions sur les vraies intentions de Lars.

– Naia, je m’appelle Naia. Si tu te poses la question, ma mère est morte récemment, et mon père a disparu, depuis des années.

– Intéressant.

– C’est tout ce que ça te fait ?

– Ce n’est pas comme si j’allais t’adopter, j’ai des choses plus importantes à faire.

– Bah voyons.

Quelques minutes de silence s’installèrent à nouveau.

– Pourquoi ici ? Pourquoi venir chercher ton père ici ?

– Ma mère m’a dit qu’il était tout le temps en mission, toujours dans les endroits les plus gardés.

– Le parchemin t’a alors intriguée, intéressant.

La nuit passa, Lars ne dormait pas, il devait être prêt pour le changement de ronde. Aux premières lueurs du soleil, les soldats changeaient et Lars partit pour profiter de ce petit moment d’absence. Il avait négligé Naia qui était resté au campement, pas pour longtemps. Il se faufila, plus agile et plus discret qu’un ninja, il ne voulait pas blesser de garde, pour ne pas attirer l’attention. À peine dix minutes plus tard, il avait rejoint le cœur du temple et se trouvait en face du parchemin. Il s’en approcha et sentit son cœur s’envoler. Il posa ses mains dessus et son cœur s’arrêta. Il se retourna, le parchemin dans les mains et tout devint sombre. Il tomba à genoux, et une voix vient introduire son esprit.

– Caressez vos peurs !

– Non, JAMAIS !

– La mort, est proche !

La voix résonnait dans sa tête. C’était des murmures, bruyants. La voix traversait les ombres, pour jaillir des ténèbres.

– Je vous ai chassés, je ne vous laisserai pas reprendre mon esprit.

Ses yeux étaient devenus noirs, sa peau grise et des écailles poussaient sur son visage. Sa chair disparaissait, pour ne laisser que ses os.

– Mon rêve s’achève, votre cauchemar commence !

Naia avait remarqué son absence, et avait esquivé les rondes des gardes pour le rejoindre. Elle arrivait alors qu’il perdait le contrôle de lui. Elle s’avança, se mit à genoux devant lui et posa ses mains sur son visage.

– Écoute-moi Lars. Je sais que tu es encore là.

Son visage se tourna vers le sien, toujours avec ses yeux noirs.

– Je peux t’aider, mais il faut que tu te laisses faire.

Il n’avait pas l’air de vouloir le contraire. Elle illumina ses mains, et ses yeux. Un esprit de lumière se déploya derrière elle. Puis elle se mit à prononcer des mots, à lancer son incantation. La peau de Lars redevint à peu près normale, les écailles disparurent pour n’en laisser qu’une rangée sous les yeux. Enfin, ses yeux reprirent leur couleur normale.

– Qu’est-ce que…

– Chut, ils ne sont pas loin.

– Pourquoi, es-tu venu m’aider ?

– Je savais que tu étais aussi perdu que moi. Quand je me suis aperçu que tu étais parti, je t’ai suivi et je suis rentré dans le temple.

– Tu savais ce qu’il y avait…

– Oui, mais je n’étais pas certaine que ce soit ce que tu cherchais.

– Merci.

– En attendant, je ne sortirais pas toute seule. J’ai besoin de toi.

– Viens.

Lars marchait difficilement, et visait difficilement. L’esprit de Naia l’aidait, il restait attaché à lui alors qu’elle avançait, comme guidé par son incantation. Son avancée était laborieuse, mais sa visée était toujours parfaite. Presque arrivé à la sortie, Lars se retourna violemment pour décocher une flèche sur un ennemi trop proche de Naia. Il observa l’incantation de Naia, et aperçut Mitsu. Il reprit ses esprits et décocha sa flèche multiple en direction de la sortie, supprimant les deux derniers gardes. Ils repartirent alors vers le campement. Lars s’était installé en tailleur au bord de la falaise, Naia l’a rejoint quelques minutes plus tard.

– Tu savais pour le parchemin…

– Je savais que tu ne pourrais pas le contrôler.

– Pourquoi ne pas m’avoir prévenu ?

– Je pensais que tu le savais, et que tu saurais le maitriser.

– Qu’est-ce que c’est au juste ?

– La source de pouvoir du maitre des ombres, Sadrius.

– Comment tu as réussi à l’empêcher de prendre mon esprit ?

– J’ai un don, j’arrive ressusciter les morts, à guérir leur âme. À une certaine limite.

– D’où les écailles, dit-il passant ses doigts dessus.

– Il reviendra, mais je peux l’empêcher de prendre le contrôle de toi. Si tu m’autorises à rester avec toi.

– Je crois que je n’ai pas le choix.

Elle posa sa tête contre le bras de Lars et laissa son incantation disparaitre.

– Qu’est-ce que tu cherches à obtenir avec ce pouvoir ?

– Réanimer les dragons.

– Compte sur moi pour t’aider alors.

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