[06] – However long it takes
La famille, c’est sacré, sauf quand on est le dernier. Bonsoir. Aujourd’hui, on va parler gros dur, de musculation… Non, faut quand même pas exagérer. On va parler d’un homme qui a gâché sa vie pour rivaliser avec ses frères, mais laissons-le parler.
Je suis le fer de lance de la Justice. Quiconque osera se mettre en travers de mon chemin goutera à ma Hache ! — Wolrad
– C’est une visite bien fortuite dite donc.
– Dois-je vous laisser monsieur ? demanda le maitre d’hôtel.
– Disposez.
– Bien monsieur.
Jamais, je n’ai demandé de l’aide à personne. Mais un étrange personnage m’a dit que cet homme en armure pouvait m’aider à retrouver ma femme. Je ne demande qu’à voir.
– À qui ai-je l’honneur ?
– Wolrad. Markgraff.
– Qu’est-ce qui t’amène ? demanda l’homme en armure se servant une tasse de thé.
– Un Symbian m’a guidé vers vous pour retrouver ma femme. J’avoue être assez désespéré.
– Alors vous avez bien fait.
– Que dois-je faire ?
– Racontez-moi votre histoire.
– Comment ?
– J’ai vu votre mécha sur la terrasse, je conçois votre masse musculaire. Mais votre être ne vous prédestine pas à être culturiste. Dites-moi tout.
– Bien.
Il m’a demandé de lui raconter mon histoire. C’est étrange certes, mais il m’avait l’air d’être plutôt reculé en vue de l’endroit où il habitait.
– Je suis le cadet de ma famille. Mes deux frères ont toujours été meilleurs que moi, en tout. Ils n’ont qu’un an d’écart alors que j’en ai cinq avec le plus jeune. J’ai toujours été le préféré de mes parents, pas eux. Alors, depuis que je suis petit ils se moquent de moi, ils me rabaissent. Lorsque nous étions adolescents, lorsqu’ils se battaient entre eux, et qu’ils voulaient que je me batte aussi, ils me terrassaient, à chaque fois. Alors, lorsque j’avais vingt ans, je me suis mis à la musculation, pour les concurrencer. J’ai pris la masse que j’ai aujourd’hui en six mois. Et je me suis mis une idée en tête, leur prouver que je valais mieux que ce qu’ils prétendaient. J’ai commencé à construire mon mécha. Ça m’a pris cinq ans. J’ai alors rencontré ma femme, elle m’a aidé à le mettre en service. Depuis j’essaie de me battre contre les rebelles, jusqu’à ce qu’ils kidnappent ma femme. Je ne serais pas capable de les battre tout seul, j’ai besoin de votre aide.
– Une tasse de thé ?
– Je… Non merci.
– Je peux paraitre étrange au premier abord, je le conçois. Laissez-moi un peu de temps, je vous recontacterai lorsque mon aide vous sera utile.
Il ne décrocha pas un mot. Il fit demi-tour et partit avec son mécha. Quelques minutes plus tard, le maitre d’hôtel rentra dans la pièce.
– Monsieur, j’ai étudié les documents de Marsham. Ses mercenaires retiennent une certaine Amelia Markgraff.
– Je me demande ce que je ferrai sans vous.
– C’est moi qui vous dois tout Monsieur. Puis-je vous accompagner ?
– Avec plaisir. Envoyez un message à Wolrad, donnez-lui rendez-vous demain.
– Tout de suite monsieur.
L’assassin en armure parti en direction de sa terrasse, pour aller méditer. Ils s’étaient donné rendez-vous le lendemain à l’endroit où les mercenaires résidaient. C’était un ensemble de buildings, assemblés en carrés avec une cour au centre. L’assassin était le premier arrivé, suivi de près par son ami voyageant en corbeau.
– Cela fait des années que je n’avais pas vu cette tunique.
– Cela fait des années que je ne l’ai pas portée. Mais elle me va si bien.
– Votre excentricité ne cessera de m’étonner. Où en est notre ami ?
Un grand fracas métallique résonna dans la cour, puis des pas s’approchant.
– Pas si loin, je crois.
– Messieurs, fit Wolrad, je suis vos conseils.
L’assassin se tourna vers Nekho qui observait les hauteurs des bâtiments, à en donner le vertige.
– Ne me dites pas qu’il faut qu’on gravisse les bâtiments ?
– J’aurai bien aimé, répondit l’assassin.
– Au-dessous, répondit le mage, je veux juste m’assurer la sécurité des habitants.
Il aligna son bâton avec le sol, ses yeux s’illuminèrent violets, puis il l’éleva vers le ciel, jusqu’à le frapper au sol et poser un bouclier magique sur les bâtiments.
– Après vous, dit-il désignant la trappe d’accès au souterrain.
– Comment devons-nous nous y prendre ? demanda Wolrad alors que l’assassin était déjà descendu.
– Mon ami se chargera de faire la reconnaissance, quant à nous, nous avons des centaines de mercenaires armés jusqu’aux dents à éliminer.
– Ça, je peux faire !
Il sauta à son tour puis le mage en dernier. L’assassin avait déjà éteint son armure et commencé à parcourir les couloirs et les salles. Les deux restants avancèrent dans la direction que l’assassin leur avait indiquée, jusqu’à ce qu’il s’arrête violemment.
– Des lance-roquettes derrière.
– Intéressant, fait le mage.
– Votre mécha possède bien un dispositif d’autodestruction ?
– Oui, mais, je pense encore en avoir besoin, répondit Wolrad.
– Je peux créer un lien magique, faire qu’il ne se détruise pas et qu’il se reconstruise à l’approche d’un de vos objets, votre bouclier composite par exemple.
– Alors faites.
Le mage ranima sa magie et enchanta le mécha de Wolrad et son bouclier pour qu’il se reconstruise à son approche.
– Allez-y, je vous protègerai dans votre course.
– C’est parti !
Wolrad s’avança vers le couloir couvert par les lance-roquettes.
– Venez m’affronter ! dit-il y entrant en force sous le bouclier du mage.
Il se jeta vers les hommes et leur tourelle, s’éjecta du mécha toujours sous le bouclier. Ce dernier explosa les tourelles et les cloisons aux environs. Le mage fit signe à son ami d’avancer.
– Ils vont être affolés ! fit Wolrad récupérant son armure.
– Tant mieux ! répondit l’assassin avec le sourire. Venez, ils ne sont plus très loin.
Les trois hommes continuèrent leurs avancées jusqu’à la salle où était retenue Amelia, toujours avec prudence.
– Wolrad !
– Ma chérie ? Tout va bien ? dit-il la libérant.
– Oui, jamais je n’aurais pensé te revoir.
– Tu remercieras les deux qui m’ont accompagné.
– Il y en a d’autres qui arrivent, par dizaines, faits l’assassin.
– Qu’ils arrivent, je les attends ! Protégez ma femme !
Il se jeta sur les assaillants avec sa hache, les éliminant par dizaine.
– Sa hache ne suffira pas, j’ai besoin de votre aide.
– Si vous le demandez.
Il plaça son artéfact dans son bâton et invoqua à nouveau sa magie. Il plaça une boule d’énergie sur le torse de l’assassin qui s’élança vers Wolrad et invoqua son dragon enflammé, dans la charge de Wolrad à travers les murs.
– Des flammes bruleront les flammes, fit le mage.
– Très spirituel.
– Je sais. Je vous prie.
Tout avait brulé, les corps étaient calcinés. Au moment où les deux autres regagnèrent la position de Wolrad, ce dernier achevait le dernier soldat, à la hache.
– Je crois qu’il n’y en a plus.
– C’était glorieux, n’est-ce pas ?
– Votre coup de hache est imparable, mon ami.
– Je sais, je suis le plus puissant !
– Sans prétention, comme toujours, fit l’assassin se tournant vers son mage.
– Je suis heureuse de te revoir Wolrad.
– Remercie les deux autres…
– Au plaisir, répondit le mage avant de retourner en forme de corbeau.
– Si vous avez besoin de moi, je viendrai vous aider sans hésiter.
– J’y penserai, je ne cesse de chercher de nouveaux talents à ajouter à ma liste de connaissance. Que la paix soit avec vous, dit-il avant de disparaitre à son tour.
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