{04} Learn From The Night | We all come from dust
Les origines de l’univers, vous les connaissez ? Moi oui. Bonsoir. Il y a des années, existait un gardien, un homme ayant dédié sa vie à préserver l’humanité. Personne ne connaissait vraiment son identité, ni même son nom. Aujourd’hui, cet homme est une légende, personne ne s’en souvient vraiment. Presque.
Les sacrifices sont parfois nécessaires pour atteindre les sommets, certaines fois non. Et j’ai peur de devoir tout abandonner pour les sauver. — Nekho
Aiden et Simha étaient de retour du gala avec l’œuf d’Erribor. Nekho venait d’apprendre les origines des pouvoirs de Naia et commençait à douter de sa capacité à ne pas les retourner contre eux, et des origines de ces pouvoirs.
– Ah, Nekho ! Vous voilà, fit Aiden.
– Monsieur.
– Je vais avoir besoin de vous pour l’œuf.
– Je pense que vous pouvez vous en sortir aussi bien que moi monsieur.
– Que voulez-vous dire ?
– Ma magie ne vous sera d’aucune utilité. Il vous suffit de le poser dans l’incubateur et de lui fournir de l’énergie.
– Mais d’où vais-je la puiser ?
– Demandez à Lars, il en a à revendre.
– Mais pourquoi ne pas nous aider ?
– J’ai, quelque chose à faire avant tout, monsieur.
– Si important que vous nous laissez, n’est-ce pas ?
– C’est exact.
– Alors faites, mais revenez. Nous aurons besoin de votre puissance.
– Bien sûr monsieur. Je ne vous promets pas de revenir vite, juste de revenir, entier.
– Au plaisir alors, mon cher ami.
– Au plaisir monsieur.
Nekho s’en alla du manoir, s’envolant en forme de corbeau pour traverser les plaines qui l’entouraient. Il connaissait la légende du gardien plus que quiconque, c’était son fils. Nekho n’avait plus de famille depuis longtemps, son grand âge l’avait dépassé et son père était mort, pour protéger et suivre ses promesses. Le gardien avait une tour érigée au cœur des montagnes de l’Himalaya. Une immense bibliothèque de connaissance sur le monde et la magie qui le dominait. Il avait refusé les enseignements de son père, qui l’avait condamné à vivre éternellement, à cet âge avancé.
La neige prônait toujours dans les environs, mais Aëthrin était toujours debout malgré la tempête. Nekho y était venu en quête de connaissance. Il pénétra dans cet endroit sombre, où toutes les ouvertures avaient été couvertes par des tas de neiges. Son bâton, seul héritage de sa famille, lui permettait d’avancer. Tous les écrits étaient intacts, comme protégés par la magie qu’ils décrivaient.
Après quelques pas dans le hall, une lueur apparue au loin, Nekho s’en approcha pour découvrir quelque chose d’assez inattendu.
– Montrez-vous !
– Mon fils ! Quel plaisir de te revoir Nekho !
– Filraen ? Comment ? dit-il étonné de son apparition.
– Mon esprit est lié à cette tour.
– Bien sûr. Je…
– Tu as une mine affreuse, mon fils. Que fais-tu ici ?
– Le royaume de l’Effroi est de retour. Je suis venu à la recherche de connaissances, de tout ce qui pourrait m’aider à le repousser.
– Il te faudra bien plus qu’un sort pour vaincre l’Effroi cette fois-ci, j’en ai bien peur. Tu cherches des informations, mais ce qu’il te faut, c’est une arme !
– Je ne comprends pas.
– Tu m’as lâché avant la chute des gardiens, mais ton destin ne s’arrête pas là. Il est temps pour la Terre d’avoir un nouveau gardien.
– Après votre échec, nous avons compris que personne ne parviendrait à résister à la tentation d’un tel pouvoir. Nous n’avons pas besoin d’un gardien Filraen.
– Alors, je te le demande à nouveau. Que fais-tu ici ? Qui pourra stopper la tempête qui approche, si ce n’est toi.
Il déclencha une vision, où les démons de l’Effroi sortaient de la Terre et dévastaient l’Univers.
– Si tu n’acceptes pas ton destin, tout ce que tu as accompli, tout ce que tu as sacrifié, aura été vain.
– Même si j’acceptais, il n’y a plus personne pour me procurer les pouvoirs de gardien.
– Si, moi !
Il se téléporta sur l’autel, dos à son fils, face aux montagnes.
– Je savais que ce jour viendrait, avant ma mort, j’ai imprégné ce tome avec l’essence de mon pouvoir. Ouvre-le, approprie-toi ces énergies.
– Non je ne peux pas, je ne dois pas.
– Le destin de la Terre repose entre tes mains Nekho. Donne libre cours à ton ambition, montre à l’Effroi la véritable puissance d’un gardien. Sois honnête avec toi-même, si ce n’est avec moi. Nekho repartit dans sa vision à travers l’œil de cristal du tome. Sa couverture violette aux bordures dorée symbolisait un corbeau. Il se voyait, face à l’Effroi, les supprimant d’un seul choc de flamme. Il savourait sa victoire, d’un sourire diabolique.
– Tu sais que tel est ton destin.
– Oh, je le sais. Pas un jour ne passe sans que je pense à devenir le gardien. Encore maintenant c’est mon désir le plus cher. Nekho approcha sa main de l’écrit qui s’illuminait en bleu, de plus en plus sans jamais le toucher.
– Je brule de voir l’Effroi reculer devant la fureur que je pourrais déchainer. Et c’est pour cela que je n’accepterai jamais cette offre, dit-il se retournant vers Filraen. Je suis plus fort que ça ! reprit-il lançant le manuscrit au sol pour le faire exploser.
L’esprit de Filraen se transforma en un grand démon de l’Effroi.
– Tu es déterminé, le royaume m’avait prévenu que tu aurais bien servi l’Effroi.
– Je ne serai jamais le pion de l’Effroi. Et cette tour ne lui servira pas d’asile !
Il tourna son bâton vers le démon et déchaina un immense rayon d’énergie pour le détruire qui traversa la fenêtre et s’éleva dans le ciel.
– Réveiller les gardiens…
Il se retourna vers le manuscrit, le cristal de l’œil du corbeau était encore intact. Il le prit dans ses mains et avança vers les escaliers. Au deuxième étage résidait encore la fontaine de mana, source de pouvoir des grands mages. Nekho se dirigea vers le fauteuil de son père, face à une fenêtre qui donnait sur les chaines de montagnes qui entouraient la tour.
– Et s’il avait raison. Tous les gardiens sont morts, nous avons besoin de leur puissance.
– Tu peux toujours devenir le gardien.
Une seconde apparition interrompit la réflexion de Nekho. Cette fois-ci, c’était Meryvach, le prétendu serviteur de Filraen. Il apparaissait sous forme spectrale.
– Que faites-vous ici ?
– Comment penses-tu que la tour est encore inoccupée depuis la mort de ton père ? Je la hante depuis des années.
– Qu’est-ce qui me prouve que je peux vous faire confiance ?
– Essayez de me tuer, votre magie n’a aucun effet sur les morts.
– Il est vrai.
Il se remit à faire tourner le cristal entre ses doigts, puis il regarda à nouveau Meryvach.
– Ouvre-moi ta pensée.
– Vous le dites vous-même depuis des années. La sagesse est plus puissante que la force. Aëthrin renferme des années de connaissances. Pourquoi ne pas vous les approprier ?
– Par où commencer ?
– Par la cape de votre père par exemple.
Il lui indiqua une statue qui trônait à côté du puits de mana. La cape de corbeau de son père y était posée, il s’en approcha pour la poser sur son dos et incruster le cristal dans l’anneau qui la tenait attachée.
– Tu ne combattras pas l’Effroi seul, avec ta magie. Il te faut connaitre ton ennemi, tes alliés pour l’anéantir.
Il ressentit la force que portait la cape, la puissance qu’avait acquise son père en tant que gardien.
– Qu’est-ce qu’on attend alors ?
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