Page du livre
Partie 1 : Espèce disparue
Quand tout autour de nous s’est effondré, que la seule chose qu’il nous reste de notre ancienne vie n’est que souvenirs, à jamais encrés dans notre âme. Croit-on pouvoir rechanger tout ça et tout reprendre à zéro ? Des tas de questions sans réponses qui tournent sans arrêt dans ma tête depuis tout le temps que suis là. Ça doit bien faire deux-mille ans que j’erre sur cette planète déserte ou j’ai finalement échoué, telle une baleine sur un rivage qui a eu la chance de survivre par je ne sais quel moyen. J’ai eu le temps de me lamenter sur mon sort et celui de ceux que j’aime. Je les ai tous perdus et j’espère qu’eux aussi ont survécu. J’ai dû faire des centaines voire des milliers de fois le tour de ce fichu caillou, sans jamais trouver une misérable trace d’une quelconque vie à sa surface. Seuls des végétaux, des fruits, enfin, quelque chose qui me permettaient de me tenir vivant. Je sais maintenant ce que sont les débuts d’une civilisation, ne rien avoir et tout avoir à refaire.
La souffrance, voilà tout ce qu’il me reste, j’ai perdu tout le monde, mes amis me manquent, Sieg, Sia, et Nikki… Il m’a tout enlevé, ne me laissant que la peine qui résidait depuis la nuit des temps dans mon cœur. La solitude, la haine, le désespoir, et rien d’autre. J’étais devenu ce que je détestais en lui.
Toute ma vie a changé de part en part, ma façon d’être. Je suis plus sombre qu’avant et je n’ai personne pour écouter les conneries que la folie grandissante en moi me faisait imaginer. Une sorte de peur de la mort me pousser à bouger constamment, cherchant à fuir quelque chose que je ne connaissais pas et surtout que je ne pouvais pas voir. Je ne sais pas ce qui pourtant me tenait encore en vie, peut-être la volonté de retrouver une vie comme avant, mais était-ce vraiment possible ?
Il m’arrivait de vouloir appeler Leo, mais apparemment personne ne répondait, même ceux qui sont supposés m’aider venaient de disparaitre. Pourtant, même si la solitude était présente, je n’avais pas cette impression. Je trouvais qu’il y avait une étrange vie imperceptible ici. Pourquoi ? Parce que je ressentais la présence de personnes. Mais qui ? Je ne le savais pas. J’avais presque perdu la raison, devenu fou, mais incapable d’abréger cette souffrance intérieure. Une oppression constante, comme si on me regardait, mais que je ne pouvais pas apercevoir. Est-ce que mon voyage aurait pu me bloquer dans les limbes ? Non, ce n’est pas possible. C’est ce que je me disais, jusqu’au jour où une voix résonante m’appela.
« Viens, je peux te libérer.
– Qui est là ? demandais-je. »
Je ne voyais personne, sauf une petite lueur m’indiquant le chemin à suivre. Je l’ai suivi, lui faisant confiance.
« Qui es-tu ? Qu’est-ce que tu me veux ?
– Sois patient, fais-moi confiance, fit la voix. »
Continuant mon chemin, je me suis trouvé nez à nez avec lui.
« Qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi tu m’aides ?
– Parce que le monde a besoin de toi, affirma-t-elle.
– Et de quoi tu veux me libérer ?
– Des limbes, mais pour ça il te faut récupérer ce qu’il t’appartient. C’est le tyran qui le détient.
– Ma clé, je savais bien que j’avais perdu quelque chose. Et je le trouve où ?
– Derrière toi ! me fit une grosse voix sombre et vibrante.
– Euh, oui, sauf que je veux juste récupérer ma clé. Je ne te veux pas de mal, dis-je en essayant de le calmer.
– Faudra me tuer !
– Eh bien, s’il le faut. »
Je me suis lancé sur lui, mes deux lames à la main, faisant un demi-tour sur moi-même en lui coupant les jambes, lui trancha les bras, sauta par-dessus lui et tira la clé qu’il portait au cou. Laissant tomber dans un bruit réveillant les morts. J’ai attaché sa clé à ma chaine et l’emprise des limbes se détacha.
« Enchanté jeune guerrier. Je suis Sliven, chef de la tribu Onyx.
– Onyx ? m’étonnais-je. Mais vous avez été tué par Akziel ?
– C’est ce qu’il pensait. Certains d’entre nous ont survécu et ont repeuplé notre terre sacrée. Suis-moi, je vais te ramener au village.
– Depuis combien de temps je suis ici ?
– Environ six mois terriens, répondit-il.
– Six mois terriens ?
– Oui, ou deux-cents ans Ovien, ou deux milles dans les limbes Oviennes.
– Voilà pourquoi il me semblait avoir passé tant de temps. Il y a un moyen pour que je retourne sur Terre ? Je doute avoir encore mes pouvoirs.
– À voir la façon dont tu t’es battu, je dirai que si.
– Leo n’est toujours pas avec moi.
– Mais il n’est pas mort, pas à ma connaissance.
– Ça me rassure, repris-je, enfin, je crois. »
Je l’ai suivi un moment jusqu’à atteindre un petit camp. Il surplombait un immense champ où s’étaient crashés des vaisseaux de la flotte d’Akziel. J’ai cru une seconde apercevoir une silhouette connue, mais j’ai dû rêver. J’ai passé le reste de la nuit à dormir. C’était la première fois que je dormais correctement depuis que j’étais ici et la première fois depuis longtemps que je dormais vraiment. J’étais quand même levé tôt, déjà en train de regarder le champ de ruines.
« Déjà debout ? s’étonna Sliven.
– Comment ils ont fini comme ça ?
– Une faille temporelle apparemment. Dont aurait profité notre sauveur. Tu peux le voir rôder dans les parages de temps en temps.
– Son nom ?
– Aether.
– Pas de prétention.
– Pourquoi dis-tu cela ?
– Aether est le nom d’un des dieux primordiaux de la mythologie grecque. Si tu me permets, je vais aller visiter les lieux.
– Fais comme chez toi mon ami. »
Je me suis perdu dans la forêt, du moins ce qu’il en restait. J’ai croisé un homme étrange qui me suivait depuis quelque temps. Il prétendait vouloir m’aider. J’étais trop occupé pour m’intéresser à ce qu’il voulait vraiment. Alors j’ai commencé à avancer jusqu’à ce qu’un claquement sourd retentit à côté de moi. C’était Nova, celui du passé qui venait pour sauver Jessica. Étrangement quelqu’un d’autre est passé à travers le portail dont il sortait.
« Je me souviens de toi ! m’exclamais-je.
– Non, pitié ! »
J’ai écouté ses conseils, je lui ai tiré une balle dans la tête et lui ai arraché le collier qu’il avait autour du cou avant qu’il ne tombe. J’ai ouvert ma main pour laisser apparaitre un des colliers de Barabas. Je l’ai brisé sous mes doigts presque instantanément. Celui qu’on nommait Aether est passé devant moi quelques secondes plus tard. Mon bracelet s’était illuminé au moment où il passait. J’ai décidé de retourner au village et toujours pas de Leo. Qu’est-ce qu’il lui était arrivé pour qu’il ne me réponde pas ?
« Tiens, te revoilà. Comment était ton voyage ?
– Je veux rencontrer cet Aether !
– Oh ! répondit Sliven. Je…
– Je ne te laisse pas le choix.
– Je vais voir ce que je peux faire, pas avant demain dans tous les cas.
– J’attendrais, fis-je m’installant dans le fauteuil.
– Tu ne t’es jamais demandé pourquoi je suis venu te sauver ?
– Parce que tu es le seul qui pouvait me voir ?
– Parce que je savais que tu viendrais.
– Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
– Je crois que tu connais ma fille.
– Rosie ? Vous êtes son grand-père ?
– Exact. Bon, je vais essayer de réclamer ton audience. »
Malgré le fait que je ne sois pas venu les sauver, il ne m’en veut pas. J’ai toujours trouvé bizarre la réaction de Rosie lorsque je me suis présenté à elle. Qu’est-ce que j’ai pu faire pour qu’ils me donnent autant de confiance ?
Quel jour on était ? Très bonne question. J’avais perdu toute notion du temps de toute manière. J’avais repris mon vieux rituel de l’Adam du futur. Le café et la cigarette. D’ailleurs, comment ils ont du café sur cette planète ?
« Tiens, tu es debout. J’ai réussi à t’avoir une audience. Tu ne devrais pas tarder ou il va partir.
– Je te suis, fis-je.
– Qu’est-ce que tu lui veux ?
– Je veux comprendre comment il peut réussir à passer à travers les portails de Nova.
– Les portails de Nova ?
– C’est une longue histoire, il, enfin j’ai fini par me retrouver ici pour sauver Jessica.
– Jessica, dit-il s’arrêtant.
– Ça y’est ? Votre âge vous a rendu sénile ?
– Non, c’est autre chose. Tu le découvriras par toi-même.
– Bah voyons ! »
Comme si tout ce que je savais sur ce monde m’avait été inculqué par quelqu’un. Enfin, nous nous sommes dirigés vers les ruines. Il se tenait sur une sorte de pilonne en pierre, une boule d’énergie dans la main gauche. Il était grand, assez maigre, couvert d’une armure métallique et portait des ailes qui ressemblaient un peu à celles de Phoenix. Tout ce qu’il portait lui donnait un aspect draconique assez étrange. Lorsque nous sommes arrivés assez près, il a tourné la tête vers moi, puis s’est envolé quelques secondes plus tard. J’ai cru le reconnaitre, comme si au fond de moi je connaissais ce visage. Je me suis envolé à mon tour, pour le poursuivre. Je ne savais même pas comment j’arrivais à avoir les pouvoirs de Leo sans pouvoir communiquer avec lui. Il m’a conduit dans la carcasse d’un vaisseau, je me suis posé puis j’ai dégainé mon chronosceptre. Il essaya de m’attaquer plusieurs fois, mais je parais ses coups.
« Comment oses-tu porter cette arme ! Son seul porteur légitime est mon fils ! dit-il m’attaquant avec une force phénoménale.
– Peut-être si tu me laissais le temps de m’expliquer ! »
Une puissante force se dégagea de moi pour repousser son attaque. Il se tenait devant moi, aussi majestueux que le style de son armure pouvait lui donner.
« Parle ! Avant que je ne te supprime, dit-il.
– Je parie que tu ne sais même pas pourquoi tu es ici et plus dans la prison d’Akziel.
– Quoi ? Qu’est-ce que… »
Je me suis mis à rire, c’était nerveux, je ne savais même pas pourquoi. Cette situation m’amusait, étrangement.
« Qu’est-ce qui te fait rire ?
– Je me présente Adam Pearce, repris-je. Je suis celui qui t’a libéré de ta prison.
– Ça n’explique pas le chronosceptre.
– J’y viens. Ta mémoire ? Il t’en reste un peu ?
– Presque rien, mais pourquoi tu veux le savoir ?
– Fais-moi confiance.
– Non !
– C’est bon ! J’ai… fit Sliven qui arrivait essoufflé.
– Qu’est-ce que… Oh ! Mais bien sûr. »
Il ne me manquait que le collier de Leo, cette pierre rouge qu’il portait tout le temps autour du cou. « Ne me trahis pas cette fois-ci ! » Aether me regardait étrangement lorsque j’ai mis le pendentif autour du cou. Leo est revenu, enfin !
« Leo ! s’exclama-t-il.
– Tu veux bien me faire confiance maintenant ?
– Comment, quoi ?
– J’aimerais en parler ailleurs si tu veux bien.
– Comme tu voudras. »
Je nous ai téléportés dans la maison de Sliven et j’ai repris l’apparence d’Adam. Je me suis mis devant la fenêtre, regardant le ciel, essayant éperdument de voir la Terre d’ici.
« Quelque chose à boire ? demanda Sliven.
– Non merci. Explique-moi, comment tu peux changer d’apparence comme ça ? demanda Aether.
– Tu avais tout prévu pour supprimer Akziel après la mort de son père. Le tombeau des anges, seulement quelque chose s’est produit que tu ne pouvais pas supposer. Leo est mort entre les mains d’Akziel en 1952. J’étais le seul capable de pouvoir porter ses pouvoirs, même si je suis humain.
– Tu possèdes quand même ses pouvoirs ?
– Ses pouvoirs, son apparence, sa voix, ses souvenirs, sa vie… Et Toshiie.
– Alors qu’est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il.
– Ça, c’est une autre histoire. J’ai réuni les dis anges, Zwein aussi, même s’il est mort avant le combat final. On s’est attaqué à Akziel, qui a tué tous les autres, il ne restait que moi et Chester… Excusez-moi, fis-je en sortant de la maison. »
Je venais de réaliser ce qu’il m’arrivait. J’étais loin de chez moi, loin de ceux que j’aime et qui sont encore en vie. Loin de ceux que j’ai perdus. J’ai alors cherché un endroit non loin du village pour m’allonger et me reposer. J’y suis resté une demi-heure, je crois, avant que le père de Leo ne vienne me voir.
« Aussi rêveur que Leo à ce que je vois, dit-il.
– J’étais si près, je l’avais entre les mains. Qu’est-ce qu’il a bien pu se passer ?
– Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? Prends ton temps pour me raconter si tu en as besoin.
– Tu es l’une des seules personnes qu’il me reste aujourd’hui.
– Et Chester ?
– Je ne connais rien du sort de la Terre. Six mois que je suis ici à m’accabler de tous les tors de cette perte.
– Quelle perte ? s’étonna-t-il.
– Celle de ma femme. Elle est morte pendant le combat contre Akziel et je n’ai rien pu faire pour la sauver. Ni moi, ni Chester, ni Zhao.
– Zhao ?
– Oh, oui, Zhao, ton troisième fils. Il a été couvé par Akziel après qu’il eut tué Eva et je l’ai retrouvé, dis-je en regardant mon bracelet.
– Mais comment ?
– J’espère que tu es toujours là, fis-je ouvrant la cage du bracelet.
– Eva…
– Akziel avait emprisonné son âme, fis-je. J’ai réussi à la sauver.
– Je n’aurais jamais cru te revoir un jour…
– Comme je n’aurais jamais cru revoir mes fils, répondit-elle, pourtant ils ont su me monter leur valeur et leur courage »
De mon côté j’étais encore en train de réfléchir. Je me disais que tant que Leo était encore vivant, Sieg l’était aussi. Et que j’avais peut-être encore une chance de l’anéantir avec le père de Leo.
« Il faut que je retourne sur Terre.
– Maintenant ? s’étonna Aether.
– Demain, je refuse de rester ici éternellement. »
Je suis retourné chez Sliven qui m’avait préparé quelque chose à manger. Je me suis couché aussi tôt, j’avais passé bien trop de temps ici.
Partie 2 : Retour en Enfer
Enfin décidé à renter sur ma planète, je n’avais toujours aucune idée de quel jour on était. Je m’étais levé tôt, pour dire au revoir au père de Leo et à sa mère.
« Tu t’en vas alors ?
– Tu sais que je ne peux pas rester.
– Je comprends, bon voyage, Adam, dit-elle en s’en allant.
– Bien, mais c’est bien beau de vouloir rentrer, mais où est la Terre ?
– Cherche la signature énergétique de quelqu’un que tu connais, tu sauras où il est »
J’ai mis quelques minutes avant de retrouver une signature qui m’était commune. Une fois que j’en avais trouvé une, je me suis envolé pour charger les portails d’Hypérion et me téléporter sur la Terre. Je n’avais aucune idée d’où j’avais atterri du simple fait que j’étais encore concentré sur la signature de ma cible. Une minute plus tard, j’ouvrais les yeux sur cette vision d’horreur.
« Merde ! Qu’est-ce qui s’est passé ?
– Akziel libre d’agir.
– En six mois ! Tu penses que toute la planète est dans cet état ?
– J’en ai peur Adam.
– Ne me parle pas de malheur. »
Tout était dévasté. Tout ce que je voyais ce sont des ruines, des cendres, une atmosphère sombre et grise. Puis ce ciel rouge, c’était étrangement calme, à part deux ou trois bruits de temps en temps. Je me suis dirigé vers la signature, espérant trouver quelqu’un que je connaissais. Elle m’a fait entrer dans un vieil entrepôt, désaffecté apparemment. Quatre personnes devant moi, pas très réactives à mon entrée. Ils ont fini par se retourner vers moi lentement.
« Des zombies ? m’étonnais-je.
– Étrange, mais ça en a tout l’air.
– Génial. »
Je ne m’en suis pas préoccupé, leur lenteur ne me paraissant pas un problème. J’ai avancé quelques mètres plus loin, toujours en quête de cette personne. J’entendais quelque chose me suivre, au-dessus de moi, mais incapable de le voir. J’ai fait quelques pas de plus et une étrange créature m’est tombée dessus, s’attaquant à mon bras. Elle a réussi à le toucher et me faire saigner, mais elle est morte quelques secondes après.
« Merde !
– J’ignorais que les zombies se décomposaient de cette façon.
– Qu’est-ce que tu veux dire par là ? demandais-je alors que j’étais trop préoccupé par ma plaie.
– Ils ne sont pas supposés muter, enfin pas à connaissance.
– Les autres ne l’étaient pas.
– Mais lui si… oh, je…
– Leo, tout va bien ?
– Ouais je, un coup de fatigue, je pense. »
J’ai été pris du même coup de fatigue que Leo, je commençais à tituber, je voyais flou. J’en suis tombé à genoux, je n’avais plus aucune force et je sentais quelque chose se faufiler sous ma peau. Puis cette chose s’est attaquée à ma tête et est entrée dans mon cerveau. Je n’avais jamais autant souffert de toute ma vie. Je criais tellement que j’avais dû réveiller tous les zombies des environs. Dix minutes plus tard, j’ouvrais mes yeux qui commençaient à s’éclaircir. Je voyais une tache blanche lumineuse devant moi. Instinctivement j’ai voulu l’attaquer. J’ai senti que quelque chose se passait sur mon bras. J’ai commencé à le regarder alors que mes yeux finissaient de retrouver leur état normal. Une sorte de matière noire traversait mon avant-bras, une lueur rouge s’en dégageait. Ma main avait disparu pour laisser place à une plus grande dont les doigts étaient devenus des griffes.
« Adam !
– Zinn, fis-je affolé. Qu’est-ce qui m’arrive ?
– Viens, il ne faut pas qu’on reste là. »
Il m’a emmené dans une maison abandonnée pas très loin. J’étais toujours obnubilé par ce qui m’arrivait.
« Essaie de te concentrer, tu arriveras peut-être à le faire disparaitre.
– Tu as de la foi, fis-je fermant les yeux pour essayer. »
Après quelques secondes, mes griffes avaient disparu de mes bras.
« Tu vois, ce n’est pas compliqué, fit Zinn.
– Qu’est-ce que c’était ?
– Tu viens juste de revenir c’est ça ?
– D’après toi.
– Bon. Tout commence quelques heures après votre combat contre Akziel. Il a diffusé un message à la télévision, il y disait qu’il allait rendre le monde meilleur, que personne ne devait s’affoler. Des cuves apparurent dans le ciel, transportées par des avions, d’autres ont émergée de terre. Quelques heures après son intervention, toutes les cuves étaient ouvertes, leur contenu se déversait, mais personne ne se préoccupais, il avait déjà hypnotisé tout le monde. Les personnes ont respiré le gaz des cuves, puis ont commencé à devenir folles, comme toi tout à l’heure. Mais eux ne sont pas redevenus normaux. Certains sont devenus des simples zombies, d’autres ont commencé à muter. Je ne sais pas s’il y a encore des survivants, je suppose que oui. Ce gaz c’est le bioReign, arme chimique…
– Développée par Akziel, je sais.
– Il a profité de ton “départ” pour prendre possession de tout le monde. Tous les zombies et mutés lui obéissent, apparemment.
– Pas très étonnant. Ce qui me fait peur c’est pourquoi je réagis différemment ? demandais-je.
– Ton esprit est plus fort que le contrôle mental qu’il veut t’obliger, je présume.
– Ça fait longtemps que tu es ici ?
– Deux mois que je reste dans cette maison.
– Tu as croisé d’autres personnes ?
– Non, malheureusement. Tu as toujours le contrôle mental ?
– Je ne connais pas les pouvoirs qu’il me reste.
– C’est un problème.
– Tu n’aurais pas une arène, tu sais un endroit où il y aurait des démons, zombies pour voir ce qu’il me reste ?
– Si, le hangar à deux-cents mètres.
– Je te suis. »
Comment je me sentais ? Difficile à dire, différent. J’avais une sorte d’instinct animal qui essayait de me faire faire des choses. Les zombies se tournaient contre moi lorsque cet instinct s’apaisait. C’est comme si le virus ne se maitrisait pas en moi, mais qu’il avait un peu de contrôle à certains moments.
« Tu penses arriver à contrôler la transformation de tes membres ?
– Tu veux dire, comme les griffes tout à l’heure ? demandais-je.
– Exact.
– Une seconde. »
J’ai fermé les yeux et me suis concentré sur mes mains. J’ai essayé de repenser à l’apparence qu’elles avaient. Presque une minute plus tard, mes mains changeaient sous mes yeux. Je les ai observés quelques secondes puis j’ai essayé de les faire disparaitre. C’était beaucoup plus facile. J’ai essayé une dernière fois de les déployer et elles sont apparues presque aussitôt.
« Bien…
– Attends ! fis-je alors que mon instinct se réveillait. Y’a des survivants pas loin.
– Comment tu le sais ?
– Je sens leur chair fraiche !
– Adam, attends ! »
Guidé par cette force, j’ai rejoint une vieille bâtisse, du moins maintenant, suivi par Zinn. Je me suis arrêté avant de me faire voir par les zombies. J’ai voulu utiliser le contrôle des esprits pour m’assurer qu’ils allaient bien.
« Ils n’ont pas l’air infectés, dis-je
– C’est déjà une bonne chose, répondit Zinn.
– Mais ils savent que les zombies sont dehors.
– Allons les dégommer !
– Avec… fis-je essayant d’allumer ma fumée. Bon, tant pis, repris-je en déployant mes griffes. »
Il y avait plusieurs formes de zombies, certains plus infectés que d’autres, certains plus lucides que d’autres. Ceux qui se trouvaient devant moi étaient sensibles aux bruits, tellement qu’un simple pas, même amorti, pouvait les alerter. Ils étaient bizarres, leurs mouvements n’étaient pas fluides, mais brusques. Comme s’ils étaient animés par des spasmes. Ils étaient rapides, mais je commençais à savoir me battre avec ces choses. J’ai fini par les transformer en lambeaux, assez facilement d’ailleurs. Je suis rentré dans la maison, les habitants étaient cachés dans la pièce du fond. J’avais pris soin de replier mes griffes avant d’aller les rejoindre.
« Enfin, regardez les enfants, quelqu’un nous a trouvés !
– Je vais vous faire sortir de là, fis-je activant le contrôle d’esprit. »
Je n’y arrivais pas, je ne pouvais pas les envoyer avec les autres, en sureté. Quelques secondes plus tard, Zinn m’appelait.
« Ne bougeait pas, je reviens, leur dis-je.
– Promis.
– Qu’est-ce qu’il se passe ? demandais-je une fois dehors.
– Regarde, me fit Zinn. »
Il me montrait une sorte de comète bleue qui nous arrivait dessus, je me suis décalé d’un pas vers la droite pour laisser atterrir cette chose.
« C’est le tient ?
– Oui, fis-je prenant le chronosceptre et jouant avec. Mais sans Leo, je n’arriverais pas à garder son énergie. Viens, j’ai une idée. »
Je suis retourné dans la maison et j’ai réussi à faire disparaitre ses habitants, en puisant dans l’énergie du chronosceptre.
« OK, bon, ça va vite être juste.
– Il faut que tu te limites à l’utiliser que lorsque tu dois sauver des personnes, fit Zinn.
– Je sens que je vais vite craquer. »
Je me sentais comme dans un de ses films de drame, ou rien ne va, tout s’effondre. C’était dur pour moi, me dire que le seul ami restant était Zinn et que les parents de Leo étaient hors d’atteinte. Ce virus qui a infecté toute la population ou presque, qu’est-ce qu’il peut faire de moi ? Je suis parti me coucher avec toutes ces idées en tête.
Jeudi 20 novembre 2014, une heure et demie du matin. J’étais dans mes rêves, perdus au milieu de nulle part, Nikki devant moi. Elle tenait un couteau dans la main et j’étais retenu par quelque chose, je n’avais aucun moyen de bouger. Quelques secondes plus tard, je la voyais planter sa lame dans mon ventre, puis je me suis réveillé en sueur et avec une migraine atroce.
Neuf heures, j’étais assis sur le canapé lorsque Zinn s’est levé.
« Tu sais Adam, ce n’est pas l’alcool qui va te faire oublier Nikki.
– Hum, répondis-je regardant mon verre de whisky.
– Encore moins ta migraine.
– Comment tu sais ça ?
– Je sais beaucoup de choses. Dis-moi, pourquoi tu es levé depuis 2 h du matin ?
– Cauchemar, je me suis fait tuer par Nikki.
– Et tu bois depuis cette heure ?
– Ça te dérange ?
– Tu crois pouvoir absorber tout ce que tu consommes ?
– Mes augmentations le font pour moi, répondis-je finissant mon verre.
– J’espère que tu ne vas pas passer tes journées ici à boire ?
– Je n’en ai pas l’intention. Si tu peux m’aider à trouver quelque chose à faire.
– Je me suis monté quelque chose depuis que je suis ici, dit-il me montrant l’ordinateur qu’il avait fabriqué. J’ai trouvé quelques points où l’énergie qui y réside est trop grande à mon gout.
– Dis-moi, je me ferais un plaisir d’aller casser tout ce qui y bouge.
– Le plus proche se situe à trois kilomètres d’ici.
– J’y vais, dis-je.
– Hey attend, tu ne sais même pas où c’est !
– Alors ?
– Au nord.
– Bien, on se revoit plus tard. »
J’étais comme qui dirait, mal. Énervé, tendu, tout allait à l’encontre de ce que je voulais, le monde tombait en lambeau sans que je n’y sois pour rien, ou alors j’en étais la cause. Dans tous les cas, j’étais parti vers la zone que m’avait indiquée Zinn. J’avais changé de style, pour celui d’Aiden, au cas où je trouve des personnes qui pourraient me reconnaitre. Une demi-heure pour faire le trajet. Je me suis trouvé face à un immeuble, des lotissements certainement. J’ai passé la porte d’entrée et déjà j’entendais les grognements de ces horribles créatures. J’avançais assez doucement, passant devant maintes et maintes portes ouvertes, des salles remplies de zombies. En général ils ne m’entendaient pas, malgré les cliquetis de mon armure. C’était étrange, j’avais beau me poser devant eux, faire du bruit, mais ils ne s’intéressaient pas à moi. J’ai passé mon chemin pour continuer dans les étages. Atteins le troisième étage, je me suis fait agresser par un monstre, maigre au possible avec les membres plus longs que la normale. Il me criait dessus alors que je lui plantais bon bras dans le torse. Je l’ai éloigné alors que je me retrouvais avec une lame à la place du bras.
« Tout va bien Adam ? demanda Zinn dans ma tête.
– Mes transformations se continuent. J’ai le droit à une lame maintenant.
– Bénéfique ?
– Qu’est-ce que j’en sais ?
– Bref, trouve-les, éloigne-les et reviens.
– Comme tu voudras. »
J’étais intrigué par les vibrations qui subsistaient dans le bâtiment, par quoi étaient-elles provoquées ? Je continuais à traverser les étages, cherchant éperdument les rescapés. Je les ai trouvés au septième étage, ils étaient cachés dans la chambre des parents.
« Bonjour, bonsoir, ce que vous voulez, comment on se porte ? demandais-je en arrivant devant eux.
– Euh…
– Oui je sais, je ne parais pas être le messie, présent pour vous sauver, mais je n’en suis pas loin.
– Ce n’est pas ça le problème, fit l’un d’eux.
– Quoi alors ?
– Il, il a quelque chose là-haut… fit un enfant qui avait à peine dix ans.
– Quel genre de chose ? fis-je m’agenouillant devant lui.
– Un homme… Étrange…
– Bon, je vais aller voir.
– Vous n’allez pas nous laisser ici ?
– Non, je vais vous envoyer dans un endroit sûr, fis-je avant de les téléporter avec le contrôle mental.
– Comment je peux les téléporter et pas moi ?
– C’est un lien avec le conseil, c’est eux qui les téléportent, tu ne fais que leur indiquer leur position, reprit Zinn.
– Bien vu. Bon, apparemment j’ai un connard à détruire. »
J’ai poursuivi mon ascension vers le dernier étage. J’y entendais des pas tourner en rond, une voix qui parlait dans le vide, comme s’il se parlait à lui-même. Ça ne m’inspirait rien de bon. J’ai avancé jusqu’à ce qu’il m’interpelle. « Ah, voilà enfin quelque chose de sain dans cette baraque. Viens, tu vas pouvoir m’aider. » Il me montra le chemin du salon et referma la porte à clé derrière lui. L’appartement était délabré, plus que les autres. Il avait placardé des affiches partout, des visages, des mots, des citations, comme s’il essayait de trouver quelque chose. « Assieds-toi » dit-il en me montrant un vieux canapé, recouvert de je ne savais même pas quoi. Je suis resté debout, devant lui.
« Tu dois être celui qui le remplace ? dit-il.
– Remplacer qui ?
– Mon vieil ami, celui qui passait à travers les portails ! »
Apparemment il parlait de Leo, je ne voyais que lui qui traversait des portails comme il disait. Il m’a fait un long discours sur pourquoi tant de chose, qu’il essayait de me retrouver depuis six mois sans avoir réussi. « Qu’est-ce que tu lui veux ? » fis-je avant qu’il ne brise une roche sur le sol, m’aveuglant une seconde. Devant moi était apparu un portail, semblable à ceux qu’utilisait Leo. Il m’avait mis une seconde pierre dans la main.
« Je peux t’offrir le pouvoir de tout reprendre à zéro, effacer le traitre et te permettre de recommencer une vie meilleure !
– Non. »
Je n’avais même pas pris le temps de réfléchir, même si je fixais éperdument le portail devant moi. Je savais que je pouvais tout changer, mais je ne voulais pas. Quelques secondes plus tard, Zinn apparaissait sur mon épaule.
« Pourquoi est-ce que tu refuses ? demanda-t-il énervé.
– J’ai vu comment le monde serait si je le faisais.
– Et ?
– Non.
– Pourquoi ? Tu pourrais éradiquer Akziel une bonne fois pour toutes !
– Et devenir la menace, j’aurais déjà détruit plus que ce qu’a fait Akziel jusqu’ici.
– Oh ! Je, comprends, dit-il avant de repartir.
– Alors ? me fit l’étranger s’approchant de mon visage avec un visage diabolique.
– C’est non.
– Mais… »
Il n’avait pas eu le temps de finir sa phrase que j’avais déjà plantée une de mes lames dans son crâne. « Adam ! » me fit Zinn effrayé. « J’ai fait le bon choix. » fis-je avant qu’il ne se relève sous une forme moins glorieuse. J’ai déployé mes griffes pour avoir une chance contre lui. Il était lent, je n’avais pas de mal à lui asséner des coups à répétitions pour l’affaiblir et le faire vider de son sang.
« Je pensais qu’il n’y avait plus de démons.
– Je ne peux pas tous les tuer, répliquais-je. Ce n’est pas mon devoir.
– Essaie de revenir vivant, j’ai découvert quelque chose qui pourrait t’intéresser.
– Hum, des clés, je ne pense pas qu’il en ait encore besoin, dis-je regardant son cadavre sur le sol. »
J’ai continué à fouiller l’étage, comme perturbé par quelque chose. Je suis arrivé devant une porte, il y avait quelque chose d’écrit dessus, tracé avec de l’énergie, dorée. « Si vous êtes humains alors dégagez » J’y suis entré. La première chose qui m’interpela c’est cette bombonne violette juste à côté de la porte. Puis j’ai avancé en découvrant des corps, tués par l’infection apparemment. Puis j’ai relevé les yeux et j’ai aperçu le logo de Leo, celui qui flottait au-dessus de sa tour dans la citadelle. « Qui pourrait encore l’utiliser ? »
Ducati, voilà ce qu’il y avait de marqué sur le porteclé. J’ai dévalé les escaliers, évitant tous ceux qui essayaient en vain de me poursuivre. Je suis sorti en quête de la moto, puis j’ai aperçu ce halo blanc que le soleil produisait sur sa carcasse. Je m’en suis rapproché, mettant le contact. Le réservoir était presque plein. J’ai alors démarré puis j’ai fait demi-tour pour rejoindre Zinn et sa cache. Je suis arrivé chez lui avec une sorte de satisfaction sur mes lèvres, mais avec le désespoir au fond de mes yeux.
« Chaque jour j’ai l’impression que ce que j’ai construit s’effondre mon ami.
– N’en sois pas si sûr, répondit-il.
– Qu’y a-t-il ?
– Je crois que l’on a retrouvé une vieille connaissance ! »
Il me montrait un visage d’une photographie prise par les satellites qui gravitaient autour de la Terre. Je me suis approché de lui, puis j’ai vu cette personne, quelque chose s’est réveillé chez moi.
« Emeline ! m’exclamais-je.
– Exact ! Mais impossible de la retrouver avec les yeux des satellites en ce moment.
– Fait de ton mieux, localise-la, je t’en prie.
– La foi reviendrait dans ton cœur noirci par tes pertes ?
– J’aimerais, répondis-je après une grande inspiration. »
Un signe ? Un espoir ? Comment avait-elle survécu ? Est-ce qu’il y en avait d’autres encore en vie ? Cela signifiait pourtant quelque chose et le simple fait qu’Emeline soit en vie me donnait envie de poursuivre mes recherches.
« J’ai quelque chose pour toi, cherche-moi tout ce qui peut se rapprocher au logo de Leo.
– Oui, mais pourquoi ? questionna-t-il.
– Je l’ai aperçu dans le bâtiment où j’étais, peut-être que quelqu’un essaie de me dire quelque chose.
– OK, je m’en occuperais. »
Mardi 25 novembre 2014.
Les premières neiges commençaient à tomber, malheureusement elle fondait presque aussitôt. Il était dix-heures et j’avais réussi à ramener une télévision en bon état de mes voyages ainsi qu’une paire d’enceintes pour mon téléphone. La seule chaine restante était une chaine d’info, apparemment il y avait plus de survivants que ce que j’imaginais. Puis quelque chose m’interpela, une information plutôt importante.
« Aujourd’hui quelque chose de spécial, car nous avons un invité qui a été soigné par un mystérieux inconnu…
– Quoi ? Quelqu’un capable de guérir ce virus ?
– Attends ! fis-je à Zinn en montant le volume.
– Je me souviens m’être fait infecter il y a environ trois mois, puis la semaine dernière, ma femme qui m’avait enfermé dans un placard a fait venir cette personne. Elle m’a dit qu’elle a posé ses mains sur moi, puis toutes les marques de l’infection ont disparu. Deux jours plus tard, j’étais redevenu normal…
– Merde ! Y’a vraiment quelqu’un capable de faire ça ? m’étonnais-je.
– Tu veux que j’investisse dessus ?
– Ça pourrait être bien ouais. Si tu arrives à le localiser.
– Je vais le faire, toi concentre-toi sur Emeline.
– Ouais, je vais essayer. HA ! »
Mes bras me faisaient mal, une douleur puissante, comme une brulure interne.
« Comment est-ce que tes bras peuvent te faire souffrir ?
– Qu’est-ce que j’en sais ? répondis-je agacé. »
Mardi 2 décembre 2014.
Je faisais toujours le même cauchemar, impossible de dormir correctement. Alors au lieu de dormir, je faisais des tours à moto dans la ville. Après un certain temps, j’avais déterminé la ville dans laquelle j’étais. J’étais à Paris et la majorité de la population courrait les rues, comme des zombies. Ça me faisait mal au cœur, j’avais voulu les sauver et j’étais devenu leur perte. J’arrivais à sauver des survivants, mais sur huit-milliards, je n’en sauverais même pas la moitié, même pas un centième. Zinn avait bricolé ma moto pour qu’elle utilise la même technologie que mon cœur pour rouler.
Il m’arrivait de prendre place sur l’Arc de Triomphe, pour réfléchir, ou pour oublier. Cette fois-ci j’étais rejoint par Zinn, qui commençait à ressentir de la pitié pour moi.
« J’aimerais pouvoir t’aider Adam, me dit-il.
– Si c’était possible.
– Ça m’attriste de voir noir comme ça, toi qui as toujours eu une flamme qui te faisait vivre, j’ai l’impression que tout s’effondre pour toi.
– C’est dur sans Leo. Cette, infection qui bouffe les humains, qui me bouffe aussi. Qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ?
– Trouver un moyen de reprendre espoir ?
– Mon espoir c’était Alix, c’était d’elle que je tirais mon énergie à vouloir continuer. Je ne sais même pas où elle est maintenant.
– Tu penses vraiment qu’elle est morte ?
– Je ne sais pas, je n’ai pas envie de le croire, mais au fond je sais que c’est la vérité.
– On va la retrouver. Je te le promets.
– Tu penses que la Tour est toujours debout ? demandais-je.
– Je suppose, elle est protégée par le bouclier, comme la citadelle.
– Je me demande s’il peut y avoir encore quelqu’un.
– Comme qui ?
– Sieg.
– Oh oui, j’espère pour lui qu’il est en vie.
– Il l’est, sinon je serais déjà mort.
– Et le reste ?
– Tu parles de qui ? Mes frères ?
– Oui, et les autres.
– Aucune idée. Je…
– Tout va bien ?
– Oui, ça va. »
J’avais l’impression que le virus essayait de consumer, mais que je puisais mon énergie à le combattre. J’avais peur qu’il réussisse à prendre possession de moi. J’avais passé ma nuit ici, à regarder le ciel comme j’en avais l’habitude, mais ce n’était plus de l’espoir, quelque chose d’autre me poussait vers les cieux.
Mercredi 3 décembre 2014.
Des voix commençaient à résider dans ma tête, comme si j’arrivais à entendre ce que disaient les zombies. D’autres étaient des appels à l’aide, mais j’étais incapable de me concentrer sur certaines.
Depuis mon retour, ma vie tournait en rond, rien n’allait. Zinn essayait en vain de ne me pas me laisser m’apitoyer sur mon sort, pourtant c’était plus dur que s’en avait l’air.
« J’ai peut-être quelque chose pour toi Adam.
– Dis-moi, je prendrais ça comme je le pourrais.
– J’ai réussi à relever des informations d’un groupe d’Akziel, apparemment ils savent où nous sommes, dit-il.
– Akziel ?
– Juste le groupe.
– Et, tu veux que je les trouve avant… »
Je n’avais pas fini ma phrase que j’entendais une explosion dehors. Je me suis précipité vers la porte et je me suis retrouvé à entrer dans les limbes aussitôt.
« Merde, je ne suis pas prêt pour ça.
– Qu’est-ce qu’ils nous veulent ? fit Zinn qui s’approchait de moi.
– Ma mort, je suppose.
– Ah ! Enfin, Leo Kryssen ! fit un homme arrivant devant moi.
– Je crois qu’il y a erreur, répondis-je.
– Nous avons quelque chose pour toi ! »
Un homme étrange se présentait à moi, la peau blanche, un maquillage noir autour des yeux. Il ne portait qu’un pantalon et des chaussures, et des anneaux sur le visage.
« À qui ai-je l’honneur ? demandais-je.
– Je me présente, Ricku, second du Seigneur.
– Bah voyons.
– Je détiens quelque chose qui pourrait t’intéresser. »
L’explosion avait été provoquée par le véhicule ou bâtiment qui s’était écrasé devant chez nous. Apparemment c’est là qu’il retenait ce dont il me parlait. « Leo ! Aide-moi ! » Cette voix résonnait dans ma tête depuis qu’il était ici.
« Sia !
– Bien, monsieur est clairvoyant, voyons si tu sauras t’en sortir ! dit-il disparaissant aussitôt.
– Qu’est-ce que tu comptes faire ? questionna Zinn.
– Aller la sauver.
– Dans les limbes, comme ça ?
– Ils ont des armes et j’ai mes transformations, je devrais m’en sortir.
– J’espère. »
À mon habitude, je me suis plongé dans l’action, entré en fracas dans le bâtiment, mais pas un bruit, rien. Quelque chose n’allait pas et j’allais vite le découvrir. Deux étages, apparemment immensément longs et larges. J’ai fait une dizaine de mètres dans la première salle me dirigeant vers la lumière. Je me suis caché derrière le mur après avoir aperçu deux hommes derrière.
« Tu crois qu’il a une chance ? fit l’un des hommes.
– Jamais, il n’a plus Leo, répondit l’autre.
– Merde, fis-je à voix basse.
– Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Zinn.
– Ils sont au courant pour Leo.
– Qu’il est bloqué par l’infection ou par le fait qu’il ait été envoyé sur une autre planète ?
– Qu’est-ce que j’en sais ? »
J’ai essayé de déployer les lames de mes augmentations, espérant au moins avoir ça. Les coudes, puis les avant-bras. J’ai fermé les yeux quelques secondes, repensant à l’époque où l’on m’avait implanté ces armes. Comment ce futur serait-il à présent ?
Quelques secondes plus tard, j’arrivais sur les deux hommes, tombés avant qu’ils ne puissent utiliser leur arme. Des fusils d’assaut. J’excellais avec ce genre d’arme, dans cinquante ans. J’en ai récupéré une, avec le chargeur du second et je me suis posé devant l’ordinateur qu’ils gardaient. Apparemment Sia était détenue dans une salle au-dessus de moi et le seul escalier présent était au loin. Quelque chose me disait qu’il y allait en avoir d’autres à tuer.
Cette mission ressemblait à une des nombreuses que j’avais faites dans le futur, éliminer la menace pour retrouver quelqu’un d’important, pourtant je me doutais que ça n’allait pas se passer aussi bien que celles que j’avais pu faire auparavant. J’avais pris le chemin le plus court pour rejoindre l’escalier et ait descendu jusqu’ici, une douzaine d’ennemis, humains apparemment. Ça ne me dérangeait pas de les tuer à partir du moment où je savais qu’ils avaient porté allégeance à l’ennemi. Cependant si un me demandait pitié, je l’aurais certainement laissé partir errer dans le monde, avec les autres que j’ai sauvés.
Deuxième étage, d’après les plans, c’étaient d’anciens bureaux. Un beau bordel pour arriver à traverser ça sans problème. La première partie était plutôt calme, deux hommes non armés se sont présentés à moi, je les ai sauvés, ils n’avaient rien fait de mal. Ensuite arrivaient les grands bureaux, occupés par une centaine d’hommes. Certains d’entre eux étaient innocents, mon instinct me le disait. Cependant je ne me voyais pas affronter cent hommes armés jusqu’aux dents pour les sauver. Alors cette partie devint une filature, personne ne devait me voir, ni même m’entendre. Je n’avais aucune de mes capacités spéciales, mais j’avais quand même mes talents commando.
Une demi-heure, voilà le temps qu’il m’a fallu pour atteindre l’autre côté sans me faire repérer. Utile de ne pas avoir de cœur, aucun battement. J’ai refermé la porte derrière moi pour le retrouver dans un bureau avec la moitié des murs fait par une baie vitrée. La lumière d’un chemin s’illumina pour me montrer Sia.
« Adam, vite aide-moi !
– Non.
– Pourquoi ? dit-elle effrayée. »
J’ai pris une agrafeuse que j’avais ramassée auparavant pour faire distraction et je l’ai jeté sur le chemin. Une ligne de pics métalliques en sortit aussitôt.
« Bien vu Sherlock, fit Sia.
– Sors de ta cachette, je n’ai pas que ça à faire, dis-je.
– OK, je te rends la fille. »
Il détacha les liens de Sia et le mécanisme du passage pour qu’elle me rejoigne. Mais avant qu’elle ne m’atteigne, il sortit de nulle part pour me fracasser contre le mur en disant « Mais je te récupère toi ! » Mon corps me faisait souffrir, sans Leo il est moins résistant, je ne suis qu’un humain, même augmenté. « Qu’est-ce que tu vas faire contre moi ? Aucune balle ne me fera mal ! » Lui aussi était infecté comme moi, mais en plus mauvais état. Il avait l’apparence des zombies, ses vêtements se mêlaient à cette matière noirâtre qui me donnait mes griffes. J’ai décidé de l’attaquer, de lui asséner autant de coups que possible, mais je n’arrivais pas à lui faire de mal. Une seconde fois il me propulsa contre le mur et cette fois-ci j’ai fini inconscient. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre temps, je me suis réveillé attaché là ou l’était Sia auparavant, sans mes vêtements comme toujours.
« Tout s’effondre mon cher, même tes précieux amis !
– Jamais tu ne le tueras, jamais ! fit Sia entre les mains de Varko.
– Parce que tu te sens assez forte pour arriver à m’affronter ? Où même te libérer de mes liens ?
– Forcément ! »
Sia était la reine des limbes et apparemment ces choses n’avaient pas accès à l’autre monde. Elle nous fit sortir tous les deux, assez de temps pour se libérer et venir approcher sa main de mon corps. Une puissance vague d’énergie me parcourra illuminant mon cœur, puis je me suis rendormi. « Qu’est-ce que tu as fait ? » Quelques secondes après j’ouvrais les yeux et mes lunettes se repliaient. Mes bras et mes jambes commençaient à bruler, faisant fondre les liens un par un. J’ai touché le sol, ma main droite posée devant moi. Mes doigts étaient devenus énergétiques, il ne restait que les renforts métalliques flottants sur mes doigts transparents. Une puissante rage me poussa vers lui, me déplaçant avec une cristallisation d’une puissance phénoménale. Je suis arrivé sur lui avec une force sur humaine, l’envoyant à l’autre bout du couloir.
« Adam ! s’exclama Sia.
– Suis-moi, répondis-je.
– Sale enflure, pourquoi faut-il que tu changes encore ? fit mon ennemi.
– Je ne change pas, j’assimile juste de nouvelles choses ! »
J’ai posé ma main sur son crâne, commençant à absorber son énergie.
« Adam non ! s’exclama Sia à nouveau.
– Écoute là ! dit-il.
– Ne le tue pas.
– Pourquoi ? dis-je me retournant.
– Il peut nous être utile, répondit Sia.
– En quoi ?
– Il a des informations sur celui qui soigne les infectés.
– Comment tu sais que je le cherche ?
– À cause de lui. »
Je me suis retourné vers lui, mon corps encore brillant de cette énergie puisée de nulle part. « Parle ! » Il ne voulait pas, il préférait souffrir.
« Si tu peux faire quelque chose, demandais-je, avant que je ne le tue.
– Une seconde. »
J’ai été transporté ailleurs pendant quelques secondes avec la voix de Sia me disant que c’était elle qui me provoquait ces visions. Je me trouvais sous la tour Eiffel, devant une personne à la silhouette blanche, son manteau certainement. Sa voix résonnait, elle voulait me dire quelque chose, mais je n’arrivais pas à déterminer quoi. Je suis revenu peu de temps après, toujours devant lui.
« Qu’est-ce que j’en fais maintenant ? demandais-je.
– Tu l’estimes comme une menace ?
– Forcément.
– Alors, vas-y, fais ce que tu as à faire.
– Non, pitié ! NON ! s’exclama-t-il effrayé »
J’ai déployé une lame qui, elle aussi, avait changé d’apparence pour lui trancher la gorge. Sia me ramena mes vêtements pour que je les remette avant qu’elle ne se jette dans mes bras.
« Je suis tellement contente de te revoir, me dit-elle.
– Tu n’imagines pas à quel point.
– Qu’est-ce que tu fais ici ? Je te croyais mort, ou perdu je ne sais où.
– C’est une longue histoire.
– Tu as un endroit sur où on peut aller sans se faire attaquer ?
– Viens »
Ma moto, enfin, j’en avais fait ma propriété. Lorsqu’elle l’a aperçu, elle a voulu faire un tour avec. Alors je l’ai écoutée, j’ai suivi toutes ces indications de routes. Nous nous sommes retrouvés dans un parc très calme. Je m’étais allongé dans l’herbe, puis elle m’a suivi, posant sa tête sur mon ventre.
« Pourquoi es-tu venu me sauver ? me demanda-t-elle.
– Je viens toujours vous sauver. Mais à quel prix ?
– Et les autres ?
– Personne.
– Comment ça ?
– Je ne sais pas où ils sont, s’ils sont encore en vie. Le seul que je peux supposer c’est Sieg.
– Sinon tu serais mort. Tu n’as pas essayé de le chercher ?
– Pour quoi faire ?
– Pour t’aider.
– Et les mettre en danger, comme je l’ai fait auparavant ? Je n’ai pas l’impression que ça en vaut le coup.
– Tu… dit-elle se relevant. Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?
– Comment ça ?
– Ce drame sombre que tu m’étales, je ne t’ai jamais connu comme ça.
– Tu ne m’as jamais connu sans espoir.
– Oh, ça explique certaines choses.
– J’ai tout perdu, j’ai mis en péril tout ce que je me suis efforcé de faire. Plus j’avance, plus je me dis que mes actions auront les mêmes conséquences.
– C’est Alix, c’est ça ?
– Je n’ai jamais été capable de la protéger.
– Ça, ce n’est pas vrai.
– Alors pourquoi elle est morte ? »
Ces derniers mots laissèrent un blanc, je n’avais rien à y répondre et malheureusement elle non plus. Elle se mit à réfléchir quelques instants puis se leva.
« Je vais partir chercher Sieg, dit-elle déterminée.
– Toute seule ?
– Oui ! Et tu ne m’en empêcheras pas.
– Je ne le ferais pas. Bon courage tout de même.
– Tu ne m’en penses pas capable ?
– Ce monde est dangereux, même pour toi.
– C’est ça tu me trouves trop faible pour y arriver ! dit-elle en partant.
– Et merde ! fis-je relâchant ma tête sur le sol. »
Je crois que mon côté sombre allait trop loin, mais à vrai dire, sans l’espoir qui animait Leo, il ne me restait que ça.
Je suis resté quelques secondes de plus allongé, jusqu’à ce que quelque chose me percute l’esprit. C’était le parc de Monceau à Paris ! Je me suis alors empressé de rejoindre ma moto pour partir vers la tour Eiffel. En dix minutes je l’avais rejoint. La silhouette que j’avais aperçue dans la vision y était. Je m’en suis rapproché, mais elle disparut quelques secondes plus tard.
« Adam ? questionna Zinn.
– Je crois que j’ai trouvé quelque chose, je te tiens au courant.
– Mais, attends ! »
Tracé en grand sous les quatre pieds, le symbole de Leo encore une fois. « Qu’est-ce que ça veut dire ? » Je me suis décidé à gravir la tour, espérant trouver quelque chose. J’ai atteint le deuxième plateau, une sorte de cabane y avait été construite. J’y suis entré, doucement, pour éviter d’attirer l’attention. Les murs étaient placardés de photos de moi, de différentes époques. Sur certaines j’étais avec des amis, des connaissances ou avec Nikki. « J’ai du mal à comprendre. Qui pourrait me rechercher autant ? »
J’ai parcouru les quelques salles, toutes pareilles. Qui me chercherait autant ? Un fan ? Quelqu’un qui aurait besoin de moi ou un ennemi ? Et pourquoi se donner autant de mal à me chercher et vouloir sauver les habitants de l’infection ? Une centaine de questions envahissait ma tête. Une seule pièce se démarquait. Une recherche d’humains, peut-être ceux qu’il voulait sauver ? Quelques minutes après mon arrivée, des voix vinrent résonner sous les pieds.
« Tu crois que c’est ici ?
– Tu ne vois pas le symbole sur le sol ? C’est forcément ici. Viens, le boss nous a donné comme mission de le tuer.
– Mais, mais tu sais ce qu’il a fait aux autres ! s’exclama un des hommes.
– Oui, mais nous ne sommes pas les autres. »
Le boss ? Ricku ? Je ne voulais pas qu’ils le tuent, il pourrait m’être utile. Je suis alors sorti du campement, me dirigeant vers les barrières pour me placer au-dessus de leur position. L’assassinat aérien, j’étais bon, assez pour leur atterrir dessus. J’en ai éloigné un et allongé le second, ma lame sous la gorge. Quelque chose sur lui me happa, son collier. Je le lui ai retiré, c’était encore un des colliers de Barabas.
« Qui t’envoies ? demandais-je énervé.
– Ri… Ricku.
– Qu’est-ce que tu veux à cet homme ?
– On nous a dit de le tuer, c’est tout.
– Pourquoi ?
– Parce qu’il peut soigner les infectés ! s’exclama-t-il.
– Qu’est-il arrivé aux autres qui ont essayé ?
– Carbonisé, ils. Ils brillaient encore d’une lueur dorée après leurs morts.
– Est-ce que je te laisse en vie ?
– J’aimerais.
– Qu’est-ce que j’y gagne ?
– La compagnie saura que le soigneur a un compagnon.
– Bien, fis-je avant de lui trancher la gorge, à ton tour.
– Non, pitié ! s’écria le second.
– Qu’as-tu à dire pour te sauver ?
– On m’a enrôlé, je n’ai jamais voulu les rejoindre.
– Ça ne suffira pas, fis-je me rapprochant de lui.
– J’ai une femme ! Des enfants ! Ils ont été sauvés par ton ami.
– Intéressant.
– Tu veux bien me laisser la vie ?
– Retourne-toi.
– Mais…
– Fais ce que je te dis. »
Il s’exécuta. J’ai utilisé mon anneau pour briser l’attache cérébrale qu’il avait.
« Je…
– Va-t’en, repris-je. Avant que je ne change d’avis.
– Merci !
– Reste en sécurité. Je ne veux pas d’autres infectés sur les bras. »
Je ressentais encore une présence dans les parages, non hostile. Je me suis approché doucement. C’était un enfant qui se cachait derrière un buisson, effrayé.
« N’aie pas peur, je ne te veux pas de mal, dis-je à l’enfant.
– Ils sont partis les deux méchants ?
– Oui, fis-je avec le sourire, ils sont partis. Qu’est-ce que tu fais ici ?
– J’étais venu rapporter un bijou qui appartient à celle qui habite ici.
– Celle ?
– Oui, c’est une femme, tu ne le savais pas ?
– Je l’ignorais. Je peux le voir ?
– Tiens »
Il me tendit un collier en or, avec un pendentif. Deux parties se croisaient, une en or, l’autre en un métal noir. Il me semblait l’avoir déjà vu quelque part. « Promets-moi que tu le donneras à l’Éternelle » Je me sentais étrange tout à coup. Zwein avait raison ! Elle existe bel et bien. Puis le sourire me revint. « Je te le promets. » Ma main se resserra sur le pendentif alors que le garçon s’en alla.
Il était dix-sept heures passées, le soleil commençait à se coucher. Je m’étais attaché à l’antenne de la tour pour observer le soleil s’en aller.
« Adam ? Où est-ce que tu es parti ? demanda Zinn.
– Paris, sur la tour Eiffel.
– Et Sia ?
– Partie chercher Sieg.
– Tu es sérieux ? Tu l’as laissé partir ?
– Je n’avais pas le choix.
– Si tu l’avais ! s’exclama-t-il.
– Je reviens, je te ferrai un rapport sur ce que j’ai découvert et demain je pars, j’ai besoin de vacances.
– Pas maintenant ?
– Si. »
J’ai repris ma moto pour faire le retour. Une bonne heure pour faire le trajet dans l’autre sens. Je suis arrivé devant Zinn qui me n’avait pas l’air très content.
« Qu’est-ce qu’il y a ? demandais-je agacé.
– Dis-moi tout.
– Pour commencer, Ricku est à la tête d’un groupe, ou je ne sais quoi qui se fait appeler la compagnie.
– Ensuite ?
– Pourquoi Paris, j’imagine ? À cause de Sia.
– Je le savais !
– Ce n’est pas ce que tu crois. La compagnie est aussi à la recherche de celui qui soigne les infectés. Sia m’a envoyé une vision quand je l’ai sauvée, cet individu se situait sous la tour Eiffel. Lorsque je suis parti avec Sia pour faire un tour, elle m’a rapproché de Paris sans que je le sache. Je suis allé sous la tour une fois qu’elle était partie.
– OK, je suis, fit Zinn.
– Il utilise le symbole de Leo, il est gravé sous la tour. De plus il recherche Leo activement comme les infectés.
– Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
– Les murs de sa cabane sont couverts de photo de lui.
– Intéressant.
– La compagnie recherche aussi cette personne. Eux, l’appelle le sauveur. J’ai rencontré deux hommes qui étaient ici pour le tuer.
– Tu les as tués ?
– J’en ai gardé un en vie, en lui retirant son attache cérébrale.
– Tu peux encore faire ça ?
– Oui grâce à Sia. J’ai de nouveau mes pouvoirs d’augmentés, mais ils consomment beaucoup d’énergie.
– Bien.
– Pour finir, cette personne attache les personnes qu’il, enfin qu’elle sauve. J’ai trouvé un enfant qui était venu lui rendre un collier.
– Elle ?
– Oh oui, ce gamin l’a appelé l’Éternelle.
– Quoi ?
– Oui, moi aussi ça m’a choqué, mais après ce que m’a dit Zwein, ça ne me dérange pas tant que ça.
– Mais…
– Pourquoi elle me recherche ? Qui sait ? Ne m’en veux pas, je vais aller faire une sieste. »
Une heure, c’est le maximum que j’arrivais à rester endormi avant que mes cauchemars ne reviennent. Il était vingt heures, j’ai repris ma bouteille de whisky et je suis parti m’installer sur le toit. Le ciel était clair et le froid hivernal français commençait à se faire ressentir.
Malgré mon état mental déplorable, je gardais certaines de mes habitudes, comme celle de m’installer sur un toit et penser à tout, et à beaucoup de choses. Personne ne comprenait cette habitude, moi non plus certaines fois, mais tout ce que je savais c’est que je ne m’en sentais que mieux.
Zinn m’a rejoint une heure plus tard. Il est installé à côté de moi.
« Toujours les idées perdues ? demanda-t-il.
– Toujours.
– Alix ?
– C’est une habitude chez moi, je crois. Qu’est-ce que tu veux ?
– Qu’est-ce qui te dit que…
– Je te connais arrête.
– Où est-ce que tu veux partir ?
– J’en entendu dire qu’il y avait un groupe de réfugiés en Auvergne. J’irais bien y faire un tour.
– Et tu comptes y rester combien de temps ?
– Deux semaines certainement.
– Bon courage.
– Ce n’est pas du courage qu’il me faut.
– Oui je sais, dit-il.
– Continue tes recherches sur l’Éternelle et sur les autres survivants que je pourrais connaitre et dis-moi si t’en trouves un.
– Pas de soucis.
– Et si jamais on t’attaque, n’hésite pas à m’appeler, je ne veux pas en perdre un de plus.
– J’y penserais, mais je sais me défendre tout seul.
– Vraiment ? m’étonnais-je.
– Oui ! Tu ne me crois pas ?
– Pas vraiment non.
– Salaud !
– Je sais, je ne vais pas changer aujourd’hui.
– Ne va pas te faire tuer, je sais que tu as été agent du FBI, que tu as vécu pire, mais quand même. Nos derniers espoirs résidents en toi.
– Je resterais en vie. Je le dois, rien que pour pouvoir retrouver Alix.
– Tu refuses de l’abandonner.
– Je n’ai aucune raison de le faire, et toutes de vouloir la sauver. Je suis ici grâce à elle et j’espère qu’elle pourra m’aider à nous sortir de cette histoire. »