{09} Empty | Memories of Another World
Parfois, l’histoire n’appartient plus à personne, même plus à ceux qui l’ont écrite. Bonsoir.
Pourquoi ai-je l’impression qu’il est plus étrange que moi ? — Siaelian
Le temps avait repris son cours alors que Siaelian avait pris le gardien par la main. Quelques mètres plus loin, les gardes du palais reprenaient leurs marches. Ils se mirent à tirer à vue lorsqu’ils aperçurent les deux.
Nova se retrouvait devant elle, alors qu’elle était allongée, en sang. Il se retourna vers ceux qui l’avaient attaqué, déployant deux lames de lumière au bout de ses bras. Sa tunique se mit à briller, un anneau métallique s’installa dans son dos, créant un lien étrange avec Siaelian. Nova se propulsa sur ses adversaires, les supprima un à un, plus aisément les uns que les autres. Pendant ce temps, la lueur dorée continuait de briller sur lui et quelque chose se construisait sur lui. La rage coulait dans l’esprit de Nova autant que le sang de l’armée du Front d’Argent. La lueur avec construit une armure sur sa tunique, puissante et lourde cuirasse dorée et aux lueurs bleutées.
Quelque chose lui rongeait l’esprit, il avait perdu le contrôle de lui-même. Il se retourna vers Siaelian que des soldats aux fusils énergétiques commençaient à attaquer. Il se plaça devant elle, encaissant tous les feux des ennemis. Toute l’énergie disparaissait dans un immense tourbillon autour de Nova. Puis il s’estompa, doucement, le silence s’installa alors que les seuls bruits qui résonnaient étaient le vrombissement des blaster. Une étrange fumée noire commença à se déployer du centre des attaques, puis une immense vague déferlante, emportant la masse de fumée avec elle repoussa tout le monde, sans exception.
Nova était à genoux, ses yeux s’illuminèrent avec la peur de ses assaillants. Il se téléporta derrière eux, les tranchant en deux avec sa faucille avant qu’ils ne puissent s’en rendre compte.
– Venez m’affronter, bande de lâches !
– Fuyez ! Vite !
Nova se rapprocha de Siaelian, tenant sa faucille dans son dos, imposant sa présence avec cette fumée qui entourait son corps. Il se rapprocha du dernier survivant, plantant sa faux dans la tête de l’assaillant pour le trancher en deux. Siaelian se releva, toujours entourée du bandeau bleu de l’anneau de Nova. Elle se trouva devant une masse noire, couverte de fumée. Les cheveux blancs, le regard vide et cette faucille plus grande que lui.
– Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?
– …
Il ne dit rien, inclinant sa tête vers la droite.
– Pourquoi est-ce que j’ai l’impression de t’avoir déjà rencontré…
Elle posa sa main sur son torse, la brume s’avança doucement sur son bras, mais elle n’était pas hostile envers elle, comparée à tous les autres. Il ferma les yeux, fit disparaître la brume autour de lui pour retrouver son apparence originelle, avec l’armure.
– Qu’est-ce qu’il t’arrive ? demanda la fille.
– Ma vie importe peu, répondit Nova.
– Moi elle m’importe. Viens.
Elle le prit par la main, l’amenant dans un café. Nova avait quitté son immense armure dorée, reprenant sa tunique plus classique. Ils s’installèrent sur une table avec deux places, à côté d’une fenêtre. Siaelian alla commander deux cafés, un classique et un cappuccino. Elle vint s’installer devant lui, prenant le cappuccino pour elle. Il prit cinq secondes pour regarder son café, puis releva les yeux sur la fille devant lui. Quelque chose se déclencha en lui, sa tête lui fit affreusement mal. Siaelian commençait à s’inquiéter pour lui.
– Ça va ? demanda-t-elle
– Oui, je… Non…
– Raconte-moi tout.
– J’ai déjà vécu cette scène, mais pas maintenant.
– En même temps si tu manipules le temps.
– Non, c’est comme si…
– Comme si ? questionna Siaelian.
– Comme s’il me manquait quelque chose.
– Intéressant.
– C’est tout ce que ça te fait ?
– Oui, et je trouve ça amusant.
– J’ai déjà vécu ça, mais je n’ai aucune idée de quand. Encore mois comment ni pourquoi…
– Vu ce que tu étais tout à l’heure, peut-être que ton cas est plus problématique que le mien.
– Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Nova perdait le contrôle de lui-même, sans savoir ce qui lui arrivait, ou pourquoi. Un moment de sa vie lui manquait. Quelques heures plus tard, les deux étaient partis se réfugier dans les jardins du palais, Nova assis sur la tête d’une fontaine. Siaelian vint se mettre derrière lui, le serrant dans ses bras. Elle approcha ses mains du haut de son torse, approchant ses doigts d’un anneau dessiné sur sa poitrine.
– Qu’est-ce qu’il y a sous cet anneau ? demanda-t-elle.
– Mon…
Il posa ses doigts sur sa tunique, ressentant le creux derrière l’anneau. Puis il glissa sa main sous ses vêtements, rentrant ses doigts dans une cavité creusée sur son torse.
– Mon cœur…
– Ton cœur ?
– Suis-moi ! s’exclama Nova.
Il créa un portail sous ses pieds pour entrer dans l’horloge. « Bienvenue, gardien » fit la voix de l’horloge. Siaelian se décida à le suivre. « Où est-ce que l’on est ? » Il ne répondait pas, il continuait son chemin dans le couloir aux milliers de miroirs. Siaelian entra dans la salle principale, émerveillée par les rouages d’une machinerie aussi immense.
– Retrace-moi toute la chronologie depuis aujourd’hui jusqu’à la Grande Guerre.
– Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Siaelian.
Rien ne le perturbait. Il était concentré sur la vision que lui offrait la console, jusqu’à ce que tout se bloque. L’horloge bloqua quelques secondes, puis reprit son cours. « Désolé, cette fraction du temps n’existe pas. » Le regard de Nova s’embrasa, il se retourna dans le couloir pour y briser l’un des miroirs. Siaelian commençait à avoir peur de lui, même si elle souhaitait l’aider.
– Qu’est-ce qu’il y a ? Où est-ce que nous sommes ? demanda la fille.
– La Grande Horloge, le contrôleur du temps. Et si tu veux tout savoir, je crois qu’on a supprimé une portion du temps.
– Comment est-ce possible ?
– À part m’avoir forcé à ça…
– Mais qui ?
– Combien de fractions ont été supprimées ? demanda le gardien.
– Assez pour ne pas pouvoir expliquer l’origine de votre anneau sur le torse, répondit l’horloge.
– Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
– Nova, je crois que j’ai trouvé quelque chose, reprit Siaelian.
Elle prit le pendentif dans ses mains, le cristal s’illumina presque aussitôt. Elle se retourna pour le montrer à Nova.
– Ça te dit quelque chose ?
Il se rapprocha d’elle, comme captivé par ce qu’elle tenait entre ses doigts.
– Amène-nous à la citadelle, vite ! fit Nova.
– Tout de suite, Gardien, fit l’horloge.
10/2130