Le son des pas sur les pavés résonnait dans la ville. L’animation autour ne suffisait pas à les couvrir entièrement. C’était un jeudi soir, où toute la ville s’enflamme au gré des adolescents et étudiants fêtards qui profitent de leur jeunesse. Ethan n’était pas de la ville, pas d’une grande ville comme celle-ci tout du moins. Depuis sa première année ici il sortait, faisait des soirées plus alcoolisées les unes que les autres. Tout lui paraissait étrange la première fois. Une si grande ville, si peuplée. Tous ces étudiants qui y trônent, plus nombreux chaque jour. C’était un jeudi soir, comme il en avait déjà fait des dizaines depuis un an. Une soirée de prévue, de l’alcool, des potes et des copines. Tout pour passer encore une bonne soirée. Le quartier qu’il devait rejoindre s’appelait Delille et à part le trajet en voiture à faire pour rejoindre la ville, il avait quelques mètres à traverser pour rejoindre l’appartement où se déroulait la beuverie. Comme depuis des années, il ne pouvait passer du temps à marcher seul sans sa musique, sans son casque ou ses écouteurs sur les oreilles.
I saw you, yeah you, you’re breaking down
I hope you, yeah you, you come around
Now don’t you shut this down ooh no don’t you give this up
I took all this love I found and I hope that it’s enough
Is it enough ?
If we don’t bend then this might break
Please don’t give into this pain
Just keep on counting down the days
And dream of me to keep you safe
— Pvris | Only Love —
Il croisait de nouveaux visages, des hommes et des femmes qu’il n’avait jamais vus et qu’il ne reverra certainement jamais. Dix minutes plus tard, il passait devant l’appartement de Dylan, il se disait que lui aussi devait être parti dans l’une des multiples soirées qui se déroulaient dans la ville. Quelques mètres plus loin se trouvait l’appartement où il était convié. C’était un de ses nouveaux amis qui les invitaient, parce qu’il connaissait celle qui faisait la soirée. On lui avait dit que c’était une soirée entre filles, pas qu’elles étaient dix. C’est la seule chose qui l’a surpris lorsqu’il est entré dans l’appartement, après avoir fait la bise à presque toute.
Jeudi 16 octobre 2014.
« Il en reste encore une, elle est dans la salle de bain.
– Ça devient bizarre tout ça, répliquais-je »
Malgré mes problèmes cardiaques, je ne m’étais jamais empêché de faire ces soirées et de subir le rythme cardiaque important du lendemain. Après tout, ça ne m’avait toujours pas tué. J’avais commencé à boire, Jager et boissons énergisante, c’était un bon mélange, surtout quand cette boisson est celle qui partait le plus vite. Installé avec Noa à la fenêtre pendant que ce dernier était en train de fumer, je continuais à puiser dans mon verre trop plein.
« Alors, tu as fait ton choix ? demanda-t-il.
– On ne doit pas toucher à Audrey c’est ça ?
– Et c’est bien dommage.
– Bah, je ne sais pas, répondis-je.
– Roh, tu ne vas pas commencer à faire ton chiant !
– Non, mais, il me faut un peu de temps… »
La dernière personne de la soirée venait de sortir de la salle de bain. Elle regarda les nouveaux venus pour enfin se diriger vers moi et me faire la bise en me disant « Contente de te revoir. » Elle a continué sa ronde alors que j’étais presque tétanisé, troublé et heureux à la fois.
« Je crois que tu as trouvé la bonne !
– Je… Je, pourquoi faut-il que ça soit aussi chiant, répliquais-je exaspéré
– Quoi ? Elle n’est pas mal non ?
– Elle s’appelle Mélissa.
– Et ? Oh ! Tu la connais déjà !
– Ouais, et j’aurais dû déjà être avec elle.
– Merde. Ce n’est pas grave, je vais t’aider à te la faire.
– Noa…
– Arrête, je sais que tu en meurs d’envie. »
Pertinemment, il venait de toucher quelque chose, j’avais effectivement éprouvé des sentiments pour elle. Pire encore, j’en éprouvais toujours, plus qu’avant. À part ça, la soirée se déroulait correctement, comme le monde l’avait prévu. Même si j’avais du mal à me sentir vraiment à l’aise. Quelques heures plus tard, presque toutes les filles partaient, simplement parce qu’elles avaient un petit ami bien sûr. Les autres voulaient sortir en boite, parce que c’est en général comme ça que finissent les soirées. Cependant, Noa essaya de retenir Mélissa, en vain.
« Même pas pour moi ? lui demandais-je.
– J’hésite…
– Rien qu’une heure, s’il te plait ?
– C’est vraiment parce que c’est toi. »
Noa a passé l’heure à apprendre à la connaitre, et moi à l’admirer. Mes sentiments pour elle n’avaient pas changé et je la trouvais toujours aussi belle. Un peu après son départ, le reste de la populace se décida à sortir, parce qu’il voulait prendre l’air et se changer les idées. En chemin, Noa vint me rejoindre.
« Il faut que tu me racontes.
– Il n’y a rien à raconter, tu m’as bien vu devant elle, répliquais-je.
– Oui, mais je veux savoir ce qu’il s’est passé. Tout !
– Je crois que je suis amoureux d’elle depuis le jour où je l’ai aperçu, à l’époque, je passais mon temps à chercher des gens, peu importe qui. D’abord, j’ai rencontré Flora, je le te la présenterais un jour. C’est une fille géniale. Elle m’a comme qui dirait aidé à avancer vers Mélissa alors que j’étais le mec le plus coincé de la Terre. Ensuite, est venu le moment où elle s’est décidée à m’embrasser et me faire comprendre que c’était réciproque. C’était vers la fin de l’année. Après je devais partir, mais elle ne pouvait pas, du coup on s’est décidé à ne rien commencer du fait que les relations à distances sont une horreur. On a un peu perdu contact après, faute à qui, va savoir.
– Et maintenant ? demanda Noa.
– Je regrette de ne pas avoir essayé. J’imagine qu’elle m’a déjà remplacé.
– Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
– Ça tombe sous le sens.
– Et tu ne veux rien tenter ?
– Si, bien sûr que si, mais peut-être pas maintenant. »
Pourquoi enchainer les soirées, enfin pas jour après jour, mais chaque semaine ? Pour l’amusement ? Pour moi c’était plutôt pour se vider la tête, ne plus penser à ce que qui pouvait me tracasser. Les mêmes personnes, dans un appartement différent. Mais pourquoi me diriez-vous, tout simplement parce que celui qui les invitait s’intéressait à celle qui programmait la soirée. Encore les mêmes boissons, encore les mêmes verres qui se vidaient plus vite qu’ils n’étaient remplis.
Jeudi 23 octobre 2014.
Environ une demi-heure après le début de la soirée, les retardataires vinrent sonner à la porte. C’était Mélissa qui passa devant toutes les autres filles pour venir se jeter dans mes bras. « Qu’est-ce que tu as fait encore ? me demanda Audrey ? » J’ai esquissé un vague mouvement des épaules pour indiquer que je ne savais pas. Quelques secondes plus tard, elle me prit par la main et me mena sur le canapé.
« Qu’est-ce qu’il se passe entre eux ? demanda Audrey.
– Moi je sais, fit Noa avec le sourire, mais je n’ai pas le droit de le dire.
– Même pas elle vient vers nous alors qu’elle arrive en larmes. Pourquoi ?
– On ne commande pas l’amour. »
On était tous les deux sur le canapé, Mélissa avait posé sa tête sur mon épaule et j’avais mes bras autour d’elle pour la réconforter.
« Ethan, dit-elle après avoir calmé ses sanglots, pourquoi faut-il que tous les mecs soient des connards ?
– C’est gentil merci, répliquais-je.
– Arête ! dit-elle avec un léger sourire.
– Je commence comprendre maintenant.
– Comprendre quoi ?
– Tes larmes quand tu es arrivée.
– Je sais que tu t’en fous, mais j’ai su ça quand je suis arrivé, sur le trajet. Alors que je devais le retrouver tout à l’heure.
– Je suis navré.
– Tu veux bien m’apporter quelque chose à boire ?
– Une préférence ?
– Je te laisse choisir.
– Bien, tu commences bien gros, me fit Noa alors que je m’étais rapproché de la table.
– Lâche cette bouteille de Jager.
– Pourquoi ?
– Il faut que j’y apporte à boire.
– Tiens, si ça peut te permettre de la mettre dans ton lit.
– Tu sais que je t’aime sérieux !
– Ouais, je m’en doute. Aller dégage, je veux te voir avec avant demain matin.
– Mademoiselle, fis-je en lui tendant le verre.
– T’es un ange.
– Je sais.
– J’avais oublié ça.
– Quoi ?
– Ton côté un peu dérangé, ça m’avait manqué, dit-elle reposant sa tête sur mon épaule.
– Y’a que ça qui t’avais manqué ?
– Non, tu m’as manqué. Je n’aurais pas dû essayer de t’oublier.
– Je…
– Je n’aurais pas dû te le dire. J’avais du mal à t’imaginer loin de moi alors j’ai tout fait pour t’oublier. Je suis désolé.
– Non, je comprends tout à fait, on ne s’était jamais dit que l’on devait rester seul.
– Ouais, mais tous ceux que j’ai rencontrés m’ont dégagée comme une merde. »
Un silence s’installait entre nous, alors que les autres restaient joyeux au possible. Noa était presque toujours tourné vers nous, comme s’il voulait à tout prix que ça marche.
« Tu crois que ça va marcher ? demanda Jared.
– Mais oui, c’est obligé, répondit Noa.
– Il va encore lui briser le cœur, comme ils ont tous fait, reprit Audrey.
– Je n’en serais pas aussi certain à ta place. »
On avait fini nos verres, j’avais plus l’habitude de l’alcool qu’elle. Elle paraissait se perdre dans ses pensées et commençait à réfléchir à des choses.
« J’aimerais me rattraper.
– Comment ça ?
– J’ai commis une erreur et j’aimerais que tu me laisses une chance. Mais je doute que tu veuilles me la laisser.
– Tu es certaine que ce n’est pas l’alcool qui parle à ta place ? fis-je en me levant.
– Peut-être. »
Je suis resté cinq secondes dos à elle, puis je me suis retourné pour lui tendre la main.
« Viens avec moi.
– Mais…
– S’il te plait. C’est moi qui te le demande cette fois-ci. »
Elle a pris ma main et je l’ai amenée dehors, on a marché quelques minutes pour rejoindre un parc et s’installer sur un banc.
« Tu ne serais pas nostalgique par hasard ? demanda-t-elle.
– Je vois, mais non ce n’est pas mon intérêt.
– Je sais que tu l’attendais depuis un moment, et moi aussi.
– Tu veux vraiment qu’on parle de ça maintenant ?
– Tu as une meilleure idée ? Monsieur le romantique.
– Pourquoi être revenu ?
– Ma mère a décidé de quitter mon beau-père et elle est revenue ici, là où habitaient ses parents.
– Alors, pourquoi ne m’avoir rien dit ?
– J’aurais pensé que tu aurais trouvé une nouvelle copine et que tu m’avais définitivement oublié.
– Je comprends. »
Un silence s’était installé alors que Mélissa m’avait avoué l’origine de son retour. Quelques instants plus tard, elle s’est rapprochée de moi pour s’assoir sur mes genoux et s’accrocher à mon cou.
« Je ne sais pas comment j’ai fait pour me passer de toi. Ta présence seule me rend différente.
– Et l’alcool te fait tout avouer, fis-je.
– C’est vrai, dit-elle avec le sourire, pour ton plus grand plaisir. Qu’est-ce que tu crois qu’ils pensent de nous là-haut ?
– Ça dépend qui ?
– Comment ça ?
– Noa sait tout de nous, il s’est posé la question la semaine dernière et je lui ai raconté notre histoire.
– Du coup, il doit de demander où tu en es ?
– C’est ça.
– Alors je sais comment lui faire plaisir et toi aussi. »
Elle lâcha le lacet qui pendait de ma veste pour poser ses mains sur mes joues et m’embrasser. Noa avait lâché un petit cri de joie derrière sa fenêtre.
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