Le chef d’Ethan avait eu une merveilleuse idée pour tester les nouvelles armoires Lint, et ne pas couper le test et les sorties de la semaine. Faire des nuits.
« T’es sérieux là ? s’exclama Ethan.
– C’est la meilleure des solutions Ethan, et tu le sais, lui dit Loic.
– Et si le programme est merdique, faut que je me fasse aussi programmateur.
– Tu auras un méthode test avec toi.
– Tu m’imposes ?
– Non, mais je pense qu’il serait mieux que tu aies la personne qui a fait le programme. Tu l’as aidé en plus, je crois ?
– Tu crois bien, répliqua Ethan agacé.
– Et bien, voilà. On va essayer de te brancher l’armoire pour que demain soir, tu n’aies qu’à la tester.
– OK. On fait comme ça. »
Nous sommes le lendemain. Incroyable les ellipses non ?
Mercredi 21 novembre 2018.
Ethan arrivait déjà à vingt-deux heures, quelques minutes avant l’heure à laquelle il était prévu. Puis la demoiselle vint la rejoindre.
« C’est quand même vachement dur de se lever si tard, dit-elle.
– Dis pas bonjour surtout, répondit-il.
– Bonsoir, cher collègue, dit-elle pointant son nez. J’arrive. »
Elle s’en alla vers son bureau, Ethan lâcha son ordinateur pour se déplacer et regarder la demoiselle s’en aller. Il avait aperçu le pantalon qu’elle portait. Un legging dégradé, bleu sur les fesses qui devenait rouge aux chevilles. Ça l’avait quelque peu, perturbé.
« Qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda Hortense.
– C’est la première fois que tu viens au boulot en legging, je crois.
– T’en as pas marre de mater mes fesses ?
– Euh, je pense que le jour où j’en aurais marre, j’arrêterai de te proposer des kébabs.
– C’est une invitation ?
– C’est possible, répondit-il
– Tu passes me chercher demain ?
– Tu pourrais pas venir me chercher pour une fois ?
– Tu veux vraiment qu’on se traine dans ma deux six ?
– Petite vénale.
– Non ! s’exclama-t-elle. Seulement avec toi.
– Je m’en fiche de la voiture que tu as perso.
– Par contre, tu te fiches pas de ce avec quoi toi tu roules.
– J’ai des principes, répondit-il légèrement hautain.
– Des principes ? Tu trouves que c’est un bon principe que de me regarder tout le temps les fesses ?
– C’est quelque peu incontrôlé. »
Ethan se retourna vers son ordinateur. Le petit plaisir qu’ils avaient dans leur atelier, c’est les chaises de bureaux ou tabourets à roulettes. Chacun trouvait toujours des situations amusantes à créer avec.
« Tu regardes toutes les filles ? Ou c’est que moi ?
– Je trouve que je te regarde beaucoup, mais je regarde les autres aussi.
– Ça fait tout de suite un peu moins voyeur, répondit-elle.
– Tu trouves ? Si je ne regardais que toi, tu te dirais que je m’intéresse à toi. Là, tu sais que je te regarde, mais je regarde aussi les autres. Tu peux hésiter sur le fait que je m’intéresse à toi.
– Je crois que tu te perds là, lui dit-elle.
– Faut dire que, mon intérêt pour les autres a toujours été faiblard. Mais c’est vrai que je regarde les filles. Je suis célibataire, j’essaie de m’intéresser à elles et pas perdre mon attrait. »
Il glissa un élément subtil dans sa phrase, qu’Hortense ne sut comprendre parce que ce n’était pas assez explicite. Après tout, c’était recherché.
Quelques heures plus tard, quelques cheveux en moins pour les deux collègues. On avait changé de journée.
Jeudi 22 novembre 2018.
Leur produit s’approchait de la fin, Ethan attaquait les phases où tout son test reposait sur sa mémoire du produit, pendant que la demoiselle avançait sur les prochains programmes.
« T’as toujours autant retourné les regards comme ça ?
– Qu’est-ce que tu racontes encore ? demanda Ethan.
– Depuis tout à l’heure, je me détourne de mon écran pour te regarder. J’sais que c’est un peu bizarre…
– Si effectivement je retournais les regards, crois-moi je ne le savais pas. Je ne suscite pas vraiment l’intérêt de la foule. J’ai toujours été effacé, celui qui ne fait chier personne. Jusqu’à ce que je trouve les bonnes personnes à intégrer à ma vie.
– À qui tu penses ?
– À John, entre autres. Ou Flora.
– Flora ? demanda-t-elle.
– Tu t’inquiètes pour ta place ?
– Quoi ? Non ! Je… C’est que tu ne m’as jamais parlé d’elle.
– Ça fait cinq ou six ans que je la connais. C’est ma meilleure amie, elle est lesbienne.
– Oh, ça fait un peu moins de concurrence, répondit-elle tout bas.
– Comment ça de la concurrence ?
– Je te demandais si tu détournais les regards. Parce que quand je passe dans l’atelier, avec toi ou seule, j’en vois des personnes qui se laissent intriguer par ta personne. Ou d’autres qui me jettent des regards jaloux parce que l’on passe beaucoup de temps ensemble.
– Et ça te pose un problème ? demanda Ethan.
– Je… Peut-être.
– Alors, j’ai une seule question pour toi. »
Il arrêta son test, s’appuya contre la porte de l’armoire qui se tenait entre lui et Hortense. Il tenait son clavier dans la main gauche, puis il tourna la tête, regardant la jeune femme.
« Dans tous les weekends que l’on passe ensemble, quand aurais-je le temps d’en consacrer à une autre que toi ?
– Le soir après le travail, répondit-elle.
– Et mes chats ? Ils s’occupent d’eux tous seuls ?
– Tu as peut-être raison… »
Il était presque cinq heures du matin, l’heure à laquelle ils allaient finir. Ethan lança le dernier test de son armoire, se rapprocha de sa collègue.
« Crois-moi si tu le souhaites, mais je n’ai pas le temps pour d’autres. Je ne passe pas de temps avec d’autres filles que toi. Un peu avec Flora, mais c’est compliqué de se séparer d’elle.
– Tu veux dire que malgré toutes celles qui te regardent…
– Tu es jalouse ? demanda-t-il. »
Il s’agenouilla, les bras posés sur la table, à côté d’elle.
« Naturellement un peu, de celles qui te suivent des yeux aussi.
– Qu’est-ce que je peux faire pour te faire oublier ça ?
– Propose-moi quelque chose que je n’attends pas.
– Viens passer le Nouvel An avec moi, répliqua-t-il.
– J’aurais adoré, mais j’ai promis à des amis que je le ferai avec eux.
– Alors tu continueras d’être jalouse. »
Le temps passait toujours, et Ethan passait des journées entières encore avec Hortense pour travailler les programmes.
Vendredi 7 décembre 2018.
« Tu fais craquer toutes les filles de la boite !
– Tu déconnes, j’en fais pas autant, répondit Ethan.
– Mais si, t’as tous les regards sur toi, tu n’y prêtes pas assez attention, c’est tout.
– Elle a raison, lui fit Ludivine.
– Et pourtant. »
Il y avait comme une part de vrai dans ce que lui disait sa collègue, pour ne pas dire qu’il y avait une part d’intérêt de sa collègue pour le personnage.
« Qu’est-ce qui te fait dire ça ? demanda Ethan.
– Regarde. Tu donnes de l’intérêt à une personne et toutes les autres se demandent ce que tu fais avec elle. Surtout que notre conversation s’éternise.
– Et après on se demande pourquoi tout le monde pense que je drague en permanence toutes les filles. C’est de ta faute en fait, lui fit Ethan.
– C’est pas vraiment impossible. »
« Artonne.
– Ouais, pour m’en souvenir je pense à Hartung, fit Alex. »
Vous y croyez à celle-là ? Alex qui trouve une copine avant Ethan. Mais une vraie copine, pas juste une fille pour coucher avec.
Samedi 22 décembre 2018.
« Tu es sûr que c’est pas juste une vide couille ? demanda John.
– J’sais pas, j’pense pas, répliqua Alex.
– Comment ça tu penses pas ? Comment elle est ? Fine ? Ronde ?
– Fine.
– Ah ben voilà ! Du coup, c’est pas un vide couille. »
Ces hommes avaient une considération pour la race humaine qui laissait à désirer. Autant, Ethan avait perdu toute sa foi en l’humanité, et avait tendance à bâcher toutes les personnes à travers leurs actes. Autant, John avait juste tendance à n’avoir aucune pitié pour les gens, employant des termes très souvent violents pour catégoriser quelque chose qui peut être commun.
« Y’a comme un problème Ethan, non ? demanda Alex.
– Ouais, j’ai du mal à me faire à l’idée que t’as réussi à trouver une meuf avant moi, fit Ethan.
– Qu’est-ce que y’a mon gars ?
– Y’a que j’te voyais plus passer Grand Master sur Overwatch avant de te retrouver en couple.
– Tu me voyais acheter une putain d’agence et en faire des apparts ?
– Bien vu l’aveugle, répliqua Ethan. Ça vous tente un billard ?
– Allons-y. »
Ethan et John avaient déjà rejoint la table, Alex était parti aux toilettes. John attrapa sa cane pour casser, puis s’arrêta.
« Je sais que je vais casser l’ambiance, mais pourquoi tu as écrit “Tout est ma faute” derrière la photo sur la tombe de Mélissa ?
– Je t’ai déjà parlé de ce que j’écrivais.
– Sans jamais que j’en lise un morceau, fit John.
– Parce que t’es une feignasse. Ça a un rapport avec cette histoire. C’est compliqué.
– J’ai vraiment cassé l’ambiance, en plus des boules, dit John en riant. D’abord Alex et sa copine puis je te ramène à Mélissa.
– Ça va aller, répondit Ethan.
– Bouge-toi les fesses Hortense, qu’est-ce que tu attends pour lui écrire ?
– Ah, pile quand tu t’énerves ! s’exclama Ethan alors que son téléphone sonnait. »
Le jeune homme avait confié la garde de ses chatons à la demoiselle, qui avait réussi à en faire fuir un.
« Je crois qu’il ne m’aime pas 😭
– C’est normal, c’est mon chat 😂 lui fit Ethan.
– Mais il veut même plus sortir !
– Laisse-le, il finira bien par t’apprécier, rien qu’un peu 🤣
– T’es méchant 😭 moi je l’aime bien Olias.
– Rassure-toi, tout le monde est fou de lui, mais il n’aime pas grand monde. »
« Et l’autre feignasse qui passe trois ans aux chiottes.
– C’est parce qu’il a une copine ça, lui fit Ethan.
– J’vois pas le rapport.
– Moi non plus.
– Tu vas te taper une rousse c’est ça ? demanda Alex.
– Tu veux pas y rester encore plus longtemps ? demanda John.
– Y’avais quelqu’un de coincé dans ma lunette, fallait bien que j’y donne un coup de reins, euh de main.
– T’es sûr que t’as vu sa tête au moins ?
– J’ai surtout vu son cul ! »
Pendant leur longue discussion, Ethan avait tiré sa première boule, qu’il avait rentrée. Puis une deuxième, une troisième. Jusqu’à ce qu’il rate la quatrième.
« Elle est pas rousse. Elle est châtain, mais avec des taches de rousseur. Elle s’appelle Hortense, je te rappelle. Et je suis sûr qu’elle te haïrait Alex.
– Pourquoi ça ? s’étonna Alex.
– Pour ta balécouillance absolue.
– Elle n’est pas absolue, elle est normale. »
Chapitre 11.0 : Réflexion
C’est étrange, mais ce message a une importance pour moi. Je me suis souvent demandé pourquoi j’écrivais tout ça. Pourquoi je m’efforçais d’écrire des passages de ma vie, de les romancer quelquefois ? Mais surtout, d’y rajouter une immense romance, qui n’a rien à voir avec tout mon réel. J’écris, mais j’écris une romance et des relations amoureuses inexistantes. Tout ceci, toute cette histoire que je continue d’avancer avec Hortense et Ethan, ce n’est rien de ce que je vis, ou de ce que j’ai vécu au jour où j’écris ceci. Parce que j’ai créé Ethan à mon image. Aussi instable que moi, aussi timide que moi, aussi peu sûr de lui que je le suis. Je lui donne des airs de confiance, en espérant que si cette expérience m’arrive, je sois capable d’être aussi capable qu’Ethan. Mais ce n’est pour l’instant pas le cas, ni sa confiance, ni ses relations amoureuses. Elles sont… à oublier avec moi. J’ai toujours un étrange espoir, l’espoir que ça m’arrive. Mais j’ai l’impression que je vais finir par le perdre. Que tout ce que j’essaie, tout ce que j’entreprends ne finit que par se détruire lui-même. J’essaie parfois d’avancer vers les autres, mais c’est comme si lorsque je fais un effort, les gens me trouvent les meilleures solutions pour me convaincre que ça ne sert à rien, que je me bats dans le vide.
Mais après tout, est-ce que je ne passerai pas mon temps à me battre pour espérer quelque chose que les autres refusent de me donner ? Pourquoi devrais-je m’arracher pour eux ? Pourquoi devrais-je me prendre la tête pour tous ceux qui n’en ont rien à foutre du reste du monde ?
So, drag me through the mud again and crucify my name
Laugh at me right through your screen, how I should be ashamed
Take out all your pain on me like I’m the one to blame
I don’t mind, what’s the use?
It doesn’t matter if I win or lose
If I don’t belong here, then neither do you
It doesn’t matter if I make it through, I don’t mind
Chapitre 11.1 : La brulure
31 décembre 2018.
C’est bien évidemment un moment important pour tout le monde. Souvent, c’est un nouveau départ. Une remise à zéro. Mais là, il n’y avait pas grand-chose à effacer. L’année précédente, il y avait une heureuse surprise, et une personne qui n’a été bonne que pour foutre la merde dans la vie d’Ethan. Cette année, il y avait Hortense, mais elle était loin.
« Bah alors, tu m’avais vendu de la demoiselle à tes côtés, lui fit Alex.
– C’est ce qui arrive quand on prévoit un peu trop tard, répondit Ethan.
– T’inquiète, tu vas roxer des poneys, lui fit John.
– J’espère bien ouais. »
Il y avait un peu moins de monde que le précédent Nouvel An, mais plus de personnes à qui il tenait. Il y avait d’autres personnes importantes, comme son cuistot et sa copine, embauchés pour l’occasion.
« Bah alors Ethan ? Tu m’as l’air un peu déconnecté. »
Cela faisait quelque temps qu’Ethan n’avait pas vu Chloé, depuis sa séparation avec Céline.
« Je vous aime tous, mais, tu sais, j’ai l’impression qu’il manque quelqu’un.
– Et, tu sais à quoi elle ressemble cette personne ?
– Peu importe. Je pense que je saurais me contenter de Flora sans avoir Hortense.
– Tu t’es vraiment attaché à elle n’est-ce pas ?
– J’ai l’impression de voir des détails, des choses qui me font dire qu’elle a des sentiments pour moi.
– Mais tu as parfois du mal à y croire. Je ne sais pas comment est cette petite blonde. Je ne connais d’elle que des photos que ton meilleur ami m’a montrées.
– Tu commences à parler comme moi, lui fit Ethan.
– C’est possible. Mais je vois une chose. C’est comment tu es. Je me souviens du jeune homme qui venait de perdre Clara, son père, et presque la copine de son meilleur ami. Tu étais noir, imperçable. J’avais l’impression que tu avais tout perdu, mais tu ne lâchais pas pour autant. Rien ne t’a fait tomber, tu es toujours là, à frimer avec Flora qui drague tout ce qui bouge. À flirter avec ta jolie rousse aux taches de rousseur. Je suis persuadée que tout ce que tu as vu chez elle, tout est vrai. Peut-être même qu’elle a eu envie de t’embrasser, mais qu’elle est encore plus timide que toi. Si j’ai un conseil à te donner, c’est que si tu hésites encore, ne fait pas durer le suspense et test-là. Tu seras fixé. »
Les chatons se jetèrent sur la porte d’entrée, ayant aperçu une silhouette qui venait de monter les escaliers. Ethan se releva, se dirigea vers la porte. Quelques personnes se demandèrent ce qu’il partait faire, mais John leur dit de le laisser. Il passa la porte, referma derrière lui, puis la petite blonde vint se blottir contre lui, dans la même veste qu’elle portait la première fois, la première fois qu’elle l’a embrassé.
« J’espérais tellement plus que tu viendrais.
– Tu penses vraiment que j’aurais raté ça ? demanda Flora.
– J’aurais été déçu.
– Je te sens un peu perdu. Ça va ?
– Ouais, ça va. J’étais, déçu de passer ce moment sans Hortense. Mais je suis content que tu sois là. Surtout avec cette veste.
– Tu t’en souviens ?
– Si je m’en souviens ? Je me souviens de la jeune fille qui m’embrasse pour faire croire à ses parents que je suis son petit ami. De celle qui se pointe sur ses orteils pour atteindre mes lèvres.
– Moi je ne me souvenais pas de l’écrivain que j’avais embrassé… répondit-elle timidement, le regardant dans les yeux. Tu crois qu’ils vont m’en vouloir de t’embrasser tout de suite ?
– Je n’ai pas à excuser mes actes, encore moins face à eux. »
Alors, la jeune fille se leva à nouveau sur la pointe des pieds, malgré ses bottines à talons. Elle embrassa Ethan, comme elle l’avait déjà fait des dizaines de fois. D’aucuns se préoccupaient de ce que pensaient les fêtards à l’intérieur. Seuls John et Chloé savaient que cette situation était déjà arrivée, et qu’elle allait se reproduire encore.
« C’est toujours aussi bizarre, n’est-ce pas ? demanda-t-elle.
– C’est toujours aussi plaisant, répondit-il.
– C’est vrai. Tu sais que je me demande toujours ce que je serais si t’avais pas été là, si tu m’avais pas aidé.
– Regarde pas le passé et ce qu’il aurait dû t’offrir. Regarde toujours ce que tu as et ce que les autres essaient de t’offrir.
– Comme toi qui m’offres une bière ? demanda Flora.
– S’il n’y avait que des bières, j’aurais perdu mon talent d’hôte. Allez, rentre. »
La demoiselle lui emboita le pas, saluant toutes les personnes présentes, se présente à celles qu’elle ne connaissait pas. Alex jeta un regard amusé à Ethan une fois qu’il avait passé la porte.
« Ça va mieux ? lui demanda Chloé. »
Elle vint poser sa tête sur son épaule, avec un sourire rassuré.
« Oui, ça va mieux, répondit-il. »
Des bières, des verres plus tard, arriva le moment attendu, qu’Ethan passa dans les bras de sa petite blonde.
Il arriva un moment, ou tout devint simple et efficace. Quelques jours après le Nouvel An. Les deux amoureux l’avaient passé chacun de son côté, au grand désarroi de chacun bien évidemment. Mais il était déjà apparu une étrange relation, lorsque tout devint comme évident l’un pour l’autre. Si Hortense prenait pour acquise leur relation de couple, sans pour autant qu’elle ait mis en avant ses sentiments. Ethan savait jouer de tout ce qu’il voyait chez elle, ses maladresses dans ses sentiments, sa timidité si particulière qui en disait long depuis leur premier rendez-vous.
Vendredi 4 janvier 2019.
C’était un rendez-vous au McDo. Je crois que c’est le premier que je raconte, peut-être parce que c’est le premier qu’ils ont fait aussi.
« Pour la nouvelle année, tu n’aurais pas pu trouver mieux que le McDo ? demanda Ethan.
– Bah quoi ? J’en avais envie, répondit-elle avec le sourire.
– Ce qu’elle est pénible !
– Hey ! Tu sais que je t’entends !
– Je sais oui. Alors, comment tu as attaqué cette nouvelle année ?
– Sans toi, dit-elle. J’aurais préféré qu’on fasse ça ensemble.
– Pour ça, il aurait fallu qu’on se libère, l’un ou l’autre.
– Mais j’ai pas voulu… lui dit-elle.
– C’est pas grave, il y en aura d’autres des Nouvel An. »
Quelques minutes après, Hortense se leva pour aller jeter son plateau. Il n’y avait presque plus personne dans le restaurant, à part les serveurs. Elle s’en alla vers le parc pour les enfants. « Qu’est-ce qu’elle fait ? » s’est dit Ethan.
Altar 3 : La collision
Quelquefois, il m’arrivait d’agir de manière très spontanée. Mais un peu trop imprévisible. Quand j’ai vu qu’il n’y avait presque personne dans le McDo, j’ai eu une vague envie d’aller me perdre dans le parc à jouet des enfants. Et c’est ce que j’ai fait. J’étais un peu grande pour ça, et bien au-delà de l’âge requis. Mais tant pis, j’avais envie de m’amuser. Dans le grand parc vitré, j’ai vu Ethan poser son plateau et me rejoindre.
« Qu’est-ce que tu es partie faire là-dedans ? demanda-t-il.
– J’avais envie de m’amuser, viens !
– Mon dieu. »
Il vint s’engouffrer à son tour dans les tunnels. Lui était bien plus grand que moi, c’était encore plus difficile. Il me rattrapa, un peu avant la piscine à balles, m’attrapa par la cheville pour m’empêcher d’avancer. Il se retrouva au-dessus de moi, dans une situation quelque peu suggestive. Ça a donné une situation très amusante, mais aussi très gênante pour moi.
« C’est ce que tu essayais de faire depuis le début, me dit-il doucement.
– Pas vraiment, répondis-je intimidée, mais c’est une situation plutôt amusante.
– Et tu voudrais en profiter ? »
Il rapprocha son visage du mien, prêt à m’embrasser. Mais il ne l’a pas fait, moi non plus d’ailleurs. Il trouva plus intelligent de me lancer dans la piscine, par je ne sais quel moyen. J’étais frustrée, parce que j’avais envie qu’il m’embrasse. Mais d’un autre côté, j’aurais jamais eu le courage de le faire, même à sa place.
« C’était très étrange comme moment, dis-je.
– Ça n’avait rien d’étrange, répondit-il. Ce n’est que ce que ton subconscient a pu imaginer lorsqu’il s’est dit : je vais aller dans le parc pour enfant. »
Il se jeta à son tour dans la piscine, puis vint me rejoindre.
« Je pense que j’ai raté quelque chose… lui dis-je
– Tu penses ? Ce n’est que ton avis, mais j’ai trouvé ça assez intéressant.
– Tu joues encore de moi !
– Et c’est toujours pas fini. Pas tant que j’aurais pas obtenu ce que je souhaite.
– Et qu’est-ce tu souhaites ?
– Peut-être la même chose que toi, dit-il me caressant le menton avec ses doigts. »
Puis il s’en alla, me disant qu’on allait se faire engueuler d’être là-dedans.
Cela faisait quelque temps qu’Ethan n’avait pas travaillé du soir, à ne pas savoir quand il devait partir à Paris, il restait tout le temps en journée. Il faisait une semaine de test, une semaine de visu, alternait avec le grand Lionel, bien assez souvent nommé ici.
Mercredi 27 mars 2019.
Au testeur, sur un produit qui partait dans un tramway à Bordeaux. Il faisait faire ses retouches à Céline, puisqu’elle intégrait le produit. Leur relation n’était jamais devenue bizarre, tout était resté cordial et amical entre eux.
« Tu te perds encore dans tes pensées ?
– Ça serait étonnant que ça change aujourd’hui, lui répondit-il.
– C’est moi qui te perturbe comme ça ? demanda-t-elle.
– Non. Pourquoi tu te sens visé d’ailleurs ?
– Je ne sais pas. Je suis un peu jalouse du temps que tu passes avec la nouvelle.
– Ça fait plus de six mois qu’elle est ici, fit Ethan.
– C’est possible.
– Cette petite blonde ne me laisse pas indifférent oui. Ça, c’est sûr. »
Hortense était dans l’atelier, à travailler avec Pierre sur les armoires Lint, c’était certainement le plus compétent sur ce produit-là.
Pierre c’est un des meilleurs amis du frère d’Ethan. Ça fait pas mal d’années qu’il travaille dans cette entreprise. C’est un hyperactif, mais quelqu’un d’adorable.
Ethan s’était perdu sur la demoiselle, toujours plus jolie, toujours plus séduisante. Elle portait un haut qui laissait voir ses épaules, je crois qu’il n’avait remarqué que ça aujourd’hui.
« Qu’est-ce que tu as prévu ce weekend ? demanda Céline.
– Je pars en weekend avec mon meilleur ami.
– Tu proposes pas un diner à ta petite blonde ?
– Je le fais tous les weekends avec elle, j’ai bien le droit de changer pour une fois, répondit-il.
– C’est toi qui vois. Tu prends le risque de te la faire voler.
– Voler ? Alors qu’elle serait jalouse de me voir avec toi ? Ou une autre fille d’ailleurs ?
– À ce point ? s’étonna sa collègue.
– C’est une étrange relation qu’on a tous les deux.
– Je suis contente pour toi.
– Pourquoi ça ? demanda-t-il.
– Parce que tu as trouvé quelqu’un qui t’apprécie, et que tu apprécies. Même après que je me suis foutu de toi.
– Tu t’es pas foutu de moi, tu devais juste prendre un autre chemin. Tu as simplement pas pris la façon la plus douce de le faire.
– Je trouve que tu prends ça avec beaucoup de recul, dit-elle souriante.
– Tu sais, je ne prends pas tout avec la colère. Seulement quand ça me tient à cœur.
– Tu m’aimais tant que ça ?
– Je m’attache très vite on va dire, dit-il quelque peu gêné.
– Et à elle ? Tu t’es vite attaché ?
– Tu plaisantes ? Elle est tombée dans mes bras bien plus vite que moi.
– Ouais, tu l’as droguée en fait ?
– C’est elle qui a apprécié le vin que mon serveur nous a choisi.
– Ton serveur, carrément !
– Ouais, j’ai des amis bien placés, répondit-il amusé.
– Du coup, tu l’as fait boire. Et elle est tombée raide dingue de toi ?
– C’est ça.
– Je te crois pas, reprit-elle sèchement.
– Je pense qu’elle m’appréciait déjà bien avant notre premier rendez-vous.
– Mais je retiens le fait que tu drogues les filles ! dit-elle alors qu’elle avait fini.
– Vas-t’en, vite ! Avant que je m’énerve. »
Il y a quelques fois les deux meilleurs amis n’en avaient rien à battre des autres. Je suis quelque peu vulgaire ? C’est possible, oui. J’ai quelques exemples, tous applicables ici. Ethan et John, encore retourné à Clermont pour leurs habitudes.
Vendredi 29 mars 2019.
Après la route, ils s’étaient dit, allez, Kebab ! Dans une originalité déconcertante n’est-ce pas ? Mais ce n’est pas cela qui m’intéresse. John avait une étrange habitude, quelques fois. Lorsqu’il était dans la voiture d’Ethan, dans le centre-ville, il ouvrait la fenêtre et criait sur les gens qui marchaient à côté.
« Oh toi là ! Ouais, c’est à toi que je cause !
– T’es pas sortable, s’exclama Ethan dépité.
– Personne ne t’as jamais demandé de me sortir ! reprit son ami.
– Si, toi monsieur le grand casse couille. »
Alors forcément, une fois les fenêtres de la Megane grandes ouvertes pour crier sur les passants. Les autres piétons se choquent des deux amis avec la musique à fond, et le caisson qui résonne dans toute la rue. Avec un Higher de Smash into Pieces qui criait entre tous les murs. Les deux affreux se garaient toujours plus loin que le kébab, parce qu’il n’y avait jamais de place devant. Les habitants des alentours les utilisaient toutes, ce qui est plutôt logique.
Il y avait plusieurs choses qui différenciaient les deux amis. Autant leur carrure, que leur style. On était au mois de mars, et il commençait déjà à faire assez chaud pour que plus personne ne porte de grosse veste d’hiver. Ethan avait repris son légendaire blouson en cuir. John, quant à lui, portait un long manteau noir, quelque chose de plus lourd et plus chaud que le blouson d’Ethan. Une autre chose les différenciait, la dégaine. John avec ses mains dans les poches de sa veste, Ethan avec les siennes dans les poches de son jean. Ça leur donnait deux apparences totalement différentes, l’un plus classique, l’autre plus je-m’en-foutiste. Ils allèrent se poser à leur table habituelle, après avoir commandé.
« Quand est-ce que tu lui fais le cul à ta petite blonde là ? demanda John.
– Quand je suis rentré de Bobigny »
Oui, il est difficile de trouver des moments où les deux ne parlent pas mal, ou ne sont pas vulgaires. Ça doit arriver seulement quand ils sont sérieux, ce qui est très rare.
« Tu veux lui rentrer dedans en Clio ? demanda John.
– J’ai du mal à la comparer à une Clio. Fais-moi au moins le plaisir de la qualifier de Megane, ou une Talisman. »
John éclata de rire, s’il avait voulu faire une blague avec le fait qu’il voulait coucher avec Hortense, et la voiture que le boulot lui laissait pour partir en déplacement. Ethan avait étrangement répondu en poursuivant l’allusion qui comparait son pénis à une voiture.
« Et je devrais me comparer à quoi moi alors ? demanda John encore en train de s’étouffer.
– Je sais pas, une Porsche Macan, répliqua Ethan. »
Il n’eut même pas le temps de reprendre son souffle, que John repartait dans un fou rire des plus violent.
« Je demanderai à Chloé si elle trouve que ça ressemble à une Macan.
– Tu dois bien le savoir, répondit Ethan.
– Bon, sérieusement…
– J’ai deux choix en revenant de Paris. Soit elle m’oublie pour un autre, genre son ex, ou un mec plus beau gosse que moi.
– Ça court partout dans les rues ce genre de merde ! s’exclama John. »
Ethan tourna son regard vers John, toujours plus dépité par les idioties qu’il pondait.
« Soit, la distance et le temps auront créé un manque chez elle, si elle est vraiment attachée à moi. C’est à double tranchant, mais ma boite me laisse pas le choix.
– Moi je crois que t’auras pas le temps de garer la bagnole qu’elle sera déjà rentré pour te tailler une pipe, lui fit John.
– Avec mon chef encore dans la voiture ?
– Bah ouais, toi qui aimes bien te taper des mecs.
– Je suis pas sûr qu’elle apprécie que notre première fois se fasse à trois, encore moins avec un mec.
– Elle est au courant au moins ?
– Que je me tapais des mecs ? Non pas encore.
– Tu comptes lui dire ? dit John qui avait déjà fini son kébab.
– Au pire moment ouais. Afin de savoir si elle s’en bas les couilles, ou si elle est vraiment folle de ma bite.
– Tu vois, toi aussi tu le dis !
– C’est évident mon gars. Je t’ai pas raconté. C’était lors du deuxième rendez-vous. Pour prendre mon numéro elle me sort un truc du genre “J’ai envie d’attraper quelque chose dans ton pantalon” elle était morte de rire, et mois très, très, enjoué.
– Tu m’étonnes. »
Encore un weekend, encore un bowling avec Alex. Le vendeur s’était planté dans la réception des tickets, et ne leur avait pas mis trois places gratuites, mais trois parties de trois places. Arriva la seconde partie que les trois idiots se dirent, et si on jouait avec le dinosaure.
Le dinosaure c’est le machin, je sais même pas comment qualifier ça. Le machin qui permet aux enfants de donner de la force à la boule, puisqu’il est en pente.
« Tu vas faire que de la merde, fit Ethan à Alex.
– Regarde le Talent.
– Je regarde. »
Alex posa sa boule sur le dinosaure, la laissa descendre pour qu’elle s’en aille dans la gouttière.
« T’aurais mieux fait de pas la lancer quoi, lui fit Ethan.
– Vas-y je teste aussi, fit John »
Il décala le jouet en plastique, lança sa boule et fit un strike.
« Tu vois c’est pas compliqué ! s’exclama-t-il se retournant face à Alex.
– T’as juste eu de la chatte, répliqua Alex. Tu veux essayer Ethan ?
– Avec ma chance légendaire ? Je fais une gouttière dans les deux cas. »
Dans un déni absolu de son talent, il prit sa boule, la lança et fit un strike aussi à son tour.
« Sans le dinosaure les enfants !
– Putain, il a réussi à être bon ! s’exclama John.
– J’y ai pas cru une seule seconde. C’est le pouvoir de la Clio mon gars.
– Une Clio Estate surtout ! reprit John »
Samedi 13 avril 2019.
Ethan et Hortense sortent ensemble, ou presque. Deuxième rencard au restaurant, Ethan passa chercher Hortense chez elle.
« Entre, lui dit-elle alors qu’il venait de sonner. Je suis prête dans dix minutes.
– D’accord, répondit-il. »
Il fit un petit tour de l’appartement, qu’il avait aperçu déjà vu une fois en venant chez elle, mais n’y restant pas, il n’a jamais vraiment regardé à quoi il ressemblait.
Il avait une étrange sensation de déjà vu, l’appartement avait une étrange ressemblance avec celui qu’il avait quand il habitait à Riom. Ces petits couloirs en pierre dans d’anciennes habitations, l’entrée avec la fenêtre qui donnait sur une petite cour entre les maisons. Puis la cuisine à gauche, le salon devant. À droite du salon, un microscopique couloir qui donnait sur la chambre, les toilettes et la salle de bain.
Il s’approcha de la chambre, aperçut la demoiselle avec une robe dos nu noire. Mais ce n’était pas la robe ou la beauté qu’il trouvait à la demoiselle qui la portait, mais quelque chose dans son dos.
« Oh ! Je, je ne t’avais pas entendu arriver…
– Je peux ? dit-il s’approchant d’elle. »
Elle se retourna, pour lui laisser voir ce qui se tenait sur son dos.
« Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? demanda Ethan.
– On en parlera quand on sera au resto si tu veux bien.
– D’accord. »
Cette chose l’intriguait, que lui était-elle arrivé pour qu’elle ait besoin de ces pièces d’acier sur le dos ?
Encore ce restaurant, comme si le jeune couple avait une histoire avec. Enfin, jeune couple…
« Mes parents sont morts… fit la jeune fille. »
Ils étaient installés sur une table à deux places, dans un coin de la salle près d’une fenêtre.
« Oh, je suis navré…
– Ça fait longtemps maintenant, presque dix ans.
– Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Si ce n’est pas trop indiscret, demanda David.
– On a eu un accident de voiture. Un conducteur ivre a coupé la route à notre voiture. Il a percuté l’avant du véhicule. Ma mère est morte sur le coup, mon père quelques jours après, il n’a pas réussi à survivre à ses blessures.
– Et toi ?
– J’étais gravement blessée moi aussi. Le siège sur lequel j’étais s’est déchiré, les barres qui tiennent l’assise ont transpercé mon dos, et ma colonne vertébrale. On m’a placé dans un coma artificiel pendant trois mois à peu près. Lorsque je me suis réveillée, j’avais pas ce que j’ai aujourd’hui dans le dos. J’étais dans un lit incliné, le dos, le torse et les bras dans une tunique moitié acier, moitié Kevlar.
– C’était il y a combien de temps ?
– J’avais dix ans, dit-elle. J’avais dix ans, je me retrouve dans une armure et on m’annonce que j’ai perdu mes deux parents.
– Je suppose que tu t’es demandé pourquoi toi non plus tu n’es pas morte avec eux ?
– À devoir supporter cette chose tout le temps ? J’avais envie de mourir, tous les jours. J’ai passé cinq ans avec ma tunique, à aller un jour par semaine à l’hôpital pour surveiller l’état de mon dos et du substitut de colonne que j’avais. Ça m’empêchait de vivre correctement, de m’habiller correctement. J’étais malheureuse, parce que ce n’était pas moi. Au bout de ces cinq années, le médecin qui m’avait aidé m’a parlé d’une chose. Une nouvelle prothèse qui remplacerait ma colonne, avec encore quelques contraintes en plus. Il m’a montré le prototype, en plus de la colonne il y avait une sorte de ceinture qui permettait le maintien du dos, en Kevlar. J’arrivais au lycée et je pouvais enfin, ou presque m’habiller comme je le souhaitais. Celle-là, je l’ai gardée jusqu’à septembre 2017. J’ai fait ma dernière opération, pour remplacer la ceinture par ce que je porte aujourd’hui. C’est une vraie prothèse de colonne vertébrale, avec juste ces dissipateurs hors de la peau.
– Et tu arrives à la supporter ?
– J’ai failli la rejeter. Elle me brulait les tissus, se déconnectait de mon système nerveux. J’ai passé quatre mois d’enfer, mais avant la fin de l’année, le médecin m’a installé un petit module tout en haut de la nuque, qui me permet de stabiliser l’implant. Maintenant, j’arrive à le supporter.
– Pourtant j’ai quand même l’impression que tu as un problème à le porter.
– Je sais que ça fait partie de moi, mais je ne l’aime pas, pour l’histoire que ça a, pour l’aspect disgracieux que ça a. Parce que je ne vois que ça sur moi, on ne voit que ça.
– Moi je ne trouve pas ça disgracieux, je trouve que tu le portes très bien. »
Elle se mit à rougir, un peu gênée.
« La maison vous offre le vin, fit le serveur, bonne soirée.
– Ça ne te dérange pas ? De penser que j’ai une partie de moi quelque peu machine ? demanda-t-elle.
– Tu sais, quand je suis entré dans la chambre, c’est pas vraiment les pièces de métal que tu as sur ton dos que j’ai remarqué, dit-il servant deux verres de vin. J’ai surtout vu la jolie demoiselle avec cette robe qui lui va si bien.
– Arrête…
– C’est pas moi qui suis venu me présenter à toi alors que j’étais en pause et parce que tu me plaisais.
– C’est vrai…
– Certes, tu fais partie des quelques personnes qui ont un support machine pour vivre. Mais faut arrêter les stéréotypes, sur “le transhumanisme détruira l’homme”. Tu peux pas détruire l’homme quand c’est l’homme lui-même qui crée ce qui nous change. Et je continue de dire que tu le portes très bien.
– Ça ne m’aidera pas vraiment à apprécier pour autant, répondit-elle.
– Ça t’aidera à te sentir mieux. Et si tu ne peux pas t’en séparer, fais-en un atout. Porte des vêtements qui le laissent apparent. Arbore des accessoires qui s’accordent avec. Rends le beau pour ceux qui trouvent ça beau.
– En gros, tu veux que je le mette en avant parce que toi ça te plait.
– Y’a un peu de ça ouais, répondit-il.
– Mais parle-moi un peu de toi, je connais le contrôleur, mais pas assez le bel homme qui se cache derrière.
– Ma vie n’a rien de vraiment très fascinant, répondit-il. »
On leur amenait le plateau de charcuterie, c’était l’entrée que le restaurant proposait à tout le monde, comme une petite signature.
« Tu dois bien avoir un détail à me raconter, quelque chose de bien particulier. Dans tout ce que tu ne m’as pas encore dit.
– Je suis gay, reprit-il alors qu’elle commençait à manger. »
Ses mots l’arrêtèrent net, qu’est-ce qui lui était passé par la tête ?
« Tu te fous de moi j’espère ? demanda-t-elle.
– Pas vraiment. Mais j’ai un problème avec ça, les mecs sont tous des connards.
– Je te le fais pas dire ! répliqua-t-elle. »
Elle se rendit compte que ce qu’elle venait de dire pouvait être un problème, elle n’avait aucune certitude qu’Ethan le prendrait bien.
« J’aurais peut-être pas du dire ça… dit-elle timidement
– Pourquoi ? Tu as peur de me faire fuir ?
– Non, je…
– Rassure-toi, il t’en faudra plus que ça. »
Ils continuèrent leur plateau, presque comme si cette scène se répétait, encore une fois.
« J’ai l’impression qu’il y a autre chose qui te dérange, n’est-ce pas ? demanda-t-il. »
Elle le regarda, son sourire restait caché, comme prostré. Elle essayait de lui cacher quelque chose, quelque chose d’un peu plus gros.
« Il y a deux choses…
– Dis-moi, répondit Ethan.
– Personne ne sait pour ma colonne, à part ma meilleure amie, ou mon oncle.
– Ton oncle ? La personne avec qui tu vivais ?
– Tu te doutais que ce n’était pas mon père ?
– Pas vraiment, répondit-il, même s’il y avait des choses assez étranges dans votre relation.
– Oui, c’est mon oncle, c’est avec lui que je vis depuis la mort de mes parents.
– Et la seconde ? demanda-t-il.
– Je n’ai pas envie que tu repartes… lui dit-elle après quelques secondes d’hésitation.
– Tu as peur que je te manque ?
– Tu vas me manquer… »
Il existait toujours ce lien, cette chose. Je disais qu’ils sortaient ensemble, parce qu’à les regarder l’un avec l’autre, tout y ressemble. Les deux très proches, toujours à faire rire l’autre, toujours à s’échanger des regards, des sourires, des petits mots quand ils sont au boulot. Et cette connexion, aucun n’en jouait de la même manière. Ethan profitait de voir ce qu’il se passait entre eux, de voir qu’il y avait enfin une personne avec laquelle il se sentait bien, presque aussi bien qu’avec Mélissa certainement. Il en profitait pour serrer ce lien, rendre ce qu’il y avait entre eux exceptionnel, au risque de faire beaucoup de dégâts à cause d’une séparation.
Souvenez-vous, Ethan part à Paris pour le travail, d’abord dans une première mission de deux semaines, puis d’autres d’une semaine.
« J’ai peur que Simon revienne…
– Quand je serai parti ? demanda Ethan.
– Oui… J’ai pas vraiment envie qu’il vienne casser ce qu’il se passe entre nous deux.
– Comment il peut savoir que je serais pas là ?
– Il sait toujours tout. Je ne lui ai jamais dit que j’avais un travail et il l’a su. Il a su que je trainais avec un garçon, que j’ai passé pas mal de temps avec lui. Et il m’a dit que si je sortais avec lui, il viendrait lui casser la gueule.
– Qu’il vienne. J’ai pas peur des petits cons comme lui.
– Comment tu sais que c’est toi le garçon ? demanda-t-elle amusée.
– Il y en a un autre ?
– Je te l’aurais dit s’il y en avait d’autres, répondit-elle.
– Et il ne sait pas pour ta colonne ?
– Non, je l’ai connu après mon opération, presque avant la fin des soucis que j’avais avec.
– Comment s’est passé votre rupture pour qu’il croie qu’il a encore main mise sur toi ?
– C’est moi qui l’ai quitté. Il est devenu très difficile à vivre, trop jaloux, trop compliqué. À ne jamais me laisser de liberté, à ne jamais comprendre pourquoi je me laissais aller, pourquoi j’étais quelquefois déprimée. Jamais il ne comprenait.
– Alors tu l’as quitté en te disant, j’ai envie de m’épanouir, mais il m’en empêche.
– C’est ça. Mais j’ai quand même pas envie que tu partes.
– Je reviendrai, et crois moi, ça sera encore mieux quand je serai de retour.
– Pourquoi tu dis ça ?
– Parce que je t’aurais manqué. On aura passé deux semaines loin l’un de l’autre. On s’appréciera encore plus.
– T’es en train d’essayer de me faire comprendre que tu penses que je suis amoureuse de toi ?
– Non, c’est comme ça que fonctionnent les liens entre les Hommes. Des personnes qui s’apprécient deviennent toujours plus proches quand elles se retrouvent.
– Un café messieurs-dames ?
– Volontiers, répondit Ethan. »
Ils se retrouvèrent à nouveau à la sortie du restaurant, une fois que la demoiselle avait payé.
« Je ne pouvais pas te laisser payer à chaque fois, lui dit-elle.
– Tout ça parce que tu es plus riche que moi ! C’est une blague ! dit-il en lui tendant son bras.
– Plus riche, j’en doute. Plus galant que les autres hommes par contre.
– Parce que je te tends mon bras, c’est ça ?
– C’est très agréable, moi j’aime beaucoup. Ça me fait penser à des choses.
– Quels genres de choses, lui demanda-t-il.
– Deux amoureux, dans les rues de Londres, au dix-neuvième. Toi avec une grande veste noire, un costume habillé, un haut de forme. Moi avec une robe d’époque, sans le corset, mais avec ce décolleté tellement plongeant que ça en serait indécent.
– Ça en serait indécent certes, mais ça ne pourrait pas déplaire à tous ceux qui poseraient leurs yeux sur toi.
– Tous ceux comme toi ?
– Tous ceux comme moi, répondit-il avec le sourire.
– J’espère que ça sera pas trop long, dit-elle posant sa tête sur l’épaule de son compagnon. »
Vous vous souvenez du style d’Ethan, cette impression chargée que donnait son style vestimentaire. La force du son de ses chaussures en cuir sur le bitume, résonnant comme cette fois-là. Mais si, souvenez-vous vous, le jour où il retrouva Mélissa, dans une joie incompréhensible et indescriptible. C’est un peu comme si toute cette histoire venait à se répéter. Cette fois, il se retrouvera au bras d’une blonde, presque rousse. Il commençait à ressentir l’attachement de la demoiselle pour lui devenir dingue. Demoiselle qui arborait un manteau blanc, avec une écharpe fine satinée.
« Tu es sûr que tu dois partir à Paris ? »
Ils venaient d’arriver sur le parking du Foirail. À quelques mètres de leurs voitures. La jeune fille se présenta à lui, sur ses talons qui lui rajoutaient quelque quatre centimètres. Il se rapprocha d’elle, la rendant toute timide, la prise dans ses bras.
« Promis, je reviens vite, lui dit-il.
– J’aimerais tellement pouvoir venir avec toi, je suis sûre que tout changerait si j’étais avec toi.
– Je t’y amènerai à Paris. On ira passer un moment tranquille tous les deux. »
Lundi 15 avril 2019.
Est-ce que vous y croyez à ça ? Un Lozérien à Paris ! C’est un carnet de voyage, ça fait beaucoup trop longtemps que je n’ai pas écrit…
Altar 4 : Le carnet de bord
Premier jour
J’ai passé ma soirée avec Dimitri, dans son appart. Oui parce que, moi je suis dans un hôtel, plutôt chouette d’ailleurs, mais lui a pris un Airbnb. Par habitude de venir à Paris en mission.
« Je te propose qu’on commande Frichti, c’est une sorte de traiteur parisien qui livre comme un Uber Eats.
– Ouais, ça me tente bien, répondis-je à mon collègue. »
De son appartement, rue Manin, il avait une vue lointaine sur le sacré cœur et la tour Eiffel. C’était chouette, j’ai pris quelques photos avant que la bouffe arrive. On avait commandé des bières aussi, gros alcooliques que nous sommes. On a pris notre soirée pour manger, regarder un peu la télé. C’était sympa. Depuis quelque temps, j’avais enfin pris du temps pour ne rien faire, prendre soin de soi, rien n’avoir à faire chez soi. Ça m’avait manqué…
Deuxième jour
J’ai pas vraiment bien géré ma consommation d’alcool ce soir-là ! Je me suis réveillé le lendemain avec une gueule de bois à déterrer les morts. Il y a vraiment des fois où je me dis que je suis con, j’aurais pu éviter ça.
On est allé manger le midi avec Patrick. C’est le responsable du chantier qu’on effectuait pour la SNCF. Il venait de l’antenne qu’il y a dans le nord, non pas de celle d’où on venait. Dans une originalité déconcertante, on est allé manger MacDo, en discutant un peu de notre boite, comme à notre habitude d’ailleurs.
Ce détail à quelque chose d’amusant je trouve. Dans toutes les boites, tout le monde colporte des ragots, des infos sur les dirigeants ou sur des collègues. Des chantiers que prend l’entreprise, des affaires qu’elle a décidé de commencer. On y échappe pas, c’est comme si notre civilisation s’était attachée à ce mode de vie. Enfin.
Et notre chantier ? Comment ça notre chantier ? J’en ai jamais parlé ? Sérieusement ?
Oui, c’est vrai. Le Transilien, voilà sur quel train nous travaillons. Ma boite avait accepté un contrat d’amélioration de train, quatorze pour être précis. On a envoyé des employés de mon site pour faire le chantier, intégrer de nouveau faisceaux pour que Siemens, le fabricant du train puisse intégrer de nouveaux modules et de nouvelles fonctions. Et moi, petit contrôleur, mon travail consiste à vérifier le travail de mes collègues, s’assurer que Siemens n’a pas à redémonter le train pour le remettre en service. Voilà.
Troisième jour
Notre travail avait vraiment bien avancé, bien plus que les deux précédents jours. Alors, avec Dimitri, on s’est accordé d’aller faire les soldes dans les Halles. On y a passé une bonne heure et demie. On a un peu voyagé après ça pour rejoindre la cathédrale, qui était tombée ce lundi. Je ne l’avais jamais vu sans sa toiture, je n’étais jamais venu à Paris aussi. Mais c’est vrai que ça manquait de quelque chose, presque comme une partie de l’histoire. À cinq cents mètres de la zone protégée qui venait d’être créée autour de la grande Dame, un café restaurant, le Café Panis. Une petite terrasse avec ce superbe temps et ces décors plutôt magique.
Bon, d’accord. On peut critiquer beaucoup de choses à Paris, mais pas l’aspect de la ville, des bâtiments. Ce style du dix-huitième qui donnait un charme merveilleux à cette vieille ville devenue plus moderne que nos campagnes. On se croirait rêver.
Quatrième jour
Les pluies d’été. L’odeur que ça a, ce refroidissement du goudron que ça provoque. J’ai toujours trouvé que ça avait quelque chose de spécial, une odeur assez magique. Même si elle était assez malsaine en soi. Pourquoi le détail de la pluie ce jour-là ? Parce que j’ai été obligé d’attendre Dimitri, même de le réveiller, après vingt minutes à l’attendre. Encore une journée, encore du boulot. Le soir, on est parti dans une guinguette. Dimitri a pris un pichet de bière blanche, on l’a torché à deux. Aucune importance, je rentrais en métro ! C’est ce soir-là que j’ai commencé à me connecter à quelque chose de spécial…
Cinquième jour
On avait presque fait quarante heures en une semaine, j’en pouvais presque plus, je commençais à fondre d’épuisement. J’ai torché mon travail qu’à quinze heures au lieu de douze, tout ça parce qu’on s’était fait vandaliser la voiture. J’en avais marre du taf…
Sixième jour
J’avais laissé tout le monde de côté, trop pris par mon travail. J’ai oublié une personne importante pourtant, qui m’appela.
« Bah alors ? J’ai perdu de la valeur à des yeux ?
– Mais non princesse voyons, j’ai… dit-il, soupirant. Je me suis perdu dans mon boulot…
– J’en doute pas chaton, c’est juste que… Tu me manques…
– Attends. Tu viens vraiment de m’appeler chaton ?
– Oui, pourquoi ? Tu n’aimes pas ?
– Si, j’adore. Toi aussi, tu me manques, reprit-il quelques secondes plus tard.
– Le chaton c’est parce que tu m’as prise dans tes bras samedi dernier. J’ai bien aimé. Tu rentres quand ?
– Vendredi prochain. Tu veux qu’on se fasse un resto quand je rentre ?
– Si tu n’es pas trop fatigué ?
– Je tiendrai debout ne t’en fait pas. »
Septième jour
J’ai jamais réussi à écrire dans le grand public, il y avait toujours quelque chose qui venait me bloquer. Peut-être, je dévoilais trop mon histoire, j’écrivais trop intime et cela me gênait que les autres puissent un jour apprendre de ma vie, ou de ce que j’essayais de cacher à travers mes récits. Je ne sais pas trop. Cela étant, nous étions dimanche, je suis parti m’installer dans le parc de la butte Chaumont. Je n’ai pas compté le nombre de personnes passant devant moi, en courant, ou faisant leurs exercices. C’est assez dingue de se trouver dans une telle ville et de voir autant de personnes en train de faire du sport. Personnellement, je me suis installé sur un banc, avec une belle vue sur le parc. Et sur Paris. Je pense que je comprends certains auteurs, quand ils disent que la ville a quelque de magique, d’indescriptible. Je ne me prétendrai jamais à la hauteur de ceux qui ont merveilleusement bien utilisé la langue française pour parler de notre capitale. Je me mets juste à leur place, comprenant ce qu’ils trouvaient à cette ville. L’immensité du parc m’avait impressionné, de même que celle de la cité. Ça avait un côté grisant, comme lorsque je suis parti faire mes études à Clermont. Au moment de descendre de la plus haute place de la Butte, j’ai gêné des touristes japonais qui voulaient prendre une photo. Celle qui tenait le téléphone me fit comprendre que je devais prendre la photo, ce que j’ai fait. Dans mon anglais toujours aussi précis seulement quand il le faut, je leur ai capturé le moment, ensemble. C’était cinq femmes et j’espère leur avoir fait plaisir à leur avoir offert la possibilité d’être toutes présentes sur la prise. Pendant quelques instants, j’étais devenu parisien, alors que j’étais presque un simple touriste, comme elles. Je me sentais heureux, plus grisé qu’heureux. C’était l’excitation du nouveau, le fait que je me sentais bien, et que j’étais déconnecté de tout le reste. J’en ai négligé tout le reste, tout le monde. J’ai oublié ma vie pour profiter du moment que j’étais en train de m’offrir. Un moment qui devenait incomparable, un moment magique. Mais un moment qui ne durera pas. Plus je passais de temps dans cette ville, plus il s’installait cette magie, et un sentiment trop étrange pour le décrire. Il ressemblait à un vide, un manque. Presque, à un « je suis en train de rater quelque chose. » Ce qui n’était pas vraiment le cas, puisque mon déplacement n’était que temporaire. Mes chatons me manquaient. Hortense me manquait…
Ce qui rendait tout ceci vraiment particulier, c’était que je n’avais plus aucune responsabilité. Je dormais dans un hôtel, je mangeais tous les jours au moins au resto. C’était agréable de n’avoir rien à faire. Mais il me manquait quand même quelque chose. Le calme de ma campagne et le plaisir de conduire. Je prenais tous les jours le métro. Certes, c’était mieux que de conduire dans Paris, mais il me manquait ce plaisir de la voiture. Là où j’habite, tu ne fais rien sans voiture, tu restes enfermé chez toi.
Vous savez ce qui m’a rendu le plus fou à Paris ? Ce ne sont pas vraiment les gens irrespectueux, ou pas courtois. Parce que j’en ai pas trop croisé des deux en fait. Ce sont plutôt les mecs, peu importe qui, qui se grattent les couilles en public, en marchant, dans le métro. Bon d’accord c’est peut-être mon côté un peu gay qui parle, mais, à quel moment c’est putain de classe ou glamour ? J’ai envie de les buter… Et, pardonnez-moi, messieurs, mais apprenez à vous saper. Je dis pas que je suis le mieux habillé du monde, mais y’en a certain… Je me demande comment certaines femmes peuvent être attirées par ça. C’est un peu violent ce que je dis, mais je suis persuadé que je suis pas le seul à le penser.
Et si on allait se prendre un café ?
Huitième jour
Je dois vous avouer une chose, je suis vidé… Exténué.
« Il y a quelque chose qui pourrait te faire plaisir, mon chaton ? lui demanda Hortense au téléphone.
– J’aimerai tellement que tu sois avec moi, répondit-il.
– J’avoue j’aimerai bien être avec toi. Une jolie blonde, dans un hôtel, dans un lit qui n’est pas le tient, à Paris…
– Ça serait le rêve, répondit-il. Mais rassure-toi, je t’y amènerai à Paris. »
Pendant la nuit, elle m’avait envoyé une photo. C’est la première fois qu’elle m’envoyait une photo d’elle. Ça m’a fait plaisir. Le fait qu’elle prête attention à moi, parce qu’elle était tellement belle…
Neuvième jour
C’était le deuxième soir où je mangeais dans le resto au pied de mon hôtel. J’y ai éprouvé autant de plaisir que samedi. Autant par la qualité des plats, cher certes, mais qu’importe quand on ne paie pas le repas. Autant par le serveur, Claudius, toujours souriant, blagueur, agréable.
Douzième jour
Vous noterez qu’il manque deux jours, deux jours où j’étais beaucoup trop épuisé. À part vous dire que je rentrais du travail, m’affalais sur mon lit, et m’endormais presque aussitôt…
Nous sommes partis à neuf heures et demie ce vendredi, pour arriver chez moi vers quatre heures et quart. Je trouvais que je m’en sortais pas trop mal, pas trop fatigué. C’était déjà un bon début…
Vendredi 26 avril 2019.
Ethan arriva devant chez lui, avant de laisser la voiture à Loic pour qu’il rentre à son tour. Le jeune homme avait une petite blonde qui l’attendait, qui faisait jouer ses chats à travers la fenêtre.
« Tu n’es pas rentré ? demanda-t-il.
– Non, John bossait, j’ai pas pu lui récupérer les clés.
– Navré, lui répondit-il ouvrant la porte. »
Les chats devinrent dingues, c’est la première fois qu’il les laissait seuls aussi longtemps. Ethan, parti dans sa chambre, poser ses affaires et quitter l’attirail de sa boite. Il ressortit dans des habits un peu plus « normaux » et aperçus la demoiselle qui avait Orchidée sur ses genoux.
« Tu me voles mes chats maintenant ? s’étonna-t-il.
– Non, elle a sauté sur mes genoux quand je me suis assise. Et depuis elle s’est couchée.
– Une amie m’a dit un jour que là où se couche un chat, c’est la meilleure place qu’il puisse désirer à chaque fois.
– T’essaies de me dire qu’elle m’aime bien ? s’étonna-t-elle.
– Où qu’elle a senti que tu n’allais pas très bien, et elle vient absorber tout ce qui ne va pas. Tu m’embarques ? Je t’avoue que je ne me sens pas de conduire.
– Tu as vraiment envie de me voir conduire ? demanda-t-elle en riant.
– Je ne m’occuperai pas de ta conduite, je suis trop fatigué.
– Je vais faire un tour aux toilettes.
– Ça va ma princesse ? demanda-t-il à Orchidée la prenant dans ses bras. Tu penses que c’est le moment ? »
La petite aux poils longs se mit à ronronner, venant pointer son nez contre celui de son maitre.
Le Drakkar. Ce restaurant n’avait rien de spécial, le voisin d’Ethan y travaillait tous les vendredis. Ils se racontèrent ce qu’ils avaient fait de leur côté. Ethan et ses journées sans fin, Hortense et son boulot toujours aussi ennuyant sans celui qui se trouvait en face d’elle. Rien n’avait changé, les sourires échangés, les regards, Hortense qui joue avec les doigts d’Ethan quand il les pose sur la table. Rien n’avait changé, tout était aussi magique. Sortis du Drakkar, Hortense passa la porte la première pendant qu’Ethan payait le repas. Il sorti à son tour, souriant à demoiselle qui était devant lui.
« Viens-là, lui dit-il, lui tendant ses bras.
– Je me sens nulle, fit Hortense après s’être jetée dans ses bras.
– Pourquoi ça ?
– Depuis notre premier rencard, dit-elle posant son front sur son torse, j’ai envie de t’embrasser. Mais j’ose pas ! Tu te montres super gentil avec moi, super mignon. Mais malgré le fait que j’ai l’impression que je te plais, je n’arrive pas à croire que c’est réciproque.
– Tu as envie de m’embrasser ? s’étonna Ethan.
– Pourquoi tu ne m’embrasses pas ? demanda-t-elle levant la tête vers lui. Au moins, je serais certaine de ce que je pense.
– Je veux. Je veux que tu aies envie de m’embrasser si fort que tu ne me demanderas même pas la permission. »
Elle releva les yeux puis posa ses lèvres sur celles du jeune homme. Hortense fut surprise de l’élan de spontanéité que lui avait donné la phrase d’Ethan. Puis se laissa porter par le moment, oubliant tout ce qu’il venait de se passer, tout ce qu’elle venait de dire. Puis le moment se termina, les deux se souriaient, hébétés. Pourquoi ça leur a pris autant de temps ?
« Quelque chose comme ça, lui dit-elle toujours dans l’euphorie.
– Une jolie blonde, dans un hôtel, dans un lit qui n’est pas le tient…
– Reprends pas ce que je t’ai dit pour te faire rêver, répondit-elle en lui tapant l’épaule avec sa main.
– C’était tellement facile ! répliqua-t-il. Puis ça serait tellement bien…
– Tu crois que je réussirai ? Maintenant que tu as fait le plus difficile ?
– À toi d’essayer. »
Elle posa ses pieds entre les siens, s’élevant sur la pointe pour essayer de se mettre à sa hauteur, puis l’embrassa.
L’époque ne s’y prêtait pas, pourtant, quelque seconde après cet instant, les flocons se mirent à tomber. Quoi ? De la neige en avril ? C’est insensé ! Faut que l’auteur arrête de romancer l’histoire ! Eh bien, non, il y a bien eu de la neige en avril, ce n’est pas romancé.
« Tu veux qu’on rentre ? lui demanda la demoiselle.
– Je sais pas, on est pas mal sous la neige, répondit-il en souriant.
– Tu vas finir malade avec toute la fatigue que tu as accumulée chaton.
– Tu as raison. »
Ils retournèrent chez Ethan, les chatons dormaient déjà. Il rentra dans sa chambre, laissant sa compagne entrer à son tour.
« Tu veux dormir ici ? demanda-t-il.
– Je… Je sais pas.
– Tu peux, tu as le canapé avec les chatons. Tu as deux lits dans la chambre d’ami. Ou le mien.
– Le tient, ça a l’air une idée plutôt intéressante, dit-elle quelque peu gênée.
– Je te laisse la salle de bain dans cinq minutes. »
Ils échangèrent leur place dans la salle de bain, pour qu’Hortense puisse se démaquiller. Elle n’y resta pas vraiment longtemps, peut être cinq minutes, comme Ethan.
Altar 5.1 : The real One
Il s’était déjà endormi, quand je suis sorti de sa salle de bain, il est déjà dans son lit, endormi. Moi qui voulais profiter du moment…
Quand il m’a dit que je pouvais dormir avec lui dans son lit, j’avoue que j’ai un peu paniqué. C’est pas un peu tôt pour déjà exploiter son lit ? D’un autre côté, c’est tentant…
La nuit passa, et la neige continuait.
Samedi 27 avril 2019.
Il n’était tombé que cinq centimètres, pas assez pour qu’elle tienne sur les routes longtemps, mais assez pour qu’elle blanchisse le paysage. Il arriva neuf heures, Ethan se leva à son habitude. Il aperçut la demoiselle qui s’était glissée dans son lit à son tour. Il en était amusé, comme s’il ne s’attendait pas à ce qu’elle accepte de dormir dans son lit. Il se leva, s’habilla et sortit de la chambre, attaqué comme tous les matins par ses chats qui hésitaient entre le coller pour des câlins ou pour la nourriture.
« Mon Dieu les chatons, vous m’avez manqué. »
Ethan s’attaqua à préparer son café, à la cafetière à piston, parce que ça faisait longtemps qu’il n’en avait pas fait de cette manière. Opale s’approcha de lui, monta sur levier pour réclamer de l’attention.
« Je t’ai tant manqué que ça ma belle ? »
Opale c’est la mère des chatons, une femelle Isabelle aux taches beige qui la rendait si spéciale. En fait, ce qui la rend si spéciale c’est son envie de s’exprimer en permanence, qu’elle avait quelque peu perdue depuis la stérilisation. Il la trouvait magnifique, surtout parce que c’était la première. Il avait accepté de la garder à cause d’une personne quelque peu particulière, qu’il ne côtoyait presque plus.
J’aurais bien choisi une photo pour illustrer la belle demoiselle, mais jamais il n’a réussi à prendre la photo parfaite de maman…
Comme tous les matins, le café, les gamelles des chats, la musique. Il était revenu de Paris avec une étrange envie d’écouter de la musique française. Il était en train de se servir son café alors qu’il entendit la porte, s’ouvrir, puis se refermer. Des petits pas de pieds nus sur le carrelage. La ruée des chatons sur la porte, tout ceci sur Au bord de l’eau de Gerald de Palmas. Cette animation avait amusé Ethan, qui attendit la demoiselle pour se retourner.
« J’ai passé tellement de temps, à faire mon intéressant. Qu’un soir je me suis perdu. Voilà ce que je vais faire, aller au bout de la Terre ! L’océan à perte de vue !
– Bonjour mademoiselle ! lui dit Ethan. »
Altar 5.2 : The real One
Je suis arrivé dans son dos, en chantant les paroles. Les chats nous tournaient autour, me chatouillant les jambes avec leurs poils.
« Je crois que je t’aime, lui dis-je avant qu’il ne se retourne.
– Tu crois seulement ? »
Il m’embrassa, alors que je le tenais dans mes bras, et qu’il essayait tant bien que mal de tenir son café et me serrer contre lui.
« Tu veux quelque chose à boire ? demanda-t-il.
– Un café s’il te plait. »
Je suis parti m’installer sur la table à côté du bar, puis son chat roux est venu me voir. Et me coller.
« Il est beau ton roux, fis-je en caressant le chat.
– Il s’appelle Olgrim. Mais toi aussi, tu es plutôt jolie dans ma chemise.
– C’est pas de ma faute ! Elles sentent bon tes fringues.
– Ouais, t’es sûre que c’est pas juste une excuse pour te trimballer à moitié nue chez moi ?
– Ça te déplait ?
– Pas vraiment, me répondit-il s’installant en face de moi. Tu es vraiment belle, encore plus habillée comme ça.
– Je dois t’avouer que, au début je voulais pas dormir dans ton lit.
– Mais tu t’es dit, au pire, je pourrais profiter de la situation.
– Arrête ! Tu joues avec ma timidité ! m’exclamais-je.
– Je joue avec le fait qu’on s’aime princesse, pour rendre les moments plus amusants. Je préfère te faire rire que te voir t’effacer.
– Tu trouves que je m’efface ?
– Je vois qu’il y a des moments où tu flanches, ou tu n’es pas vraiment dans ton assiette. J’imagine que tout ce que tu as traversé te laisse toujours quelques moments de blancs.
– Alors t’essaies de me faire sourire en racontant des bêtises ?
– Je trouve que je m’en sors pas si mal, répliqua-t-il. »
Et il avait raison, il avait toujours les mots pour me faire rire, jouer avec ce que je lui donnais. Ça me rendait dingue, mais ça me rendait folle de lui aussi. Plus le temps passait, plus je me demandais quelle place je prenais chez lui. Je n’avais pas envie de remplacer Mélissa, mais j’avais l’impression que je l’aidais à oublier.
« J’en ai profité pour regarder tes tatouages…
– Ah ouais, t’es comme ça ? dit-il sirotant son café.
– J’avais jamais remarqué celui que tu avais sur l’épaule droite.
– C’est normal, je l’ai fait faire quand j’étais à Paris. C’est un phœnix. »
Un grand tatouage qui se dessinait sur son épaule et son dos. La queue descendait sur son dos, les deux ailes partaient sur son bras et dans son cou.
« Tu veux le revoir ? me demanda-t-il.
– T’es sûr que c’est pas une ruse pour te déshabiller devant moi ? demandais-je.
– Ça se peut ouais.
– J’avoue que je serais pas contre. »
Il descendit de sa chaise pour quitter son t-shirt et se tourner dos à moi. Olgrim essaya de lui griffer le dos, mais j’avais plus l’impression qu’il le caressait, comme pour lui demander de l’attention.
« Il est superbe, repris-je.
– Merci.
– Tu n’as jamais voulu te faire tatouer une autre partie du corps ?
– Non, seulement le dos et les bras.
– Il est magnifique, repris-je. »
Il se retourna, prit le petit roux dans ses bras. En quelques secondes, son chat se transforma, totalement collé à lui, approchant sa truffe du nez d’Ethan pour lui demander des bisous. Puis il ronronnait, très fort. Ethan se rapprocha alors de moi.
« Tu veux que moi aussi je lui fasse des bisous ? demandais-je.
– C’est plutôt moi qui viens t’en demander, dit-il avant de m’embrasser.
– J’ai quelque chose à t’avouer…
– Tu es jalouse de mon gros roux ? me demanda-t-il.
– Non, lui n’a pas le plaisir de dormir dans ton lit, alors que tu dors à moitié à poil !
– Qu’est-ce que tu insinues là ?
– J’ai quelque peu, profité, je n’ai pas regardé que les tatouages…
– Carrément ! Je ne m’attendais pas à ça, dit-il en se rapprochant de moi. »
J’ai cassé ma phrase… J’ai besoin d’inspiration, et de manger. Comment ça j’ai gardé une phrase que j’ai écrite parce que j’ai manqué d’inspiration ?
« J’aurais peut-être pas dû le dire, dis-je avec un sourire gêné.
– À toi de voir ! Si tu arrives à en faire quelque chose d’intéressant.
– Eh bien, fis-je avant de l’embrasser, tu as déjà fait la moitié du chemin…
– Tu es plutôt entreprenante dit donc. Tu aurais dû me demander ça hier soir…
– Tu t’es écroulé de fatigue ! Moi je n’aurais pas dit non. Je t’attends dans ta chambre, finit ton café. »
Elle s’en alla dans la chambre, Ethan finit son café. Puis il alla rincer son mug, toujours avec son chat roux qui l’avait suivi sur le plan de travail.
« Qu’est-ce qu’il y a, mon bébé ? »
Il prit son chat dans ses bras, à nouveau, il se mit à ronronner comme à chaque fois. Olgrim c’était celui qui ne savait pas se séparer de l’attention de son maitre. Mais Ethan ne savait plus se séparer de l’attention que lui donnait son chat non plus.
Il rejoignit sa compagne après avoir laissé Olgrim. Hortense s’était allongée sur le lit.
« Il faut que je t’avoue quelque chose, lui dit-elle venant dans ses bras. Ce n’est pas comme ça que j’imaginais notre première fois…
– Qu’avais-tu imaginé alors ?
– J’aurais rêvé faire ça sur une plage, dit-elle.
– Sur une plage ? dit-il avant de l’embrasser. Alors, laisse-moi te donner mon point de vue. »
Il s’assit sur le lit, tenant la demoiselle dans ses bras, debout devant lui.
« Imagine, nous deux sur la plage. Ça commence pas mal n’est-ce pas ?
– Continue, lui dit-elle amusée.
– On décide de faire l’amour. On est pas spécialiste des marées, et à moins que tu veuilles faire ça avec plein de gens, l’eau se rafraîchit la nuit. Et là, BAM ! La marée qui vient nous emmerder. Dans le cas où on voudrait continuer, dans le sable, qui va nous coller que ça en peut plus parce qu’on est trempé. Au mieux, il n’y a pas de marées, mais le sable ça te gratte, ça pique. Crois-moi c’est chiant.
– Pourquoi t’es toujours obligé de casser mes rêves ?! dit-elle en lui tapant l’épaule.
– Les romances qu’on écrit dans les livres et les films, qui finissent sur la plage pour baiser, c’est que des conneries pour alimenter un fantasme. Fantasme qui se retrouve très vite effacé. Crois-en l’écrivain cynique.
– Bon, d’accord. Je veux bien faire l’impasse sur la plage. Tu proposes quoi de mieux, monsieur l’écrivain romantique ?
– Si je te dis tout, où est la surprise ? dit-il avec un grand sourire.
– Je te demande pas la manière dont tu as envie de me sauter chaton !
– Dis donc, petite dévergondée, répliqua-t-il.
– Je me laisse aller, parce que je sais que tu ne me jugeras pas. Tu n’as pas un fantasme ?
– Une jolie blonde dans un hôtel…
– T’es bête, répliqua-t-elle. »
Je ne comptais pas le nombre de fois où ils s’embrassaient. Ils sont amoureux, après tout. Ou le nombre de fois où je devrais couper mon récit pour les laisser reprendre leurs discussions. La demoiselle avait enfilé la chemise que son copain portait la veille, une chemise en jean froissé, et vieillie. Ethan la portait très bien, mais elle aussi ceci dit. Elle ne laissait apparaitre qu’une petite partie du boxer qu’elle portait dessous. Ethan portait un de ses t-shirts des groupes qu’il écoutait et qu’il achetait avec ses nouveaux vinyles.
« Je plaisantais pas vraiment avec une blonde dans un hôtel, enfin, une blonde…
– Quoi ? Tu vas me sortir que je suis brune maintenant ?
– Je dirai presque rousse avec tes taches de rousseur.
– C’est vrai que c’est la première fois que tu me vois sans maquillage. »
La demoiselle avait un teint pâle, presque blanc. Il l’a toujours connu comme ça, de l’époque où le soleil commençait à se faire rare aux jours où il revenait pointer son nez.
« Elles sont pas trop visibles encore, parce que le soleil est pas trop violent.
– Moi j’aime bien, répondit-il.
– Vraiment ?
– Même si je trouve que ton maquillage te rend plus mature.
– J’ai un visage de gamine, dit-elle en riant.
– Mais encore une fois, tu sais bien te mettre en valeur avec ton maquillage, sans te repeindre le visage.
– Toi par contre…
– Moque-toi de moi, vas-y ! répondit-il.
– C’est pas ça ! T’es plus vieux que moi et t’as plus de problèmes d’acné que moi.
– C’est de l’acné rosacée, si je veux m’en débarrasser, il faut que je me gave d’antibiotiques. Je pourrais, mais quand il n’y aura plus de soleil, pour pas me bruler la peau.
– C’est l’enfer quoi…
– J’imagine que toi c’était bien pire… lui dit-il.
– Des antidouleurs. Tout le temps. J’ai toujours été à la dose maximale. Heureusement aujourd’hui, j’en ai plus besoin, j’arrivais à ne plus sentir leurs effets. »
Ethan s’enivrait de la demoiselle qu’il avait devant lui, il la trouvait tellement belle, dans sa chemise, presque entièrement dévoilée à lui.
Who cares if one more light goes out?
In the sky of a million stars
It flickers, flickers
Who cares when someone’s time runs out?
If a moment is all we are
Or quicker, quicker
Who cares if one more light goes out?
Well I do
— Linkin Park | One More Light —
« Lionel m’a dit quelque chose il y a quelques jours, j’y pense à cause de la chanson qui passe sur ta télé, dit Hortense.
– Quoi donc ?
– Tu sais, je jour où tu m’as demandé notre premier rendez-vous.
– J’avais envie de te kidnapper oui ! s’exclama-t-il.
– Non, c’est pas ça, dit-elle amusée. Je suis allé voir Lionel pour un souci de programme, et avant que je parte il m’a retenu.
– Pourquoi donc ?
– Il m’a dit :
“Si tu te rapproches de lui, promets-moi de lui faire renaître sa lumière.
– Comment ça ? lui répondis-je.
– Quand il est arrivé, il irradiait quelque chose qui rendait heureux tout le monde autour de lui, parce qu’il était heureux sans rien avoir, sans personne. Puis il a perdu son père, puis Clara. Il est devenu plus noir, plus effacé. Et cette magie qu’il possédait avait disparu.
– Je ferai de mon mieux, lui répondis-je”
– Et tu penses que tu as réussi ? demanda Ethan.
– J’ai l’impression oui, répondit-elle.
– À moi de t’avouer quelque chose, lui dit-il. »
Il commença à déboutonner la chemise qu’elle portait, elle portait son parfum, celui qu’il porte quand il est au travail parce qu’il l’avait porté la veille. Il arriva sous la poitrine de sa compagne. C’est un nouveau morceau qui s’était lancé sur la télévision d’Ethan, un morceau de Jonny Craig, The Lives we Live. Jonny Craig si je ne l’ai pas encore cité, c’est le chanteur de Slaves, le groupe qu’apprécient tant John et Ethan.
Here we go, here we go
Just let it in, let it in
Let it in, let it in, oh
Here we go, no, yeah
Let it in, let it in (Let it in)
I just want to let you win
Coming down, coming down
There’s one thing on my mind
It’s to show you that you’re mine
Show you that I care
Show you where I can take you in this world
Do you understand?
There’s nothing above me, baby
Do you understand (I stand, I stand)
That I stand higher than anything you’ve ever seen?
And my goal is to make you love it
Even if you can’t describe
Even if you can’t decide where you win
Le jeune homme s’était arrêté sur une cicatrice qu’elle portait, certainement due à ses opérations ou son accident.
« Oui, j’ai quelques cicatrices qui n’ont jamais disparu… dit-elle.
– Je me suis plus intéressé à la voix que tu as sur cette chanson, répondit-il. »
This time, this time
We’ll both get what we want
One line, one line
To turn it into something hot
And if I can’t have you
I say fuck the whole lot
But I know, but I know how to make you turn away
From anyone but me now
Anyone but me now
Can you see, can you see our lives together?
Can you feel my dreams building, yeah?
Building within you? (Building within you?)
You got it, you got it
Please tell me you’re the one
I got it, I got it
Please tell me that I’ve won
And my eyes are blocked by the sun
It’s the reason why I run
You got it, you got it
Please tell me you’re the one (And I got it)
Please tell me that I’ve won
And my eyes are blocked by the sun
You’re the reason why I run
You’re the reason why
And you got it, you got it
Please tell me you’re the one
And my eyes are blocked by the sun
And my eyes, they’re blocked by the sun
You’re the reason why I run
Il finit de lui retirer la chemise pendant qu’elle continuait la chanson. Ethan se sentait perdu, entre le fait qu’il déshabillait sa copine, et la voix qu’elle avait sur l’un de ses morceaux préférés.
« Elles m’enlèvent un peu de charme… dit-elle doucement.
– Je trouve pas, je te trouve superbe. Tu aurais pu me dire que tu étais aussi musclée !
– Je n’ai pas trop eu le choix, répondit-elle amusée.
– Je crois que je viens vraiment de tomber amoureux de toi ! s’exclama-t-il.
– Parce que tu m’as vue presque entièrement dénudée ?
– Parce que tu es magnifique ! Et super sexy !
– Rassure-toi, ces deux-là sont intacts, dit-elle posant ses mains sur ses seins. »
Vous voulez de la tension sexuelle ? Rassurez-vous, ou soyez déçus, il ne se passera rien. Je vous assure ! J’ai encore beaucoup d’histoire à écrire, j’ai pas envie de la finir sur ces deux tourtereaux qui couchent ensemble. Même si c’est ce qu’ils veulent.