[*2] INTERLUDE – World Away
Parfois, on suppose notre bonheur sans les autres, mais c’est impossible. Bonjour. On a toujours besoin des autres, pour nous guider, pour nous aider.
1 – ‘Paris – février 2131’ 15 h 34 |Never stop trying| Eldon
Toujours concentré à essayer de faire vivre ses robots, Eldon avait réinvesti sa faculté pour travailler avec l’équipement qu’ils possédaient. Qui était perspicacement plus pointu et poussé que celui qu’Eldon possédait chez lui. Il y passait beaucoup de temps, peut-être trop.
– Roh, qu’est-ce que je rate bordel ? questionna le jeune homme.
– Sensiblement quelque chose qui reste en conflit avec votre conception et l’IA.
– Merci Kat.
– Je ne suis pas programmée pour comprendre le sarcasme, mais cette fois je l’ai saisie.
– Rien ne marche, ni l’assemblage guidé par l’IA, ni l’interface de commande par la pensée.
– Peut-être devriez-vous prendre du recul et faire autre chose pendant quelques heures ?
– NON ! Ça doit marcher ! Et je dois comprendre pourquoi ça ne marche pas.
– Comme vous voudrez.
Le temps passa, Eldon se cassait toujours la tête sur sa création, à modifier des paramètres, des lignes de codes, sans véritable succès. Il arrivait à agencer des robots, sans obtenir ce qu’il souhaitait, loin de là.
Vers 18 h, les occupants du labo voisin quittèrent leur travail, mais tous ne partirent pas hors de la fac. L’un d’entre eux se rapprocha de celui d’Eldon, se mit sur le pas de la porte et toqua sur cette dernière qui restait ouverte.
Cette personne, c’était Bonnie. Elle est le genre de fille qui parait superbe, extrêmement intelligente, mais qui n’a pas l’habitude de se mettre en valeur. Eldon la trouvait plutôt jolie, mais sans plus. Il faut se le dire, il préférait passer du temps à bosser plutôt qu’avec les demoiselles.
– Salut Eldon, dit-elle.
– Oh, salut, Bonnie. Ça va ?
– Ça va bien, et toi ?
– Ça va, je me casse la tête, mais ça va.
Elle se rapprocha légèrement de lui, observant ce sur quoi il travaillait, laissant un léger temps de blanc.
– Tu as quelque chose de prévu ce soir ?
– Si, passer mon temps à bosser sur mon projet tant que la fac est ouverte est une occupation, alors je pense oui.
– C’est dommage, j’avais des places pour le festival ce soir, j’ai pensé qu’on pouvait y aller tous les deux, qu’on apprenne à se connaître un peu plus.
– Tu n’y vas pas avec tes amis ?
– Non, les deux ont décidé de se faire accompagner par deux poufs.
– D’accord, s’exclama-t-il en riant, hem…
Il jeta un coup d’œil à son téléphone, où Kat lui disait de prendre un peu de temps pour réfléchir, puis se retourna vers la fille.
– D’accord, je veux bien t’y accompagner, reprit Eldon.
– Alors, laisse-moi cinq minutes, je vais me changer et l’on y va.
– OK.
Il regarda Bonnie sortir de la pièce, avec un grand sourire jusqu’aux oreilles. Alors qu’elle partait aux vestiaires pour se changer, esquissant un « Yes » des lèvres sans le prononcer de vive voix. Eldon se retourna vers son ordinateur pour changer une dernière chose sur ses robots. Il reprit alors sa boite dans son sac, avec ses nanos et parti hors de la fac, à l’entrée. Un peu plus de cinq minutes plus tard, Bonnie revint, habillé d’une manière qui ne laissait pas Eldon indifférent.
– On y va ?
– Euh, waw. Tu es très belle, dite donc, s’exclama-t-il.
– Merci, dit-elle avec un air gêné et sortant ses clés de voiture.
– Ne me dis pas qu’on va prendre ta voiture ?
– Si, pourquoi pas ?
Les places du parking de la faculté étaient attribuées, alors, Eldon sortit son téléphone et appuya sur un bouton, dévoilant une magnifique Mercedes garée sur sa place.
– Parfois, ça a des avantages d’avoir un oncle plein aux as. Après toi, dit-il en lui en désignant le chemin vers la voiture.
– Quel gentleman ! dit-elle.
Quelque chose commençait à se créer entre eux, peut-être de l’amour, qui sait.
2 – ‘Paris – février 2131’ 18 h 20 |Target Aquired| Siaelian
– Je vois que tu apprends vite.
– Je ne le contrôle pas, papa, fit la fille.
– Je le sais, c’est pour ça que je n’interviens pas.
– Et si je casse tout ? Et si j’en viens à fracturer l’espace-temps ?
– Et bien, je crois que je suis encore apte à réparer ces choses-là.
– Comment ?
– Je ne peux pas te l’expliquer. J’ai une seule règle à t’inculquer, six minutes, dit-il avant de disparaître.
– Six minutes…
Siaelian se tenait sur un toit, regardant Eldon attendre sa demoiselle.
– Je ne sais pas ce qu’il va t’arriver, mais ne me déçois pas.
3 – ‘Paris – février 2131’ 22 h 15 |The mind shall Overcome| Eldon
Après avoir passé quelques heures au restaurant, oh oui, attendez.
4 – ‘Paris – février 2131’ 19 h 24 |Never stop Hope| Bonnie
Le Restaurant ! Ça, ça fait toute la différence. Alors, sans laisser une seule possibilité de choix à sa partenaire, Eldon les conduisit jusqu’à un petit restaurant. Petit, quatre étoiles, non gastronomique tenu par un ami à son oncle.
– Quoi ? Tu sais que j’ai vraiment pas les moyens de me payer un resto comme ça !
– Et tu penses vraiment que je vais te laisser le payer ? Je t’invite évidemment. Va, choisi la place, j’ai un coup de fil à passer.
– Comme tu voudras, dit-elle entrant dans le restaurant.
– Ah, monsieur, que puis-je pour vous ? fit la voix au téléphone.
– Je suis au restaurant avec quelqu’un, c’est possible de venir chercher la voiture et de nous amener la limousine ?
– Tout de suite monsieur.
– Vous êtes génial Gaufrai, reprit Eldon.
– Tout pour vous servir, monsieur.
– Puis-je vous suggérer de reprendre votre souffle et votre rythme cardiaque Eldon ?
– Kat, ferme-la, dit-il en souriant, je n’ai pas le droit de tout foirer.
Il partit alors dans le restaurant, rejoignant la demoiselle. Installés sur une table double, au troisième étage, avec une vue sur l’Arc de Triomphe. Les deux commandèrent des choses assez onéreuses. Des truffes, des huîtres, du homard et du vin, de très bons rouges, très cher.
– Serveur, la note s’il vous plaît, fit le jeune homme.
– Tout de suite.
– J’ai quand même envie de savoir combien ça va te coûter.
– Je suis pas certain que tu veuilles savoir. Ça garde une partie de la magie.
– C’est vrai, répondit-elle avec le sourire.
Quelques secondes plus tard, le serveur lui amenait l’addition, de six cent trente-sept crédits. Il donna alors sa carte, qu’il passa dans la machine puis tapa son code. Enfin, les deux quittèrent la table et se dirigèrent vers l’ascenseur.
– Combien ? demanda Bonnie une fois dedans.
– Six cent trente-sept.
– Quoi ?
– Ça me choque pas tant que ça, tu sais.
– Mais c’est énorme !
Eldon se plaça face à elle lors de l’ouverture des portes, lui tendant sa main.
– Seulement si tu imagines que je fais ça pour te faire plaisir.
– Parce que ce n’est pas le cas, dit-elle passant son bras autour de celui d’Eldon.
– Ça dépend.
– Bonne soirée, Monsieur Guiliamore, fit le réceptionniste.
– Vous aussi, répondit-il.
– Parce qu’en plus ils te connaissent ?
– J’y viens régulièrement avec mon oncle, donc oui.
Bonnie se sentait gênée, mais aussi tellement heureuse. Elle essayait en vain de cacher ce bonheur sur son visage, qu’Eldon n’apercevait pas, car trop gêné lui aussi par le fait qu’elle lui plaisait, indéniablement.
– Monsieur, fit Gaufrai lui ouvrant la portière de la limousine.
– Oh, oui. Bonnie, je te présente mon major d’homme, Gaufrai. Gaufrai, voici Bonnie.
– Enchanté mademoiselle, fit l’homme en costume.
– Tu avais omis ce détail aussi ? lui dit-elle en souriant.
– J’avais omis ce détail, reprit Eldon.
– Je suppose que vous avez requis mes services pour embellir la soirée ?
– Surtout parce que j’ai déjà trop bu pour pouvoir conduire Gaufrai.
– Oh, bien évidemment. Si mademoiselle veut bien se donner la peine, dit-il en désignant la limousine.
– Avec joie.
– Où dois-je vous amener ?
– Le festival. Encore merci Gaufrai.
– Vous n’avez pas à me remercier monsieur, je serai toujours à votre service.
3 – ‘Paris – février 2131’ 22 h 15 |The mind shall Overcome| Eldon
Nous y revoilà. Le festival. Alors, pour ceux qui ne savent pas, ce genre de festival se déroule dans un endroit ouvert, presque. Il y a différentes salles, avec différents artistes qui tournent le long la soirée. Tout le monde est libre d’aller où il veut, quand il veut, tant qu’il reste dans la zone du festival. Alors, on en revient à nos deux tourtereaux, ils s’aiment mutuellement, mais ne le savent pas, ils ne se le disent pas. Ce n’est pas facile, vous savez, on a peur de ce que va dire l’autre, peur d’être déçu. Alors on attend, on laisse le temps, jusqu’au bon moment.
Mais nous n’y sommes pas encore, revenons à la boisson.
– C’est moi qui paie, fit Eldon.
– T’es sérieux ? Jamais de la vie, tu as payé le resto, moi je paie les boissons.
– Est-ce que j’ai le choix ? demanda Eldon avec un sourire au coin des lèvres.
– Non ! dit-elle sèchement.
– Bien, comme tu voudras mademoiselle, dit-il prenant les deux bières à la main.
Ces mots dessinèrent un immense sourire sur les lèvres de Bonnie qui présentait son téléphone au serveur pour payer.
– Alors, où est-ce qu’on va ? demanda Bonnie.
– Tu choisis, je dois t’avouer que je ne connais pas vraiment les artistes qui se produisent ici.
– T’es sérieux ? s’exclama-t-elle alors qu’il sortait du Salon Chill.
– Bah, je suis du genre à écouter des genres de musique, quelque peu plus calme.
– Alors viens, direction la salle rouge !
Chaque salle avait son bar, de quoi faire boire tout le monde, normalement. Puis le temps passa, et quelques bières plus tard, Eldon commença à apprécier de plus en plus la musique qui était diffusée. Bonnie le prit par la main pour l’amener dans la foule, pour danser. Elle se défendait, quand lui dansait avec deux pieds gauches. Mais l’intérêt c’est de s’amuser, pas de savoir danser, n’est-ce pas ?
Vingt-trois heures passées, les deux compagnons avaient rejoint la salle bleue, pour l’artiste favori de Bonnie. Ils s’étaient approchés de la scène, pour profiter un maximum de ce que l’artiste produisait. Les autres occupants de la salle commençaient à bien apprécier la soirée. Par-là, je veux dire qu’ils avaient assez bu pour ne plus être dans leur état normal. Certains partaient déjà vomir, d’autres comataient dans les coins de la salle. Dans ceux qui avaient déjà trop bu, mais qui restaient debout, il y a ceux qui se lancent mutuellement dans la foule. Ça les amuse, mais ça pousse tout le monde, et ça n’amuse pas tout le monde. Alors, une fois l’un d’entre eux bouscula Eldon, puis deux, puis trois.
– Oublie-les, ils sont juste déchirés, lui fit Bonnie.
Puis une quatrième fois, cette fois Eldon se dit qu’il les enverra chier si ça se produit une fois de plus. Quelques secondes passèrent, puis la cinquième. Eldon prit alors sa tête entre ses mains, et cria « Assez ! » Les nanos s’agitèrent dans son sac, sortirent comme ils purent et créèrent une sphère autour de lui. Puis des bras de nanorobots propulsèrent tous ceux qui avaient énervé Eldon de l’autre côté de la foule. Tout le monde avait peur, même le musicien avait arrêté sa musique. La seule qui paraissait avoir été épargnée était Bonnie. La sphère se déconstruisit, laissant Eldon en sortir, se laissant attraper et emmener par la sécurité, à l’extérieur du festival.
Eldon s’assit quelques mètres plus loin après la grille.
– Laissez-moi sortir ! fit la jeune femme.
– Vous savez que vous ne pourrez plus rentrer ?
– Oui, laissez-moi passer.
Bonnie vint rejoindre Eldon, désarmée.
– Je ne voulais pas ça, dit-il.
– Je ne t’en veux pas, j’essaie juste de comprendre.
– Mes nanos, dit-il alors qu’ils se déployèrent sur sa main, ils m’ont écouté. Ils ont senti ma colère et ont réagi en conséquence.
– Mais c’est génial ! s’exclama-t-elle.
– Quoi ?
– Ça veut dire que ça marche !
– J’en sais rien…
– Il te faut juste du temps pour le contrôler, mais ton projet marche.
– Comment tu savais d’ailleurs, tu m’espionnes ?
– Je, je passe peut-être un peu trop de temps à te regarder, dit-elle d’un air gêné.
Un léger blanc se créa entre les deux, étouffé par les pensées d’Eldon.
– Je suis désolé, j’ai fini par tout gâcher, même ton festival.
– Non, ce n’est pas important, répondit-elle avec le sourire.
5 – ‘Paris – février 2131’ 23 h 21 |The Master’s Touch| Siaelian
Toujours à observer Eldon, Siaelian essayait de comprendre ce qu’il clochait.
– Je suis convaincu qu’il y a autre chose, pourquoi je n’arrive pas à le voir ?
– Peut-être, tu n’as juste pas assez attendu, lui fit son père.
– Merci du conseil.
– Je n’ai pas à t’aider, tu le sais.
– Je sais, j’ai juste extrêmement de mal à comprendre tout ce qui se passe dans ma tête.
– C’est normal Siae, laisse-toi du temps, fit Alix.
– Là par contre on n’a pas le temps, dit-elle montrant la chose qui apparaissait au-dessus d’eux.
Une sorte de tête de dragon se matérialisait dans le ciel, Adam et Alix s’élancèrent sur la créature, sans se poser de question sur la force de la chose qui arrivait. Deux masses fracassèrent le démon, une immense lame de lumière, accompagnée d’un long flot de fumée noire. Le démon qui venait s’en prendre à la population se retrouvait explosé en milliers de particules, des étincelles dorées. Alix et Adam redescendirent, enlacés, dans cette aura de puissance qui aurait pu déchirer l’univers.
– Et vous savez qu’ils ont déjà tout vu, n’est-ce pas ?
– Débrouille-toi, nous on protège le monde, fit Adam.
– Génial, répliqua-t-elle alors que ses parents disparaissaient.
Deux personnes avaient aperçu la chose qui descendait du ciel, et les deux entités qui en descendirent après l’avoir purifié. Eldon et Bonnie. Les autres n’avaient ressenti et vu que la présence d’une tête de dragon qui descendait du ciel.
– J’imagine que je n’ai pas le choix.
Elle sortit une sorte de médaillon, une relique plutôt étrange, puis elle cita ces mots :
« L’Espoir est la seule chose qui reste à l’humanité, parce qu’elle a déjà détruit tout le reste. »
Une série de symboles s’illuminèrent dans son dos, puis tout se stoppa, le temps retourna en arrière, sans l’apparition du démon dragon et reprit son cours, six minutes plus tôt. Delsin apparut alors dans son dos.
– J’ai vraiment raison d’y croire ?
– Tu sais ce que tu as dans les mains, mais ton pouvoir te fait peur. Crois-moi, je n’ai pas peur à cause du danger, mais de celui que je représentais.
– Mais je n’ai rien à voir avec vos suprêmes Delsin.
– Je sais. Mais tu as les mêmes pouvoirs que notre père. Tu puises ta magie de la lumière quand Phoenix lui donne sa force des ténèbres. Tu n’as pas à craindre ce que tu es, mais ce que tu fais de tes dons.
6 – ‘Paris – février 2131’ 23 h 18 |Encore une Fois| Bonnie
– Hey, pourquoi on vous a dégagé vous ?
– Je ne sais plus… répondit Bonnie.
– Allez, rentrez. Faites attention quand même.
– Merci, s’exclama Bonnie prenant la main d’Eldon pour le tirer derrière la grille. Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?
– Je… J’hésite… répondit Eldon.
Alors que Bonnie s’empressait de retourner dans les salles, Eldon se stoppa devant un bâtiment. Comme s’il restait dans sa tête un reste de ce qu’il avait aperçu. Ces deux amants sombres et dorés, puis cette fille aux cheveux noirs brillants.
– Eldon ? Qu’est-ce qu’il y a ?
– J’ai cru voir quelque chose, mais il n’y a rien…
– Arrête de te tracasser pour rien. Retournons danser !
Alors il se mit à sourire, regarda sa main droite où ses nanos se mirent à former un bracelet à son poignet.
– D’accord, je te suis.