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Partie 3 : Nouvel Arrivant
Voici la seule chose que j’avais pu lire, sur ce monument à qui je devais porter une attention particulière du seul fait que son apparition avait été causée par moi. Étrange idée que de m’envoyer une tour ! En quoi pouvait-elle bien m’être utile ? Il fallait que je le découvre, mais pour ça je devais y consacrer du temps et pour l’instant je n’en avais pas tellement. Depuis son arrivée, il m’arrivait certaines fois d’apercevoir une sorte de fantôme, une lueur qui me surveillait. Dans tous les cas quelqu’un ou quelque chose me suivait, ou suivait Leo. J’admets être ingérable, mais pas au point d’avoir besoin d’une nourrice ! Encore moins si je ne peux même pas la voir ! Enfin, je passerais sur ce détail et me concentrerais sur cette apparition et ce mystérieux être qui a pris possession de mon corps. Le weekend qui suivait était resté calme. Rien de nouveau. J’avais essayé à plusieurs reprises que parler avec Leo, sachant que lui peut m’utiliser pour parler. Je me disais que si je lui pose des questions il me répondrait en me bloquant comme la fois dernière et sachant que j’entends ce qu’il me fait dire, on pourrait continuer la conversation. Seulement il ne me répondait jamais, je me demandais même s’il prêtait attention à moi. J’avais remarqué par la même occasion que mon tatouage dans le dos était devenu plus brillant et plus lumineux. Pas au point que la lueur puisse se voir à travers mes vêtements, mais elle était tout de même plus importante. Encore une fois ça devait être lié à cette tour. Ce n’est que le lundi où je commençais à entendre une voix que je connaissais. Toujours le même bien sûr. Il paraissait comme mes pensées, me parlait, ou presque. Je dirai plus qu’il parle tout seul. Sans trop se préoccuper de ce que je disais. Mais lorsqu’il finit de marmonner, il se décida à me parler :
« J’ai conscience que tu te poses énormément de questions, mais je ne peux te répondre seul, soit patient, et les réponses arriveront en temps voulus.
– D’accord mon Capi-Chef ! »
Certains se demandent quel langage je parle parfois et bien, c’est pourtant bien du français ! Bien qu’un peu changé au fil de ma folie ! J’avais tout de même un problème à résoudre. Pourquoi Justine et Loïc ont-ils aussi subi ces secousses ? Est-ce que j’influe sur ceux qui m’entourent ? (Bien sûr que non, eux aussi sont différents, comme toi.) Mais quelles différences ? Cette histoire devenait de plus en plus énigmatique au fil du temps. Seulement Leo m’avait demandé d’attendre les réponses. Alors, j’ai attendu sans chercher de solutions moi-même.
Quels moyens pouvait-il mettre en œuvre pour répondre à ses questions ? Se détacher de moi ? Ou créer une projection de son apparence en hologramme ? Non, quand même, pas… Quoi que. On ne sait jamais, il vole bien à vrai dire. J’avais remarqué que lorsque je me mettais à parler un certain temps avec Leo, je perdais la possession de mon corps, je devenais absent comme entrant dans son monde en parlant avec. Et tout redevenait normal une fois fini. Lundi 1er octobre 2012, quand je sortais de cours, Leo m’interpela. (Je souhaiterais que tu te rendes à La Tour de Verre dès que tu le pourras. J’ai quelqu’un à te présenter.) C’est donc comme ça qu’elle s’appelle. La Tour de Verre. Encore une fois, pourquoi ce nom ? (Je le lui demanderai tout à l’heure) Possédé par mes pensées, je n’avais pas vu le dernier cours de la journée passer, encore moins remarqué que mon prof de mauvaise humeur ce jour-là s’étonnait de mon état au point de me gueuler dessus dès que je lâchais un seul mot de ses lèvres.
J’ai toujours rêvé d’avoir un petit compagnon, qui me suivrait partout, mais que je serai le seul à voir. Je discuterai tout le temps avec lui, comme un meilleur ami portable en fait. Il me permettrait d’oublier ma solitude. Parce que oui, je suis un solitaire quelqu’un qu’on laisse de côté. Aimé par celle que je n’aime pas et non aimé par celle que j’aime. C’est vrai que c’est surtout sur mon succès auprès des femmes que ça s’applique.
Enfin sorti de cours. (Quel chiant celui-là) je suivais donc les consignes du mystique m’ayant donné rendez-vous à la Tour après les cours. J’allais en découvrir plus sur cet étrange personnage qui m’intriguait tant. Tout en me demandant sur le trajet quel moyen j’utiliserais pour ouvrir la porte, à moins qu’elle ne soit déjà ouverte. Arrivé devant cette enceinte, je ne m’étais pas trompé. Elle se trouvait grande ouverte, prête à m’accueillir. (J’ai l’impression que Leo guide mes pensées, presque omniprésent dans ce que je fais ou pense…) J’entrais alors dans ce bâtiment, qui me paraissait vide au premier coup d’œil, mais une petite voix claire me pria de monter par l’escalier. Un escalier, où ça ? Ah, juste en face de moi. (Étrange, il n’était pas là quand je suis entré) Bref, j’arrivais en haut de l’escalier qui donnait sur une immense pièce. Mais qu’est-ce que ? Comment salle si grande, pouvait-elle rentrer dans une tour pas plus large que quatre mètres ? Au moins dix mètres carrés se présentaient devant mes yeux. En face de l’escalier se trouvait une petite pièce, avec deux portes coulissantes. Un ascenseur à première vue. À gauche tout le mur était caché par une série de placards. Je ne suis pourtant pas parvenu à ouvrir un seul d’entre eux. De l’autre côté s’entassait une série d’écrans accompagnés par de grandes plaques en verre au-dessous, une sorte de grandes dalles brillantes, tactiles peut-être. Aucune ouverture vers l’extérieur. Normal puisque la tour était fait d’un seul et même bloc, comparé à un bâtiment ordinaire qui se compose de plusieurs briques ou parpaings. Au centre, j’avais aperçu cette différence sur le sol lorsque j’étais entré. Un disque, gravé dans le sol, encerclait une suite de symboles, semblables à ceux qui se présentaient sur la porte, s’illuminait quand je m’en approchais. L’envie de passer dessus me poussait, cependant retenue par l’appréhension de ce qui pourrait m’arriver. (Tant pis je me lance) J’ai ressenti un souffle me pousser lorsque j’ai posé les deux pieds par-dessus. Pas quelque chose de mécanique qui me monterait, mais plutôt quelque chose de magique. La même sensation que lorsque je m’envolais. Elle me transporta un étage au-dessus. Je me trouvais alors dans le noir, éclairé uniquement par ce que projetait mon collier. Essayant de trouver ce qui pouvait bien se trouver ici, je tournais sur moi-même quand la perception d’un étrange socle attira mon attention. Je décidais alors de m’en rapprocher. Puis arrêté brusquement par l’allumage de la lumière de la pièce, je restais figé devant ce que j’avais devant les yeux. Le même socle que celui du sol se tenait, pendu au plafond. La même forme, les mêmes motifs. Mais ce qui m’avait le plus choqué, c’est que ces deux blocs de pierre retenaient un étrange personnage. Flottant en suspension, retenu par deux sortes de bracelets autour des poignets. Individu à apparence humaine. Les cheveux mi-longs, ébouriffés vers l’arrière. D’un teint rouge-rose, presque saumon. Un t-shirt moulant, un pantalon en cuir noir. Avec des chaussures de ville. Portant un grand manteau blanc sans manches et déchiré. C’est qu’une fois que j’avais fini mon décryptage que Leo se décida à se manifester.
« Je te présente Sieg Wahrheit. Il me suit depuis le début. Connaissant tout sur moi. Mes secrets les mieux gardés aux plus grandes diffamations dont on a pu m’affubler. C’est un grand guerrier appartenant à une ère gothique de votre monde. Il est le fruit de la séparation des deux mondes.
– Deux mondes ? Mais lesquels ?
– Ta vie, ton existence sur la Terre appartiennent à la fois au seul monde qu’un humain peut contrôler, Le Présent. Mais il appartient aussi au monde passé qu’aucun homme ne peut maitriser. Lorsque je suis arrivé sur ta planète, ces deux mondes n’existant pas, n’étant ni différenciés, ni différenciables. Mon apparition a créé un trou temporel dans lequel je suis le seul à pouvoir accéder. La création de cette faille a généré un personnage responsable de l’équilibre des mondes. S’assurant à chaque fois que les actions que j’opère ne mettent pas en péril la stabilité du temps et de l’espace tout entier. Garant de ces choses qui m’oblige à adapter mon comportement pour ne pas risquer ma vie future, celle de Sieg, ou bien celle de l’existence elle-même.
– Mais pourquoi moi ? Pourquoi n’as tu pas choisi quelqu’un d’autre ?
– J’ai cherché quelqu’un qui me ressemble. Autant sur ton caractère, qu’il soit mauvais et arrogant, volontaire et ambitieux. Ou ta sensibilité. Ou bien encore ton aspect colérique que tu maitrises à un point exceptionnel. Je cherchais une personne digne de confiance à qui on s’attache. Quelqu’un qui au final reflèterait ma personnalité le plus possible.
– Mais comment as-tu su que je serais comme tu le décris ? Je veux dire, quand je suis né, tu ne pouvais pas savoir quelle personnalité je prendrais.
– Je voyage dans le temps. Aussi bien dans le passé que dans le futur. Avant de te choisir, je suis parti environ 15 ans après ta naissance, explorant et observant ta façon d’être, de te comporter. T’ayant choisi au début pour tes origines. Pendant des années j’ai collaboré avec des personnes de ta famille. Je les ai suivies et protégées tant que j’ai pu. Ma mort m’a donc obligé à trouver un moyen pour reprendre une forme humaine. J’ai continué à errer des années jusqu’à trouver le descendant de ta lignée le plus proche possible de ce que je suis. Mon choix s’est finalement porté sur toi.
– Et pourquoi n’apparais-tu que maintenant ?
– Premièrement parce que l’accès à ton corps m’a obligé à me mettre dans un état de stase. Ensuite ayant suivi toute ta vie, je sais quelle était la meilleure période pour intervenir.
– Personnellement je pense que tu t’es trompé, ce n’est pas la meilleure du tout. Loin de la même. Tu serais arrivé un ou deux ans avant ça aurai été beaucoup mieux.
– Je sais et je te comprends, seulement je sais ce qui va t’arriver dans quelque temps et soit en certains, c’est bien maintenant qu’il faut que j’agisse.
– D’accord. Enfin que dois-je faire maintenant ? Je suis flatté que tu m’aies choisi, mais que est-ce que ça va changer ? Faut-il que je change quelque chose à ma façon de me comporter ? Ou quoi que ce soit d’autre ?
– Non. Continue à vivre comme si je n’existais pas…
– C’est vite dit ça !
– Je te promets de ne pas intervenir dans ta vie tant que je ne serais pas prêt à m’afficher. Tout ce que je te demande c’est de me laisser un peu de temps. En échange tu auras le temps de t’habituer à la présence de Sieg qui te suivra partout. Il te protègera s’il le faut. Il répondra à toutes les questions que tu peux te poser. Quelles qu’elles soient.
– Et il faut que je le réveille moi-même ou est-ce que je te laisse cet honneur ?
– C’est plutôt un honneur pour moi que te laisser le faire. Il te suffit de débloquer la clé qui se trouve dans la colonne à gauche du stabilisateur. Retire-la et garde-la toujours avec toi. Une fois qu’il aura repris ses esprits, il te retrouvera grâce à moi. Pour ma part je te laisse. Au revoir mon cher ami. »
Encore un peu étourdi par tout ce qu’il venait de me dire. Je me dirigeais vers la clé, désactiva le stabilisateur et partis avec la clé sur moi. Laissant mon futur compagnon seul dans ce monument. J’avais pourtant tant de questions encore à lui poser. Il contrôle le temps, mais jusqu’à quel point ? Il connait aussi bien mon passé que mon futur. Mais quel incident aura-t-il dans cette continuité ? Et est-ce que mon futur peut réellement changer ? Est-il guidé par la destinée ? Autant de questions sans réponses qui n’attendaient que Sieg pour les éclairer. De plus cette clé, qui n’avait pas l’apparence d’une clé d’ailleurs. Pourquoi devais-je la garder ? Pourquoi cette forme ? Et à quoi pouvait-elle bien servir à part la seule utilité que je connaissais ?
Encore une fois je m’apercevais que le monde me laisse seul. Au final je n’avais personne à qui raconter cette histoire. Personne qui serait assez patiente pour m’écouter. Depuis des années c’était exactement la même chose. J’avais des amis certes et pour rien au monde je ne les aurai abandonnés ou oubliés. Seulement, il y avait toujours quelque chose qui m’empêchait de leur parler. Soit moi qui n’avais aucun moyen de les contacter. À une époque, lorsque je ne pouvais pas me tourner vers mes amis, j’aimais me retourner vers mon frère. C’était la seule personne avec qui je pouvais passer du temps. Seulement depuis son départ, si je me suis bien aperçu d’une chose c’est bien qu’au final je n’avais plus personne avec moi. Je me retrouvais tous les weekends seul sans personne à qui parler. Parce qu’au début je devais faire sans internet et sans portable. Par la suite je suis arrivé à obtenir ces choses-là, seulement cette solitude m’avait déjà envahi depuis un certain temps. J’ai su m’en séparer un certain temps, mais dès que je l’avais presque oubliée, le monde finit par briser le cœur. De jour en jour, une certaine souffrance morale me rongeait, m’affligeant et m’obligeant à réfléchir sur tous les sujets qui me traversaient l’esprit. M’offrant un esprit critique différent. Distinct de ceux des autres, conditionnés par la société moderne. Approchant mes idées de l’anarchie. Je devenais comme une sorte d’idéaliste aux idées pures et simples. Recherché par beaucoup voulant des conseils de cet esprit si pointu sur l’aspect de ce monde rongé et replié sur des stéréotypes mal fondés et souvent non réels. J’étais devenu un allié presque supérieur par mes idées et mes astuces offrant à chaque fois une réponse plus exacte que ce que n’importe qui pouvait s’imaginer. Je paraissais comme un être différent, changé et à qui on peut offrir une confiance supérieure qu’à quiconque, je m’affichais comme la clé d’un monde devant parfait. Une clé pourtant défaillante qui, malgré toutes ces nouvelles choses faites pour améliorer la vue que les autres ont sur le monde, ne pouvait utiliser ses conseils sur moi-même et échouait à chaque nouvelle quête que je m’offrais. Poussé toujours par cette chaleur apportée par les cœurs de ceux que j’avais aidés. Je continuais, aveuglé par cette réussite que je donnais, je ne lâchais rien, regardant le monde de haut. De cette position de supériorité que j’avais acquise au fil de mes sagesses dites. J’ai fini par tombé de mon pied d’installe, chutant de si haut et retombant si bas que j’en ai presque vu mon monde s’écrouler devant mes yeux. Ce monde que j’avais bâti des années durant, voulant me prouver que je valais mieux que ce que prétendaient ou ce qu’étaient ceux qui me critiquaient. J’avais une seule peur. Chuter dans la solitude en perdant tous ces proches que j’avais amenés à moi. Mon esprit s’en sortit presque inchangé, mais l’image que je me faisais du monde avait été totalement chamboulée. Je m’étais aperçu de la fragilité du monde, de ces liens que l’on crée et qui peuvent se casser à tout moment. Je me voyais soutenu par tous ceux qui m’avaient offert leur pleine confiance. Ils m’aidèrent à me relever plus vite que je n’aurais pu le faire par moi-même. Cependant, j’en gardais des séquelles. Je devenais plus sombre, plus grave, plus mystérieux, mais moins réservé, plus avant-gardiste qu’avant. Détruit après avoir vu à quelle vitesse tout pouvait s’écrouler autour de nous, j’avais envie de vivre ma vie le mieux possible, envoyant balader tous ceux qui s’opposeraient devant moi. C’était sans compter sur le fait que j’ai toujours était mal aimé par les femmes. Ce manque d’amour, se sentir aimé par la personne que l’on aime. Ressentir cette chaleur quand on la serre dans nos bras. C’était une chose que j’avais vécue que très peu souvent. Ma personnalité avait légèrement changé avec tout ça et je me suis retrouvé avec ce manque malgré mes idées arrogantes. En présence de mes amis ou de qui que ce soit, ma forte personnalité surpassait tout. Mais de nouveau seul, je replongeais dans les abimes du monde oublié ou je vivais.
« Très beau discours, très poignant récit. Mais soit patient, tout ceci changera. Tu détiens entre tes mains un pouvoir plus puissant que la vie elle-même. Celui de maitriser le temps ! Même si, et je te l’accorderais, tant que Leo n’est pas apparu, ce n’est qu’une chose dite par deux mystiques qui ont vécus dans des temps passés et qui sont encore vivants ! Enfin presque… C’est dur à croire, mais c’est bel et bien la vérité. Mon ami, Bienvenu dans ta nouvelle vie ! »
Sieg venait de faire irruption dans ma chambre, ayant écouté toutes les pensées qui m’avaient traversé l’esprit sur l’aspect de mon passé. Je restais encore étourdi par son apparition spontanée. Environ une heure s’était écoulée depuis mon départ de la chambre où il reposait. Sa façon d’être était intrigante, il était très actif. Il n’était presque jamais plus de dix secondes à la même place. Explorant tous les coins et recoins de ma chambre. J’avais remarqué qu’il ne touchait pas le sol, ses pieds flottaient. Lévitant, mais pourquoi ? Peut-être pour éviter de se faire remarquer par les autres habitants de la maison. Quand il eut fini sa promenade, il vint s’assoir à mes côtés. Il me paraissait irréel, humain, mais d’un aspect assez peu commun. Au début on aurait pu croire qu’il était un personnage de manga modélisé en trois dimensions. Par la suite, je voyais bien qu’il était comme moi. Pour le moins étrange, mais comme nous. Drôle de personnage tout de même. Je me décidais alors à engager la conversation avec lui :
« Puisqu’il faut que tu sois constamment avec moi, autant commencer par le début. Parle-moi un peu de toi.
– Je suis Sieg Wahrheit, gardien protecteur des deux temps. Je n’ai aucune famille si ce n’est Leo et toi désormais. Je ne suis qu’une image représentative de la fissure qui sépare ton temps au passé. J’ai pris vie lors de la première apparition de mon ami sur Terre soit au XIIe siècle. Nous étions deux assassins de renommée. Leo ayant des quêtes, suivant toujours les ordres qui venaient de plus haut éliminait les sujets qui protégeaient ces cibles. Et tuant les plus grands hommes du monde, mais seulement ceux qui constituaient un réel danger pour l’humanité. Nos noms grandissaient pour une atteindre une importance trop grande. Leo décida alors de repartir sur sa planète natale. Aldor. C’est à la suite de ce voyage que Leo apprit qu’il possédait ces pouvoirs sur votre temps. Nous repartions alors pour ta planète avec la connaissance de cette maitrise. À tous les temps résonne le nom de Leo Kryssen et de son allié Sieg Wahrheit. Chevalier, assassin, cavalier, maitre des arts martiaux, Leo est devenu un combattant hors pair. Le monde s’étonnait de ce qu’il pouvait accomplir malgré le manque d’évolution de l’époque. Jusqu’à ce jour où tout changea. Cet étrange ennemi venu d’ailleurs s’était mêlé à votre monde depuis sa création, il se trouva un jour face à Leo. Il était ici parce qu’il savait qu’il devait le tuer. Et à mon grand désespoir, il y parvint au moment où il savait que Leo avait signé son arrêt de mort. J’ai d’abord pensé que je disparaitrais avec lui, mais ayant lui aussi accomplis son objectif, je me suis mis dans un état de stase. Avant cela, un certain Izidro me confia que cet état ne durerait que soixante ans. Je serai réveillé par un jeune homme digne de l’âme de Leo. Sa dernière bataille s’est faite en 1952, c’était après la Seconde Guerre mondiale, le père de Leo voulait apporter leurs technologies à votre monde. Il ne l’a pas fait à ce que je vois. D’autre part, lors de sa mort, j’ai hérité de tous ces souvenirs, en plus de ceux que je possédais déjà, alors si tu veux savoir quelque chose sur lui, n’hésite pas.
– Je me doutais bien que vous n’étiez pas humains. Sinon, j’aurais aimé connaitre la signification du tatouage que j’ai dans le dos.
– Le Rang. La Classe et l’Énergie !
– Euh, excuse-moi, mais tu ne m’avances pas là.
– Chaque guerrier de notre peuple possède un symbole donnant son Rang. Leo est un gardien tel que moi. Ce sont les plus valeureux combattants et guerriers, ils sont envoyés sur les planètes qu’ils choisissent s’ils le veulent, ou deviennent soldats de l’armée. Ils sont de puissants adversaires aux capacités souvent insoupçonnées. Sa Classe. Je suis gardien tu temps, une classe crée pour moi, je suis le seul à l’avoir. Leo est…
– Gardien de L’Ordre.
– Exact. Tu pourras l’entendre appeler “L’Ordre” ou “The Order”.
– Mais pourquoi ? En quoi consiste cette classe ? Et c’est quoi cet Ordre ?
– L’Ordre n’est pas une guilde ni un groupe, c’est un lien qu’ont créé les Élites. Mais aussi un honneur que de faire partie des plus grands guerriers Aldoriens. Ils ont pour devoir en plus que de se battre pour eux et pour leurs proches, de protéger tout un peuple face aux plus grandes menaces que ce dernier ne peut pas battre. Ils sont puissants, possèdent les plus inimaginables capacités et tous ensemble font un ennemi presque indestructible, invincible même !
– Tu veux dire que Leo est un guerrier surpuissant ?
– Non, pas autant, juste que c’est un guerrier qui a une grande valeur, qui est très puissante et qui peut le devenir encore plus. Pour finir, l’Énergie. Ton tatouage n’est pas qu’une simple marque, elle désigne aussi la quantité d’énergie qu’il te reste à utiliser tes pouvoirs les plus grands. Par définition, le contrôle du temps n’affecte pas cette jauge, enfin presque. Je dirais plutôt que son utilisation est négligeable. À part pour les grands voyages.
– Et comment puis-je la recharger ?
– Tout simplement, de la même manière que tu récupères tes forces, en mangeant.
– Mon Dieu ! Je n’ai pas fini de manger alors.
– Oui, seulement ne néglige pas son utilisation non plus. Si tes pouvoirs tirent dessus, une fois vide ils se tournent vers ton énergie vitale, jusqu’à t’en être fatal !
– D’accord j’y prêterai attention. Autre chose, pourquoi la Tour de Verre ?
– La Tour de Verre, parce qu’en fait et comme tu le sais, elle n’est visible que par toi, Leo et quelques autres personnes. Pour tous les autres, elle est invisible, mais pas inexistante, s’ils arrivent en face, ils ne passent pas à travers. À ce point, pour eux, elle peut être confondue à un objet en verre.
– D’accord, c’est tout bête en fait.
– Excuse-moi, mais je dois te laisser, il faut que je prépare certaines choses pour t’éviter des soucis lors de l’apparition de Leo.
– Avant juste une chose, il faut encore que j’attende longtemps avant de le voir ?
– Je ne sais pas, c’est lui qui décidera. À bientôt l’ami ! »
Il était épatant, il avait une façon d’être très noble et retenu. Même qu’il paraissait très aimable et très souriant. Je sentais que j’allais bien m’entendre avec lui, à vrai dire je n’avais pas trop le choix s’il fallait que je le supporte tout le temps.
J’ai passé par la suite une semaine sans rien d’anormal. Tous les jours Sieg me demandait à la tour pour me faire passer des sortes de tests (enfin je pense que c’est des tests). Pour m’adapter qu’il me disait. Mouais, en attendant moi c’était Leo que je voulais voir. Enfin au moins je n’avais pas d’ennuis pendant que je me faisais ausculter par ces machines bizarres. Une question m’était passée par la tête.
« – Dit moi Sieg, toutes ces machines, elles sont de chez vous ?
– Oui, toute cette tour a été faite avec la technologie et les matériaux de notre planète. Je sais c’est futuriste pour toi, seulement c’est bien réel sois en sûr ! »
C’en était un rêve, tous ces engins je les connaissais tous, mais pas de cette manière-là. Chez nous les écrans étaient plats certes, mais pas juste des plaques de verre qui en plus sont tactiles. Le tout piloté par une puce microscopique. C’était incroyable, mais j’adorais ça. Les jours suivants il m’apprit que, comme je le pensais, Leo pouvait interagir avec ce que je fais, principalement pour me protéger. Question pratique, il m’a dit que mes facultés seront prises sur celles de Leo, plus le temps avancera, plus je lui ressemblerais, du moins en termes de possibilités. Que c’était lui qui décidait de me donner telle ou telle chose à un certain moment, mais que moi je ne pouvais pas le lui demander. J’avais, toujours cette même semaine, commencé à développer certaines choses, comme l’instinct, les réflexes (on laisse souvent tomber beaucoup de choses, mais j’arrivais à les attraper sans jamais en rater une seule.) Un peu ma force aussi, j’avais cassé pas mal de choses cette semaine, ma sportivité aussi, j’arrivais presque à égaler les meilleurs de ma classe. Je devenais un peu un extraterrestre aux yeux de ceux de mon groupe, mais je me fichais de ce que les autres pensaient, tant que j’étais bien dans ma peau.
Quel pire défaut que d’être extracolérique ! Le temps avait fait de moi quelqu’un de très facilement énervé et très envieux. Je m’emporte vite, trop vite, voilà un de mes grands points faibles, avec ma sensibilité, car oui, même quelqu’un de puissant par sa présence face aux autres peut et a le droit d’être sensible. J’en suis une preuve humaine. Ma colère me perdra ! Mon grand cœur aussi ! Petite anecdote, sortant d’un CAP, j’ai fait des stages et je m’y suis fait pas mal d’amis. Dans l’un des plus récents, j’y ai connu un plombier qui se déplaçait toujours avec sa nacelle. « ArnoKart » que l’appelait une de mes collègues. Quand le chef du chantier avait besoin d’aide, j’y allais toujours avec Arnaud. Un jour j’ai eu droit à une réflexion de sa part « Nos grands cœurs nous perdront mon petit ! » Il avait bien raison, je ne sais pas dire non, j’aide quand je peux. À la limite du possible bien sûr !
Lundi 8 octobre 2012 (plus que trois semaines avant les vacances !) Le monde avance vite, trop vite à mon gout. On fait certaines choses tellement sans y réfléchir qu’après on regrette tout pendant longtemps. Quel meilleur moyen que de se venger d’une relation que l’on a foirée, que de la faire payer à la personne que l’on a aimée et qui nous aimait ! Choix pris par un ancien copain à Justine. Déjà que je n’aimais pas ce genre de comportement, envers une personne à qui je tiens ça m’était insupportable. Je me souvenais que Sieg m’avait dit de garder mon calme, que ça accélèrerait l’arrivée de Leo. Mais aussi que Leo choisirait le moment parfait pour apparaitre réellement. Et à ce moment j’avais réellement du mal à gérer ma colère, je montais sans pouvoir me poser et souffler pour redescendre. Plus il continuait à la rabaisser, plus il me montait cette force, la même que celle qui m’avait poussé à affronter Loïc. Ses injures incessantes me montaient comme une rage grandissante. Quand soudain je reconnus sa voix. (« Je t’ai offert ma force et ma valeur, ce pouvoir est le tien désormais. Seulement j’ai besoin que tu l’acceptes totalement pour prendre vie. Laisse ton cœur battre et affirme-toi face à ce monstre. C’est alors que je pourrais te montrer toute ma grandeur. ») Je m’en allais alors, comme si de rien n’était, mon cœur battait, ma vue se troublait au même rythme que ses battements. Incapable de savoir si je serai à la hauteur de toutes ces offrandes. Je passais à côté de Romain en imaginant ce que je voulais lui faire subir. Dès que je me retrouvais alors dos à dos, je me retournais et le pris par le cou. Finissant par le faire traverser tout le préau de notre lycée. Sous les grands yeux ébahis de tous les autres, je me tenais face à ce traitre, ce salaud qui ne pense qu’à faire souffrir les autres. Ma rage me rongeait, mais me donnait confiance en moi, confiance en ce que je possédais et ce dont j’étais capable. Quand mon adversaire eu repris ses esprits, se relevant il me provoqua.
« Alors maintenant tu la protèges ? Pourquoi ? Elle ne le mérite même pas ! »
Je me déplaçais lourdement, comme blessé, plus je me rapprochais de lui, plus mon corps l’illuminait, commençant par de toutes petites particules autour de moi. Ensuite en faisant briller ma peau. J’allais, répondant à ces paroles :
« Je ne fais que mon Devoir ! Je n’ai aucun ordre à recevoir d’un minable comme toi !
– Elle m’a trahie, elle m’a traité comme un salaud !
– Salaud que tu es ! Fioriture des enfers je vais te renvoyer d’où tu viens ! »
Plus je m’approchais plus Leo grandissait, prenant place dans ce monde que je venais de déranger par mes actes.
« Tu n’es pas son copain Tanguy ! Tu n’as pas à la protéger !
– Je ne suis pas Tanguy… »
À ce moment je me sentais grandir, changer de part en part, mon corps brillait, j’étais une étoile dans une populace de ténèbres. Un seul flash et je n’étais plus le même. Leo avait pris ma place. J’avais ébloui tout le monde autour de moi puis réapparaissant petit à petit, les spectateurs pointèrent leurs yeux vers ce nouveau et étrange être qui m’avait remplacé. Ayant atteint mon ennemi il lui répondit.
« Je m’appelle Leo Kryssen. Et je ne suis là que pour t’éliminer !
– Que est-ce que ? »
J’étais devenu un étranger. Étrange être blond aux yeux bleus, guère plus grands que moi, un blouson de cuir rouge et blanc. Un jean bleu et des petites bottes marron. Un halo d’énergie autour de moi, lumineux tel un ange. J’avais attrapé Romain par le col, il se débattait, mais toutes actions qu’il pouvait effectuer restaient inefficaces. Il voulait s’échapper, mais il ne le pouvait pas. J’ai fini par le reposer à terre. Il s’était un peu éloigné de moi et me regardant d’un air amusé.
« Tu viens de commettre une grosse erreur, tu n’aurais jamais dû me lâcher !
– S’il y a une erreur ici c’est toi. Toi et toi seul ! Toutes les menaces que tu peux me jeter me font rire, crois-tu vraiment que tu es de taille à m’anéantir ?
– Heureusement ! Tu ne me fais pas peur ! Approche un peu pour voir ! »
S’étant muni d’un couteau il esquissait des gestes comme s’il voulut les reproduire quand je serais devant lui. J’allais à lui à petits pas, laissant une certaine peur dans les regards de cette masse concentrée sur moi et mon adversaire. Mais lui aussi vivait cette peur, il reculait même si j’allais plus vite que lui. Arrivant devant ce traitre, il commença à essayer de m’attaquer, voulant m’attraper pour me faire subir ses coups de couteau. Cependant ses actions restaient vaines, j’évitais chacune d’elles. Je m’étonnais de la vitesse à laquelle j’agissais. Lorsque sa rage prit une ampleur si grande qu’il ne pouvait la contenir, il s’essaya à un ultime coup destiné à me toucher le cœur. « Je ne laisserai personne mettre en cause la vie de mon hôte ! » J’écartais l’attaque en effectuant un salto arrière sur moi-même. Lançant l’arme en l’air. Je me stoppais net, l’attendant qui retombait sur moi. Romain se tenait toujours devant moi. Je m’effarais du courage dont faisait preuve ce monstre face à moi. J’attrapais alors ce couteau et le plantais dans l’épaule de mon ennemi.
« Mais tu es dingue ?!
– Que préfères-tu ? Ceci, ou je te laisse le couteau dans le cœur ?
– Je crois que ça, c’est mieux. »
Je n’avais qu’une envie, le faire souffrir. Alors j’ai voulu le narguer et je commençais à partir, sortir du lycée. Seulement ça ne lui plaisait pas bien sûr. Alors meurtri par la douleur, il me lança.
« Alors tu t’en vas ! Je n’ai pas fini avec toi, reviens ! Tu n’es qu’un lâche ! Un trouillard ! Une lopette ! »
Ma colère avait baissé, laissant place à une sorte d’amusement face à cet idiot qu’il me plaisait de faire souffrir. Mais lorsque ces paroles m’arrivèrent, elle remonta d’un coup. Me retournant vers lui sans attendre et m’élançant vers cette menace que je devais éradiquer. Il prit peur lorsqu’il me vit partir, mais n’eut pas le temps de s’échapper que j’étais déjà à un mètre de lui. Je laissais derrière moi une trainée créée par cette aura de lumière qui tournait autour de moi. Une fois sur lui je plaçais mon poing sur son ventre et le projetais sur le mur en face. Un être agonisant et en sang se trouvait devant moi. Presque inconscient il me regardait voulant que j’abrège ses souffrances. « Je vais t’achever comme je le faisais avec des ordures comme toi ! »
Je l’ai donc attrapé, lui prenant la tête et la lui arrachant à vif.
« Vous avez eu la démonstration de mes capacités. Vous savez ce qui vous attend si vous manquez de respect à moi ou à mes proches. »
J’ai relancé sa tête à côté de son corps. Reculant doucement et partant en m’envolant. Je laissais ces spectateurs aberrés par cette nouvelle apparition.
La vie est si fragile, si facile à briser et à éteindre. Nous sommes ici, dans ce monde en ayant un objectif que l’on ne connait pas et que l’on doit trouver par soi-même. Les plus courageux y parviennent, les plus faibles abandonnent. Entre les deux se trouvent ceux qui n’ont pas trouvé, ou n’ont plus aucune raison de vivre, mais ils subsistent tout de même, s’imposant comme des personnes fortes, agissant pour les autres sachant que leur vie est inutile et sans but. Et je venais de rentrer dans cette partie-là du monde.
Leo m’emmena à la tour, je réfléchissais sur ce que je venais de faire, même si ce n’était pas directement moi, cette fois-ci, c’est moi qui agissais, j’avais le contrôle total de mon corps et de mes actions. Cependant je venais de tuer un homme. Et je laissais mon esprit divaguer le temps que le mystique me déplace. Lorsque je suis arrivé, il m’a laissé devant la porte. J’ai de nouveau entendu la voix claire me demandant de monter à l’étage. Il était sur les ordinateurs, en train de bidouiller je ne sais quoi quand il m’interpela.
« Leo est apparu, comme je l’avais prévu…
– Tu avais prévu son arrivée ! Et tu n’aurais pas pu me prévenir !
– Excuse-moi, mais je pensais que tu te l’imaginerais…
– Tu as vu ce qu’il m’a fait faire ? Il m’a poussé à tuer Romain !
– Non, il ne t’a pas poussé, Leo ne fait rien par lui-même. Tu possédais une certaine haine contre cette personne. Une puissante envie de lui faire payer ce qu’il faisait, seulement tu étais conscient que tu n’avais aucun moyen de le faire. Leo n’a fait que t’offrir la force de vaincre la colère qui te consumait. Tu sais ce n’est pas bon de tasser cette colère sans la laisser sortir.
– Tu veux dire que tout, tout ce que j’ai accompli, au fond de moi je le voulais réellement ?
– Exact, cependant, je vais te dire une chose. Leo t’a poussé et t’as aidé à vaincre cette menace, mais ce n’est pas sans raison, tu n’as pas le droit de tuer n’importe qui, à moins que ce n’importe qui mette en danger ta vie, ou celle de tes alliés. Tes victimes sont et seront définies. Parce qu’elles sont, ou ont un attachement à notre ennemi commun. À différentes époques, ils se faisaient connaitre par leur rattachement aux idées des templiers. De nos jours, les templiers n’existent plus vraiment, plutôt certaines personnes qui gardent ces idéaux à conquérir le monde.
– Et comment saurais-je qui est quoi ?
– Leo t’empêchera d’éliminer n’importe qui, tout simplement.
– D’accord. Parle-moi un peu de L’Ordre, qu’est-ce qui a fait que vous y êtes entrés et comment il a été créé.
– L’Ordre original a été mis en place bien avant l’arrivée de Leo sur Terre. On dit que ses créateurs étaient des élèves des grands Dieux grecs. D’après la légende, ils étaient au nombre de dix, cinq hommes et leurs femmes. Ils avaient tous un artéfact leur permettant de jouer avec leurs pouvoirs. À leurs morts, si elle a bien existé comme les divinités dont ils étaient les élèves, leurs armes ont libéré une partie des pouvoirs, errant jusqu’à trouver un maitre digne de confiance. Notre civilisation étant bien plus ancienne que la vôtre, ces personnes étaient elles aussi de notre galaxie. Les pouvoirs ont choisi leurs descendances ou juste de grands guerriers, je ne sais pas. Kilik, maitre du temps, serait le septième fils caché de Cronos. Le chronosceptre était son arme favorite. Il voyageait dans l’espace est le temps. Ayant acquis la capacité des portails voyageurs avec Hypérion, son pouvoir a pris parti de Leo. Zasalamel, maitre des ombres et du feu. Fils d’Erèbe, dieu des ténèbres, il est l’allié d’Hadès, dieu des enfers. Il utilise les lames de la destinée, elles sont attachées à ses bras par des chaines magiques. Il est mort d’une chute dans le Styx, damné par Hadès. Ses lames ont offert leur pouvoir à Izidro. Axion, maitre de la puissance, de la force, chef des armées et de la guerre. Il est le fils d’Arès, ses atouts sont ces armes, il se bat avec de grandes épées qui pèsent des tonnes. Sa force a été offerte à Feng Wan. Mitsurugi, maitre de la tempête et de la terre. Fils de Poséidon, son arme est le trident, celui de son père. Raven est l’héritier de ses capacités. Raphaël, il est un peu comme moi, création de la mort de Thanatos et d’Hypnos, Dieu de la mort et dieu du sommeil. Il se bat avec une faux et ses pouvoirs d’hypnose qu’elle lui confère. L’héritier est Hwoarang. Pour finir, Leo a eu une femme, morte avant lui hélas ! Elle se nommait Nikki, elle bénéficiait des pouvoirs d’Eiseos, unique fille d’Hermès, dieu du vent et messager des dieux. Sa fille a eu ses bottes ailées, elle avait deux couteaux pour se battre et un arc. Elle est le maitre de la vitesse. Nikki était une femme superbe, Leo l’aimait beaucoup. Je me suis toujours dit qu’elle avait dû faire comme lui et trouver un hôte capable de la recueillir, du moins je l’espère. J’ai toujours passé du temps à la chercher sans jamais la retrouver. Et je continue toujours à la chercher, sans jamais y parvenir.
– Oh, merde… Je…
– Non ce n’est rien ne t’en fait pas pour ça. J’arriverais à vivre sans elle.
– D’accord, si tu le dis… Sieg, tu pourrais me décrire un peu chaque personnage ?
– Si tu veux. Izidro, il possède un style assez peu commun, c’est une tenue de capoeira, haut moulant, un pantalon attaché avec une corde. Feng, en costume de ville, la veste rouge sombre, le bas blanc, sans cravate. Raven c’est plus une tenue de ninja avec une veste longue et des lunettes de soleil. Hwoarang, il fait cowboy, un haut sans manche en cuir, pantalon de western et santiags.
– Je m’en souviendrai.
– Tanguy, j’aimerais que tu t’entraines un peu, pour que je voie à quel point en est l’intégration des capacités de Leo sur toi.
– Comme tu veux, mais que faut-il que je fasse ?
– Dans le placard derrière toi, le plus petit, tu y trouveras une épée, tu la prends et tu te places sur le cercle dimensionnel, je t’enverrai dans le dojo. »
Le cercle dimensionnel, c’est alors à ça que cet anneau gravé dans le sol servait. Je suis alors parti prendre cette épée. Étrange arme, elle était elle aussi gravée sur le manche. Une épée à deux mains à première vue. Une fois avec moi, je me dirigeais vers le cercle de lumière au sol, et réapparu dans une salle tout en bois. À ce moment, la voix de Sieg résonna dans la pièce :
« Ce que tu tiens entre tes mains s’appelle Rebellion. C’est une arme mystique, elle possède trois formes différentes, épée, faucille et hache. Chacune des versions correspondant à un aspect du monde. La hache est le symbole des enfers face à la faucille qui est le signe des cieux. L’apparence changera à ton grès ou plutôt à celui de Leo pour le moment. Je ne suis pas capable de te prouver que tu peux maitriser tous les aspects dès le début. Je vais t’envoyer des ennemis, un par un, puis en armée. Ton but est de les détruire sans avoir à faire appel à Leo pour te guider. Si tu arrives à contrôler toute cette puissance, tu ne feras qu’augmenter celle de Leo et donc la tienne par conséquent. Ton style de combat n’est pas celui de Leo, mais peut s’en inspirer. Tu veux un peu de musique en fond ? Ça peut t’aider.
– Red — Who We Are.
– OK l’ami »
Extracolérique certes, mais j’ai appris à trouver des méthodes pour me calmer, pour gérer cette puissance. La musique, je plane avec, je me lâche au rêve avec des morceaux comme Secret Crowds d’Angels & Airwaves. De plus, j’ai mes jeux vidéos. Je passe le plus de temps possible avec généralement les deux en même temps, pour vider une partie de ce que je peux accumuler dans une journée. C’est efficace, mais ce n’est pas parfait. Ça a eu l’avantage de me rendre plus résistant et plus puissant face à ma colère.
J’avais envie de baser mes attaques sur celle que j’avais pu retenir de mes jeux, créant un style unique propre à mes préférences et à ma personnalité. Je commençais par effectuer des coups dans le vide, pour voir de quoi j’étais capable, j’imaginais une attaque et j’arrivais à la reproduire presque à la perfection. J’enchainais coup après coup, un combo classique qui me permettrait de me défendre face à un ennemi simple. À ce moment, Sieg commença à m’envoyer un adversaire.
« Démon de classe un, juste une quantité de vie, défense faible, attaque faible. Spécialité, ben y’en a pas. Facile à battre seul, un peu plus chiant en groupe. Je te laisse t’y opposer, tu ne crains rien s’il t’attaque, tu prendras des dégâts, s’ils te tuent tu reviendras à la tour. En avant l’ami. »
J’avais commencé à créer des combos, classiques, mais qui me permettraient de me défendre. Sieg avait commencé avec un démon, puis deux, puis trois, aucun ne m’avait touché jusqu’ici. Puis il me largua une grande vague, dix, vingt, cent même peut-être. J’ai alors décidé de changer mes attaques, de faire plus puissant et plus rapide. Attaque à une main maintenant. Tous arrivaient sur moi, un par un. Des ennemis de niveau un jusqu’à huit. Aucun ne m’avait résisté. Je finissais fatigué et épuisé par ces combats. Pas assez endurant pour supporter tout ça. (Ce n’est qu’une question de temps. Plus tu t’entraineras, plus tu tiendras) Quand, une fois de plus Sieg refit surface.
« J’ai remarqué qu’à certains moments tu pouvais changer d’aspect. Tu maitrises la vision d’aigle ?
– Le truc qui me fait voir de toutes les couleurs ?
– Oui, elle te permet de voir le monde des limbes sans y entrer. Lorsque ton aspect bénéfique augmente, Rebellion pourra changer en Osiris. Et quand ton aspect maléfique surpasse, Arbiter apparaitra. Je te laisse dans le dojo, j’aimerais que tu essaies de gérer ces changements. Et si tu y arrives, adapte tes combos dessus. Je vois que tu as un grand potentiel alors exploite-le. »
Sieg avait raison, j’étais plus puissant que ce que je ne pouvais l’imaginer. Trois armes, Le Paradis, L’Enfer et la représentation de l’humanité. J’ai légèrement revu ma façon de me battre avec ces deux nouveautés et rappelé Sieg une fois fini.
« Sieg, monte-moi sur le toit de la tour s’il te plait.
– D’accord l’ami. »
J’avais entre les mains un pouvoir exceptionnel, inhumain presque. Il me permettait presque tout, il me rendait plus fort, plus rapide, plus réactif. Il m’offrait même le droit de donner la mort. Mais est-ce à moi de décider du destin de n’importe qui, de toute l’humanité ? Non, je suis peut-être puissant, mais le monde doit vivre sans moi, comme il l’a fait toutes ses années sans Leo. Je suis alors reparti en volant, effrayé, affolé, mais aussi ravi et enchanté ce qu’il m’arrivait.
Partie 4 : Puissance Énigmatique
Un nouvel instinct, capable de voir ou de ressentir ce que les autres ignorent, ça serait génial non ? On pourrait savoir ce que les autres pensent de nous et les faire chier s’ils ne nous aiment pas ! Cependant c’est hors des capacités d’un humain classique. Pas pour moi, j’arrivais même à percevoir les pensées de certaines personnes, à l’esprit un peu simplet. Je suis un grand marcheur. Depuis mon plus jeune âge, depuis que je sais marcher donc, j’ai l’habitude de faire des mètres par jour. On avait un point de rendez-vous, Loïc, Justine et moi. L’endroit où arrivaient les cars. Proche du lycée et de chez Loïc, il me fallait faire quinze minutes de marche pour y arriver tous les matins, mais bon ça ne me dérangeait pas. Mardi 9 octobre 2012, je partais comme tous les matins vers ce parking, la musique (déjà) sur les oreilles. Je m’étais posé en les attendant dos contre la grille, les yeux fermés, quand un souffle me fit vibrer de part en part. Mon cœur s’était mis à battre un peu plus vite, mais ça n’a pas duré très longtemps. Sieg m’éclaira un peu sur ce sujet.
« Tu viens de subir une interaction avec une des personnes qui vient de te passer devant. Seulement il y a quelque chose d’étrange, elle n’était pas liée qu’à toi ou à Leo, mais à vous deux en même temps. Qu’est-ce que ça peut bien être ?
– On va essayer de le découvrir, déjà de trouver la personne en particulier, si possible, ou du moins de s’en rapprocher le plus possible. Mais tu sais quelles significations ont chaque sensation.
– Oui à peu près. Le sifflement c’est un ennemi, la chaleur une rancœur personnelle, le souffle une énergie capacitive puissante, comme toi en fait.
– Et les battements du cœur ?
– C’est assez drôle, par définition, ce n’est pas quelque chose que ton instinct peut voir. Mais s’il le peut, ça voudrait dire que l’un de vous deux, ou les deux possèdent un lien sentimental avec cette personne.
– Oh, tu veux dire que je serais capable de connaitre les potentielles prétendantes ?
– En quelque sorte oui.
– Salut, Tanguy, tu parles tout seul maintenant ? me fit Loïc que je n’avais même pas vu arriver avec Justine.
– Euh… »
(Tu ne dois pas leur dire que Sieg te suit, du moins pas pour l’instant, même s’ils connaissent ma présence, ils ne doivent pas connaitre la sienne)
« Oui, enfin presque, je vous expliquerais ça plus en détail.
– OK. Il faudra que tu me présentes Leo, je ne l’ai pas vu encore.
– Oui pas de soucis, mais soit patient, j’aimerais régler une petite chose avant. »
Quelqu’un pour qui je pourrais éprouver des sentiments, Leo aussi et qui de plus aurais de grandes capacités. Qui ça pouvait bien être ? Et surtout quelle influence aura-t-elle sur nous ? Cette histoire m’avait intrigué, je n’arrivais plus à me concentrer sur autre chose tellement ça me préoccupait. (Déjà que je ne suis pas super concentré en cours, là j’étais dans mes pires moments) Enfin la pause, j’allais pouvoir souffler un peu et commencer mes recherches. Logiquement, si cette personne est dans ce lycée, quasi sûr de ça, je devrais la trouver facilement, j’aurais la même interaction que ce matin avec elle. Normalement. Alors suivant les filles avec qui j’étais, qui voulaient voir les profs absents, je suis parti traversant tout le préau. Sous les regards de certains, je me sentais comme un monstre puissant et une vanité détestée à la fois. Vers la fin de mon trajet, ce souffle refit surface. De plus en plus fort, voulant m’empêcher d’avancer. J’étais le seul à ressentir ça cependant ça ne se voyait pas sur ma façon de marcher. Tout à coup un souffle encore plus puissant m’obligea à tourner sur moi-même, versant vers l’arrière, à deux doigts de tomber par terre, par chance il y avait une chaise derrière moi. J’ai atterri dessus et mon élan me lança jusqu’au mur qui m’arrêta. Au moment où je me suis retourné m’a vision d’aigle s’est amorcée, une fois assis, elle ne se stoppa pas de suite, partant de moi, la décoloration s’en alla vers le fond du préau. Seule persistait une petite tache blanche qui s’estompa rapidement. J’avais réussi, j’avais trouvé qui était cette mystérieuse personne. Sieg, capable de transmettre ses pensées et de les lire, commença une discussion.
« C’est impressionnant !
– À ce point ?
– L’énergie qu’elle dégage, cette puissance, au point de te contrecarrer à ce niveau. Au moins deux fois plus grandes que toi je dirai.
– Quoi ?
– Leo est loin de t’avoir offert tous ses pouvoirs, tu ne maitrises pas ses pouvoirs du temps, si tu ne les as pas c’est qu’il ne te juge pas assez puissant pour. C’est pour ça qu’il faut que tu t’entraines. Tu as un énorme potentiel et tu peux être plus puissant qu’elle, il te faut du temps. Du moins elle m’épate. Mais sais-tu qui c’est précisément ?
– Pour que son impact soit aussi important, il faut que tu lui sois passé près. Pour être précis, tu lui es passé juste à côté. Elle arrive tout de même à mettre en péril le lien que je crée avec toi.
– Waouh ! Et c’est plutôt bien ou…
– Eh bien, normalement non, mais je ne reconnais pas ça comme une énergie menaçante. Donc tu n’as pas à en avoir peur, moi non plus. Mais il faudrait pouvoir en découvrir un peu plus, question de sécurité.
– Je vais essayer. Mais je ne promets rien d’avance ! »
Et mon entourage inquiété par cette action quelque peu imprévisible.
« Ça va Tanguy ?
– Oui, oui, ne t’en fais pas.
– Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
– Je ne sais pas, je n’ai pas tout compris. »
Nouveau mystère, qui est cette personne ? Et que est-ce qu’elle peut changer pour moi ou chez moi ? Je devais le découvrir, même si ça ne pressait pas. Sieg m’avait conseillé de m’entrainer encore plus, pour mieux maitriser les capacités de Leo et pour m’améliorer. Alors, depuis ce jour-là, je passais au moins une heure par jour dans le dojo, il m’avait expliqué comment y accéder et utiliser Kat, une intelligence artificielle qui gère l’ensemble de la tour quand personne n’y est. En une semaine j’arrivais à utiliser mes armes avec une facilité déconcertante, fluide et rapide, aucun ennemi du dojo ne me battait ni même ne me touchais. Chose qui n’était pas le cas au début de mon entrainement. Sieg m’avait offert deux pistolets, les deux armes supplémentaires de Leo, deux M1911, un noir et un gris, appelé Ébène et Ivoire, incrustés « Ebony & Ivory ». Tir rapide et munitions illimitées, armes modifiées avec la technologie de leur peuple.
Vendredi 12 octobre 2012, je finissais les cours à trois heures, je suis parti au dojo m’entrainer seul, personne ne savait où j’allais, de plus, personne ne pouvait me contacter, mon téléphone était relié à l’ordinateur pour que Kat me prévienne des messages que je recevrais. Je partais alors m’isoler, face à une armée d’ennemis, en mode enregistrement, de manière à ce que mes actions et capacités soient recensées pour qu’il puisse suivre mon évolution, je me battais bientôt depuis deux heures, quand Kat m’envoya. « Sieg est rentré Monsieur » (Monsieur, j’aime avec quel prestige elle me traite) « Évite le monsieur s’il est plait » il avait stoppé les vagues d’ennemis pour me parler.
« J’ai regardé les derniers résultats, tu t’es beaucoup amélioré !
– J’ai presque tout mon temps libre ici aussi.
– Je sais bien, et ça se voit. J’ai quelque chose à t’apprendre, tu dois pouvoir utiliser maintenant l’apparence de Leo, premièrement je vais te montrer comment, ensuite je vais te demander de choisir ton apparence, basée sur celle de Leo, tu l’utiliseras pour rester anonyme, ou juste pour frimer si ça peut t’amuser. Tu peux te transformer lorsque tu demandes à Leo de le faire, ou en te concentrant sur l’apparence que tu souhaites prendre, donc soit celle de Leo, soit celle que tu créeras au fil du temps. Je te laisse t’entrainer là-dessus, je veux que tu puisses te transformer en moins de deux secondes, alors au boulot ! »
Nouvelle chose pas si simple, la transformation, je savais que je pouvais faire appel à Leo, mais je ne voulais pas, il fallait que je me concentre sur mon apparence, celle de Leo donc. Son aura commença à bruler autour de moi, me rendant de plus en plus brillant et comme la première fois, mon changement d’aspect se fit dans un immense éclat de lumière. En quelques instants j’avais pris son image. « Kat, envoie-moi des vagues de niveau un, je veux pouvoir me transformer en me battant. » Chose plus compliquée que ce que je ne l’imaginais, se concentrer sur mes attaques et sur la transformation. Au bout de deux heures d’entrainement, j’arrivais à me battre et changer d’aspect en moins d’une seconde. Sans faire appel à Leo. À ce moment Sieg me ramena dans la tour.
« Bien, tu apprends vite, demain je t’apprends à contrôler les pouvoirs temporels et tu devrais être à peu près prêt pour te battre tranquillement.
– D’accord. Mais dis-moi, tout à l’heure tu m’as parlé d’une apparence dédiée à moi-même, à quoi est-ce qu’elle correspond en fait ?
– Tu possèdes un second aspect, parce que tu es jeune, cet aspect est en fait le reflet de toi dans le futur, il change par rapport à ce que tu fais et ce que tu deviens, le futur est lié au passé, donc tu as le contrôle total de cette image temporelle de ta personnalité.
– Et il a un nom différent du mien ?
– Il s’appelle Adam. Mais normalement il ne devrait pas avoir un nom différent, j’ai l’impression de cette fille est loin d’être insignifiante dans tout ça, quand je l’ai regardé la première fois il ne portait pas ce nom.
– Mais quel lien ai-je avec elle ?
– Je n’en ai strictement aucune idée, comme je te l’ai déjà dit, toi et Leo portez un certain attachement à cette personne, mais je n’arrive pas à savoir ce que c’est. Comme si une partie du temps me restait inconnue. Ce n’est pas normal, seulement je ne peux rien y faire. »
Quand je suis parti, je n’avais pas remarqué au début que j’avais gardé mes armes sur moi, mais je ne les voyais pas, personne d’autre d’ailleurs. Sieg m’a dit plus tard que mes armes ne se voient pas directement, mon tatouage les masques et elles n’apparaissent que quand je le veux, quand j’entre dans la tour, ou dans les limbes. Seulement j’avais une question qui me trottait dans la tête, que est-ce que c’est ces limbes ? Il fallait que je trouve des réponses. Le lendemain, je me rendais à la tour, comme il me l’avait demandé, tout était déjà prêt, j’entrais alors dans le dojo, quand Sieg prit la parole.
« Aujourd’hui je vais changer ta vie. Tu possèdes un énorme pouvoir, celui de maitriser le temps et il est dans mon devoir de t’apprendre à l’utiliser. Je vais commencer par simple, les portails d’Hypérion. D’abord tu dois savoir qu’ils ne fonctionnent que minimum deux par deux. Un seul ne sert à rien, à partir de trois les choses se compliquent un peu, tu peux choisir de dédier le troisième comme une sortie du second et le second comme la sortie du premier. Ce n’est qu’une question de création et de couleur. Enfin, tu portes une bague en xarh noir, elle lie les portails, la partie grise est l’anneau principal, les secondaires sont les deux bords, les chaines sont des tertiaires, ou Infiniteum. Ceux-ci te permettent de te téléporter sur des distances supérieures à une année-lumière. Je te laisse te perfectionner, pour poser un portail tu n’as qu’à penser à la zone que veut, comme pour la transformation, d’après ce que tu as fait hier, ça devrait être simple pour toi. Après, je t’apprends la gestion du temps.
– OK chef ! »
Il n’avait pas tort, c’est un jeu d’enfant, facile, rapide, c’est juste une question de précision, je partais d’un endroit, arrivais de l’autre côté, mais j’étais perfectionniste, alors j’ai appelé Kat « Kat, envoie-moi des vagues en catégorie deux » et je travaillais mon esquive, de nouveaux coups en utilisant les armes à ma disposition et ces portails dimensionnels. Et une fois encore, j’étais maitre dans une nouvelle discipline que je venais d’aborder que quelques minutes auparavant. Et Sieg me rappela une fois de plus.
« Bravo, tu es bien plus doué que ce que je pouvais l’imaginer, tu m’impressionnes de plus en plus. Maintenant on passe au plus dur, je vais venir avec toi dans le dojo et je vais t’expliquer comment fonctionne le voyage temporel.
– Je t’attends. »
Et quelques secondes plus tard.
« Alors, une fois de plus, un de tes bijoux va servir, ta bague antistress tournera lorsque tu avanceras ou reculeras le temps. De nouveau, tu n’as qu’à te concentrer sur l’époque dans laquelle tu veux aller, mais cette fois-ci, tu ne feras rien sans moi, que si on se perd je puisse nous ramener. Tu peux aussi utiliser cette technique pour restaurer ton corps à un état antérieur, comme si tu es blessé, tu n’as qu’à te restaurer à un moment où tu étais intact.
– Tu n’as pas confiance en moi ?
– Si, mais on ne sait jamais, au cas où.
– OK, alors ou on va ?
– Je ne sais pas, c’est comme tu veux.
– 15 mars 1612, le dernier jour où j’ai vu Nikki, je veux savoir ce qu’il lui est arrivé.
– C’est toi le chef l’ami, je vais essayer de partir là-bas. »
Cette fois-ci, des éclairs tournaient autour de moi, je me concentrais sur cette date et en moins de dix secondes nous avions disparu. Nous nous sommes retrouvés dans une petite maison en pierre, sombre avec une petite fenêtre, c’était l’aube, on pouvait voir au loin la tête de la Tour de Verre, à une centaine de kilomètres environ. Je n’avais pas changé, Sieg était à côté de moi, les yeux rivés sur la légère ouverture de la porte. Il m’interpela en chuchotant.
« Ils sont derrière cette porte, je me souviens de cette époque, nous étions partis tuer le mystique Argosax, lorsque nous sommes revenus, nous avions retrouvé le corps de Nikki. Leo n’a jamais voulu savoir qui l’avait tuée, ni comment, je pensais qu’il me cachait quelque chose à cette époque, qu’il se faisait son idée sur qui avait pu la tuer, maintenant qu’il veut savoir ça ne doit pas être sans raison.
– Je sais qui l’a tuée, je veux en être certain. De plus l’interaction que tu as eue avec cette fille, je connais cette signature énergétique, je veux confirmer mon idée rien de plus. J’aimerais que tu la suives, sans te faire voir bien sûr. Je veux tout savoir.
– OK Leo, je m’en occupe.
– Si tu as besoin d’aide, n’hésite pas, je suis toujours avec toi.
– Ne t’inquiète pas, j’y penserais. »
Je m’étais alors déplacé à côté de la porte, regardant par l’ouverture. Leo était déjà parti. Et elle était là, elle se tenait devant la table, en train de cuisiner. C’était une femme magnifique aux formes sublimes. Un visage radieux, avec un petit sourire au bout des lèvres. (Je comprends pourquoi Leo l’aime autant) Elle portait une tenue assez hors du commun pour cette époque, comme Leo. Une tunique moulante au teint rose proche de celui de la peau. Des épaulières en métal, gantelets et jambières assortis bleus. Et un bandeau autour de la tête dont le bout lui pendait derrière la tête. En la regardant plus longuement, j’avais remarqué qu’elle avait une petite ressemblance avec cette fille. Je pensais avoir compris ce que Leo avait en tête. Je devais la suivre, pour comprendre qui l’avait attaquée, mais Leo voulait quelque chose en plus. Je suis sorti de la maison un peu après elle, l’observant avec un peu plus de vingt mètres de distance. J’utilisais la vision d’aigle pour ne pas la perdre, elle m’apparaissait comme cette fille, une aura blanche, écarlate presque. Une âme pure et puissante. J’avais dû mal à croire que j’étais dans le passé, tout était si différent, rien de notre monde moderne et développé n’existait. Toutes les bâtisses étaient en pierre, pas de route, que des chemins de terre. L’apparence des passants m’était très peu familière, tous dans les mêmes tons de couleur, marron, vert sombre, jaune sombre, ocre, peu ou pas de noir et blanc, encore moins de couleurs très tape-à-l’œil que l’on peut voir de nos jours. Un style plus rustique, pourtant plus sobre, quand on regarde les horribilités que l’on peut voir aujourd’hui. J’avais pris soin de changer d’aspect pour mieux me fondre dans la foule. La filature m’avait conduit sur une grande place pavée, des maisons autour, et une église en face de moi. Vers le centre une estrade, ou plutôt une série de planches posées sur des tréteaux. Un homme habillé en noir s’y tenait dessus, face au prêtre, deux érudits à ses côtés et quatre gardes au coin de cette estrade. Une autre série de gardes se tenait à l’avant, pour empêcher les villageois d’y monter. (Quel genre de cérémonie pouvait se tenir ici ?) L’homme en noir était assez grand, trapu et un peu enrobé. Un noble à première vue, sa tunique était parée de fils d’or. Quand il se tourna vers la foule, j’ai commencé à observer son visage. Quelques rides, une barbe, un visage rond. Peu après, le prêtre s’avança vers l’avant de l’estrade et commença à parler.
« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, je demande votre attention. Le baron Antonio Barbarigo à une annonce de la plus haute importance à faire. »
Barbarigo, ce nom me disait quelque chose, mais je n’arrivais pas à m’en souvenir. Je n’avais pas oublié mon objectif, je m’étais appuyé contre un pilier d’une zone couverte, Nikki se trouvait à l’autre bout. J’entendais le discours du baron sans l’écouter attentivement, j’étais comme aimanté à la beauté de la femme de Leo. Quand je fus interpelé par une voix résonante dans ma tête. « Souviens-toi Tanguy, elle aussi est un assassin, si elle est ici, c’est parce qu’elle doit avoir une idée en tête. Alors, surveille-la d’un œil et essaie d’écouter le discours de Barbarigo » Puis, pointant mon regard vers cet étranger.
« Si je suis ici, c’est parce que je recherche en particulier deux étrangers et je fais appel à vous, pour les dénoncer. Ce sont tous deux des assassins qui nous veulent du mal. Retrouvez-les et livrez-les aux autorités. Ils ne doivent pas se sortir d’affaire si facilement. »
Joli discours, mais je doutais qu’il soit porté pas la vérité des choses. Certes c’étaient des assassins, mais qui voulaient du mal au peuple, ça jamais. À lui peut-être. Quand Antonio commença à descendre de l’estrade, Nikki s’y dirigea. Elle s’était couverte d’une capuche, pour ne pas se faire remarquer. Doucement je commençais à en faire de même, me déplaçant dans la foule, me rapprochant des planches. Quand d’un coup, elle s’élança sur le prêtre, rapide et imperceptible. En l’espace d’une seconde, il était au sol. Elle était repartie aussi tôt, il n’était pas sa seule cible apparemment. Leo me stoppa dans mon élan. (N’agit pas, ne change rien à ce qui a pu se passer. C’est beaucoup trop risqué) Logique j’avais envie de dire. Je suis alors monté sur l’estrade, recherchant la signature de Nikki. Je l’ai aperçue quelques secondes après, elle se dirigeait vers la voiture de Barbarigo. S’accrochant à l’arrière pour ne pas la perdre. Je les avais suivis en volant, m’assurant que personne ne me voie partir. Au bout d’une dizaine de minutes, ils s’arrêtèrent au milieu d’un chemin, sortirent de la voiture et se dirigèrent vers une grande maison isolée. Je les observais de haut, quand ma cible descendit à son tour et se dirigea lentement vers Antonio. Elle se précipita sur lui, mais il eut le temps d’anticiper son attaque, si bien qu’il l’avait attaqué à son tour en lui plantant un poignard dans l’estomac. Le choc que cela m’avait procuré a failli supprimer la vigilance de mon vol et me laisser tomber. J’avais attendu qu’ils s’éloignent un peu, et je m’étais approché d’elle. Je n’ai rien voulu faire, je ne pouvais rien faire, dans un dernier geste, elle arracha un pendentif de son cou, me le tendit et me dit « Tu donneras ceci à Leo, dis-lui de ne jamais le quitter, de toujours le garder avec lui » ceci aura été ses dernières paroles, puis elle perdit la vie à côté de moi. Ma rage m’envahissait et une envie irréprochable d’aller arracher les membres de ses saletés. Mais je me suis souvenu de ce que m’a dit Leo, alors j’ai passé le pendentif de Nikki autour de mon cou et je suis revenu dans mon temps. Je suis ensuite monté sur le toit, il était dix-neuf heures, je me suis appuyé sur la rambarde et j’ai commencé à regarder la ville.
La vie est une chose si fragile, elle peut basculer d’un moment à l’autre, en une fraction de seconde, mais pourquoi est-ce toujours les meilleurs qui partent les premiers ? Que font-ils de plus ou de moins pour mériter ce terrible sort ?
« Monsieur, je crois que quelqu’un a trouvé la tour, je la laisse entrer ?
– Qui est-ce ?
– La fille avec qui vous avez eu cette interaction énergétique.
– Elle est ici, mais comment ? Tu peux savoir si elle peut voir la tour.
– Oui, sinon elle ne serait pas là, répliqua Sieg qui fit son apparition.
– Pas forcément, elle peut très bien ne pas la voir et avoir été guidée par cette interaction. J’opterai pour cette solution, je pense qu’elle est venue chercher quelqu’un, ou quelque chose, mais elle ne peut pas voir la tour, j’en suis certaine.
– Mais que est-ce qu’elle veut alors ?
– Je crois savoir…
– Le pendentif que t’a donné Nikki, quitte-le et laisse-le tomber en bas. »
J’ai donc pris le collier et je l’ai lâché. Il est tombé dans une sorte de spirale, amortissant sa chute, puis il disparut. La fille passa alors à côté, le ramassa et repartit. Mais une question me trottait dans la tête.
« Leo, tu peux m’expliquer un peu tout ceci ?
– Rien n’est anodin, rien ne se fait par hasard et sans raison, puisque le hasard n’existe pas, toute chose à sa raison d’exister. Et en l’occurrence, ma théorie s’est avérée exacte. Sa signature énergétique, je crois que je la connais. Pour commencer, je t’ai envoyé dans le passé, je n’étais pas convaincu du fait que l’âme de Nikki ait été préservée malgré mon grand espoir. J’ai voulu assister à sa mort et comme je l’avais pensé, elle n’avait pas disparu. Au moment où tu la tenais dans tes bras, son âme est repartie. Ceci pourrait expliquer pourquoi cette fille possède une signature semblable, j’imagine qu’elle la choisit pour être son hôte.
– C’est pour ça que tu m’as demandé de jeter le collier ?
– Oui, elle ne connait pas son existence, comparée à toi qui savais depuis ton enfance que tu étais différent des autres.
– Et il lui permettra quoi ?
– Rien dans l’absolu, à part compléter son médaillon et animer Nikki par la suite. Si je veux m’assurer que c’est elle, ça sera à toi de la réveiller.
– Mais…
– Ne te presse pas, on a tout le temps du monde ! Je te demande d’en savoir un peu plus. La façon que tu utiliseras pour le faire c’est toi qui en décideras. Mais avant j’ai d’autres choses à faire.
– Et ça ne te pose pas de problèmes de savoir quelle est là, sous tes yeux, mais que tu ne peux pas l’avoir ?
– Déjà, après toutes ces années sans elle, savoir qu’elle est en vie me réconforte, ensuite, je suis lié à toi, donc j’utilise en ce que tu ressens pour elle.
– Quoi ? Comment tu sais ça ?
– Je sais beaucoup de choses sur toi, je sais tout ce que tu ressens, je suis lié à toi, je meurs, tu meurs avec moi et inversement.
– Et quelles sont ces choses que tu voulais faire, qui ont l’air plus pressantes ?
– Je t’ai dit une fois que tes amis n’étaient pas comme tout le monde, qu’eux aussi étaient différents. J’ai l’intention de reformer L’Ordre et j’ai besoin d’eux.
– Et tu sais qui est qui ?
– Non, il te faudra le découvrir, trouver le moyen de les réveiller, ensuite de leur attribuer leurs armes. J’ai besoin d’eux pour ouvrir le Tombeau des Anges.
– Le Tombeau des Anges ?
– Images emblématiques de notre présence. C’est, d’après la légende, les corps élevés qu’on prit nos ancêtres, du moins ceux qui nous ont offert nos pouvoirs. Notre véritable force réside en eux. Et nous avons besoin d’eux.
– Et pourquoi il nous les faut ?
– Rassure-toi, je te l’expliquerai en temps voulu. »
Je suis reparti chez moi grâce à mes nouveaux pouvoirs fraichement acquis. J’avais encore en tête ce que je venais de voir, horrifié et anéanti par la mort de cette femme.
« Ce monde me dégoute !
– Pourquoi ça ?
– Tu le sais très bien, pourquoi il faut toujours que les personnes à qui on tient le plus s’en aillent ?
– Parce que depuis la nuit des temps et dans toutes civilisations, on s’attache aux êtres les plus valeureux, les plus braves, c’est parce qu’ils se battent pour nous qu’ils risquent leurs vies pour les nôtres qu’ils partent les premiers. On ne peut pas sauver tout le monde, tu sais.
– Je sais, mais on devrait sauver les personnes que l’on aime ! On s’attache à eux et, à chaque fois, c’est au moment où l’on se dit que l’on peut plus vivre sans elles, qu’on nous l’enlève. Nous laissant un vide immense, une douleur insurmontable et une rage que personne ne contrôle.
– Je sais, mais pour l’instant ce n’est pas toi que ça concerne.
– Oui, mais de toutes les façons, je sais que ça m’arrivera, c’est toujours comme ça…
– J’ai une petite anecdote pour toi. Lors de la guerre d’indépendance des États-Unis, j’ai aidé Lincoln à s’en sortir, je le suivais depuis sa naissance. Sa légende est fondée, mais pas comme elle le devrait. On ne retient de son histoire que ses actions comme Président, mais on ignore sa véritable identité. Même si ça parait dur à croire, Abraham Lincoln était bel et bien un chasseur de vampire. Je n’en ai pas connu de meilleur, j’avais même du mal à croire qu’un humain pouvait être capable de ce qu’il faisait. C’est l’un de ceux qui m’ont donné cette confiance en la nature humaine. Notre mentor à cette époque nous a dit une fois : “Ne vous attachez jamais à une personne, sa potentielle mort pourrait vous toucher et vous rendre vulnérable.”
– C’est bien ça le problème, l’homme en lui-même, est par définition, fait pour vivre en communauté et vivre accompagné. De plus je me vois mal faire ma vie, seul.
– Je te l’accorde, je ne te demande en aucun cas ceci. Je vais changer son idée. Je vais te dire, ne t’attache pas à quelqu’un que tu ne pourras pas protéger ou qui ne pourra pas se protéger elle-même. Si aucun de ses deux cas n’est possible, offre-lui les moyens de se défendre.
– C’est un choix oui. Ah au fait, tu m’as parlé des anges, tu peux m’en dire un peu plus ?
– Dix anges, ils ont changé de nom à la suite de leur élévation. Toshiie pour Kilik, Keiji pour Zasalamel, Arcanthos pour Axion, Sakon pour Mitsurugi et Losara pour Raphaël. On dit que Sieg aurait aussi un ange appelé Elidian.
– Et tu es ?
– Toshiie, le guerrier aux mille faces. On le nomme ainsi, car au départ, ils ne lui ont pas accordé l’élévation. Il s’est alors retrouvé dans les enfers. Son courage et sa force lui permirent de remonter le Styx, c’est ici qu’il acquerra des âmes damnées envoyées ici au même titre que lui, mais qui n’avaient pas gardé leurs corps comme lui. Les principaux sont Matthew Gaul et ses pouvoirs des ténèbres, Drake qui lui offrit son armure multiforme, Damian et sa foudre, Kyler et sa maitrise du vent, Vayl, le tueur de Chronos. Il finit par acquérir sa forme élevée grâce à un Onyx, qu’il sauva en fusionnant avec. Son nom était The Pretorian.
– Tu parlais bien de dix anges ?
– Par définition, ce sont leurs femmes respectives, mais rien ne prouve que c’est elles. Ce n’est qu’une légende après tout.
– Tu as l’air de vraiment y croire pourtant.
– Je sais, seulement leurs pouvoirs sont le seul moyen de l’anéantir définitivement.
– Qui ?
– Akziel, le seul qui ait réussi à me tuer, je ne sais pas d’où ça me vient, mais j’ai une certaine haine contre lui, qui ne vient pas que de mon passé, si seulement je pouvais le retrouver.
– Et tu penses qu’avec ce que je peux t’offrir en plus on y arrivera ?
– Je l’espère, toi et tous tes amis.
– Mes amis, ah oui, mais il faut que je sache qui je dois réveiller.
– C’est là que je vais faire appel à toi, plus précisément en ce que tu vas devenir, j’ai besoin d’Adam pour accomplir cette tâche.
– Adam, mais je ne sais même pas à quoi il ressemble.
– Pour l’instant, à moi, mais il me faut l’apparence qu’il aura dans quelques années. C’est pour ça que je te demande de partir au moins une semaine, pour passer un an, cinquante ans plus tard.
– Mais je…
– Je sais que ça peut te faire peur, mais j’ai confiance en toi, je sais que tu en es capable. Débrouille-toi juste pour pouvoir t’absenter une semaine dans ce monde. Le reste je m’en charge. »
Durant tout le weekend, Leo m’avait fait voyager à travers les époques, me montrant la façon dont le monde avait changé, depuis le jour de son arrivée, grâce aux actions qu’il avait effectuées, ou simplement par rapport aux évolutions qu’il avait subies. Il m’avait fait refaire toutes ses batailles, pour me tester qu’il disait. Il m’avait expliqué comment fonctionnait la jauge d’énergie de mon tatouage, chaque voyage temporel, ou chaque portail consommait de l’énergie. Et qu’une fois la jauge vide, mes pouvoirs utilisaient mes capacités vitales. Il m’a appris à éviter d’atteindre cette limite, entrainé mon endurance, ma force, ma vitesse, ma réactivité. Tout pour me rendre plus puissant. Au final aucun ennemi ne me battait. Même pas un niveau dix. J’avais atteint son niveau et accru le sien.
J’avais maintenant, une force et un élément de persuasion non négligeable. Je pouvais changer la façon dont les autres me voyaient, me rendre plus invivable. Augmenter ma notoriété et jouer avec le monde. Montrer aux autres ma vraie valeur et remettre en place celle d’un guerrier tellement connu que le temps l’a oublié. Leo m’avait dit que mes pouvoirs avaient des risques, que leur utilisation me détériorait la santé. C’est pour cela qu’il voulait faire appel à Adam, il m’apporterait une solution à ces soucis. Soucis qui d’ailleurs ont commencé bien avant que Leo n’apparaisse. Son implantation aurait causé déjà des dommages à mon système. Et que si je continuais à ce rythme, dans un an je serais mort. Alors j’ai essayé de limiter leur utilisation durant les deux semaines qu’il me restait avant de partir dans le futur. Lundi 15 octobre 2012, depuis le début de la journée, j’avais l’impression que quelqu’un m’observait, je n’arrivais pas à trouver qui, mais cette présence de plus me dérangeait quelque peu. De plus, j’étais très malade. J’avais la tête qui tournait à longueur de temps, une migraine atroce, accompagnée par des maux d’estomac terrible. « Tient bon jusqu’à midi, je vais demander à Kat de te préparer quelque chose pour te soigner. » Me dit Sieg terrifié par mon état de santé. J’avais pour coutume d’arriver avant tout le monde en cours, pas parce que j’aimais les cours, non loin de là, c’était en fait un moyen de narguer les autres. J’étais aussi généralement le dernier à sortir, là c’était une volonté personnelle qui n’avait aucun sens propre. Ce jour-là, j’étais resté dans un coin du couloir, trop faible pour remonter dans le préau, on ne me voyait presque pas, du moins sans savoir que j’y étais. (Excuse-moi, j’ai abusé des pouvoirs sans imaginer que je t’avais déjà affaibli. Je n’aurais pas dû t’en demander autant. Une fois que l’on aura récupéré Adam, tout ceci s’arrêtera.) J’étais parvenu à me remettre sur mes jambes, mais j’ai commencé à vomir du sang quand quelqu’un vint me déranger.
« Eh Ben, c’est du joli tout ça, à vouloir faire le malin regarde comment ça fini.
– Qu’est-ce que ça peut te faire ?
– Rien, tu me faire rire. Tu fais n’importe quoi et tu te ruines la santé. Mais après c’est ton problème.
– Parce que tu crois que n’en fait pas autant en fumant ?
– Euh… Si. Mais moi au moins, je ne crache pas mes tripes.
– As-tu la moindre idée de ce qui peut me causer ceci ?
– L’alcool !
– Laisse-moi rire, lui répondis-je dans un éclatement de rire. Tu es loin du compte ma petite Émeline. Mon monde est tellement différent du tien, toi qui refuses de grandir. Pour toi tout est beau et on peut faire ce que l’on veut, quand on veut. Déjà le monde n’est pas comme tu le vois, tout n’est qu’illusion. Dans le vrai monde, tout est sombre, détruit, chaque élément essaie de te tuer, une petite gamine comme toi, n’a aucune chance d’y survivre. Voilà pourquoi ils vous cachent tout, pour éviter de vous faire peur.
– Pff tu racontes que des conneries.
– Tu sais comment est Leo, tu l’as vu comme tout le monde ce jour-là. Non il n’y avait pas d’effets spéciaux, non, je n’avais pas de corde pour me faire partir. Et oui, je sais voler, je voyage dans le temps, dans l’espace, manie une épée et deux pistolets à tir rapide. ET pour finir, NON tu ne rêves pas. Si mes paroles ne te suffisent pas alors, va voir ailleurs si j’y suis.
– Non, je ne te laisserai pas partir tant que tu te foutras de moi !
– Tais-toi ! Je n’ai aucun ordre à recevoir de toi. Si tu penses m’intimider, tu te trompes, ton caractère est minable. Hors de ma vue ! »
Et elle s’en alla, vexée et brisée par les paroles de cet être arrogant et puissant. Il avait affronté des adversaires plus méchants qu’elle, rien ne lui faisait peur désormais. J’admirai son franc parlé et sa voix puissante. (Profite de la notoriété que je t’offre, de cette présence sure dimensionnée que je te souffle pour imposer ta façon de voir les choses. Tu as la chance d’avoir l’esprit très ouvert. Fais profiter les autres de cette expérience supplémentaire.) J’avais toutes les clés en main, ou presque. J’avais toujours ces soucis de santé que je réglais à l’heure du repas. Sieg m’avait ramené une potion verte au gout de menthe dans une fiole en forme d’étoile. Au moins c’était efficace, j’étais sur pied en moins de deux. L’après-midi, je m’étais mis en tête d’appliquer le conseil de Leo, j’ai voulu jouer avec le monde. J’avais le choix entre trois matières différentes, Maths, Espagnol, Physique et Image. J’avais éliminé l’espagnol dès le début, c’était déjà le bordel alors je n’avais pas envie de jouer dans le vide. Maths, j’aurais pu, mon prof est assez bien, mais je n’avais pas envie de l’enterrer. Physique, jamais, ce prof m’aurait tué. Donc il me restait Image. Là aussi mon prof ne me le pardonnerait pas, seulement j’avais déjà une petite et violente rage envers lui, sa façon d’être et son comportement m’exécraient. Et puis qu’est-ce que j’en avais à foutre ? Je le surnommais l’Ours, à sa carrure imposante et large, à sa grande gueule qu’il ne peut s’empêcher d’ouvrir et à sa voix puissante et lourde à écouter. Il avait la manie de finir presque toutes ses phrases par « oui, ou non ? » La façon qu’il avait de le dire, l’intimidation qu’il posait dans son ton de voix obligeait à lui répondre oui dans tous les cas. Mais j’avais envie de changer la donne. Jouer avec le monde comme le voulait Leo. Mais j’avais besoin d’un moment, d’un argument à poser sur une parole pour lui barrer la route, m’imposer sur son chemin en trouvant le moyen d’y répondre non et bien sûr, de poser des arguments à ce non. Mais quoi ? Quand ? Lorsque dans un moment d’inattention de ma part, il m’interrogea.
« Tanguy.
– Euh, oui c’est moi oui, que me veut-on ?
– Réponds.
– À quoi ?
– Tu n’as pas entendu ma question ?
– Clairement et pour être franc, je dirais plus que je ne l’ai pas du tout écouté.
– Tu te fous de moi !
– Euh, non, bien sûr que non, je n’oserais jamais !
– Tu te fous de ma gueule ! Tu ne m’écoutais pas ?
– Non pas du tout non, j’ai autre chose à penser qu’écouter les conneries que votre “gueule” peut débiter en une minute.
– OH, soit tu te calmes, soit tu dégages ! m’envoya-t-il en m’agressant.
– C’est une bonne question, je n’ai pas envie de dégager, mais ce n’est pas vous qui me calmerez.
– Tu vas voir si je ne vais pas te calmer moi, je vais t’en coller une !
– Oser me frapper voudrait dire que vous prendriez le risque de vous faire virer et donc de ne plus pouvoir emmerder des prétentieux comme moi !
– Ce n’est pas grave je prends le risque.
– À vous alors d’essayer de m’atteindre, je vous le dis d’avance, ce ne sera pas une chose facile.
– C’est ce que tu crois ça ! »
Depuis le début de ce débat, je me déplaçais dans toute la salle, avec une gestuelle arrogante et provocatrice. Face à cet ogre, dont sa prestance seule pose une imposition assez grande. C’était presque si au final, je ne me foutais pas de sa gueule, mais attendez. C’est ce que je faisais ! Je le faisais rager, chaque fois qu’il essayait de me toucher, il me ratait. Et moi je m’amusais de cet être qui avait un espoir et une envie indestructible de me virer. Lorsque j’étais arrivé à l’épuiser, je repris.
« Vous avez un caractère fort et imposant, mais insuffisant face à moi. Je sais, je fais mon chieur et je vous oblige à vous fatiguer et vous laisse une haine pour ma personne que rien ne pourra effacer. Et bien vous savez quoi ? Tant mieux ! Mais j’ai envie de vous faire plaisir, je vais m’en aller, pas parce que vous me l’avez demandé, mais parce que vous m’emmerdez. Seulement si vous osez vous en prendre à une personne de cette classe pour ce que je viens de faire, je reviens et vous égorge sur le champ ! OUI OU NON !
– Oui… me répondit-il d’une voix faible et apeurée. »
Et, prenant mon sac, je me dirigeai vers la porte et partis. Laissent toute la classe aberrée par ma réaction, sans même m’occuper de ce qu’il pourrait s’y passer sans moi, je savais juste qu’à partir de ce point, beaucoup de choses changeront. En m’en allant, j’ai croisé mon prof principal qui m’interpela.
« Tanguy, tu t’es fait virer de cours ?
– Oui, enfin non, je me suis viré de cours.
– Quoi, mais enfin !
– Les choses changent monsieur, vous ne savez rien de moi, vous avez beaucoup à apprendre d’un mystère vivant tel que moi.
– Mais… »
Et j’avais disparu avant qu’il ne puisse finir sa phrase.
Les choses changent, le monde évolue, en laissant certains à la traine, soit parce qu’ils n’ont pas la capacité de suivre, soit parce qu’ils veulent vivre à leur rythme. Et à chaque fois, il y a quelques exceptions qui imposent leur monde. Des personnes comme moi. Qu’ils veuillent ou pas se faire à l’existence de Leo, c’est leur problème. De toute manière, il faudra bien qu’ils l’acceptent, je n’allais pas le cacher juste pour leur faire plaisir. Le monde avançait et j’imposais désormais une présence plutôt importante, voire envahissante. Personne n’avait revu Leo, parce que je ne m’étais pas retransformé. Je n’avais pas trop l’utilité de le faire d’ailleurs. Mardi 16 octobre 2012, Hubert m’avait demandé de passer le voir au lycée.
Hubert est un très bon ami à moi, c’est aussi un des surveillants de mon ancien lycée. C’est une personne en qui je pose une grande confiance et qui en fait de même avec moi. C’est le genre de personne dont je n’ai pas envie de me séparer, je crois que c’est aussi l’une des seules personnes à qui je peux parler quand j’en ai vraiment besoin.
Je sortais du lycée, quatre heures, j’avais une demi-heure pour descendre et remonter chercher la petite chieuse qui servait de copine à mon meilleur ami. Descendu au lycée, je suis monté en étude, car c’est ici qu’était Hubert, j’ai appris en arrivant devant la porte, que la classe qu’il surveillait était celle de Loïc. Beaucoup ne me connaissaient pas d’ailleurs et je ne les connaissais pas guère plus. J’ai alors pris une chaise et me suis mis sur l’estrade, derrière le bureau comme lui. Et j’ai commencé à scruter la salle pour examiner les nouvelles têtes qui s’y trouvaient. J’ai ensuite commencé à discuter un peu avec mon ami :
« Tu n’imagines même pas à quel point ça m’est bizarre de me retrouver ici. Que ce soit dans le lycée ou rien que dans cette salle d’étude.
– C’est sûr, maintenant tu travailles quand tu es au lycée comparé à ici.
– Tu sais j’ai jamais rien foutu dans cette salle. Mais oui, mais c’est surtout que maintenant quand j’ai une heure de libre je sors.
– Oui forcément.
– Et puis là, sur l’estrade comme un surveillant.
– Tu sais, si tu veux faire ton surveillant, tu vas voir ton ami là et lui confisques le portable.
– OK, si tu veux. »
Je le suis levé de la chaise, debout sur l’estrade, et j’observais tous ces nouveaux qui ignoraient ma présence et ne me connaissais pas du tout. J’avais encore cette idée en tête, m’imposer. Malgré la faible hauteur de l’estrade, ma chute lourde et bruyante alerta et retourna tous les regards sur moi. J’avais ressenti une sorte de léger souffle durant la descente, qui je pensais, à du augmenter sa force, semblable à celui qui me freine quand je vole. Je commençais à faire le tour de la salle, observant tous ses occupants un par un en leur passant à côté. Chacun devait penser que j’étais un pion, un nouveau qui remplacerait Hubert. Pourtant je n’étais qu’un simple ancien élève de ce lycée, qui avait changé de part en part certes, mais dont personne ici ne connaissait son existence. Je m’étais placé au fond de la salle, appuyé contre le mur, activais la vision d’aigle pour voir l’aspect de ses jeunes. Presque aucune nuance, à part Loïc qui était totalement blanc, tout le reste virait à l’orange.
(« Étrange. Ils ont tous le même caractère, tu penses qu’ils sont influencés ?
– Plutôt influençables, ils sont jeunes, insouciants et inconscients, ils sont tous attirés lorsqu’on leur parle de choses qui leur plaisent, ils ne réfléchissent pas à ce qui peut se cacher derrière.
– Tu n’as pas tords, seulement ce ne sont pas des menaces c’est déjà bien »)
Je me suis ensuite dirigé vers mon ami, pour jouer comme Hubert m’avait demandé.
« Ce n’est pas bien ça, tu vas m’arrêter ça tout de suite parce qu’elle est en cours.
– Oui je sais bien, mais tant qu’Hubert ne me dit rien.
– Ben justement il m’a demandé de te le confisquer. Même si tu sais bien que je ne le ferai pas et qu’il m’a dit ça en plaisantant.
– Oui merci l’ami.
– Enfin bon ce n’est pas tout ça, mais j’en connais une qui va me gueuler dessus. Tu sais aussi bien que moi qu’elle est très chiante. D’ailleurs il faut que je vous parle d’une chose tout à l’heure, je le lui dirais surement avant à elle, mais il faut que je vous en parle.
– OK à toute alors. »
Et encore une fois, pour abuser de mon arrogance, j’ai commencé à partir en marche arrière, puis je me suis laissé tomber, sans jamais toucher le sol, car j’avais prévu ce coup, j’avais placé un portail en dessous et une sortie au-dessus de la cour, puis je suis reparti en volant. Vers quatre heures et demie, je suis arrivé à mon lycée, pas juste devant, je me suis un peu éloigné pour éviter que l’on me voie et je me suis mis devant l’entrée. Après avoir récupéré Justine, j’avais l’impression qu’une menace s’approchait, j’avais une bonne ouïe et je savais que si une voiture arrivait je l’entendrais. Pourtant, une espèce d’idiot avait bien l’intention de m’écraser, cependant j’étais plus réactif que ce qu’il pouvait l’imaginer. Je suis monté sur son capot et l’ai laissé freiner par lui-même. Pendant ces quelques secondes, Leo avait eu le temps de prendre place. Et l’autre idiot, sortant de son véhicule commença à m’insulter.
« Que est-ce que tu fais au milieu de la route connard !
– Excuse-moi, mais je n’étais pas au milieu de la route, c’est toi qui t’es jeté sur moi.
– Ouais c’est ça, tu cherches des excuses, en attendant t’as bousillé ma bagnole !
– Si tu veux, j’en fais une épave de ta caisse, répliqua-t-il frappant le châssis avec son pied, assez fort pour que la voiture traverse toute la route.
– Salopard, je vais te casser ta gueule !
– J’en doute fortement, lui répondit-il en sortant Rebellion.
– Euh, non je ne veux pas d’emmerdes moi, je te laisse hein. »
Il s’est enfui en courant, apeuré par la vue de mon épée. C’est à ce moment qu’arriva celle que je ne voulais pas voir.
« Tanguy ! Mais t’es dingue !
– Oui, comme tu dis je suis dingue. Mais qu’est-ce que ça peut te faire Émeline ? lui répliquais-je en reprenant ma voix normale.
– Ça fait que… Que tu ne peux pas faire ce que tu veux quand tu veux !
– Et c’est toi qui me dis ça ! Cruche que tu es, tu refuses de grandir et d’accepter que tu doives changer ton comportement. Tu es ignorante, tu manques de maturité. Grandis un peu, regarde le monde en face plutôt que de croire la vie belle et toute rose !
– Mais je…
– Réveille-toi ! Avant que je ne te réveille !
– T’es méchant avec elle Tanguy.
– Justine… En plus c’est toi qui me dis que tu les détestes. Et tu veux la défendre maintenant ?
– Euh, non pas trop…
– Alors je pense que tu seras d’accord avec ce que j’ai fait, même à mon avis ça n’aura servi à rien. Enfin bref, tu viens il faut que je te parle d’une chose assez importante, mais je pense que je vais attendre que Loïc soit avec nous ça sera plus simple.
– Et ça concerne qui ?
– Moi dans un premier temps, vous ensuite. Et quelqu’un d’autre.
– Et qui c’est ce quelqu’un d’autre ?
– Tu ne la connais pas, du moins pas personnellement, moi non plus, mais elle n’est pas innocente dans cette histoire. Je ne sais pas encore en quoi elle est importante pour moi et Leo, mais il faut que je le découvre.
– Mais pourquoi nous ?
– Je vous le dirai, mais je n’ai pas envie de le dire à toi et de le redire à Loïc, je préfère le faire qu’une seule fois. »
Une heure et demie plus tard, avec Loïc, je commençais mon discours.
« Voilà, pour commencer, il s’agit de moi, Leo veut que je parte dans le futur, cinquante ans plus tard exactement.
– Mais pourquoi ? Pendant combien de temps ? me fit Loïc étonné de cette annonce.
– Parce que mes pouvoirs m’affaiblissent, plus je les utilise, plus je me rends malade et le seul moyen d’arranger ça pour Leo c’est que je parte. Et combien de temps ? Un an maximum.
– Quoi, mais tu ne peux pas partir si longtemps. Je n’aurais plus personne moi quand Loïc ne sera pas là !
– Je ne pars pas si longtemps, je pars que deux semaines au final, pendant les vacances, la distorsion temporelle fera que je ne serai pas parti un an, même si c’est bien ce que je fais.
– Tu m’avais dit qu’il y avait quelque chose qui nous concernait ?
– Je ne vais pas vous redire tout ce que Leo m’a appris, mais simplement qu’il n’est pas censé être seul, d’autres êtres comme lui existent sur cette planète et il se pourrait justement que ce soit vous !
– Nous, mais pourquoi ? Tu en es sûr ? me répondit Loïc.
– Non, il me faut Adam pour en être certain et il faut donc que je parte.
– Et pour l’autre ? Me rappela Justine.
– L’autre… Je ne sais pas, je ne sais rien d’elle, à part qu’elle pourrait être la femme de Leo.
– Sa femme…
– Morte, telle que lui. Quand il m’a offert, enfin quand Sieg m’a appris à maitriser les pouvoirs temporels et les portails, Leo m’a demandé de partir dans le passé. Le jour où elle est morte, pour être sure qu’elle reviendrait.
– Et c’est tout ?
– Je crois que oui, le reste je vous l’expliquerais à mon retour. Enfin ce n’est pas tout, mais je vais aller m’entrainer moi. À plus !
– Eh, je n’ai toujours pas vu Leo moi ! Me dit Loïc en m’agressant.
– Ne t’inquiète pas, ça viendra ! »
Le lendemain, notre prof principal nous fait une annonce. Une de plus, mais qui cette fois-ci ne serait pas si innocente que les autres
« J’ai oublié de vous le dire plus tôt, mais la nouvelle arrive lundi.
– Et elle vient d’où ? lui demandais-je.
– Elle nous vient d’un lycée à Mende. »
Mende, préfecture de la Lozère et surement sa plus grande ville. C’est une belle ville, personnellement je l’aime bien, mais ce n’est pas pour autant que j’irai y habiter.
(« Une nouvelle, de Mende, si seulement…
– Qu’y a-t-il Leo ?
– Je crois qu’il s’attend à voir quelqu’un, quelqu’un que moi aussi j’aimerais voir, me répondit Sieg.
– Mais qui ?
– Sia, elle est la maitresse des limbes, elle a vaincu l’enfer pour nous protéger et c’est elle qui m’a appris à quoi sert la vision d’aigle.
– Les limbes ?
– Ce monde est une apparence, qui sert à cacher la vérité aux habitants de la planète.
– C’est ce qui est inscrit sur la tour.
– Exacte. Les limbes ont été créés par les démons pour nous tuer. Je ne sais pas comment t’expliquer ça, mais tu le sauras quand tu y entreras.
– D’accord. »)
Lundi 22 octobre 2012, c’était l’anniversaire de Loïc et aussi la dernière semaine de cours avant mon départ. Arrivé encore une fois premier en cours, j’ai attendu les autres puis j’ai vu arriver cette fille, lorsque qu’elle m’est passée devant j’ai eu le droit à un petit bonjour de sa part. Et en premier réflexe.
(« Elle me connait ?
– C’est elle !
– Tu en es sûr ?
– Aucun doute, elle m’a reconnu, sans même me voir réellement.
– Enfin dans tous les cas, elle est pas mal !
– Ne t’approche pas d’elle ! Elle est à moi !
– Sieg, j’ai dit ça comme ça, ce n’est pas pour autant que je vais m’amuser à la draguer. En plus avec le succès que j’ai auprès des femmes ! »)
Avec une petite présentation demandée par la prof :
« Comment t’appelles-tu ?
– Sia, Sia Williams. »
Et lorsqu’elle est repartie, elle m’a lancé un petit regard, rien que pour moi. (Elle me veut quelque chose celle-là décidément !) Tout autour de moi devenait différent, je commençais à reconnaitre de moins en moins le monde dans lequel je vivais. Une personne de plus à qui je devais prêter une certaine attention. (Mais pas trop quand même) Vers midi, j’attendais Justine pour manger avec elle, quand Sia me passa à côté, et me dit :
« Je sais ce que tu cherches…
– Quoi, mais comment ça ?
– Ne fait pas l’innocent, je sais qu’il t’a tout dit sur moi, je sais tout sur toi, je connais tout de toi…
– Mais…
– Suis-moi… reprit-elle en partant en courant.
– Ah, fais chier ! »
Je me suis lancé à sa poursuite, je suis alors sorti du lycée, j’ai regardé aux alentours et je l’ai aperçu. Tout commença à changer, les couleurs devinrent celle de la vision d’aigle, tous les bâtiments se déchirèrent, détruit, toutes les choses autour de moi avaient changé ! (Bienvenu dans les limbes.) Dès lors je me suis mis à la suivre, à essayer de la rattraper.
« Elle court aussi vite que moi ! Si ce n’est même pas plus !
– Oui je sais oui. »
J’avançais tranquillement quand la route devant moi se découpa et s’envola pour ne laisser qu’un trou.
« Wôw, je ne suis pas le bienvenu ici.
– C’est les limbes, elles essaient de te tuer.
– Mais pourquoi voudrait-elle me tuer ?
– Pas elle, les démons, Sia ne fait que te tester.
– Je vais lui monter de quoi, je suis capable alors ! »
J’ai pris un détour, pour rejoindre la rue principale de la ville. Tout avait totalement changé, des plateaux sur certains murs, des trous, les poteaux avaient été envahis par une sorte de plante noire ressemblant à du pétrole.
« Ah oui, mais non là c’est abusé quoi !
– Je sais, tu ne reconnais rien de ce que tu connais.
– Mouais, bon, elle est ou avec tout ça ?
– Regarde bien.
– Oh, ça y est, je la vois. Et t’es bien marrant, mais comment je l’atteins ?
– Rebellion t’offre un moyen de déplacement, Ophion, ce sont deux grappins, une angélique, qui t’attire vers ta cible, l’autre démoniaque, qui attire ta cible. Maintenant à toi de jouer avec l’environnement pour l’atteindre.
– OK, je sens que je vais bien m’amuser ! Mais attend, je peux voler, pourquoi je m’emmerde ?
– Non, tu ne peux pas voler dans les limbes, je ne sais pas à quoi c’est dû, mais le voyage temporel, la téléportation et le vol n’existent pas ici. Je ne sais pas pourquoi, mais je sais que tous mes pouvoirs y sont bloqués. Peut-être parce que je ne peux pas accéder seul à ce monde.
– D’accord.
– Tanguy attend !
– Que est-ce qu’il y a Sieg ?
– J’ai une dernière arme à te donner, Lucifer, elle te permet de lancer des lames volantes, que tu peux faire exploser comme bon te semble. Fais-toi plaisir, c’est une arme superbe, par contre, les lames que tu fais exploser dans un second temps ne font presque aucun dégât, les lames lancées sont par contre un peu plus efficaces.
– OK L’ami j’y penserai ! Bon où est-ce qu’il faut que j’aille moi ? »
Je me suis alors mis à la recherche de Sia, puis ai commencé à explorer les environs, malgré que je connaisse la ville par cœur, tout avait changé, tout autour de moi semblait détruit, des débris, des objets flottants dans les airs. C’était à la fois magnifique à voir et à la fois très effrayant. Certains objets portaient une tache de couleur, rouge ou bleu.
« À quoi peut bien servir cette peinture ?
– Sia te marque ce que tu peux utiliser avec chaque objet. Peins en bleu, ça sera l’envol D’Ophion, son côté angélique, peint en rouge, ça sera l’attraction démoniaque.
– Compris »
J’avançais à mon rythme, éliminant ceux qui voulaient s’opposer à moi, toujours avec une facilité assez importante. Je montais en étages, de plus en plus haut.
« Mais où est-elle ?
– Je suis derrière toi.
– AH ! sortis-je en sursautant. Tu m’as fait peur, t’es folle.
– Je sais oui. On me le dit souvent, me répondit-elle avec un petit sourire timide.
– Alors, pourquoi m’as-tu amené ici ?
– Pourquoi Leo n’apparait-il pas ?
– Ses pouvoirs sont bloqués ici, autant dire que je ne peux pas me transformer en lui.
– Oh, je ne savais pas.
– Il me faudrait sortir d’ici pour le faire apparaitre.
– Oui, mais je ne suis pas là pour lui, mais pour t’aider.
– Moi ? Mais, pourquoi ?
– Pour plein de choses, tu es différent de tous les autres, mais je n’ai pas envie que tu te fasses tuer dans les limbes.
– Je ne crains pas, je m’en suis sorti facilement. Puis tu n’as pas à t’occuper autant de moi, tu sais.
– Les démons sont très cruels, ils sont capables de tout pour t’éliminer. Et, tu sais, il y a beaucoup de monde qui tient à toi, en plus de moi et tes amis, certains que tu ne connais même pas…
– Ça me touche ce que tu me dis.
– C’est normal, je sais que tu aimes les personnes qui te disent ce qu’elle pense directement. Je sais beaucoup de choses sur toi.
– Mais comment, comment as-tu fait ?
– Je suis immortelle, je t’ai suivi durant toute ta vie, je t’ai cherché depuis le jour de ta naissance, mais tu ne m’as jamais vu.
– Et pour quelle raison ?
– C’est cette différence, qui a fait que Leo t’a choisi, qui fait qu’il faut que je t’aide pour éviter que tu meures.
– Mais quelle différence ? De quoi vous parlez ?
– Tu es un élu des anges, les Anges Saory, ce sont de puissants guerriers antiques qui ont vécu à l’époque de la mythologie grecque.
– Voilà pourquoi Leo a protégé ma famille.
– C’est exact, je savais pertinemment que vous en faisiez partie, mais ce n’est pas la seule raison tu le sais bien.
– En effet. »
J’avais atterri sur le toit de la Mairie, enfin presque, sur le bâtiment juste avant. Après avoir fini notre petite discussion, je me suis déplacé vers les bords du toit, observant une énième fois le monde détruit qu’offraient les limbes. Des ronces grimpantes rouge et noir détruisant tous les lampadaires, poubelles lorsque j’essayais de les approcher.
« Je sais qui tu cherches Tanguy.
– Quoi ? Comment ça ? Qui ? »
Elle s’approcha et posa ses mains sur mon cœur.
« Il y a quelqu’un ici à qui tu portes une attention particulière, elle s’appelle… »
Je m’étais remis à vomir, apparemment, il n’y avait pas uniquement l’utilisation des pouvoirs, je m’affaiblissais tout le temps. J’étais penché vers l’avant, lorsque j’ai senti mon médaillon se plaquer contre moi, s’illuminant, comme lors de l’apparition de la tour. Une force extrêmement puissante me traversait de part en part, emplissant mes poumons, m’offrant un souffle d’une puissance inconsidérable. Et lorsqu’il me lâcha.
« Tu t’affaiblis vite, Leo a trouvé un moyen de t’éviter cette souffrance ? Même si je peux te soigner, jusqu’à une certaine limite.
– Oui, il veut que je parte dans le futur, cinquante ans plus tard, pour que je prenne l’apparence d’Adam.
– Oui, Adam…
– Ouais… Enfin comment on sort d’ici ? lui répondis-je en l’observant d’un œil amusé.
– Tu vois la caméra en face de toi.
– Je me souviens, “Une population contrôlée et observée ». Que dois-je en faire ?
– C’est un démon. Tu l’arraches et tu la détruis.
– Rien que ça ?
– Oui, la difficulté sera de la trouver et de l’atteindre.
– D’accord. »
Une fois ce dernier démon anéanti, et le monde remis à sa place dans l’état dans lequel je l’avais laissée, je suis rentré chez moi, écoutant ce que me rappelait Leo. (On part vendredi, quand tu auras fini les cours.) J’avais écrit un mot pour mes parents, leur disant que je partais, ne sachant pas où, mais qu’ils ne devaient pas s’inquiéter parce que je revenais après les vacances. C’est un peu dingue je trouve, d’oser les laisser et de ne pas leur dire ou je partais. Mais il le fallait. Alors vendredi, je me suis rendu à la tour, pour voir Sieg.
« Tu es prêt ?
– Si j’avais le choix…
– Je sais si tu veux garder un bon état de santé c’est le seul moyen.
– Tu verras, le futur n’est pas si mal non plus.
– Ouais, il faut que je prenne quelque chose de spécial avant de partir ?
– Non, s’il te faut quelque chose la tour sera là de toute manière.
– On y va alors ?
– 1er novembre 2062
– C’est parti ! »
La date mise en tête, je me suis concentré dessus et ai commencé le voyage temporel. Cette fois-ci dans un flux d’énergie plus grand, j’avais l’impression que j’allais exploser. Puis tout ce qui m’entourait disparut dans un grand flash blanc. Quelques instants plus tard, j’entendais « Adam… Adam… » Sans avoir conscience de savoir qui était celui qui m’appelait. Jusqu’à que je reprenne mes esprits et surtout ma vue.
« Adam, ça va ?
– Oui je crois… Mais attends… »
D’un coup, je me suis dirigé vers la console de commande de la tour, pour l’utiliser comme miroir et effectivement j’avais changé. J’étais resté brun aux yeux marron, mais avec le bouc et habillé d’une longue veste noire, d’un pantalon noir aussi et de chaussures de villes. (C’est à ça qu’il ressemble alors !) J’aimais bien son style, sombre et soft à la fois. Je me suis alors retourné vers Sieg qui lui n’avait pas changé d’un pouce.
« Alors comment te sens-tu ?
– Pas mal, ça me change un peu, mais je m’y ferai.
– Rassure-toi, quand on reviendra dans ton temps tu reprendras ton apparence, avec celle-ci en plus. Donc pour la petite histoire, Adam Pearce, ancien agent du FBI, ayant été viré après sa dernière mission. Tu as été réengagé par une entreprise appelée Libiothech, spécialiste en augmentation.
– En augmentation ?
– Depuis quelque temps, cette entreprise, du moins son fondateur ont développé des technologies capables de s’adapter à l’homme, presque quelque chose de bionique, mais plus puissant et plus “humain”.
– Et pourquoi le FBI ? Oh, si, je crois que je sais… repris-je avec un petit sourire. Bref, tu me montes sur le toit ou est-ce que mes pouvoirs marchent toujours ici ?
– Tu as toujours tes pouvoirs, mais je te demanderai de ne pas les utiliser, ou de les utiliser uniquement lorsque personne ne te voit.
– OK chef. »
Je suis monté sur le toit de la tour. Tout était différent, les bâtiments étaient tous en métal, immenses statures de fer surplombant toute la ville. Un seul ton se dégageait, un aspect jaune orange, plus tiré au jaune. Monotone et pourtant si magnifique, preuve que même malgré la technologie, le monde pouvait garder sa beauté. Des vaisseaux volants partout. Le monde avait totalement changé en seulement cinquante ans. L’époque offrait en plus la neige, de quoi rendre de paysage encore plus merveilleux. J’avais du mal à accepter que j’étais dans le futur et que j’avais changé d’apparence. Mais il fallait bien que je l’accepte. Vivre dans un monde nouveau, où l’on ne connait personne et où l’on est pourtant déjà connu. C’était une nouvelle vie qui commençait !