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Partie 15 : Règne Théâtral — Distorsion
Pensez-vous que l’on peut avoir une influence sur les pensées des personnes, simplement par nos actes, puis le bouche-à-oreille ? Que l’on peut changer la face du monde rien qu’en agissant ? Quand alors on pense à cette citation de Lincoln, qui prétend que le peuple préfère l’image physique à l’imaginaire d’une croyance. Pourtant, les religions ne sont que des croyances, rien n’a jamais prouvé qu’elles disent vrai ? Et pourraient-elles dire vrai alors qu’il en existe plusieurs ? Je pense que le monde se façonne, car on agit, sans penser aux conséquences de ceux qui nous voient ou nous entendent. Et chacun se fait sa pensée sur le sujet. Je n’ai jamais cherché à forcer quelqu’un à croire que mes actes étaient pour leur sécurité, pour eux. Certaines fois je me suis même demandé si ce que j’avais fait servirait, puis s’il avait servi. Encore maintenant je me demande, alors que je sais que j’aurais besoin de leurs soutiens, si ma légende, si faible soit-elle, peut permettre au monde de croire à mon but et ma conviction. Et s’il le faut. La créer.
Un mois que j’étais parti, parcourant presque toute la planète pour me reposer. Je m’étais laissé pousser le bouc en passant, un peu comme Adam. Revenu le jour de l’anniversaire de mon frère, le mien pas celui de Leo. Mardi 12 mars 2013, Sieg m’avait demandé d’aller chercher Sia, qui n’avait pas encore emménagé dans la Tour, parce qu’il avait une surprise pour elle. Aussi en passant, le Maire m’avait convoqué la veille pour changer le nom de la ville. Pourquoi ? Parce que tout son aspect avait changé avec la Tour, la citadelle et la citée. J’ai opté pour Amidia, qui veut dire au centre en Aldorien. On avait donc une grande ville, qui se découpait en trois grandes zones. La citadelle Saory, Anathema, Amidia, la ville médiale et Arios, la citée d’Akziel. Enfin, revenons aux choses importantes. Beaucoup de choses peuvent se passer en un mois, mais à ce point.
« Ne te presse pas surtout. Heureusement que je ne le suis pas.
– J’arrive halala, une minute.
– Pourquoi les femmes sont-elles toujours aussi longues ?
– Parce que ce sont des femmes mon cher. Me répondit son père. Elles savent se faire attendre !
– Ça oui. Aller, même Virginie n’est pas aussi longue que toi !
– Ah ! Tiens. Me fit sa mère arrivant dans le salon à son tour. Sieg, je présume ?
– Presque, répondis-je en ricanant, Adam Pearce. Enchanté.
– De même. Bien élevé en plus, c’est vous que ma fille aurait dû choisir !
– Maman ! répliqua Sia passant dans la cuisine.
– Vous savez et croyez en mon expérience que Sieg est aussi bien que moi. Si ce n’est pas mieux. Je suis loin d’être parfait et, ayant conscience de mes défauts, je saurais affirmer qu’il sera bien meilleur prétendant au cœur de votre fille… Que nous vaut ce changement, très chère ? dis-je en apercevant Sia, les cheveux teints en roses.
– Mon envie ! Allez, on va être en retard. Bonne journée !
– Non, là je ne peux pas. Pourquoi ? repris-je une fois sorti de la maison.
– Quoi, Sieg a bien les cheveux orange !
– Sauf que Sieg n’est pas humain. Même si je trouve que ça te va bien, ça me surprend sur le coup c’est tout. Dis-moi, est-ce que le nom d’Ariel te dit quelque chose ? demandais-je en m’envolant avec elle.
– Ariel, c’est une lessive non ?
– Très pertinent. Non, pas là. J’ai ce nom en tête depuis tout à l’heure, mais je ne sais toujours pas pourquoi.
– Ariel… Je me demande si je n’ai pas déjà entendu ce nom, dans les serviteurs d’Akziel. Oui je crois bien que c’est ça. Tu n’as pas demandé à Sieg ?
– Non, tu penses que j’aurais dû ?
– Tiens, vous voilà enfin, nous fit Sieg, venez avec moi. J’ai quelque chose pour toi Sia. C’est un module qui te permet d’avoir une armure Saory comme la mienne, pour te protéger. J’en ai refait deux autres, pour Kévin et Alexia. Tu pourras aller leur porter Adam ?
– Bien sûr, mais attends, c’est ça que tu es allé chercher après avoir passé le tombeau d’Elidian ?
– Oui. Pourquoi ?
– Pour savoir, dis-moi, tu connaitrais une personne au nom d’Ariel ?
– Ariel tu dis, non, ça ne me dit rien, pourtant j’en connais, mais là.
– Ariel ? Tu veux dire, ma sœur Ariel ? demanda Virginie.
– Ta sœur… Mais ta sœur ne s’appelait pas Ariel ?
– Si, mais elle est morte avant que tu ne puisses la connaitre.
– Oh, oui, c’est vrai. Laisse-moi réfléchir, je l’ai connu j’avais seize ans et je t’ai rencontré un peu après mon arrivée sur Terre.
– Et c’est le jour où Akziel l’a assassiné que j’ai appris que tu étais sur Aldor et que tu étais donc encore vivant, fit Ryan arrivant dans la salle.
– Alors… C’est peut-être pour ça que j’ai son nom dans la tête…
– Le remords… De ne pas avoir pu la sauver…
– La haine contre Akziel, maintenant que je sais que c’est lui qui l’a tué. Je… »
J’ai été interrompu. Par une sorte de faille devant moi. Une fissure bleue, brillante et lumineuse. Il y avait quelqu’un derrière, une femme.
« Leo, je fais appel à toi, car je sais que tu es le seul capable de me sauver. Je te demande d’assister au discours d’Akziel ce soir à dix-neuf heures devant la porte de sa cité. Je compte sur toi. »
Puis elle disparut, aussi vite qu’elle était apparue.
« Qu’est-ce que…
– Fissure temporelle, répondis-je en même temps que Sieg.
– C’est une distorsion du temps, un laps dans lequel des miroirs comme ceux-ci peuvent se créer. Tu penses t’y rendre Adam ? demanda Ryan.
– Bien sûr, je vais me prendre une couverture au cas où ? Je te prends les deux modules d’armure et j’embarque ma famille. Tu surveilles d’ici et tu me préviens si y’a un problème ?
– Comme d’habitude l’ami.
– Ça y’est, mon petit ami me considère enfin comme de sa famille !
– Il parlait de moi Virginie ! répliqua Ryan.
– Ah non ! C’est moi !
– Hey, ne vous battez pas ! Aucun des deux n’a tort, sauf dans l’idée qu’il n’y en a qu’un parmi vous deux. Je prends Ryan parce que c’est un très bon guerrier, qu’il m’appuiera dans presque tout ce que je fais. Et aussi parce que je t’ai promis de la ramener. Et bien sûr je prends aussi ma princesse parce qu’il faut que je m’habitue à travailler avec toi. Alors, venez et essayez de vous entendre, parce que je ne vous laisserais pas le choix. »
Le lycée, je l’avais abandonné pourtant il restait un endroit que je n’étais pas prêt de quitter. À la fois pour Grey et Crimson, mais aussi pour Kévin et Alexia. J’y étais parti, avec ma copine et mon frère, rendre visite à mes deux nouveaux assassins. Kévin attendait Alexia qui faisait je ne sais quoi, Virginie s’est gentiment proposée pour l’aider. Bonne initiative, car le surplombement que nous donnait notre position debout, moi et Kévin, nous avait permis d’admirer la vue plus que sublime. J’en avais tellement vu d’un coup qu’il m’a bien fallu trente à quarante secondes pour revenir à moi.
« Tu, t’as vu que ce que j’ai vu ?
– Oui, je n’aurais peut-être pas dû… eh, tu gardes ça pour toi, que si l’une des deux le savent je crois qu’un va se manger une baffe monumentale.
– Qu’est-ce qui vous fait rire vous deux, Kévin a encore raconté une de ses débilités dont il est le spécialiste ? demanda Alexia.
– C’est ça oui… Enfin je ne suis pas là pour ça. C’est vous que je viens voir. De la part de Sieg, fis-je en prenant place sur une table, vous êtes tous les deux devenus des assassins, l’un parce qu’il m’a sauvé, l’autre parce que j’ai su la convaincre. Seulement, vous êtes plus fragile et même si vos techniques sont perfectionnées au maximum rien ne vous protège réellement. C’est pour ça que Sieg a étudié son armure, enfin celle de Sia et les as reproduits pour vous. Elles sont sous forme de modules équipés dans ce que vous voulez, montre, pendentif, contrôlées par la pensée, elles vous permettent comme moi de passer d’un aspect normal à la forme armure ou tenue d’assassin. J’ai deux puces, je vous laisse choisir l’endroit où vous voulez les porter et pensez à les essayer, s’il y a un problème vous passez voir Sieg. Et souvenez-vous, vous êtes des assassins, mais vous n’avez pas pour autant le droit de tuer n’importe qui. »
À ce moment quelqu’un arrivait derrière moi, c’était la cape de loup et la reconnaissance du cœur qui m’avait averti. Assassiné d’un coup de lame dans le ventre et achevé d’un second dans le cœur avec celle du bras droit. J’avais attrapé son collier avant qu’il ne tombe.
« Et c’est pour ça que tu le permets !
– C’était Bob Barabas. Au service du seigneur, fit le collier.
– À qui il appartient ? me demanda Ryan qui venait de nulle part.
– Je n’en sais rien, pourquoi est-ce qu’ils continuent à utiliser son nom ?
– Parce qu’il était leur maitre. Et même après sa mort ils continuent à le vénérer, sachant qu’il n’était qu’un pion de plus d’Akziel.
– Tu penses que c’est pour ça qu’Ariel m’a contacté. Pour me prévenir de son remplaçant ?
– Attendons qu’il fasse son discours, on le saura vite.
– Pas faux. Kévin, Alexia, j’ai une tâche à vous confier. Ce soir à dix-neuf heures, Akziel fait une conférence, je voudrais que vous assistiez en gardant l’œil sur une femme qui devait être avec lui. C’est possible ?
– Bien sûr. Compte sur nous, répondirent-ils en chœur.
– Bien, alors il n’y a plus qu’à attendre.
– Ariel, tu dis, fit Joffrey se téléportant à côté de moi, il y a quelque chose qui ne va pas. Qu’est-ce qu’un maitre dimensionnel fait ici ? Sous les ordres d’Akziel en plus.
– Il l’a tué et ranimé avec l’Anima que j’ai éliminé. C’est un bon moyen pour nous frapper indirectement sachant que c’est la sœur de Nikki.
– Il donne sa conférence ce soir, tu crois que tu pourrais le distraire pendant deux minutes, j’aimerais étudier sa cité pour plus tard.
– Ryan, tu penses pouvoir récupérer Ariel en moins de cinq secondes après mon ordre ?
– Bien sûr, voyons. Tu m’as sous-estimé vieux frère.
– Exact. Bien, lorsque que je le te dirai, tu te prépareras, moi je me téléporterai au-dessus de lui pour faire diversion.
– Avec plaisir. »
Qu’est-ce que Joffrey pouvait bien avoir en tête à vouloir étudier le palace sanglant de ce monstre ? Enfin s’il y parvient ça pourrait être un bon moyen pour trouver comment l’infiltrer. Presque dix-neuf heures, la foule devant son estrade était inimaginable, j’aurais presque cru que toute la ville y était. Et bien sûr il ne jouait pas dans la demi-mesure. Il était sur son trône, assis les jambes croisées et la tête appuyée sur son bras accoudé. Il portait la tenue de cérémonie de son père. (Comment ose-t-il faire ça ?) Il attendait sagement que tout le monde soit là et que le clocher de la ville sonne les dix-neuf heures. Il avait une femme avec lui et je savais très bien qui c’était. Elle nous avez vu et ne nous lâchait plus du regard. Jusqu’à ce qu’il se mette à parler.
« Mes frères. Aujourd’hui est le jour du changement. Le monde en a assez de ce persécuteur qui tue nos alliés et semblables par pur plaisir et déshonneur à notre race. Il faut que ça cesse une bonne fois pour toutes ! Il faut que l’on se batte pour éliminer ce traitre.
– Si seulement tu savais que ce traitre est parmi l’attroupement… Ryan, dès que tu me vois réapparaitre tu fonces. »
Téléporté juste au-dessus de sa scène, j’ai vu Ryan reprendre Ariel et Joffrey m’annoncer qu’il se lançait. J’ai chargé toute ma force pour détruire sa scène et tout ce qui était autour avec la rage de l’Ours, l’éjectant cinq mètres plus loin.
« Kryssen, me fit-il en se relevant, tu oses enfin te monter, tu oses enfin avouer ta défaite. Je serais toujours meilleur que toi !
– Je n’en suis pas si sûr. »
Il s’était avancé juste devant moi, prêt à m’allumer, mais cette fois-ci j’étais meilleur que lui. J’y ai planté ma lance dans l’estomac, relevé et plaqué au sol derrière moi.
« Pourquoi est-ce que tu continues à nier l’évidence ? Personne ne peut me battre, même ton misérable père n’y est pas parvenu.
– Mon père non, moi non plus, mais si je rajoute mon frère, Chester. Celui que tu as changé en soldat de ta saloperie d’armée des liés. Tu te penses toujours meilleur que moi. Et, franchement, penses-tu que tu es de taille à m’affronter ? Toi qui souffres le martyre en ce moment même face à celui que tu as fait tomber soixante ans plus tôt, répliquais-je, l’attrapant par le col, le soulevant, ma lance sous la gorge.
– Alors pourquoi ne m’achèves-tu pas ?
– Ça serait trop simple. J’ai envie que notre combat soit équitable, règlementaire. Et j’ai surtout envie de te faire payer tout ce que tu as pu nous faire. Je saurais te prouver la valeur de ma famille, la valeur de L’Ordre que tu as tant saigné. Dégage avant que je te renvoie rejoindre les misérables de ta race !
– Tu le regretteras Kryssen. Crois-moi ! répondit-il avant de rentrer dans son palace.
– Joffrey ?
– J’ai tout ce qu’il me faut, on se retrouve à la Tour. »
Les spectateurs étaient encore présents, tous effrayés par ma démonstration de force.
« Vous aussi avant que vous me serviez d’entrée !
– Je ne pensais pas que tu viendrais me chercher Leo.
– Toujours, je tiens toujours mes promesses. Comment vas-tu ?
– Bien, je crois. Lequel dois-je remercier ? Toi ou ton frère ?
– Celui que tu voudras.
– Adam, il a activé un bouclier autour de la citée comme celui de ta citadelle, me fit Kévin qui revenait de son poste d’observation.
– Quel trouillard ! Je n’aurais jamais cru qu’il puisse rester aussi faible.
– Alors pourquoi ne l’as-tu pas tué ?
– Parce que je veux le faire souffrir, le rendre dingue, le ronger de l’intérieur, comme il l’a fait avec moi. Et avec quelqu’un qui a travaillé avec lui pendant des années, ça sera encore plus simple.
– Sauf qu’il faudra me délier. Une partie de moi est encore là-dedans. J’ai réussi à y accéder quelque temps pour t’envoyer le message, mais sans je te serais inutile. Reprit Ariel.
– Bien… Je crois que Crimson va nous aider sur ce coup-là. Qui se propose pour m’aider ?
– Moi, répondit Virginie, c’est ma sœur, c’est à moi de le faire.
– Comme tu voudras. Viens alors, autant commencer le plus vite possible. »
C’était une histoire de famille, ma belle-sœur, avec qui j’aurais pu faire ma vie s’il ne l’avait pas assassinée. Nikki était une personne assez fragile, qui réfléchissait toujours plusieurs fois avant de faire quoi que ce soit. Elle était posée, calme, sereine et confiante de la protection que je lui apportais, même si j’avais déjà failli une fois à ma tâche. Elle préférait protéger les autres avant de se battre. Seulement j’en avais conscience, notre monde avait beaucoup changé. Avec les Anges, j’avais changé grâce à Leo et lui aussi grâce à Toshiie. Et pour elle c’était la même chose. Elle était bien plus déterminée, plus courageuse qu’avant, encore plus lorsqu’il s’agissait de sa propre famille. Pour la première fois c’était Crimson à qui j’allais demander de l’aide, non pas son frère comme j’avais l’habitude de le faire.
« Alors, que donnent tes recherches ?
– Explique-moi. Pourquoi protéger une citée dans le monde réel lorsque dans les limbes c’est un vrai foutoir à merde.
– Pour décourager les attaquants ? Non, je ne sais pas. Tu crois que je peux atteindre la zone de confinement en passant par les limbes ?
– En revenant dans le monde réel une fois dans les murs, possibles. De toute manière c’est soit ça, soit je dégomme son bouclier.
– Bon. Alors on va prendre ma méthode.
– Sauf que tu négliges quelque chose Tanguy, c’est plus qu’un foutoir à merde. C’est une centrale de production de démons, me fit Virginie.
– C’est possible ce truc ?
– Malheureusement. Tu te souviens de ce que j’avais découvert avant que Barbarigo ne me tue. Et bien c’était ça.
– Donc, si on entre…
– On ne pourra jamais entrer comme ça, sans se faire remarquer.
– Si. Tu as un avantage comparé à moi. Les limbes ne limitent pas tes pouvoirs. Ta vitesse est un atout non négligeable. Tu pourras facilement passer sans te faire voir.
– Et toi alors ?
– Moi, Barabas m’a offert une flopée de nouveaux pouvoirs comme l’invisibilité. Mes talents d’assassin me permettront de passer sans soucis. Il me faut juste la clé de Sia.
– Pour entrer dans les limbes. Tu n’imagineras jamais comment tu arrives à faire ça Adam, dit Sieg plongé sur son ordinateur.
– Dis-moi tout grand maitre de la connaissance !
– C’est un portail temporel. C’est Toshiie qui possède cette capacité et qui te permet d’y accéder avec tes capacités d’enchainé. Un pont entre le passé et le futur, ou un monde et un autre.
– Mon Dieu, fis-je en ouvrant le portail, c’est une vraie porcherie son truc.
– Alors plus vite on en sera sorti, mieux ça sera, répliqua Virginie passant le portail.
– Tu n’as pas tort, répondis-je en le passant à mon tour.
– Tiens, tu n’as plus tes lunettes ici ?
– Non, parce que je n’ai plus accès au pouvoir des âmes. Même si je peux les mettre elles ne restent pas quand j’entre.
– Bon, je te trouve un endroit pour nous sortir ?
– Avec joie moi je vais faire un tour du proprio, appelle moi dès que tu as trouvé.
– D’accord. À toute ! »
Une usine à gaz ! Voilà ce que c’était. Son royaume était une usine, immense et fumante, crachant les feux des enfers par les cheminées. Le ciel avait pris une couleur rouge orange. Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire dans cette saloperie ? J’ai traversé presque tout le contour du bâtiment, cherchant un moyen de m’infiltrer sans utiliser la force. Jusqu’à ce qu’un convoi arrive devant la porte.
« Une livraison pour Daryl Barabas.
– Allez-y. »
Pourquoi ce nom me suivait-il encore ? Qui était-ce, son fils, son frère ? J’avais utilisé cette faille pour passer, entrant sous forme invisible pour ne pas me faire remarquer. Mais à l’intérieur c’était encore pire. Les limbes étaient un monde déchiré, mais là. Tous les bâtiments étaient des ruines, rongés, brulant. Une ronde de garde parcourait la ville entière pour surveiller ce qu’il s’y passait. Ses habitants étaient devenus des zombies, rongés par les démons qu’il leur avait implantés. Je suivais le fourgon, pensant trouver ce Daryl et en connaitre un peu plus sur lui. Mais il ne m’avait mené qu’au hangar. Où un homme qui avait été averti de l’arrivée du véhicule partait prévenir ma cible. J’avais lâché l’invisibilité pour ne pas consumer mon énergie et commencé une filature pour trouver le nouveau Barabas. Certaines fois j’avais l’impression que les limbes étaient faits pour que je me déplace grâce à mon talent d’assassin. (N’est-ce peut-être pas pour ça que les assassins ont ces facultés ?) Je suis arrivé dans son bureau, au niveau du plafond sur lequel il ne restait que les poutres et j’ai écouté leur conversation.
« Monsieur, votre convoi est arrivé.
– Merveilleux. Commencez le plus tôt possible. Combien de temps pensez-vous que ça vous prendra pour le terminer ?
– Je ne sais pas, quelques semaines, peut-être quelques mois…
– QUOI ? Je n’ai pas tant de temps, vous n’imaginez pas l’argent que me coute le retard que vous prenez !
– Je sais Monsieur, mais les sujets de test réagissent beaucoup trop mal, aucun n’a survécu.
– Il n’est pas censé tuer.
– Je le sais Monsieur, c’est pour ça que nous avions besoin du contenu du convoi. Avec ça nous sommes surs de réussir. Seulement nous sommes obligés de tout recommencer à zéro après ces derniers tests.
– Bien. Et comment le maitre réagit-il au BioReign ?
– Assez mal, depuis le début de son traitement il s’affaiblit. Nous savons pourquoi et cela ne nous prendra que quelques jours pour changer ceci avec ce qui est arrivé.
– Alors faites. Nous ne pouvons pas nous permettre de le mettre en danger. Surtout avec Kryssen qui rôde.
– À ce sujet, j’ai entendu dire que c’était lui qui avait assassiné votre père.
– Sortez…
– D’accord monsieur.
– Qu’est-ce que tu nous veux Kryssen, pourquoi nous…
– Tanguy, tu sauras me retrouver ? demanda Virginie en m’appelant.
– Bien sûr, j’arrive, répondis-je à voix basse. »
Qu’est-ce que c’était ce BioReign, un virus, une plante, une arme ? Et de qui ils parlent en disant le maitre, Akziel surement. Je n’avais mis que quelques minutes pour la rejoindre, laissant cet idiot penser et repenser la raison pour laquelle je m’attaquais à sa famille.
« Alors, tu as quelque chose de nouveau ?
– Le gros avait un fils, à mon avis c’est lui qui a dû prendre la place de second d’Akziel. Il travaille sur un truc appelé BioReign. Mais je ne sais pas ce que c’est.
– Dans tous les cas, rien qu’au nom ça ne me plait pas.
– Moi non plus, mais je n’ai pas envie de m’attirer des ennuis. Alors, on est loin du bâtiment de confinement ?
– Non, mais avant, regarde par la fenêtre, ça ne va pas te plaire. »
Accroché au rebord extérieur je regardais dans la rue, voyant arriver une voiture avec le trône d’Akziel. Il passait au milieu d’une foule de personnes, acclamé par tous. J’aurais cru qu’il se prenait pour Kennedy en faisant ça. C’était presque du spectacle, tout ce qu’il voulait c’était l’admiration de son peuple. Rien de plus. Mais par quels moyens ?
« Pourquoi en faire autant ?
– Pour augmenter son pouvoir. Tu ne te souviens pas de ce qu’il disait. Le pouvoir par la gloire !
– Et je t’offrirai la mort dans la souffrance… Allez, ne restons pas là.
– Tanguy… Est-ce moi où à chaque fois que tu penses à sa mort je sens une forme d’espoir ?
– L’espoir de retrouver mon père, l’espoir de pouvoir le revoir, le connaitre, enfin…
– Vous y êtes les amis. C’est juste devant vous. Par contre je ne promets pas que vous puissiez sortir aussi facilement, me fit Sieg par téléphone.
– À vous l’honneur mademoiselle, fis-je en ouvrant la porte.
– Merci bien !
– Arrête tes conneries Adam, reprit Sieg.
– Mais laisse-moi faire ! Je suis quelqu’un de galant moi.
– Trop mon cher. Bien, je crois que vous aurez bien besoin de mon aide.
– Crimson ? Mais que…
– Je t’expliquerai. Déjà il me faut un corps de support, car comme vous le savez une âme peut partir n’importe où sans hôte. Deux, il faut que ce support soit compatible, car un être dimensionnel comme elle n’est pas stable du tout.
– Je me propose, de toute façon je crois que je suis bien la seule qui peut subir ça. Répliqua Nikki.
– Bien.
– Et je présume que moi je m’occupe de vous défendre ?
– Très bonne déduction, je ne crois pas pouvoir démarrer le processus sans… reprit-il coupé par l’alarme, bien sans activer l’alerte.
– Génial. Ça va m’occuper un peu ! », répondis-je en passant à Leo
Je me fichais de ce qu’il se passait derrière, tout ce qu’il m’importait c’est me battre pour les défendre. Ne laisser passer personne, même pas la plus petite goutte de leur sang. Pendant vingt minutes j’éliminais à la chaine les adversaires, soldats de son armée, assez fous ou assez courageux même après avoir vu le massacre que j’avais fait juste avant avec l’autre vague. C’était une véritable boucherie. Plus aucun n’osait s’aventurer dans le bâtiment.
« Bon et comment tu veux que l’on sorte maintenant ?
– Exactement comme je suis entré, parce que bien sûr, tu ne peux ni voler ni te téléporter avec son bouclier.
– Génial, viens avec moi Nikki et surtout ne me lâche pas. »
Presque toute la ville à traverser, sans pouvoir voler. Cette fois-ci c’était Crimson qui nous protégeait. Sa forme Saory était assez étrange, il avait la peau grise, portait une capuche dans laquelle il n’y avait rien, sauf une étrange fumée noire qui en sortait continuellement. Il se battait avec une lance et un long foulard rouge. Son style était à la fois sadique et extrêmement puissant. Pourtant pas assez pour contrer la seule chose qui arrivait à nous bloquer.
« Kryssen, comme on se retrouve !
– Je connais ta voix. Derreck ! Attends voir, Akziel n’a pas trouvé mieux que toi à ressusciter ?
– Haha, très drôle. Je crois que ton humour est pas très utile dans cette situation mon ami, répondit-il avec son air de chochotte, en attendant, je détiens ton copain et j’ai enfin récupéré ma femme.
– Ta femme ! Pff, tu penses vraiment que je vais te laisser partir comme ça ?
– Et tu comptes faire quoi contre moi ? Souviens-toi la dernière fois c’est moi qui ai failli te tuer, tu as gagné grâce à un miracle.
– Je ne crois pas que ce soit un miracle. Plus, un surplus de stupidité dans ta misérable et minuscule tête de borné.
– Bien, bien continue, en attendant, tu n’es pas près de me tuer. Seul un ange de ta stupide légende pourrait.
– Toujours aussi con ! répliqua-t-il en prenant l’apparence de Toshiie et s’envolant pour surplomber la scène.
– Mais NON ! Pourquoi est-ce encore toi qui as tout ?
– Parce que tu resteras un minable coincé dans tes idées de merde. Parce que la vérité se trouve loin de ce que tu imagines et que le pardon n’est accordé qu’au bon.
– Jamais ! répliqua-t-il en me poussant l’épaule, tu… »
Éliminé par une fois de plus, une lance, le chronosceptre de Toshiie guidé par la foudre.
« Un autre veut s’y essayer ?
– Tu ne partiras jamais sans elle ! fit celui qui tenait Nikki voulant se suicider.
– Jamais ! »
Il s’est dirigé vers lui, attrapé Nikki, se retournant vers sa lance pour la ramener et la forcer dans le corps du kamikaze qui semblait être figé en l’air sans pour voir bouger. L’élan de l’envol le projeta vers le sol, tandis que l’autre partit se briser sur le bouclier en le cassant dans un immense fracas au son électrique.
« Pourquoi ai-je toujours besoin de ton aide ?
– Chacun a ses défauts, ses faiblesses. Malheureusement c’était toi qu’il visait, mais… »
Le sien était l’état adimensionnel. Le temps est une dimension, la supprimer le rendait forcément vulnérable. Quelqu’un en avait forcément profité pour l’attaquer et le rendre incapable d’agir, mais il oubliait que Nikki pouvait faire appel à Kristen pour me sauver. Passant à travers moi sous forme fantôme, laissant DeadMoon le dévorer pour éliminer ses alliés avec ces griffes. Pendant ce temps je ne voyais presque plus rien, c’était presque comme si je me désynchronisais du temps, si je me séparais de lui, de tous les pouvoirs qui allaient avec lui et disparaissant avec. Jusqu’à ce qu’elle vienne me relever et enlever le couteau de l’estomac.
« Toi non plus tu n’es pas parfait.
– Je n’ai jamais dit que je l’étais. Merci. Dis-moi, où est Crimson ?
– Parti. Sauf que je ne sais ni où ni comment.
– C’est un détail, j’ai explosé son misérable petit bouclier. On va passer par là, du moins avant qu’il ne se referme. Qu’est-ce que tu en dis ?
– Emmène-moi avant que je ne change d’avis, fit-elle en se serrant contre moi.
– À vos ordres princesse », reprit-il en s’envolant vers sa lance et brisant le bouclier pour le traverser.
Malgré mon cœur de pierre, je sentais quelque chose passer en moi, je savais ce que je ressentais pour elle, mais pas au point que même mon cœur inhumain me fasse ressentir ce type de sensations. Elle était blottie contre moi, les yeux fermés, je ressentais battre son cœur comme le mien. Mais ce que je sentais était autre chose que mes sentiments, quelque chose de plus fort, de plus puissant, une énergie prête à me faire décrocher la lune, braver tous les dangers, frôler la mort, pour elle.
Ramené à la Tour, Crimson a replacé ce qui était à Ariel. Je restais encore dehors, à admirer la ville, mais cette fois-ci c’était la citée qui m’inquiétait.
« Je savais que je te trouverais là, me fit Virginie.
– Où veux-tu que je sois, ailleurs qu’ici, sans toi ?
– À quoi est-ce que tu penses ?
– Akziel, quels moyens crois-tu qu’il est capable de déployer pour ma peau ?
– Les pires choses, te consumer, l’empoisonner, te toucher indirectement. Tout ce qu’il a déjà pu te faire jusqu’à aujourd’hui.
– Et quels sont les moyens que je peux utiliser pour lui faire payer tout ceci avant qu’il n’ait ma tête ?
– Lui donner l’espoir de recréer son Empire et le décimer, bloc par bloc.
– Il y a quand même quelque chose qui me fait peur.
– Son BioReign ? Tu penses ça peut-être dangereux pour nous ?
– J’ai plus peur pour les habitants de cette planète que pour nous. J’ai entendu parler un soldat avec le fils de Barabas. Daryl, apparemment leurs premiers tests du BioReign auraient éliminé les sujets et affaiblie par ailleurs Akziel.
– Adam ! On a besoin de toi. Ariel ne supporte plus son Elemental, il nous faut un hôte ! cria Crimson dans le Labo.
– Vous êtes bien marrant, mais vous voulez que je prenne qui ?
– Moi j’ai peut-être une idée. J’ai une amie qui avait un petit faible pour ton frère, par contre depuis quelque temps je la vois de moins en moins.
– Bon, je m’en occupe.
– Je viens avec toi Adam, tu peux rester avec ta sœur ? répliqua Sieg.
– Bien sûr. À tout à l’heure.
– Bien, repris-je, nous téléportant sous le préau. Qu’est-ce que ? Pourquoi il y a autant de monde ?
– Je ne sais pas, une réunion ?
– Non, il y en a bien plus que d’habitude… C’est louche.
– Tient, regardez qui revient, c’est mes deux amis, fit Bruno s’étant frayé son chemin depuis la salle des profs, vous aussi vous vous demandez ce qui se passe ? Ben à vrai dire je n’en ai pas la moindre idée. C’est comme ça depuis midi.
– Mon Dieu, moi qui venais chercher quelqu’un.
– Rien n’échappe aux distorsions, suis-moi, je sais qui tu recherches, fit Ariel, apparaissant devant moi pour m’indiquer ma cible en l’illuminant. »
Elle essayait d’échapper à la foule, se dirigeant vers la porte. J’en ai fait de même, créant mon chemin pour la poursuivre, poussant toutes les personnes qui étaient devant moi et qui m’empêchaient d’avancer. Elle me fuyait, elle avait remarqué que je la suivais et une fois sortie du bâtiment elle s’est mise à courir pour m’échapper. Je l’ai poursuivi jusqu’à ce qu’elle se retourne vers moi.
« Lâche-moi ! dit-elle avant de s’envoler.
– Oh, non ! répliquais-je en faisant comme elle.
– Elle vole plus vite que toi, j’ai entré les coordonnées de son arrivée dans ton système pour que tu puisses t’y téléporter. Une fois là-bas si tu as besoin de moi, utilise la pensée, je ne pense pas que le communicateur soit assez puissant. »
C’était la première fois que j’utilisais les portails d’Hypérion pour me téléporter sur une autre planète. Si loin, si vite…
Je suis arrivé dans une forêt, assez dense et sombre. J’ai avancé en suivant les pleurs d’une jeune fille qui se trouvait quelques mètres plus loin.
« Pourquoi est-ce que tu es partie, je ne te veux pas de mal.
– C’est ça, vous êtes tous pareils, tu ne vaux pas mieux que l’autre.
– L’autre ? Mais, de qui tu parles ?
– Akziel, vous les Aldoriens vous êtes tous pareils, des pourritures, reprit-elle en commençant à partir.
– Je ne te permets pas de dire ça. Encore moins de me ranger de son côté.
– Ah ouais, regarde ce que vous avez fait ! me fit-elle en me montrant au loin. »
Derrière cette végétation, c’était le chaos, plus rien si ce n’est des cendres, des ruines. Le ciel avait cette couleur rouge qui prônait dans la citée d’Akziel.
« Non…
– Tu vois, tu ne me crois toujours pas ?
– Quand est-ce que ça s’est passé ?
– Le 13 décembre 2012… »
D’un coup, j’ai revu de jour-là, la flotte, les armées, Akziel. Il avait dominé la planète en quelques heures.
« J’avais l’espoir que, dans un de ces soldats il y en ait un qui ait un peu de raison, mais non, pas un seul. Et mon grand-père me disait, il viendra, je le sais. Mais il n’est pas venu…
– Qui ?
– Leo, Leo Kryssen.
– Je, je suis désolé… répondit-il prenant le dessus. »
Elle s’est jetée dans ses bras, comme le sauveur qu’il aurait dû être. Je sentais sa haine contre ce traitre passer dans mon cœur, me brulant de l’intérieur.
« Tu es tout ce qu’il me reste. Je n’ai plus de famille, plus rien. Aide-moi, je t’en prie.
– J’aurais dû vous aider… Je te le promets. Pourquoi est-ce que ton grand-père te parlait de moi ?
– Il m’avait dit qu’il connaissait le tien, qu’il avait confiance en toi, qu’il croyait en toi.
– Et je l’ai trahi… Je ne peux même pas corriger mon erreur. Sur quelle planète sommes-nous ?
– Ovia, je suis la dernière de la tribu Onyx.
– Dis-moi, qu’est-ce que je peux faire pour toi, pour t’aider ?
– Je ne sais pas, pourquoi est-ce que tu me suivais ?
– C’est Virginie qui m’a demandé de venir te voir. Je m’appelle Tanguy, mais appelle moi Adam. Qu’est-ce que je peux t’offrir ?
– Un moyen de me battre, d’affronter ce salaud et de venger mon peuple.
– Alors, je crois qu’elle a bien fait de te conseiller. Si tu le permets, je voudrais que tu retournes avec moi sur Terre. Là-Bas je te donnerais de quoi assouvir ta soif de vengeance.
– Je te suis. »
Une fois à la Tour, Sieg et Crimson s’occupaient du transfert et j’étais sorti avec Virginie qui ne voulait pas rester s’il y arrivait quelque chose. Nous n’étions pas restés sur la Tour, je voulais visiter Anathema, la citadelle Saory. Comparée à la cité, elle était sublime, au style futuriste et peu commun de la population humaine. Les habitants n’étaient d’ailleurs pas des humains, mais de différentes origines, Aldor, Rhihlya et bien sûr Saor, leur planète natale. J’avais l’impression que tout le monde me connaissait, ils nous saluaient, nous disant bonjour alors que l’on se promenait. La légende disait que cette ville avait été faite pour les anges et que chaque quartier possédait ces spécificités liées à l’un d’entre eux. Certaines fois il me semblait reconnaitre certaines choses du Paris du futur, que certains appelaient néo-Paris dans le quartier de Toshiie. Toutes ces parcelles de la ville créaient au centre, un bloc, une place dominée par un emblème du guerrier. Une statue accompagnée de ces armes et de ces capacités. Au bout de cette espace trônaient trois tours. Au centre celle de Libiothech, la plus haute. À droite, légèrement plus avancée, c’était la tour des Dieux. Symbole des suprématies de leur peuple, ce sont ceux qui ont accordé l’élévation des anges. C’est la représentation physique des pouvoirs d’Alexia sur les fragments. Dans les limbes cette tour est celle de Sia, maitresse des Limbes. La dernière était bleue, aux couleurs vibrantes et une impression de flottaison constante, on aurait dit qu’elle volait, presque qu’elle n’existait pas. C’était l’image du seul pouvoir non maitrisé par les Saory, la distorsion. Car c’est le seul qui n’a aucune restriction, qui touche à tout, le temps, les éléments, la force, la puissance, l’espace. C’est l’essai de son contrôle qui a mené ce peuple à sa perte.
On s’était installés sur un banc de la partie verte de la place, admirant la ville et observant les personnes passer.
« Pourquoi tu as voulu l’activer Adam ? Juste pour avoir un endroit tranquille où emmener ta copine ?
– Peut-être oui. Mais Leo avait un objectif plus important. Comme assurer une certaine protection de la population dans une citée impénétrable. Aussi une sorte de combat entre lui et Akziel dont chacun possède sa ville. Cette ville est l’affirmation des Saory et l’implantation visible de leurs pouvoirs sur les planètes. Je suis le protecteur de la Terre et je l’avance avec cette citadelle. C’est une sorte d’affirmation de mon pouvoir face à lui.
– Une mini guéguerre avant la grande quoi.
– Voilà. J’ai une ville sous mon contrôle, presque aussi grande que Paris et le reste à protéger de la dernière partie qui fait la même taille que celle-là. Mais ne me parle pas encore de ça, laisse-moi passer du temps avec ma jolie princesse.
– Ta jolie princesse, elle aimerait bien savoir comment va sa sœur.
– Sieg, comment ça s’est passé ? lui demandais-je en l’appelant.
– Bien, très bien. Bon elle dort, mais tu aurais dû me dire qu’elle n’était pas humaine.
– Pourquoi ça change beaucoup de choses ?
– Ça aurait pris moins longtemps. Mais ce n’est pas grave. Je m’occupe d’elle. À plus tard.
– Alors, comment est-elle ?
– Bien, elle dort. D’ailleurs toi qui te demandais pourquoi elle était devenue étrange, j’ai une réponse à ça. Elle n’est pas humaine.
– Que, quoi ?
– C’est une Ovienne, elle est la dernière de la tribu des Onyx. Akziel a décimé leur peuple et détruit presque toute la planète.
– Oh, je… Tu lui as raconté tout ce qu’on fait, pourquoi nous sommes là ?
– Non, mais les souvenirs d’Ariel le feront. J’ai eu pitié d’elle. Lorsque je l’ai suivi sur sa planète, elle m’accusait d’être un complice d’Akziel parce que j’étais un Aldorien. Elle m’a ouvert les yeux en me montrant le champ de ruine qui y régnait. Elle m’a dit que son grand-père la rassurait en lui disant que je viendrais pour les aider, pour les sauver. Mais je ne suis pourtant pas venu, j’étais mal quand elle m’a dit ça et que j’ai pris l’apparence de Leo. Pourtant elle ne m’en voulait pas, elle s’est jetée dans mes bras sans éprouver de haine, ou quoi que ce soit, je lui ai promis que je vengerai son peuple et que je lui offrirai n’importe quoi pour essayer de rattraper un minimum mon erreur. Elle m’a répondu qu’il ne lui fallait qu’un moyen de se battre, de se venger de ce traitre. Alors je me suis dit que j’avais fait le bon choix à t’écouter.
– Mais, si, tu peux voyager dans le passé pour changer ça et affronter Akziel ?
– Si c’était si simple. Lorsque j’ai vu le chaos sur la planète, qu’elle m’a dit la date de son attaque, j’ai eu une vision, Akziel arrivant avec sa flotte en rasant la planète. Mais il avait déjà tout prévu, toutes ses actions ont été faites sous le pouvoir d’un adimensionnel, si par définition un fait ou une action du monde n’existe pas dans le temps, elle ne peut pas être changée.
– Alors, comment Akziel a pu faire ça ?
– Il est l’un de ces guerriers assez particuliers du monde. Il n’a presque aucun pouvoir, si ce n’est celui de prendre ceux des autres. Avec le temps il a appris à garder ces pouvoirs et changer lorsqu’il le veut, du moins, il lui faut changer d’être possesseur pour changer les capacités, en fait il ne peut pas comme nous, utiliser tous ces pouvoirs d’un coup. Du moins pas pour l’instant. Je sais malheureusement qu’un jour il le pourra.
– Il nous faudra trouver les meilleurs moyens de le détruire mon frère.
– Tiens, Ryan. Tu as bien raison.
– Tu as déjà tes idées ?
– Personnellement, oui. Je sais comment je veux m’y prendre. Cependant, je veux lui laisser le temps de croire qu’il peut encore triompher.
– Pas bête. Mais il ne faut pas trop tarder non plus.
– Pourtant, il sait que tu es ici, mais il n’a pas peur de toi, malgré sa faible armée, il est toujours trop confiant. Reprit Nikki.
– Alors, autant la décimer. Il reste confiant parce qu’il n’a pas conscience des pouvoirs des anges, pour lui ils ont toujours été que de pauvres minables qui ont soudoyé les Dieux pour se cacher.
– Et il se trompe. Que comptes-tu exécuter pour faire changer ça ?
– Décimer sa pauvre et lamentable armée. Tout seul. Qu’il ait confiance en sa force si faible, je vais lui prouver que je peux la détruire.
– Adam, avant que tu ne commences ceci, j’aimerais rendre visite à mes parents adoptifs, ils ont connaissance de ma mort et j’aimerais qu’ils voient que grâce à toi je suis à nouveau dans ce monde.
– Bien, je vous laisse, j’ai quelque chose à régler, vous me prévenez lorsqu’elle se réveille. À plus tard. »
Seconde fois que je changeais de planète, pour retrouver celle de Leo, rencontrer ses parents adoptifs. Elle ressemblait étrangement à la nôtre, prospère, vivante, verte. Il m’avait fait faire le tour pour admirer la beauté naturelle d’une des seules planètes que n’avait pas encore touchées Akziel grâce à lui. C’était une sorte de mini paradis, magique et magnifique. Ses parents adoptifs vivaient, comme ses véritables parents, sur une falaise, face à la mer, avec derrière la forêt. Quelques années avant la mort de Leo, ils avaient réussi à avoir un enfant, chose qu’il n’avait pas été possible avant et avait entrainé son adoption. Ils l’avaient appelé Lars. À ce jour et l’aspect temporel de cette planète, soixante-dix ans après, il n’avait que douze ans. Je suis arrivé, continuant à admirer les environs, jusqu’à entendre cette voix qui disait : « Leo ! Il est revenu ! » J’ai dirigé mon regard vers ces paroles et quelques secondes plus tard il se jetait dans mes bras.
« Leo ! Je savais que tu reviendrais !
– Tu peux toujours compter sur moi, tu le sais. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais t’abandonner petit frère. Tes parents sont encore ici ?
– Leo… Je…
– Moi aussi je suis content de te revoir Mike, repris-je en reposant Lars.
– Va nous attendre dans le salon Lars tu veux bien ?
– D’accord maman.
– Il est plus sage que je ne l’étais à son âge.
– On te croyait mort mon fils, reprit Sarah.
– Moi aussi. Mais, c’est une longue histoire. L’important est que je sois de retour. Vous n’avez pas parlé de ma mort à Lars.
– Non, je, je ne voulais pas lui faire peur, ni le rendre triste. Mais jamais je ne croyais que tu puisses un jour revenir. Fit Mike.
– Mes années passées sur Terre m’ont convaincu de la bonté et de la pureté de ses habitants. J’ai longuement erré sans trouver quelqu’un qui puisse m’accepter. Leur physionomie permet à chaque être d’avoir plusieurs âmes, à la condition de laisser vivre celle de l’hôte. C’est de cette manière que j’ai réussi à retrouver la vie.
– Pourtant Akziel est toujours vivant lui. Reprit Mike en ouvrant la porte d’entrée.
– Je le sais, je n’ai jamais réussi à l’éliminer. Mais je vais changer ça. J’ai réussi à rassembler tous les membres de L’Ordre, tel qu’il était avant. Sieg bien sûr, Izidro, Raven, Hwoarang et Feng, fis-je en prenant place dans un fauteuil, j’ai rallié Amy à ma cause et ai retrouvé ma femme aussi. Le seul qu’il manquait…
– Le guerrier perdu.
– Mon frère de sang, Chester. Lui aussi est avec moi, il m’a tout raconté sur mes origines, mes vrais parents et la manière dont je pouvais anéantir Akziel.
– Et qu’est-ce que tu as trouvé ? me fit Lars venant s’assoir sur mes genoux.
– Il y a une vieille légende qui dit, que sur Terre auraient vécu des êtres surnaturels, des Saory devenus des Anges par la suite. Au départ c’était pour eux que j’avais choisi la Terre. Mais depuis quelque temps, j’ai découvert que ce n’était pas une légende. Ils ont bel et bien existé et chacun d’entre nous a récupéré celui qui lui était promis.
– Je ne te crois pas. Ce n’est qu’une légende. Répliqua Mike.
– Et bien, répliquais-je en posant Lars à côté de moi, je saurais te le prouver ! repris-je, me levant et prenant son apparence, ne suis-je pas assez convainquant à tes yeux, cher père ?
– Oh, euh…
– Rassure-toi, moi aussi j’ai eu du mal à y croire. Pourtant ceci est bien réel, il m’a fallu l’admettre pour trouver le courage de rassembler L’Ordre. Sans eux, je n’aurais jamais eu cette puissance.
– Je veux le même costume que toi !
– Ne t’en fait pas Lars, je t’en offrirai un, mais grandis un peu, sinon lorsque tu seras plus grand tu ne pourras plus rentrer dedans.
– D’accord.
– Leo, je pense que tu n’es pas venu ici juste pour nous dire bonjour n’est-ce pas ?
– Tu as raison. Je ne connais pas mes parents, tu es la seule qui peut me le faire.
– Tu aurais pu le demander à Nikki. C’est ta femme, tu sais.
– Oui je le sais, repris-je en m’asseyant à côté d’elle, sauf qu’elle est trop jeune pour le faire. Et je doute que l’on ait de quoi le faire.
– Qu’est-ce que tu lui fais ? demanda Lars insouciant.
– C’est une sorte de rituel, à un certain âge les hommes se font teindre les cheveux, ou du moins une partie, c’est l’affirmation de l’âge adulte.
– Quelle coiffure je te fais pour le coup ?
– Tu te souviens celle que j’avais à dix-huit ans ? C’est presque celle qu’a Toshiie.
– D’accord, comme tu le voulais quand tu étais jeune, racine noire, cheveux normaux et pointes blanches ?
– Presque, fais-moi les pointes en cuivre.
– Comme tu voudras. »
Ça ne me changeait pas énormément, mais un peut tout de même. Normalement il m’aurait fallu le faire bien plus tôt, si seulement ça avait été possible.
« Comment comptes-tu tuer ce traitre ?
– Je ne sais pas. Je voudrais lui laisser le temps de croire qu’il a une chance, pour qu’en suite je puisse le faire souffrir autant qu’il nous a fait souffrir. Sans bien sûr que ça prenne une tournure en sa faveur.
– Tu penses pouvoir y arriver ?
– Je l’espère. Mais à ce sujet j’ai quelque chose à vous proposer. J’imagine qu’il n’osera pas, mais vous n’êtes pas à l’abri d’une de ses attaques face à sa planète natale. Qui sait de quoi il est réellement capable. Je ne vous demande pas de le faire tout de suite, mais pour votre sécurité. J’ai une citadelle sur Terre, c’est un cadeau des Onyx aux Anges. C’est le lieu le plus sécurisé qu’il existe et je sais qu’il n’y pénètrera jamais. J’aimerais que vous veniez y habiter, vous pourrez revenir ici une fois qu’il ne sera plus, mais tant qu’il représente une menace je veux vous savoir à l’abri.
– On y réfléchira. Tu t’en vas déjà ?
– Oui, j’ai du monde qui m’attend là-bas. Je serais bien resté sinon.
– Leo ! reprit Lars se jetant sur moi.
– Ah, petit monstre va ! Promets-moi de rester toujours sage, de ne jamais devenir un enfant aussi terrible que moi.
– D’accord, mais seulement si tu me promets que je deviendrais comme toi !
– Pour ça il te suffit de croire en tes rêves, regarde-moi, je n’ai jamais abandonné les miens. Allez, bon courage, mon bonhomme, moi je vous laisse. Prenez sois de vous.
– Tu penses revenir, j’espère ? demanda Sarah après que j’ai passé la porte.
– Bien sûr, pensez quand même à ma proposition. Au revoir ! »
Je suis retourné sur ma planète, j’ai pris le temps de l’admirer une dernière fois avant qu’elle ne se fasse détruire par la guerre interminable que lancera Akziel contre nous. J’avais remarqué lors de mon petit voyage que quelque chose me manquait. Je n’étais pas le dernier adopté par mes parents, ils en avaient eu d’autres, pendant quelques mois, je passais mon temps à m’en occuper. Et le fait de ne plus le faire me créait un vide, de ne plus avoir d’enfant à protéger, quelqu’un de plus faible que soi, plus fragile. J’avais la belle vie et j’avais envie d’avoir un fils, ou une fille.
« Encore et toujours, ici à contempler ton œuvre et réfléchir à ton futur.
– C’est toi qui m’as donné cette habitude Sieg.
– Je le sais, alors comment ont-ils pris ton retour du monde des morts ?
– Comme tu vois, aussi bien que moi. Et Lars encore mieux qu’eux.
– Ah, Lars, quel âge ça lui fait à ce petit ?
– Douze ans. À le revoir, ça m’a donné envie d’avoir un fils. Si seulement je pouvais être sûr qu’il naitra en sécurité.
– À toi d’achever ton plan face au traitre.
– Et pour ça, je saurais comment t’aider, fit Ariel arrivant sur le plateau.
– Mademoiselle, répliquais-je m’agenouillant devant elle.
– Je ne t’en demande pas tant.
– Vous êtes l’incarnation de la seule chose qui a surpassé les plus grands. Je ne peux qu’être en admiration devant vous.
– Adam, arrête ton cinéma. Fit Virginie à côté.
– Bon, est-ce qu’elle t’a tout raconté, expliqué comment changer d’aspect ? repris-je me en me levant.
– Oui, d’ailleurs j’ai quelque chose pour toi. Chacun de vous en a un. C’est un anneau de distorsion. Il vous protège de mes pouvoirs. Par ailleurs, le tien est un peu différent. Il te permettra de mieux utiliser ton canon dimensionnel. Si tu arrives à le récupérer des mains d’un sous-fifre d’Akziel.
– Ça ne m’en fait qu’un de plus. Je te remercie. Maintenant que tu es l’une des nôtres, c’est à moi de te demander un service. Toi qui as servi sous les ordres d’Akziel, on aura besoin de toi pour l’anéantir. Si tu as une superbe idée pour t’y prendre, je suis preneur.
– Fait comme lui. Il va se bâtir une armée, puissante, principalement constituée de démons et des pauvres humains qu’il a endoctrinés. Fait la tienne, prouve-lui que ce peuple à plus de valeur qu’il ne le pense en en ralliant le plus possible à ta cause.
– Ce n’est pas bête comme idée.
– Il faut que tu fasses ça exactement comme lui, presque comme si tu voulais le recopier, ton calme légendaire viendra enflammer sa rage incontinente, poussée par tes actions semblables et identiques aux siennes.
– Tu ne chercherais pas à le faire mourir de l’intérieur ?
– Non, non pas du tout.
– Mouais, c’est ça, je sais que lui en veut et je peux te comprendre. Il ne faut pas que tu aies honte de ça. Si au contraire ça peut nous aider. Tu as toujours été un grand stratège, avec toi et Chester on ne craint pas grand-chose.
– D’ailleurs en parlant de lui, tu sais où je pourrai le trouver ?
– Dans son appart. Juste à côté du mien.
– Je te remercie. À plus tard.
– Bon moi je vous laisse entre amoureux, je vais retrouver la mienne. À plus ! répliqua Sieg.
– Qu’est-ce que tu crois qu’ils vont bien faire ? me demanda Virginie.
– Les mêmes choses que celles que nous on peut faire, ou même pire qui sait !
– Oh non, je doute que l’une d’entre elles en arrive à faire tout ce que j’ai pu faire !
– Ouais, c’est vrai que tu as un certain don pour trouver de nouvelles idées souvent très, pas très orthodoxes quand même.
– Tu ne t’en plains jamais pourtant !
– Je sais et je ne suis pas près de m’en plaindre.
– Alors dit-moi, où est-ce tu étais parti sans même me le dire ?
– Chez les parents de Leo, il voulait les voir, leur prouver que malgré sa mort, il était encore présent.
– Ah et comment ça s’est passé ?
– Bien, j’en ai profité pour faire mon rituel. D’ailleurs ça m’a fait penser à quelque chose. Je ne sais pas depuis combien de temps on est ensemble, répliquais-je en la prenant dans mes bras, je ne compte plus même, mais j’y ai pensé plusieurs fois. Lorsque j’ai revu leurs fils, Lars, ça m’a rappelé combien j’aimais m’occuper des autres enfants qu’avaient mes parents.
– Et, qu’est-ce que tu as en tête ?
– Et bien, j’adorerais qu’un joli petit ange comme toi m’offre un enfant. Pas tout de suite, car je sais qu’il ne serait pas en sécurité avec Akziel, mais, plus tard.
– Oh, et tu préfèrerais quoi, un garçon ou une fille ?
– Peu importe, l’un ou l’autre, celui que tu voudras bien m’offrir.
– Comme tu voudras. Tu veux attendre d’avoir battu Akziel ? Pour être sûr qu’il vive dans un monde en paix.
– Voilà, et je pense que tu veux la même chose que moi.
– Exact. En plus, ça nous laisse du temps pour nous entrainer. Tu n’es pas d’accord ? » me répondit-elle, se débarrassant de mon emprise et partant vers notre appartement.
« Tu es pire que moi. Et après les stéréotypes disent que c’est les hommes les plus obsédés.
– Quoi, il peut bien y avoir des exceptions non ?
– Si toutes les exceptions pouvaient être aussi sexy que toi. Attends-moi au moi, ne commence pas sans moi !
– Mais non, ne t’en fait pas ça ne risque pas. J’ai autant besoin de toi que toi de moi.
– Heureusement. Kat ?
– Oui monsieur, personne ne vous dérangera.
– Tant mieux. »
Le monde change c’est un fait, pourtant certaines choses restent intactes, sublimes et toujours aussi attrayantes qu’au début. Je n’aurais jamais eu une vie aussi sublime si tout avait changé, ma femme, mes amis, ma famille. C’est parce que j’ai ce bonheur, ce bonheur humain, que j’arrive à me convaincre de ce que j’ai pu faire et tout ce qu’il me reste à réaliser encore. Rien n’est fini, rien n’est achevé, rien n’est écrit aujourd’hui et inchangeable. Rien ne m’empêchera de changer le destin que veut donner Akziel à cette planète.
Partie 16 : Commencement d’une Fin
Il faut admettre que chaque peuple à son propre mode de vie, mais est-ce qu’au fond ils ne se pas les mêmes ? Certains humains se voient comme destructeurs de ce que Dieu leur a donné. Rien premièrement ne leur prouve que leur monde est un cadeau de Dieu. Et si seulement ils voyaient les autres civilisations des autres planètes, est-ce qu’ils changeraient d’avis ? Ou est-ce que justement ce n’est pas ce Dieu qui les a poussés à agir de la sorte ? Personnellement j’avais quelques réponses sur ce sujet, parce que notre peuple est aussi passé par là, parce que les terriens sont le plus jeune existant. Et que nous, nous avons appris de tout ce que l’on a fait, et que les humains font à leur tour.
On approchait du jour de la confrontation et bientôt un an que la face de mon monde avait commencé son changement radical. Samedi 27 avril 2013, j’annonçais officiellement cette date comme le début de la guerre que lançait Akziel contre nous. Pourquoi samedi ? Bonne question, de notre côté c’était la date d’anniversaire de Justine, pour l’info. Il avait commencé à rassembler une troupe, beaucoup de démons que j’avais déjà éliminés depuis des années. Une guerre interminable et gagnée d’avance d’après lui. Il avait tenu un discours, un de plus.
« Aujourd’hui, j’appelle à votre décence et votre intelligence. Ne voyez-vous pas que depuis tant d’années, son nom se répète à chaque malheur qui vous est arrivé ? Chaque, catastrophe est due à une de ses soi-disant interventions pour votre bien. Mais il n’a fait que semer le chaos parmi vous, vous diviser pour mieux se dissimuler. Et une fois le désordre placé il frappera pour vous anéantir. Il a commencé par le plus grand moyen de communication, la presse. C’est lui qui a détruit la tour de Raptor News, voulant éliminer le seul qui disait vrai sur ses actes. Mes frères, il est temps que vous vous souleviez contre ce traitre qui a assassiné sa famille et qui ne veut que la destruction. Suivez-moi, combattez à mes côtés. Je vous garantirais la victoire et la mort de ce monstre ! »
J’étais resté dans mon canapé, devant ma télévision. Admirant la façon dont il jouait avec les mots et m’amusant des inepties qu’il racontait.
« Vivement que j’y ferme sa grande gueule à ce vantard.
– Tu sais, ce n’est pas en restant affalé dans ton canapé que tu changeras ce qu’il dit. Me fit Virginie qui se préparait à manger.
– J’en ai conscience ne t’en fait pas. Mais tu sais très bien que je n’attaquerai pas tant qu’il ne le fera pas. Je ne ferai que me défendre. Ou alors…
– Ou alors, quelle idée tordue te passe par la tête ? répliqua-t-elle en s’asseyant à côté de moi.
– Ou alors justement je le prends de court. Il sait que j’appliquerai cette méthode, alors que si pour une fois je change, je suis son idée. Frapper pour détruire. J’atteindrais directement son égo.
– Et commencer à attiser sa rage, pas bête.
– Ce que je fais n’est jamais bête. Je vais aller m’amuser, tu viens avec moi ?
– Non, je préfère rester ici, tranquillement. On viendra te voir plus tard, si tu as des problèmes.
– Comme si je pouvais en avoir. À plus tard princesse. »
Une rengaine qui se répète. Encore et toujours. Notre classe, mon ancienne classe était une catastrophe. Cette fois-ci, c’était la directrice et le CPE qui étaient venus. Moi je tournais dans le labo pendant leur speech. M’arrêtant quelquefois pour discuter avec Bruno.
« Et lui alors ! fit Émeline en me pointant du doigt. Pourquoi vous l’autorisez à ne plus venir en cours ?
– C’est vrai ça, je ne vous ai jamais donné l’autorisation de ne plus assister aux cours. M’envoya la proviseure.
– Vous croyez vraiment que je n’ai que ça à faire ? J’ai d’autres préoccupations que de venir en cours alors que votre monde est en danger !
– En danger c’est ça, puis vous pensez vraiment que je vais vous croire.
– Il le faudra. Répliqua Bruno. Si vous ne le croyez pas, il vous faudra faire une croix sur moi.
– Bien…
– Si ça tente quelqu’un de me suivre, faites-moi signe ! repris-je en sortant »
Au final c’était Kévin qui m’avait suivi pour traverser la ville, faire une petite balade à pied avant d’aller m’amuser.
« J’ai peur de mal m’y prendre. Je sais qu’à un moment je ne saurais plus quoi faire et là, ben je risque de la perdre.
– Tout le monde a peur, mais ce n’est pas pour autant que l’on perd ou l’on abandonne. Lorsque tu ne sauras plus quoi faire comme tu dis, c’est elle et son expérience personnelle qui entreront en jeu. Je serais prêt à parier que plus d’une fois tu n’as pas su quoi dire, quoi penser. Mais elle a su changer ça. C’est ça l’idée, à partir du moment où il existe un duo, couple ou non, lorsque l’un arrive dans ses limites, l’autre prend le relai et ainsi de suite. Ce n’est que si personne ne se dit plus rien, que là, il faut penser à changer ou à abandonner.
– Mais quand je te regarde toi, ça parait si simple, si évident. Pourquoi ce n’est pas comme ça avec moi ?
– Maintenant ça parait simple, avant j’avais les mêmes craintes que toi. Se dire qu’à chaque action que tu fais, rien ne te prouve qu’elles soient assez efficaces pour lui monter ce que tu ressens pour elle.
– Arrête ! Tu vas finir par me faire déprimer.
– Mouais, tu sais quoi, je vais te dire une chose. Crois en toi. C’est dur à admettre, c’est dur à faire. Mais si tu y arrives, ça se fait tout seul. Ces craintes disparaissent. Sinon, au lieu de me les opposer, tu les lui opposes. Personnellement je l’ai fait et je ne m’en plains pas.
– Ouais, tu penses que je devrai le faire ?
– Je ne pense pas, j’en suis quasi sur. Fais-moi confiance.
– Bon, tu veux que j’aille appeler les autres ? Pour qu’ils voient ton carnage ?
– Non, demande-leur juste de regarder, au moins, je les appellerai si j’ai besoin d’eux.
– Bonne chance ! »
Après notre petite discussion, je me suis présenté devant la grande porte de sa cité. Deux gardes intrigués m’interpelèrent.
« Arrête-toi ! Qui es-tu pour te présenter ici ?
– Celui qui va vous anéantir un par un, ouvre-moi, je veux voir Akziel.
– C’est ça. Quel est ton nom ? reprit le second.
– Je me présente, Leo Kryssen, fis-je en m’abaissant pour saluer leur cupidité, amenez-moi votre chef !
– Tiens, tiens, voilà qui se représente devant moi. Qu’est-ce que tu veux ? répliqua Akziel débarquant sur le haut de la porte accompagné par deux femmes.
– Ta tête. Descends et montre-moi ce que tu vaux !
– Bien, avancez l’armée, il faudra que tu leur passes dessus avant ! répondit-il avec un rire cynique.
– Je l’attends. »
Déterminé, rien ne pouvait me faire peur. Je savais qu’il ne descendrait pas lui-même et qu’il garderait son armée pour me vaincre plus tard. Il m’avait envoyé quelques humains, déjà démonisés. Éliminés en quelques secondes.
« Tu n’as que ça ?
– D’accord, tu veux jouer les durs !
– Je te rappelle que je suis tout seul, alors envoie-moi plus que ça !
– Garde d’élite ! »
Un millier de soldats en armures, solides, mais pas très futées. J’ai surabusé de Rebellion et ces deux formes démon et ange pour les éradiquer, frappant un coup à gauche, un à droite. Aucun ne me résistait. Pourtant je sentais quelque chose qui n’allait pas. Jusqu’à ce que deux soldats en armures lourdes avec deux immenses lances viennent me pendre par les épaules.
« Ah, tu te sentais malin hein ! Je t’en foutrai moi tu vas voir. J’ai trouvé quelque chose que tu craignais, toi le grand nephilim. C’est des amures créées avec un métal inventé par ceux de la tribu Onyx d’Ovia. Apparemment tu n’as pas l’aire d’aimer ça ! Mais ce n’est pas tout, je te ramène un antidimensionnel ! Je crois que là tu vas apprécier le spectacle. »
Jamais je n’ai perdu espoir, même à ce point où j’étais en mauvaise posture, je savais que je m’en sortirais. Ils avaient planté leurs armes dans mes épaules, me bloquant les bras. Mon sang coulait presque à flots, mais ça ne m’inquiétait pas plus que ça. C’était une voix qui m’avait convaincu de ce que je disais. Cette voix frappante et vibrante qui disait.
« Shadow Flash »
Mené par un flou blanc et noir, c’était une longue vague de lumière jaune qui est venue frapper le démon qui s’avançait vers moi, terminant par une explosion derrière son créateur crachant de la fumée sur toute la longueur qu’il avait parcourue. Un souffle glacial vint geler mes deux bourreaux, me permettant ainsi de me libérer et me régénérer.
« Leo ? Ça va ? me demanda Chester qui venait d’arriver.
– Oui. Je vais bien en t’en fais pas. Me transformant.
– Un peu plus et t’y restais. La prochaine fois, appelle-nous ! fit Grey, habillé comme le fantôme que j’avais vu le jour du retour de Nikki.
– Le vieux se bat avec une canne, magnifique ! répliqua-t-il en riant.
– Ce n’est pas une canne, c’est bien plus.
– J’imagine.
– OH ! Pendant que vous blablatez, vous savez que je m’emmerde moi ! Je t’envoie un nouveau cadeau. Les élémentaliens ! »
Guerriers formés d’éléments, de matière, mais rien de plus. Ça ne vit pas, je ne savais même pas comment ils arrivaient à bouger. Une fois de plus il s’imaginait m’éliminer avec ça, mais il néglige tout, encore et toujours. Mon pouvoir des enchainés me permettait le contrôle des éléments. J’ai puisé ma force dans le sol, pour dématérialiser les soldats en tête de ligne et en prendre le contrôle, le faisant voler autour de moi qui avais pris une position surélevée pour impressionner.
« NON ! Pourquoi est-ce que tu arrives à faire ça ?
– Parce qu’encore une fois, tu ne fais que te regarder, sans t’occuper de la vraie nature de tes ennemis. Répliqua-t-il, ouvrant les yeux, remplaçant les lunettes par les tatouages qui comme mes yeux brillait de cette lueur qui caractérise l’énergie des Saory. »
J’ai repris toute cette force, pour plaquer tout ce que je contrôlais au sol, détruisant tout le reste de l’armée qui s’étendait sur dix mètres carrés. Le seul qui restait était un capitaine de troupe, plus gros et plus solide.
« Jamais tu ne l’élimineras ! J’en fais la promesse !
– Regarde et admire la force des enchainés ! »
J’ai récupéré tous les morceaux des soldats qui gisaient sur le sol, les entassant autour du chef, offrant toute ma force à créer une immense pression sur son corps pour finir par le faire exploser en miettes.
« Pourquoi ! NON ! Pas encore ! Je refuse !
– Ça ne te sert à rien de rager, viens plutôt m’affronter en face.
– Non, non… J’ai mieux, beaucoup mieux.
– Encore un moyen pour te défiler ! Trouillard !
– Que l’on ouvre les portes. Faites sortir l’armée impériale !
– Euh, je ne le sens pas là. T’es sûr de vouloir t’y coller seul ?
– Ne t’en fait pas frérot, je gère. Je vais m’amuser. »
L’armée impériale, l’armée du grand seigneur des ombres. C’était la plus grande armée que ce monde n’ait jamais connue. Elle ne lui appartenait pas, mais il l’avait gagné, obtenu en vainquant le chef de cette planète. Riealis, son peuple nait guerrier et meurt guerrier. Il en possédait la plus grande partie, soit cinq fois la population totale de la Terre. Trente-cinq-milliards de soldats, tous sur moi. J’avais confiance en ma force et ma puissance, aucun ne me résistait, aucun ne repartait vivant. C’était un déshonneur pour eux de s’enfuir. Je ne forçais pas sur mes capacités et mes armes, seulement ma vouge double et son pouvoir électrique. Chester et Grey qui avait pris une position surélevée à cause du nombre d’ennemis ne voyaient qu’un flot dominant de gris et, au centre, un espace dans lequel je me bâtais, n’apercevant que ma lame et ces vagues électriques qui pouvaient en sortir. C’était un vrai carnage et pourtant toujours plus de soldats arrivaient sur moi. Augmentant leurs forces de frappe, leurs vitesses leurs nombres sans pouvoir me surpasser l’utilisation de la totalité de mes pouvoirs. Je sentais Akziel rager, voyant sa plus grande force se faire décimer. « Aller ! Décimez-moi ce traitre. » Et ils arrivèrent plus vite, plus nombreux, plus fort. Petit à petit ils arrivaient à me surpasser, certains m’atteignaient, me touchaient une fois sans pouvoir réessayer une seconde fois. Puis ils continuaient, gagnant doucement du terrain, me devançant, s’approchant encore plus, toujours plus. Jusqu’à une ultime attaque de leur part qui vint me couvrir totalement. J’étais dessous, quelques secondes, laissant le temps à Akziel de croire qu’ils m’avaient vaincu. Mais il me restait une chance. Toshiie. Son appel provoquant à chaque fois un immense éclair venant du ciel pour me frapper, il élimina ceux qui avaient eu le malheur de se trouver au-dessus de moi. J’avais déployé les deux épées, jonglant entre leur aspect détaché et attaché pour éliminer plus ou moins vite les ennemis restants. Changeant quelques fois pour le chronosceptre pour faire plus de dégâts. Dix minutes plus tard, il ne restait plus que moi, au milieu d’un tas de trente-cinq-mille démons. Debout, face à mon ennemi principal, les bras le long du corps, mes épées à la main, les yeux fermés.
« NON ! Encore, pourquoi !
– Il te manque encore quelque chose mon frère.
– Quoi ? Dis-moi, avoue-moi la source de ta puissance !
– La sagesse », répondit-il, entourant son corps d’une fumée blanche et dirigeant son regard vers lui.
« Ah ! Tu veux de la sagesse ! Amenez-lui les mages. Tu ne les vaincras jamais. Ce sont les derniers esclaves de ta pauvre et chère tribu Onyx.
– Pourquoi continues-tu à t’obstiner… »
Des guerriers aux pouvoirs inimaginables. Pourtant aucun n’arrivait à me devancer. J’avais fait appel aux âmes damnées, divisant le groupe en quatre pour les moins puissants. J’avais une âme de plus, celle qui créait mon ombre. C’était la plus puissante de toutes. Je l’ai détaché et envoyé sur le dernier, le meneur. Elles avaient fini par toute se rejoindre derrière moi, me surplombant légèrement. Guidé par mon ombre. J’avais les yeux qui crachaient une fumée blanche et brillante, contrastant avec celle qui soufflait dans mon dos.
« Tu ne changeras donc jamais.
– Ah ! Non, je n’abandonnerais pas face à un minable comme toi.
– Minable. Descends. Je te montrerai qui est minable, lui répondit-il en rappelant ses esprits.
– Laisse-moi une seconde », répliqua-t-il en descendant je ne sais où et réapparaissant quelques secondes plus tard en face de moi, « Viens, je t’attends.
– Pitoyable »
Quelques secondes plus tard, j’étais déjà devant lui, je l’avais bloqué dans la mâchoire de ma lance que j’avais plantée dans la paroi du bouclier de la cité, les lames volantes au-dessus de sa tête.
« La prochaine fois, tu diras à ton propriétaire de venir lui-même, pas d’envoyer ses sbires incapables de se battre, reprit-il avant de lui couper la tête, pourquoi est-ce que tu ne veux pas venir m’affronter. Tu as enfin pris conscience que je suis plus fort que toi, ou est-ce que le grand guerrier Akziel a enfin peur de moi…
– Jamais, tu m’entends jamais je n’aurais peur de toi !
– Alors, viens, je t’ai déjà affronté une fois, j’espère que cette fois-ci tu seras plus solide.
– Comme tu voudras. »
Il fit ouvrir la porte de suite, pour me montrer que c’était bien lui qui descendait. Il se faisait déplacer par des soldats portant son trône. Un siège massif en argent, orné de sculptures de serpents, de têtes de mort et deux démons sur les côtés du trône. Il fit signe à ses serviteurs de le déposer et de repartir.
« Il faut toujours que tu en fasses trop. Tu ne sais pas rester modeste.
– Parce que tu te crois mieux ? Monsieur, j’ai un costume super chargé !
– Pourquoi continues-tu à être borné ? Je ne suis plus Leo. Toi qui n’as jamais cru aux anges, de pauvres fous qui ont tout perdu que tu disais, c’est bien ça ?
– Ce ne sont que des légendes. Tout le monde sait qu’elles ne sont pas vraies.
– Il y a une légende qui dis que Leo à un frère aussi, répliqua Chester, se posant à côté de moi. Et que lui aussi aurait un ange, reprit-il en changeant de forme.
– Non… Ce n’est pas possible !
– Je me présente, Toshiie Shin Zhao, l’Ange aux mille visages. Et voici mon frère, Hanzo, l’Ange de glace.
– Comme c’est mignon, il vient avec toute sa famille. Il ne manquerait plus que l’idiot qui suit toujours Leo.
– Laisse-moi le temps ! fit Sieg s’écrasant de l’autre côté, tu ne pensais quand même pas que j’allais le laisser s’amuser tout seul ! reprit-il en changeant d’apparence à son tour. Elidian, Ange psychique. »
Ils étaient tous venus, les autres étaient restés en retrait, au-dessus de nous, menés par Keiji.
« Tu ne crois toujours pas aux légendes mon pauvre ami ?
– Attends une minute, ça n’a aucun sens, comment veux-tu si…
– S’il manque sa femme. Elle est de retour, rassure-toi Akziel. Moi non plus je ne t’ai pas oubliée.
– Non, je ne me laisserai pas battre comme ça ! Moi aussi j’ai des alliés. Et je vais te prouver que toi et ton père avez fait le mauvais choix à ne pas venir avec moi.
– C’est ce que l’on va voir ! »
Un combat de ce type, on en avait déjà fait des centaines, voire des milliers, mais seulement un ou deux, face à lui. Il avait toujours un avantage numérique sur nous, mais pas cette fois-ci. Nous étions quatre sur Akziel et les autres avaient chacun un ennemi. Chester, Sieg, Nikki et moi. À nous quatre nous avions les pouvoirs nécessaires pour l’anéantir, déjà pour pouvoir lui tenir tête. C’était un guerrier de puissance, qui se battait avec d’immenses armes, presque plus grosses que lui certaines fois. Mais il lui restait un avantage face à moi. La vitesse. « Alors Kryssen, tu ralentis ou est-ce moi qui vais trop vite pour toi ? » Il se vantait de tout ce qui lui donnait un léger avantage. Et malgré tous mes efforts, il arrivait à être plus fort que moi. On s’est battu durant des heures, sans relâche contre lui et ses démons. Chacun avait vaincu le sien pourtant nous quatre n’avions pas encore abattu Akziel.
« Vous n’êtes pas assez fort à quatre pour m’éliminer. Pathétique ! J’ai envie d’en finir avec vous, fit-il en se mettant à nous courir autour, assez vite pour nous empêcher de sortir de son cercle. Attrape-moi si tu en le courage !
– Pourquoi crois-tu que tu peux encore me battre ? Tu n’as donc toujours rien compris.
– À quoi penses-tu Leo ? demanda Chester.
– Éloignez-vous, je me charge de lui.
– Non je refuse que tu te sacrifies pour le tuer ! répliqua Nikki.
– Emmène-la…
– Le pauvre chou, il veut protéger sa femme, comme c’est touchant. Répondit Akziel.
– Je vais te monter ce qu’est le véritable pouvoir d’un ange ! »
D’un coup, tout autour de nous s’est assombri, le ciel s’encombra de nuages, ne laissant qu’un léger espace, créant un rayon de lumière venant m’éclairer. J’avais perdu le contrôle du corps et je devenais spectateur de que ce Toshiie provoquait. Il s’est mis à réciter un sort, ou quelque chose dans le genre, en Aldorien, ressemblant à l’appel de mes styles de combats. Il avait replié les lunettes, les yeux fermés, fixant le sol il continuait sa prière. Il se tenait droit, le chronosceptre à la main droite, un côté posé au sol derrière lui, l’autre main devant son torse. Les lames volantes avaient changé de main de contrôle pour passer à la gauche. Son bras droit commençait à s’illuminer, l’arme qu’il tenait aussi. Puis arrivèrent des anneaux semblables à ceux que j’utilisais pour me régénérer, mais ceux-ci étaient jaunes, tournaient sur eux-mêmes. Certains étaient décorés de plumes qui ressemblaient au style des sangles de mon costume. Mais ce sort visait principalement l’arme. Le chronosceptre ressemblait à une clé à molette double face, qui avait la longueur d’une lance. Cette magie l’avait transformé un peu. Les deux mâchoires n’étaient plus attachées au manche, mais flottaient comme magnétisées, reliées au manche par des éclairs qui claquaient de temps à autre. Elles avaient pris une couleur dorée, striées par des bandes lumineuses bleues. « Empty Promises. Tu as perdu, mon fils » ce sont les dernières paroles qu’il avait prononcées avant de frapper son sceptre au sol, ralentissant tout autour de lui dans une sphère de même couleur que son bras. Il m’a rendu le contrôle en disant : « C’est ton combat, ce n’est plus mon fils. » J’ai rattrapé mon arme, stoppé Akziel dans sa course qui avait perdu toute son utilité à cette vitesse. Le cou bloqué dans les deux mâchoires de la lance. J’ai continué l’élan de mon coup, plaqué le traitre au sol, brisant le changement temporel.
« Une fois de plus, tu te laisses borner par tes idées !
– Je… T’interdis… Papa…
– Ton père a toujours valu mieux que toi. Tu es et resteras la honte de ta famille. Pourquoi continues-tu à te perdre dans les ténèbres ?
– Parce que tu crois que toi, guidé par la lumière tu veux mieux que moi ! répondit-il en essayant éperdument de se libérer.
– Pas forcément, fit Grey s’approchant, mais lui, a su voir le meilleur de ce monde. Toi tu t’entêtes à vouloir la destruction du monde et des populations pour ton bonheur, mais tu ne vois même pas que tout ce que tu réussis c’est ton malheur et ta perte.
– Je t’ai laissé plusieurs fois ta chance, ton père aussi. Je t’en laisse une dernière. Celle de revenir à la raison, d’ouvrir les yeux. Mais si tu ne changes rien, c’est la guerre que tu déclareras à L’Ordre. Et je te promets que tu périras sous ma lance ! répliqua-t-il en le replaçant sur son siège, reviens me voir lorsque tu pourras prétendre me battre, non pas dans tes rêves. En attendant, je te conseille de t’écraser. On saura se passer de toi ! reprit-il en le renvoyant dans sans château avec un éclair lancé par sa lance.
– Non, NON ! Je n’ai pas encore fini ! dit-il, volant sur son trône et s’écrasant dans son manoir.
– Je sais, je sais…
– Est-ce vraiment toi qui ne veux pas le tuer tout de suite Leo ? demanda Grey.
– Non, j’ai l’impression que son père veut le faire souffrir encore plus et lui faire payer sa trahison. Je… Excusez-moi… reprit-il en s’envolant.
– Leo attend ! » fit Nikki essayant de le suivre.
Vous n’avez pas l’impression que les choses vont trop vites certaines fois, que vous ne maitrisez pas ou plus ce que vous faites, mais que même malgré cette impression, le résultat est pourtant bien, voire même meilleur que ce que vous espériez ? Des tonnes de fois cette impression était présente chez moi, à l’arrivée de Leo, sa première apparition quelque peu étrange et brutale. Mon voyage dans le futur et tout ce qui a pu suivre. C’était à la fois quelque chose de nouveau, mais aussi quelque chose que je ne contrôlais pas totalement. Puis, plus ma fusion avec les occupants de mon corps se faisait, plus je sentais que rien ne m’échappait, tout était sous mes doigts, tous mes actes, étaient signés de ma main, non plus de celle des autres. Certaines fois j’en arrivais à me demander si je n’étais pas en train de mourir, pour laisser place à Leo, ou que je prédominais sur lui en profitant de ses pouvoirs. Mais une fois de plus le temps m’avait convaincu et fait voir la vérité. Chaque être, chacun égal, presque si tous n’étaient qu’un, moi.
Pour la première fois, j’étais parti bien plus loin, plus tranquille. En Chine, dans le château de Leo. Je suis entré dans le long jardin dans lequel il se battait avec son frère, qui maintenant ressemblait plus à une immense cour.
« Tu penses que je j’agis sur ce que tu fais ? demanda Yukon que j’entendais pour la première fois.
– Je me demande surtout si je fais les bons choix, si je n’aurais pas mieux fait de l’anéantir lorsque je le pouvais.
– Et lui donner la joie de pouvoir pourrir en enfer tranquille. S’il le fallait, si on n’avait aucun autre choix, je t’aurais aidé à le faire. Je veux lui faire payer tout ce qu’il a fait, comme vous, comme toi.
– Alors, pourquoi ne pas l’avoir tué en le martyrisant ?
– Parce que je ne le peux pas. Je n’ai aucun contrôle, je ne suis qu’une âme. Seuls toi et Leo pouvez agir réellement. Même Toshiie ne vit pas comme vous, il n’est qu’un aspect de la personnalité de Leo, il a offert sa vie pour qu’un élu, pour que vous puissiez mettre fin aux horreurs de ce monde.
– Tu veux dire, je n’ai pas besoin de me soucier que ce que je fais ?
– Tu peux le changer en revenant en arrière. Si tes choix sont mauvais, les autres seront là pour te montrer le véritable chemin. Aucune de tes actions jusqu’ici n’est à refaire différemment. Crois-moi.
– Adam, je savais que je te trouverais ici. Fit Virginie arrivant dans la cour.
– Ne te soucis pas te des actions, aucune ne peut être mauvaise. Même si elles te le paraissent par leurs effets destructeurs, ce que tu obtiendras plus tard sera toujours meilleur. Je te laisse mon ami. Aie confiance en moi, je ne veux que la même chose que toi.
– Pourquoi est-ce que tu es parti si vite ?
– J’avais besoin de réfléchir. Loin de lui… Je suis content que tu sois venu me voir.
– Tu savais très bien que je ne te laisserais pas t’en aller. Qu’est-ce qui te tracasse ?
– La peur, de faire les mauvais choix, de mettre notre planète en danger à ne pas vouloir l’anéantir maintenant.
– Pourtant c’est ce qu’aurait voulu votre père…
– Heureux de voir que vous avez retrouvé vos origines Monsieur.
– Je, vous connais, vous étiez le domestique de mes parents.
– Mais je le suis toujours mon ami, tant que vous serez en vie. Sans moi cette bâtisse ne serait qu’un champ de ruine même après sa rénovation.
– Victor Sanders. Content de voir que vous êtes encore parmi nous, répondis-je en m’agenouillant devant lui.
– Épargne-moi tes bonnes marnières gamin, répliqua-t-il en me prenant les mains et me relevant, moi aussi je suis content de te revoir. Venez, ne restez pas dehors, j’ai préparé quelque chose à manger.
– Si mademoiselle veut bien, repris-je en montrant le chemin de la porte.
– Oh, moi je les aime bien tes bonnes manières Adam.
– Je le sais, c’est bien pour ça que je les garde.
– Tu aurais tout de même pu me donner de tes nouvelles Leo.
– Je n’aurais jamais imaginé que vous étiez encore en vie. Puis j’avais presque tout oublié, je ne savais rien de mes origines, de mon enfance, jusqu’à ce que je retrouve mon frère. Sans lui je ne serais pas là, mais pas que lui, sans tous ceux qui ont crus en moi, même toi, je ne serais pas ici, je ne serais jamais allé si loin », repris-je, m’asseyant dans un fauteuil et prenant ma princesse sur les genoux.
« J’aurais pu savoir que tu avais trouvé une jolie femme, il ne manquerait plus que tu t’installes ici et que tu aie un petit dont il faudrait que je m’occupe.
– Sois patient mon ami, ça viendra, mais j’ai d’autres choses bien plus pressantes que ça à régler.
– Il est toujours parmi nous. Si seulement on avait pu l’arrêter avant. On n’aurait jamais dû le laisser plonger et lui retirer ces pouvoirs lorsqu’il était encore temps.
– Pourquoi ? Attends, je croyais que seuls les Dieux Saory pouvaient nous supprimer nos pouvoirs et nous passer simples soldats de l’armée ?
– Tu as raison Leo… répondit-il en regardant à travers la fenêtre, j’ai fait partie du conseil, avant et après la naissance de ton père. J’ai lâché ce poste lorsque j’ai voulu rejoindre ta famille, pour les protéger d’Akziel, mais je n’ai jamais pu. Mais comme tu le sais si bien, certaines choses ne doivent pas être réécrites.
– J’ai du mal à comprendre, vous saviez que je m’attaquerais ensuite à lui ? Pourquoi avoir abandonné les Saory alors ?
– Je ne les ai jamais abandonnés. Au bout d’un certain temps, les maitres du conseil ont le droit de lâcher leur siège et de choisir une autre vie. Seulement très peu le font, parce que très peu estiment qu’ils ont assez acquis pour partir. Ceux qui comme moi ont changé de vie ont une place d’autant plus importante. Même si officiellement je ne fais plus partie du conseil. Et oui, je savais que certaines choses se passeraient comme ceci. Grâce à son père qui avait vu qu’il irait droit dans le mur. Le conseil a choisi deux personnes pour l’empêcher de nuire, deux enfants prometteurs qui de plus, avaient une personne de confiance comme protecteur. Vous deux.
– Mes parents connaissaient ton origine ?
– Non, je ne leur ai jamais dit. Mais comme tu dis, sans moi tu ne serais pas ici.
– Vous avez presque tout fait pour moi, n’est-ce pas ?
– Beaucoup du moins. Laisse-moi te raconter. Après le choix de vos deux personnes pour détruire Akziel, il me fallait vous protéger et m’assurer de votre sureté. Ton frère était bien plus déterminé et solide que toi, c’est pour ça que je t’ai toujours aidé à avoir confiance en toi. Depuis vous avez chacun des domaines où l’un bat l’autre. J’ai conseillé ton père sur les choix qu’il a faits, lorsqu’il est parti. Seulement je ne m’attendais pas à ce qu’Akziel s’attaque à toi, mais plus à ton frère. Je sais que cette chose a été changée, Taigon t’a aidé pour l’arrivée de Toshiie. Lorsque tu es parti pour la Terre, là encore je suis entré en action. Le conseil a accordé l’élévation à Toshiie, il a demandé mon avis sur la personne à qui donner l’entité de Yukon, ils voulaient nommer mon fils et je les ai laissé faire parce qu’il était le mieux placé et que j’avais confiance en lui.
– Sieg est…
– Mon fils oui, comme tu dis mon ami, le monde est petit. Ensuite c’est moi qui ai choisi les autres membres de L’Ordre. Du moins du tien. Je crois que c’est tout, c’est déjà pas mal pour un vieillard comme moi. Mais ce n’est pas de moi qu’il fait s’occuper, mais de vous, vous deux. J’espère que tu continueras l’honneur que porte ta famille.
– Toujours, j’y tiens et je le garde. S’il le faut, je resterai perdu dans les ténèbres pour le protéger.
– Tu es génial Adam, ce n’est pas la gloire qui t’intéresse, mais tout le reste.
– La seule chose que je souhaite, c’est que l’on connaisse ce que j’ai fait pour ce monde, même s’il ne s’en souvient pas, lui assurer la sécurité, à eux, à nous. À toi et le fils ou la fille que j’aurais un jour grâce à toi. »
Isolé, tranquille. Je ne me suis plus soucié de ce qu’Akziel pouvait faire, penser ou même vouloir. J’étais bien, éloigné de tout, de tout le monde. J’y étais resté quelque temps, malgré les vacances que j’avais prises un peu avant, je crois que j’avais besoin de m’éloigner, surtout de lui. En attendant, j’étais chez moi, avec ma copine et une des seules personnes qui avait eu une relation avec ma famille encore vivante. Il m’avait d’ailleurs appris deux trois petites choses, le contrôle du ralentissement temporel jusqu’à même le figer. La téléportation chronologique entre notre monde et les autres comme les limbes. Et quelques petites choses sur mes pouvoirs personnels.
Tout était bien, rien pour me déranger. Mercredi 12 juin 2013, je ne m’occupais toujours pas de ce qui pouvait se passer chez nous, juste de moi et ma princesse.
« Tu veux passer toute ta journée au fond du lit ? Me demanda Virginie déjà levé.
– Oh ! Tu sais, si tu étais avec moi je le ferais avec plaisir ! répondis-je encore un peu endormi.
– Fainéant va. Ne le lève pas à midi non plus, d’accord.
– Ne t’inquiète pas, je serai levé. Il me faut juste un peu de temps…
– Je te dérange peut-être ? demanda Sieg arrivant dans la chambre.
– Tiens, Sieg, comment vas-tu ?
– Bien. Mais je crois que ça n’importe pas tant que ça pour l’instant. On a un problème plus grave.
– Ah, du genre ? Catastrophe mondialement catastrophique ?
– Arrête tes blagues. Akziel a remarqué que tu étais parti.
– Mais non, il s’est juste décidé à agir. Tu vas me dire ce n’est pas trop tôt.
– Non là non. Je crois qu’il est déterminé à nous anéantir !
– Mais non, juste nous déclarer la guerre. Il a enfin ouvert les yeux, du mauvais côté, mais bon.
– Leo, ton petit déjeuner, au lit ou ?
– J’arrive Vic. J’arrive.
– Vic ? reprit Sieg.
– Victor, c’est le maitre d’hôtel de mes parents, répondis-je en me levant et m’habillant en téléportant mes vêtements sur moi, viens. Explique-moi, raconte-moi tout.
– Mais, tu ne veux pas te presser un peu, il est peut-être déjà en train de détruire la ville.
– N’y croit pas trop Sieg, répliquais-je en m’asseyant, il va juste déposer une partie de son armée, s’implanter et se donner de la valeur face aux humains. Rien de plus.
– Il n’attaquera jamais, pas tant qu’il ne sera pas installé, posé. Prêt à avancer une frappe puissante, fit Victor.
– Et nous, on démantèlera tous ses plans, un à un, chaque poste, chaque avancée, chaque force.
– Et, si ce n’est pas trop indiscret en quoi vous connaissez la manière donc Akziel va agir ?
– J’ai été membre du conseil Saory. Je le connais bien plus que ce que tu ne peux t’imaginer.
– Ouais, en attendant, moi je retourne là-bas. Rejoins-nous quand tu auras fini.
– Il ne se souvient même plus de moi… Certaines fois je me demande si j’ai fait le bon choix pour lui…
– Je suis sûr que oui. Excuse-nous, mais il faut qu’on y aille. J’essaierai de revenir de temps en temps.
– Au moins, envoie-moi des nouvelles.
– J’y penserai. À bientôt. Mademoiselle.
– J’arrive. C’est parti ! dit-elle passant le portail.
– Ne change rien Leo. Reste comme tu es, reste comme ton père.
– Ne t’en fais pas pour ça. Je ne changerai pour rien au monde ! répondis-je passant à mon tour.
– Prends soin de toi… »
Tout le monde était là, à regarder l’autre commencer son carnage, du moins son arrivée des plus spectaculaires. Il avait transporté toute sa flotte, de celle qu’il utilisait pour détruire les autres mondes à celle qu’il avait pris à son père. Elle formait un immense flot dans le ciel, presque cachant toute la partie visible par le champ de vision d’un homme. En tête il y avait les trois vaisseaux mères. Le sien et les deux de son père. Suivis part de tous types de vaisseaux. Chasseurs, bombardiers, flottes de transport, postes de déploiement. Pour certains c’était un spectacle d’horreur, pour moi juste une déclaration de guerre.
« Si c’est la guerre que tu veux, tu l’auras mon cher. Mais je te promets que tu vas le payer très cher.
– Leo vient voir, me fit Sieg.
– Oui, que veux-tu ? demandais-je en me téléportant à côté de lui.
– Regarde ça », me fit-il en affichant une chaine de télévision sur ses écrans, qui diffusaient encore un discours d’Akziel.
« Mes chers compatriotes. Je le sais, cette armada d’armes peut vous faire peur. Mais si je les amène ici, c’est uniquement parce que vous courrez un immense danger. Je ne veux que votre sécurité. Pour cela j’installe un peu partout sur votre planète, des postes de gardes, ils veilleront jour et nuit à votre sécurité. N’en ayez pas peur, ils ne vous feront jamais de mal. Sauf si vous osez vous ranger du côté de Kryssen. Chaque traitre qui osera prendre parti avec lui sera assassiné sur le champ. Personnellement je resterai ici, pour essayer de contrer ses attaques directement, pour votre bien. N’ayez aucune crainte. Je ne le laisserai pas vous anéantir !
– Ça, c’est certain, c’est toi qui le feras à ma place sale menteur. Il va me rendre dingue.
– Tu penses que ton ami, l’ancien maitre du conseil pourrait essayer de nous avoir leurs faveurs.
– À quoi penses-tu dans leurs faveurs ?
– L’armée Saory, avec elle il n’a aucune chance. Même sans il y a des chances qu’il soufre bien.
– On va casser sa maudite armée. Mais s’il le faut, on fera appel à eux.
– Je n’ai plus rien à perdre, n’hésite pas à détruire les plus puissantes armes qu’il a pu me voler, tu ne feras que le faire rager. »
Je m’étais installé devant une des fenêtres du labo de Sieg. Il n’avait presque rien installé chez nous, tout était éparpillé aux quatre coins du globe. Ce n’est que le lendemain que les pays du monde se décidèrent à organiser une de leurs réunions de L’ONU, l’Organisation des Nations Unies, à laquelle j’étais d’ailleurs invité. Parce que bien sûr, j’en étais le sujet principal.
« Tout ceci est de votre faute, Monsieur Kryssen !
– Quoi, ma faute ? Vous pouvez me prouver votre connerie ?
– Si vous n’étiez pas ici, notre planète serait encore sans danger !
– Si je n’étais pas ici comme vous dîtes si bien. Il serait venu et vous aurez déjà éradiqué sans même vous laisser une chance de vous battre.
– Nous avons l’arme nucléaire. Il ne peut pas nous toucher ! fit un second chef d’État.
– C’est ça, votre magique arme nucléaire. Tout ce que vous réussirez avec cette merde c’est de vous éliminer vous-même. Aucun habitant de notre planète ne craint les radiations atomiques.
– Alors que faire ?
– Il y a quelques années encore vous ne vouliez pas admettre qu’il existe des formes de vies extraterrestres. Pourtant ici comme partout ailleurs certaines personnes sont des étrangères. Pour ma part, je suis arrivé chez vous en 1153, mais d’autres sont là depuis bien plus longtemps. Les dieux que vos religions vénèrent ne sont que des habitants d’une autre planète. L’un des peuples les plus puissants certes et la première civilisation de notre galaxie. Encore une fois vous ne m’aidez qu’à penser que vous êtes bornés et pensez qu’à vous-même. Parce que je suis ici, et parce qu’il veut me faire souffrir, il vous laisse une chance de survivre. Dans le cas contraire, vous seriez déjà comme Ovia depuis des milliers d’années. Je ne vous demande pas de vous battre contre lui ou contre ses soldats. J’ai conscience que vous n’auriez aucune chance. Je me chargerai de l’éliminer, moi et tous ceux qui peuvent se battre contre lui et j’essaierai d’assurer la meilleure sécurité possible pour vos populations. En échange je veux vos soutiens.
– Financier ?
– Humain, je me fiche de l’argent, je n’en ai pas besoin. Je veux que vous rassuriez vos populations, je ne suis pas là comme un destructeur, mais juste pour l’éliminer lui. Pas vous.
– Pourquoi ne pas le faire vous-même ? C’est vrai, vous auriez toujours plus de force de parole.
– Certes, mais ils ne me croiront jamais. Après tout ce qu’il a pu dire sur moi, les seuls qui aient encore confiance en moi c’est vous. Et vous êtes les seuls qu’ils écouteront. Je veux que vous leur donniez le choix, ceux qui veulent se battre à mes côtés me rejoignent, ceux qui préfèrent rester neutres qu’ils continuent à vivre normalement et ceux qui le préfère lui, qu’ils le rejoignent aussi.
– En clair vous voulez tous nous tuer.
– Non, jamais. Ceux qui se rangeront de mon côté, je leur offrirai les moyens de se battre avec des armes bien plus puissantes que les vôtres. Je leur assurerais que leurs morts si elle existe ne seront ni vaines ni réelles. J’ai les moyens de leur offrir une vie, loin d’ici. Ils reviendront une fois que nous aurons terminé. Ceux qui choisiront l’ennemi, je leur offrirai un moyen de se faire pardonner.
– Mais vous êtes sûr de pouvoir l’arrêter ?
– Vous pensez vraiment que je m’emmerderai à être là si je savais que j’allais perdre ? Non franchement. Laissez-moi faire et surtout ne vous mêlez pas de ce que je peux entreprendre, encore moins si c’est pour les arrêter. Contentez-vous de faire ce que je vous ai demandé, répondis-je en commençant à partir.
– Et vous pensez vraiment que l’on va rester là, sans rien faire à vous regarder. Je vous ferai remarquer que presque toute son armée est sur Mon Pays ! reprit le président français.
– Oh ! fis-je, soupirant, allez-y, attaquez-le ! Vous serez considérés à ces yeux comme mes alliés et il a promis dans son long et majestueux discours de menteur qu’il tuera tous ceux qui se rangeront de mon côté. Je fais ça pour votre bien, vous savez. Et puis, si vous ne voulez pas me croire, faites, je vous en prie, mais ne venez pas vous plaindre si vous perdez le soutien de mes alliés. Bon courage. »
Ce n’est qu’à ce jour que le monde prenait conscience de ma présence et des effets que cela pouvait avoir sur leurs petites vies tranquilles. Et c’était la première fois qu’une guerre se déclarait, alors que ce n’était même pas eux les déclencheurs. Une guerre d’un autre monde sur leur planète, mais parce que l’assaillant voulait la détruire et que j’étais présent pour l’en empêcher.
Je n’étais pas resté longtemps, juste pour écouter leur petit speech puis j’étais reparti, chez moi de préférence, là où j’avais toujours l’habitude d’aller. En général il n’y avait jamais personne, mais cette fois-ci, Sieg s’y trouvait.
« Tes parents sont arrivés, je leur ai donné un appartement dans ton quartier de la ville.
– Superbe, au moins je n’ai plus à craindre s’il se décide à attaquer sa planète natale.
– Tu sais, je me sens un petit peu comme toi Leo.
– Comment ça ?
– Tu ne sais presque rien de tes parents, à part ce que Chester a pu te raconter. Il te reste quelques souvenirs. Mais rien de plus.
– Où veux-tu en venir ?
– Je me demande même si j’ai des parents moi-même. Oui certes je suis la création de Yukon, l’incarnation de ses pouvoirs légués à Toshiie et principalement à toi. Mais est-ce que j’ai des origines ? Je doute qu’ils m’aient juste créé comme ça, mais je ne sais même pas si j’ai des parents…
– Sieg, tu te souviens de Victor, le maitre d’hôtel de mes parents, repris-je en m’asseyant sur la rambarde, face à Sieg qui était de l’autre côté du plateau, il m’a raconté certaines choses, comme le fait qu’il ait connu Yukon, qu’il suivait mon père et Akziel d’assez prêt sachant la mauvaise influence que l’un aurait pu avoir sur l’autre. Ensuite il s’est intéressé à moi et Chester, du fait que l’ont été les deux qui pouvaient anéantir la plus grande erreur du conseil, celle de ne pas lui avoir coupé ses pouvoirs lorsqu’il devenait dangereux. Il s’est mis au service de notre famille pour nous protéger et nous assurer l’entrainement nécessaire. Il m’a ensuite toujours soutenu, les membres de L’Ordre sont les guerriers les plus prometteurs de notre peuple, il les a aidés à me rejoindre. Mais il n’y a pas que ça. On t’a dit que tes pouvoirs tu les tenais de Yukon, exact ?
– Oui, mais qu’est-ce que tu veux dire ?
– Taigon m’avait raconté pendant que mon léger coma à cause de Toshiie, que c’est Yukon qui t’avait choisis pour récupérer tes pouvoirs et qu’il nous avait fait rencontrer. Sauf que ce n’est pas tout à fait exact. Le conseil a pris la décision pour Yukon, ils ont pensé à toi. Mais ils n’ont pas voulu l’imposer, parce que comme tu le pressens, tous les souvenirs de ta vie avant cette implantation se retrouvent enfouis quelque part, mais tu n’es pas capable de le retrouver. Ils ont demandé l’avis de ton père, qui savait que s’il disait oui, tu deviendrais l’un de mes alliés.
– Attends, j’ai du mal à comprendre, tu voudrais insinuer que mon père est quelqu’un qui… Non…
– Victor Sanders Wahrheit, ton père, ancien membre du conseil Saory…
– Non, je ne veux pas te croire ! répondit-il en retournant sur le plateau principal.
– Sieg attend ! répliquais-je en descendant à mon tour.
– Si tu dis vrai alors pourquoi il ne m’a rien dit, pourquoi il ne m’a jamais demandé mon avis, pourquoi est-ce qu’il m’a toujours laissé croire que j’étais seul sans aucune famille ?
– Je n’en sais rien…
– Je ne t’en veux pas, tu n’y es pour rien, mais, pourquoi a-t-il voulu me le cacher ?
– Peut-être parce qu’il ne cherchait que ta sécurité, mes parents adoptifs ne m’ont jamais dit que j’avais un frère avant que je le découvre moi-même. Parce qu’au final, grâce aux pouvoirs de Yukon, on n’est pas seulement lié, mais presque identique. On a une vie qui se ressemble avec quelques détails.
– Il y a certaines choses dans ce monde que l’on ne maitrise pas, tout nous parait simple, mais quelque chose nous échappe totalement. Répliqua Ariel. Des questions qui resteront peut-être à jamais sans réponses. Pourquoi Akziel est une enflure de la pire espèce alors que son père est l’un des plus grands guerriers aldoriens par exemple ?
– Ne te prends pas la tête pour ça Sieg, on aura le temps d’arranger ça, repris-je.
– Tu as raison. Pendant que tu étais avec tes copains, j’en ai profité pour effectuer un scan de la planète, trouver les points les plus fragiles et les plus stratégiques du système de combat d’Akziel.
– Explique-moi tout.
– Regarde, dit-il en déployant un hologramme de la Terre, tout est sous la forme d’une toile ou le point final est ici, sa cité. Certains sont des leurres, qui ne sont là que pour faire croire aux habitants qu’il est présent. Ceux-ci ne présentent aucun danger réel, il suffira de trouver ce qu’il les produit. C’est un immense réseau ou toutes les tours, poste de commandement, d’armement ou de garde sont reliés au nœud. Le nœud étant intouchable tant que ces derniers sont debout.
– Et tu proposes ?
– Les dégommer ! Sauf que, si on s’y attaque comme ça, on va provoquer une fissure et soit risquer d’endommager la planète à un point critique, soit tuer des milliers d’humains.
– Magnifique !
– Mais il ne parait pas si con que ça le traitre. Une grande partie est vivante aussi dans les limbes, avec des protections restreintes suivant leurs objectifs.
– Du genre ?
– Paris, poste stratégique sept, c’est un dimensionnel, rattaché à un monde de possédés dans les limbes.
– Super, c’est encore pire que sa ville.
– À ce point, parce que j’ai vu l’état de sa ville et c’est bien pire !
– Je sais Virginie, mais là, sa cité au pire c’est lui qui prendra si on n’élimine pas ce qu’il se trouve dans les limbes. Mais sur ces postes, c’est les hommes que l’on va toucher. Je ne peux pas me permettre de prendre ce risque.
– Mais ce n’est pas tout. Reprit Sieg. Tu ne pourras pas détruire toi-même tous les postes. Certains sont adimensionnels et ne subiront que les attaques de type élémentaire ou du genre.
– Donc, au final…
– Tu auras besoin de nous aussi Leo ! répondit fièrement Nabil menant les quatre autres.
– J’avais bien l’intention de vous utiliser ne vous en faites pas. Je me demande si Akziel ne l’a pas fait exprès.
– C’est bien probable frérot, répliqua Chester. Toujours dans le but de t’énerver.
– Alors je lui dis bon courage.
– On commence à le connaitre, à savoir comment il agit, tout ce qu’il voudra faire c’est te massacrer, dehors et dedans.
– Mais si j’arrive à lui faire la même chose avant qu’il ne puisse s’attaquer à moi…
– Tu briseras son égo, le feras rager. Le rendra fou et il ne s’en prendra plus qu’à toi parce qu’en plus d’avoir éliminé ses installations, c’est son cœur lui-même que t’auras rongé de l’intérieur, fit Kévin nous rejoignant avec Sia et Alexia.
– Cette fois-ci Leo, on touche au but, on est arrivé à le faire revenir, l’obliger à t’affronter en déclenchant la guerre contre nous. Nous ne devons pas perdre cette chance de l’anéantir une bonne fois pour toutes. Pour nous, pour eux et pour notre père, reprit Chester.
– Tu as raison, ce n’est même plus une affaire personnelle désormais, c’est tout L’Ordre qui se battra contre ce traitre, pour leur survie. Vous êtes prêt à vous battre. Je ne vous garantis pas une victoire, mais une victoire écrasante. Vous êtes avec moi ?
– Toujours. On t’a toujours soutenu jusqu’ici, on te suivra jusqu’à la mort. Nous sommes prêts à nous battre. Pour notre nation, pour notre honneur et pour celui de L’Ordre ! répondit Christophe se faisant porte-parole du groupe entier. »
Depuis des années, je vois le monde autour de moi et j’ai l’impression de n’être rien, comparé à tous ceux qui m’entourent. Je sais que nous sommes insignifiants dans un si vaste monde que le nôtre, seulement certaines choses nous font dire, ou nous donnent de l’importance, ce que l’on fait, ce que l’on est, ou bien ce que l’on a. De nos jours tout le monde fait son monde autour de ce que l’on possède, et si on ne possède pas ces choses, on est délaissé. On critique ceux qui sont différents, on les rabaisse et on les oublie. Si ces personnes n’arrivent pas à s’imposer, personne ne les respecte. Seulement certaines ne se laissent pas faire. L’homme apprend de ses erreurs. Certains déménagent et changent de vie, d’autres changent leur personnalité, pour montrer leurs valeurs. Personnellement, malgré tous mes amis, j’étais dans ce cas, j’ai utilisé mon aspect arrogant pour m’imposer, j’ai mis en avant mon caractère invivable pour me faire respecter. J’y suis arrivé seulement j’avais toujours cette impression que l’on essayait de m’oublier, que l’on n’en avait rien à faire de moi. Depuis quelque temps j’avais l’impression que l’on me craignait, moi et Leo, j’accorde que j’ai la capacité, surtout la volonté de tuer n’importe qui, leur peur est tout à fait compréhensible. Ce n’est pas pour autant que je me permettrais d’anéantir un peuple dans lequel j’ai posé un si grand espoir, où j’ai consacré la plus grande partie de ma vie à protéger, de toutes menaces qu’ils ne pouvaient pas combattre. Depuis des années je suis sur cette planète, j’ai découvert ce que certains appellent la nature humaine. Cette chaleur dont ils savent faire part, leur côté amical, souriant. J’ai appris à apprécier ce peuple qui est l’un des plus jeunes de la galaxie, car chez eux réside une chose que beaucoup ont perdue à cause des guerres. L’espoir. Cette chose que tout être à étant jeune qui souvent disparait avec le temps. Chez eux, même s’ils perdent espoir en eux-mêmes, ils savent donner leur confiance aux autres, en ceux qui ont encore l’espoir, la détermination, le courage. Beaucoup m’ont offert cette confiance, je ne serais surement jamais arrivé où j’en suis sans ces personnes qui ont su me prouver que j’étais capable, que je pouvais, sans ces personnes qui m’ont toujours aidé, encouragé. Sans celles qui m’ont accompagné. Comme Sieg ou encore Nikki. Ce sont les personnes en qui moi j’avais confiance, en qui je portais de l’espoir et qui en échange, me soutenaient et m’aidaient.
Aujourd’hui les choses ont légèrement changé. Nous ne sommes plus seulement trois comme avant, mais treize prêt à en découdre pour protéger la planète. Chacun avait un rôle précis et chacun jouerait un rôle décisif. J’avais besoin d’eux, car sans eux je ne pourrais surement jamais assurer la sécurité de la Terre.
J’avais retrouvé une vie à peu près normale. Ma femme, mon frère, Sieg, tous mes amis étaient avec moi. J’avais fait la connaissance de deux personnes dont les connaissances me seront fortement utiles comme Grey et Crimson. De nouveaux amis et alliés, Sia, Alexia, Kévin et Ariel. Nous avions en plus, les pouvoirs des anges, de ces guerriers aux pouvoirs dépassant l’imagination. Et la face du monde avait été transformée depuis mon retour grâce à Adam. D’abord la Tour qui avait pris l’aspect dédié aux anges, puis cette petite ville tranquille, la citée d’Akziel qu’il avait implanté, la Citadelle des anges. La maison de mes parents dont le maitre d’hôtel était le père naturel de Sieg. Cette maison qui deviendra la mienne une fois cette bataille terminée. Enfin, bataille, ce sera plutôt une guerre, une guerre interminable entre deux ennemis qui se détestaient depuis des années et qui allait encore durer un bon moment.
Cette guerre, aussi longue soit-elle, sera la dernière, ma dernière. Mais je ne faisais que la commencer. C’est une fin que j’amorçais, la fin d’un traitre et tyran. Sun Kazakov Akziel.