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Partie 5 : Lumière de L’ombre
Les mystères du monde commun. Toutes ces choses qui sont présentes dans la vie de tout le monde et que l’on n’a pourtant aucune envie de connaitre l’origine, ni de savoir pourquoi et comment elles ont fait pour être ici. C’est un petit peu comme moi, beaucoup veulent que je reste, que je continue à me battre pour eux, même s’ils ne savent pas d’où je viens et qu’ils sont pertinemment conscient que je ne suis pas un terrien.
Lundi 14 octobre 2013, pourquoi si loin ? Pas de vacances cette fois-ci. Pendant environ un moins nous avons dû faire face à des attaques incessantes de démons. Akziel, comme toujours. Enfin je ne pensais pas que ça vienne de lui, mais plutôt du fils du gros tas, Daryl Barabas. Akziel me paraissait trop caché, discret depuis quelque temps. C’était louche. Dans tous les cas, la ville était parsemée de cadavres de démons, enfin, du moins j’étais le seul à les voir. Ce matin-là, j’étais encore sur le plateau de la Tour. Les mains jointes, les coudes appuyés sur la rambarde.
« Oh ! Le grand assassin noir est de retour !
– Pourquoi ? Tu as peur que je m’attaque à toi Rosie ?
– Non, je te fais confiance. Mais je n’aurais jamais imaginé un costume aussi sophistiqué. Il est franchement beau et te va à ravir !
– C’est le costume de l’aigle. L’original, juste légèrement modifié par Sieg. C’est une armure puissante et souple, faite pour le combat.
– M’en faudrait un !
– Ô grande prêtresse des dimensions, tu ne crois pas que ta tenue trop abusée te suffit ?
– C’est vrai. Alors, quand est-ce qu’on part ?
– J’attends que Sieg nous rejoigne.
– Virginie ne vient pas avec nous ?
– Non, ils sont tous beaucoup trop fatigués.
– T’est sérieux ? Fatigués !
– Hey, toi tu ne crains pas, alors je t’en prie.
– Et toi alors ?
– Moi j’ai mon cœur, je ne fatigue pas, je ne m’épuise même pas. Je suis solide. Pas tout le monde.
– Prêt à partir ? fit Sieg derrière nous, et non, on n’a pas le choix Leo.
– Sieg. Ne restons pas ici. Nous avons du boulot. En route les amis ! »
Shanghai. C’était la ville que mon malheureux ennemi avait choisis. Je ne sais pas d’ailleurs pourquoi, il aurait pu choisir la capitale comme partout. Cette tour avait malgré tout une particularité. Celle d’être la prison des âmes du monde des limbes. D’où le bordel organisé dont je parlais. Dans le couloir où menait le portail d’entrée, sur les murs une inscription se répétait, avec à chaque fois une calligraphie différente. « Save Your Soul » scandaient les messages gravés sur le béton par les détenus. Ça pouvait en faire reculer plus d’un, mais ce n’est pas pour autant que nous avons reculés. Il n’y avait que moi et Ariel dans les limbes. Sieg était resté dans le monde réel pour nous aider à avancer. D’ailleurs je suis le seul à être capable de le faire changer de monde grâce à mes portails.
« Tu crois que si on les retrouves toutes on pourrait les sauver ?
– Trouver des corps à des âmes perdues. J’ai bien peur que les leurs ne soient plus.
– Les dépouilles des âmes perdues ne sont pas détruites. C’est impossible, me fit Sieg.
– Alors éclaire-moi de ta science parfaite mon cher. Où est-ce qu’on peut les trouver ?
– Dans une “morgue” dans la prison. Enfin, tu m’as compris.
– Ouais… Viens Ariel, on doit trouver un moyen de les libérer. »
Depuis que nous étions entrés, j’avais remarqué quelque chose d’anormal. Une sorte de présence, lourde et pensante. Lorsque nous sommes sortis du couloir où nous étions, ces mots en sont sortis à leurs tours « How old is your soul ? », ils sont revenus plusieurs fois durant notre avancée.
« Qu’est-ce que c’est ?
– Est-ce que ma petite Rosie aurait peur ?
– Non, je… Un peu…
– Tu n’as rien à craindre. Même si tu ne la maitrise pas bien, Ariel saura prendre place au bon moment. Et pour ça là, je pense que… »
Quelques secondes plus tard il s’attaquait à moi. Je l’ai arrêté d’un coup, plantant mes deux lames secrètes dans son estomac.
« Il va quand même pas s’attaquer à moi ?
– Voleur d’âme. Pourquoi tu m’attaque comme un traitre mon petit, viens tu me fais pas peur !
– Moi si Adam !
– Rosie, je… Non, pas toi, pas maintenant ! »
Il l’avait touché en plein cœur. Je n’ai pas tardé à attraper l’anneau du mien, le lui posant sur le torse. J’ai abusé de mon contrôle des esprits pour la placer sous mon emprise et la régénérer grâce à l’anneau de mon cœur. Je m’étais presque vidé totalement. J’étais à genoux, exténué, appuyé avec une main au sol. C’était la seconde fois que j’expirais des particules bleue, sans savoir leurs origines, mais cette fois-ci elles sortaient de tous mon corps.
« Hey Leo !
– Non, c’est bon, je vais bien. Enfin je crois.
– Vas-y doucement Adam, tu sais que tu ne peux pas te régénérer dans les limbes, dit Sieg.
– Je sais, mais je vais bien, je récupère, elle ne peut pas se réanimer.
– Tu m’as fait peur. Je n’ai pas envie que ma sœur te perde !
– Mais au moins j’ai réussis à ramener Ariel, Rosie. Ne restons pas ici, il va nous retrouver. »
Nous avons avancés pendant environ une demi-heure, à travers les couloirs, guidé par Sieg pour atteindre une salle à partir de laquelle on pourrait accéder à la prison. Il nous a mené à une pièce circulaire, avec une sorte de plateau au milieu, je n’arrivais d’ailleurs pas à comprendre comment il flottait.
« La sortie est là-haut ! me dit-elle en me montant un petit tunnel blanc loin de nous, tu penses pouvoir l’atteindre ?
– Ne me sous estimes pas ! Attends-moi. »
J’ai pris une seconde pour analyser la salle, puis je suis parti à toute vitesse vers l’endroit le plus proche pour grimper, m’aidant des moulures et de la structure des murs pour avancer. Quelques secondes plus tard j’étais en haut, posé sur la rambarde du balcon, en face du point que je devais atteindre. « Tu ne l’atteindra jamais » me disait Ariel. C’était sans compter sur mes talents d’assassin et surtout mon crochet caché dans la lame.
« Aller, aide-moi à avancer plutôt que de me critiquer.
– Ça va, si on a plus le droit de plaisanter. »
Elle flottait, suspendue dans l’espace dans sa bulle bleue. Des dizaines de débris tournants autour d’elle. À chaque pas que je faisais, le chemin se créait sous mes pieds. Le chemin était assez long et je m’étais encore une fois perdu dans mes pensées. Pas des visions, juste des souvenirs. Jusqu’à ce qu’Ariel m’arrête.
« Désolé, je peux pas te faire passer à travers la matière noire. Tu vas devoir me rejoindre seul.
– Va, j’arrive. »
J’ai avancé, toujours en train de penser. Il y avait quelque chose qui me triturait la tête. Et j’entendais encore le voleur d’âme répéter encore et encore « How old is your soul ? » Puis il dit une dernière fois cette phrase, passant alors devant moi sans rester.
« Adam ? Tout va bien ?
– Ouais, je crois avoir aperçu quelque chose sur lui, va falloir que je le déboite.
– Et que tu te dépêche aussi, ma construction ne va pas t’attendre.
– J’arrive ! »
Effectivement, le pont qu’elle m’avait avancé commençait à se désagréger. J’ai abusé de mes capacités, alternant entre cristallisation et envol de l’aigle pour me déplacer.
« Je crois qu’on n’est pas tout seul Adam, tu ne voudrais pas te dépêcher ?
– Une seconde ! »
Je me suis lancé en sprint, en créant moi-même le sol avec mon contrôle des objets. Je me suis élancé à travers la porte et forçant ma chute avec la rage de l’ours. Tous les ennemis restant alors avaient été projetés contre les murs de la pièce.
« How old is your soul?
– Plus vieille que la tienne connard. Montre-toi avant que je te trouve et t’arraches ton cœur !
– Qu’est-ce que tu as vu sur lui pour que lui porte un tel engouement ?
– Un oblitérateur cellulaire.
– Le genre de chose que l’on ne trouve pas partout. Ils sont normalement réservés aux soldats d’élite de l’armée Aldorienne, fit Sieg
– Le même que celui que tu avais ?
– Et qu’il a explosé à force de jouer avec. Hein Leo !
– C’est bon Sieg, pas besoin de me le rappeler. Je me demande surtout pourquoi il peut en avoir besoin ?
– Retrouvons-le, on le saura vite. »
Nous avons suivis le son de ces paroles qui répétaient toujours la même chose. J’avançais toujours de la même manière, grâce à ce que me construisait Ariel et mes talents. Nous avons dû avancer presque toute la journée. Il était environ dix-neuf heures lorsque nous avions atteint le dôme d’où provenaient les incessantes incantations. J’ai passé la porte le premier, au même moment le voleur d’âme me passa au-dessus de la tête. J’avais ressentis autre chose qui venait au même moment. Je me suis accroché avec les deux lames que j’avais dans les bras aux bords de l’arche ou se tenait la porte quand je me suis vu repartir dans mes visions. Toujours au même endroit. Toujours avec la même personne.
« Oh, désolé, je ne voulais pas… dit-elle, me surprenant torse nu.
– Ce n’est pas grave. Je ne vais pas taper une crise de jalousie parce que tu es en train de fantasmer sur moi.
– Fantasmer oui… T’est quand même bizarre, tu ne trouves pas ?
– Tu parles de mon corps à apparence cybernétique ? C’est une longue histoire, dis-je en m’asseyant dans l’herbe, viens, tu ne vas quand même pas passer la journée sans manger ?
– Non, j’ignorais que tu savais cuisiner.
– Tu vois, tous les hommes ne sont pas des connards qui obligent leurs femmes à leurs faire la cuisine.
– Arrête, ce que tu peux être con…
– Ouais, je sais, je ne suis pas normal. »
Ma vision s’est coupée à ce moment-là, me renvoyant à un autre passage, un peu plus tard.
« Qu’est-ce que tu as d’écris sur ton bras ?
– “From darkness to fear, the light will bring, the heart of humanity, in midst of the war”. Des ténèbres à la peur, la lumière amènera, le cœur de l’humanité, au milieu de la guerre.
– Qu’est-ce que ça veut dire ?
– C’est une sorte de désignation, il remonte à l’époque de la guerre blanche. Je me le suis fait faire peu après la disparition de de Nikki. C’était un moyen de me rappeler de toutes les convictions qu’elles m’avaient inculquée. Lorsque l’on veut supprimer une partie de nous, le meilleur moyen est souvent de ne jamais l’oublier.
– Attends, je ne comprends pas.
– Tu vois ce château ? dis-je en montrant l’édifice qui se tenait en face de nous.
– Oui, mais pourquoi lui ?
– Il est le théâtre de ma désolation. Et il va falloir que je m’y rende… dis-je en me tournant vers elle. »
J’en suis sorti assez brutalement, j’avais bien fait de m’attacher avant de partir.
« Encore tes visions Adam ?
– Je m’en rapproche, je le sens, fis-je en extrayant mes lames de la roche.
– Je t’attendais… fit une voix sèche tremblante.
– Je savais que ta voix me disait quelque chose. Ne reste pas dans le noir, je te trouverais quand même.
– Tu préfères la lumière Kryssen ? »
Il alluma une série de torche tout le long du mur circulaire. Il était nulle part dans la pièce, mais à plusieurs endroits sous forme d’ombre.
« Oh ! J’ai compris à quoi il te sert. Lâche va. Viens en face de moi plutôt que te cacher dans les murs.
– Tu aurais peur de me battre Kryssen ?
– Pour la dernière fois, pourquoi s’obstiner à m’appeler Kryssen ?
– Parce que c’est celui que tu es !
– Faux ! » répliquais-je en me jetant en cristallisation sur son ombre la plus proche.
Je me suis vu téléporté dans celle de l’autre côté du dôme, drainant avec ma main droite une partie de ses ténèbres.
« Oui ! fis-je en regardant ma main, je sais.
– Qu’as-tu découvert ? Que tu allais te faire absorber dans cet espace ?
– Sombre idiot ! Prépare-toi à souffrir. »
J’ai continué à lui rentrer dedans, ne laissant apparaitre qu’une ligne jaune remplie de petits morceaux de verres au milieu de la pièce, suivi d’un flot d’ombre, qui prenait peu à peu possession de moi. Dix minutes plus tard, je me retrouvais avec lui, dans un monde en deux dimensions, fait uniquement d’ombre.
« Bien joué, tu es tombé dans mon piège.
– C’est ça, tu veux ne pas non plus me tuer ? Comme ça, tu libère le monde du plus grand fléau qu’il ait jamais connu.
– À quoi est-ce que tu joues Adam ? demanda Ariel.
– À celui qui jouera au connard le plus longtemps, si mon adversaire veut bien se frotter à mes talents inégalés !
– C’est à toi que je vais me frotter !
– Chouette alors ! Ça va enfin devenir intéressant. »
J’ai ressorti Rebellion en forme lumière et lui ai fait subir mon plus long combo. Le dernier coup était une attaque circulaire expéditive de gauche à droite. J’ai dû mettre cinq secondes pour finir mon attaque et nous extraire de ce monde ténébreux.
« Adam Pearce ! Enchainé élémentaire, gardien du temps et sauveur de monde à temps perdu. Tu pensais vraiment que tu avais une chance ?
– C’est pour ça !
– Pour ça que je pine ? Je crois oui ! » répliquais-je, me lançant sur lui, mes lames cachés déployé.
J’ai roulé sur son dos en accrochant mon crochet dans son coup, tirant avec moi son âme. J’ai forcé pendant quelques secondes jusqu’à ce qu’il trouve le moyen de se déplacer devant moi et de m’attraper par le cou.
« Alors petit, tu fais moins le malin quand tu perds ! me fit-il, commençant à me prendre mon âme.
– Parce que tu penses que j’ai perdu ? répondis-je en repliant mes lunettes, je ne fais que commencer ! »
On était en train de se voler mutuellement nos âmes. La puissance du choc était tellement forte, qu’on en arrivait à détruire la salle dans laquelle on se tenait. On obligeait la pièce à osciller entre les deux mondes, on était plus dans les limbes, on échangeait entre les deux, arrivant presque à fissurer les deux univers. J’ai quand même réussi à prendre le dessus, brisant son emprise, à genoux devant sa dépouille, son âme essayant de fuir. Quelques secondes plus tard, elle finissait dans ma collection, lorsque mes lunettes se sont repliées d’elle-même. « Adam ? » fit Ariel s’approchant doucement, apeurée. Je me suis relevé, assez durement, lourdement. Mais avec une sensation de puissance supérieure à celle que je sentais avant.
« Adam, la prochaine fois qu’un voleur d’âme de prend la tienne, évite de t’opposer à lui en lui prenant la sienne.
– Merci du conseil Sieg, je m’en souviendrais !
– Bon, mademoiselle, par où on va ?
– Une minute. »
Elle se remit dans sa bulle, faisant pivoter le plateau sur lui-même. Au final, elle avait retourné tout le monde qui nous entourait pour me mettre en face de notre destination.
« Tu vois cet édifice en face de nous ?
– La prison, c’est ça ?
– Et on ne peut pas l’atteindre d’ici, dit-elle en regardant vers le haut, il nous faut retourner dans le monde réel avant de revenir ici.
– J’ai vraiment le choix ?
– D’après toi ?
– Laisse-moi une minute, j’arrive. »
Je me suis rendu sur le corps défunt de mon adversaire. J’ai pris l’oblitérateur, il ressemblait à une sorte de boucle de ceinture. Je l’ai attaché à la sangle qui passait sur mon torse. J’ai ensuite rejoins Ariel et nous sommes retournés dans le monde réel avec Sieg. J’avais passé la nuit assis sur un fauteuil de bureau, les jambes posées sur un autre. Sieg ne dormais pas, il ne dort jamais d’ailleurs. Et Ariel arrivait à voler en flottant dans les airs.
Mardi 15 octobre 2013, j’avais entendu Ariel entrer dans le bureau dans lequel j’étais, tout doucement pour ne pas faire de bruit et pour ne pas me réveiller.
« Bonjour mademoiselle. Que me vaux cette présence si matinale ?
– Matinale ? Et t’est sérieux, tu m’as entendu entrer ?
– Il est sept heures du matin. Et oui, ce n’est pas comme si t’était discrète Rosie.
– T’es pas drôle !
– Je sais, qu’est-ce qu’il te faut ? demandais-je, me relevant assez difficilement.
– Comment tu fais pour ne jamais avoir peur ?
– Tu crois que je ne crains pas la peur ?
– Je ne sais pas, je n’ai jamais l’impression que tu as peur de ce qui s’oppose à toi, quoi que ce soit.
– Ce n’est pas vrai. Moi aussi j’ai peur, comme tout le monde, j’essaie juste de ne pas la montrer. Certes ce n’est pas facile, mais certaines fois, il vaut mieux ne pas montrer ces faiblesses à l’ennemi.
– Alors même le voleur d’âme t’effrayait ?
– Quand même pas, je n’ai pas peur de ceux que j’ai déjà affronté.
– Tu es génial, je commence à comprendre l’admiration que te porte Virginie tu sais.
– Mon expérience m’a laissé acquérir des valeurs qui sont certainement différentes de celles des autres. C’est souvent ce que l’on apprécie chez moi, et c’est ce que ceux qui ne m’apprécient pas me reproche, avoir une vision du monde qui est à la fois lucide et insupportable.
– Il est parti dormir où Sieg ?
– Sieg ! Il ne dort pas, jamais.
– Sérieux ? Comment il fait ?
– Il n’est pas comme nous ! C’est un Onyx, ils sont un peu différent de nous.
– Assez différent pour vous demander de vous bouger un peu ? fit-il en passant la tête à travers la porte.
– On arrive, si mademoiselle veux bien, fis-je en montrant la porte.
– Galant en plus !
– J’essaie. J’essaie. Jusqu’où doit-on aller pour atteindre le portail ?
– Un peu plus loin, au fond du bâtiment.
– Y’a quelque chose qui me dérange dans ce bâtiment.
– Du genre, une prison d’âmes perdues dans les ténèbres ?
– Non, c’est plus, c’est autre chose, mais quoi ? fis-je en tournant la tête pour regarder dans une pièce sans m’arrêter. Une minute… »
Quelque chose m’avait interpellé. Quelque chose était venue interpeller mes sens, comme une menace qui ne voulait pas se dévoiler. J’ai fait signe à ceux qui m’accompagnaient de ne pas faire de bruit. Je me suis alors rapproché de la porte, collé au bord pour attendre ce qui s’y trouvait. Il est sorti quelques secondes plus tard. Je l’ai stoppé avec mon bras, glissant ma main sur son torse pour atteindre son cœur. J’ai planté mes doigts dans sa poitrine pour le dégager et l’écraser sous mes doigts. Il était attaché avec trois ligaments en haut et en bas. Je l’ai relâché, l’élan l’obligeant à tomber à la renverse.
« Qu’est-ce que tu nous cache mon petit ?
– Adam ?
– Une minute. Sa présence me trouble, dis-je en passant dans la pièce juste à côté, ah ! Je crois que je comprends. »
C’était un Sylruh, des chasseurs de prime qui s’attaquaient uniquement à des Aldoriens. Il avait un caisson de munition dans la salle où j’étais, debout appuyé contre le mur. Je l’ai ouvert en forçant la serrure. Elle ne contenait pas des munitions, mais une tenue. La mienne plus précisément. C’est un exosquelette Aldorien collé à la peau, ressemblant à une sorte de tunique en nylon, strié. C’est un peu comme la côte de maille du Moyen Age pour notre civilisation. Elle comportait un petit plastron renforcé sur la poitrine. Une veste par-dessus, en cuir noir, avec une ressemblance à la veste que je portais normalement, deux parties, la première s’arrêtant au niveau du nombril et le reste descendant jusqu’à la taille. Sur le plastron, il y avait une boucle, d’où partaient deux sortes de cordes s’attachant à l’oblitérateur sous sa forme tête de démon. Lui retenait l’épaulière de droite, recouverte par un bandeau de tissu. Attachée par une lanière qui faisait le tour du corps pour s’attacher au crochet. La deuxième était la même que celle du costume de Toshiie, avec la cape repliable. Au-dessous, une tassette assez commune aux tenues d’assassins en tissu. Une ceinture en cuir marron pour l’attacher et porter le tomahawk, les couteaux de lancés et mes deux pistolets. Un pantalon en tissus aussi et des jambières mi hautes en cuir noir. Le tout était orné de motifs en or, sur des éléments en tissus violets. Je retrouvais mes gantelets, avec les bracelets en cuir noir qui retenaient les lames, protégés par une plaque métallique pointue vers le haut du bras. La main droite couverte par une mitaine noire et la gauche par un gant complet violet. Pour finir la capuche, violette elle aussi, décorée par l’or comme le reste du costume. Je me suis décidé à le mettre et placer celui que j’avais avant sur le mode combat de l’oblitérateur. Il me permettait de changer de costume quand je me bats ou lorsque je dois me déplacer plus facilement. J’ai relevé la capuche, repensant à tout ce que j’avais pu vivre en portant ce costume. Je suis reparti, passant à travers le mur de la salle pour rejoindre le couloir, faisant signe à mes deux acolytes de repartir. Nous avions encore pas mal de distance à parcourir. Pendant ce temps, je me laissais aller, retournant dans mes pensées, mes souvenirs. Même les plus durs. C’était ce costume que je portais lorsque je me suis mis du côté de mes ennemis. Le plus dur n’était pas le fait d’avoir changé de camp, c’était les meurtres que j’avais dû commettre pour protéger le monde d’une arme qui aurait pu certainement l’amener à sa destruction. Avant de connaitre Nikki, j’avais rencontré une femme, dans mon crédo. Elle s’appelait Tara. J’ai tout fait pour l’épargner, mais je l’ai tuée de mes propres mains. J’avais cette image dans la tête, la tenant dans mes bras, sa main sanglante sur ma joue. Le fait de l’avoir perdue m’avait enragé au plus haut point, assez pour que je brise mon sermon avec les templiers pour voler le Trésor et partir loin avec. Pendant que je repensais encore à tout ça, Ariel avait déjà ouvert le portail. J’y suis passé sans broncher, me laissant changer de monde et chuter jusqu’à ce que je m’accroche avec mon glaive d’où je venais. Ariel me suivait sans s’apercevoir qu’il n’y avait rien en dessous. Je l’ai attrapée avec le seul bras libre qu’il me restait.
« Attention, je n’ai pas envie d’aller te chercher là-bas. Tu as une idée de comment atteindre la prison où je dois me démerder ?
– Et bien…
– On est d’accord, accroche-toi. »
J’ai lâché le seul lien qui me permettait de tenir pour lancer Rebellion sur le plateau pour le faire avancer et replanter mon glaive dessus pour le suivre. On est arrivé devant un immense portail, la devanture annonçait : « Ici viens votre mort », de quoi en décourager plus d’un. Cette grande porte rouillée donnait sur la cour du pénitencier. Une immense cour d’une centaine de mètres de long. Tous les murs gris étaient tintés par le ciel rouge qui flottait au-dessus. Même l’eau qui croupissait dans la cour était étrange. Elle était verte, presque radioactive.
« Tu penses trouver tes reliques ici ?
– Pourquoi, tu en doutes ?
– Leo, avant que tu n’ailles trop loin, je tiens à te dire quelque chose.
– Dit-moi Sieg, ça ne doit pas être si grave.
– Fait attention à toi.
– Pourquoi tes paroles ne m’inspirent pas mon cher…
– Moi c’est l’endroit, ce n’est pas que j’ai peur, mais bon… fit Ariel se rapprochant de moi.
– Oh ! Petit ange. Ne t’en fait pas, je te protège.
– C’est bien ce qui me fait peur !
– Merci du soutien, ça fait toujours plaisir.
– Je plaisante, ce que tu peux être susceptible.
– Ouais. Bon ! Il y a quelqu’un dans ce bordel ? »
Mes dernières paroles réveillèrent des murmures, sans savoir d’où ils provenaient. Je savais que cet endroit ne m’inspirait pas confiance. La traversée de la cour fut assez calme. Nous avons ensuite atteint le niveau des cellules. Cherchant où pouvait se trouver la salle qui retenait les âmes emprisonnées.
« Leo ? J’ai trouvé la salle de contrôle.
– Ah ! Magnifique ! Où est-elle ?
– De l’autre côté et protégée par des crieurs.
– Bon, je pars à gauche. Tu passes par la droite ?
– Comme tu veux Adam. »
Je ne m’attendais pas à trouver des hordes d’ennemis sur le chemin, à part les quelques qui gardaient le poste. Les seules choses qui m’interpellaient c’était les âmes, enfermées dans leurs cellules, voguant sans nulle part où aller. Elles étaient désespérées et désespérément seules. Alors je continuais à avancer, sans me soucier ce qui pouvait se passer.
« Adam, il y en a qui arrive par derrière, fit Ariel.
– Merci de m’avoir prévenu. On va s’en occuper. »
J’ai de suite dégainé ma hache pour stopper celui qui était derrière moi, l’attrapant à l’entre jambe et le reposant devant moi en le frappant au sol. J’entendais Ariel se défendre de son côté sans même savoir de quelle manière elle se battait. Pour ma part j’avais opté pour ma lance, me permettant d’éliminer la dizaine d’ennemis qui m’arrivait à chaque fois dessus. Puis un halo bleu pâle vint se glisser dans mon regard, il venait de l’autre côté. À de moment-là, j’ai planté une de mes lames cachées dans mon cœur pour le désactiver. Quelques secondes plus tard, un immense flash bleu illumina la prison, éliminant tous ceux qui s’en prenaient à nous. Je me suis relevé, sortant de ma cache, me trouvant en face d’elle.
« La prochaine fois, fis-je en glissant la lame dans son socle, préviens ! repris-je redémarrant mon cœur.
– Tu peux arrêter ton cœur ?
– Cinq minutes. Entre son arrêt et le mien, passe un ralentissement de ma respiration, qui devient de plus en plus difficile. Mauvaise irrigation, donc tout fonctionne mal. Et nécrose de la peau. Voilà à peu près tout ce qui peut m’arriver sans.
– Ce n’est pas joyeux.
– Crois-moi, vaux mieux ça plutôt que laisser mes pouvoirs me bouffer de l’intérieur.
– Certes. Comment comptes-tu tomber les crieurs ?
– Bonne question, je pense que… »
Nous étions déjà devant la porte de la salle lorsque l’un d’eux se mis à lancer un cri strident vers nous.
« Ils ne nous voient pas, c’est ça ?
– Ils nous entendent. Mais pas si on ne communique que par la pensée. Mais franchement je sèche.
– Tu les distrais et tu attaques ?
– Pas certain. Leo, qu’est-ce qu’ils craignent ?
– Frappe sonique. Un maintient les autres. Les autres ramènent le chef. Il te faudra les tuer en un coup. Je pense que tu pourrais les avoir avec une arme de type lumière.
– Bon, je m’en occupe. Tu veux bien me préparer une grosse frappe bien brutale si jamais ça rate Ariel ?
– J’ai le choix ?
– Non, fis-je en passant en mode cape de loup, je reviens. »
Ils me voyaient plus, me entendaient plus non plus d’ailleurs. Ils étaient cinq, alors je suis allé me placer au fond de la pièce, derrière eux. J’ai déployé mon glaive et Lucifer et me suis aperçu par ailleurs qu’eux aussi pouvaient prendre une forme élémentaire. J’ai utilisé l’appel dimensionnel pour faire quatre clones. Recouvrant presque tout le corps de chaque crieur des lames, devenues bleues brillantes, de Lucifer, le glaive dans le maitre. Je l’ai rappelé, éliminant mes ennemis dans un immense cri, protégé par le bouclier d’Ariel qui avait eu la merveilleuse idée de se rapprocher.
« Je te revaudrais ça ! Merci.
– Mais de rien, je ne pouvais pas te laisser seul.
– Allez. Comment on désactive cet engin…
– Adam ? Qu’est-ce que tu as vu ? »
Sur le panneau de contrôle devant moi, il y avait deux grands leviers, un qui désactivait le verrouillage des cellules, avec un écriteau qui signalait qu’il était aussi à l’étage noir. Le second, prétendait ouvrir l’accès à la briseuse d’âme. Son écriteau annonçait « À n’ouvrir qu’en cas d’urgence (Chute du Dieu contre Leo) » Ces mots m’avaient enragés. Parce que je savais qui était la briseuse d’âme. J’ai alors activé ce levier, partant vers la cour qui s’ouvrait en quatre pour laisser l’accès à l’étage inférieur.
« Adam ! Où est-ce que tu vas ?
– J’ai quelque chose à régler, dis-je montant sur la rambarde, si tu ne veux pas me suivre, ne le fait pas, je te retrouverais, repris-je me lançant dans le vide. »
J’ai lancé ma chute avec la rage de l’ours. J’avais l’impression qu’elle était bien plus chargée cette fois-ci que d’habitude. J’ai explosé une première fois, provoquant l’onde de choc habituelle, mais sans rester sur place et subir la force du choc. Relevé presque de suite, mon cœur s’est déployé, libérant les artéfacts du golem qui se sont ensuite placés autour de moi pour m’obliger à refrapper une seconde fois au sol avec ses poings. Il n’était qu’en demi-taille et mesurait environ cinq mètres.
« Content de voir que tu me suis Ariel, dis-je d’une voix grave et vibrante.
– Je ne cautionne pas, mais je ne veux pas que tu te fasses tuer.
– Tu ne penses tout de même pas que je veux me rebeller contre vous tous ?
– Non, mais je me méfie un peu tout de même.
– Tu ne devrais pas. Accroche-toi. Direction le dernier étage ! » repris-je en retapant le sol de tout mon corps.
Le seul poids de mon corps suffisait pour détruire le sol de tous les étages un à un. Je suis arrivé en bas, dans un fracas à réveiller les morts. Il y avait une grande marque sur le béton, un trou crée par le poids de ma chute. Je me suis alors relevé, partant en direction d’une grande porte métallique blindée. Je savais ce qu’ils cachaient derrière. Au fil de mes pas je repliais mon golem dans mon cœur. J’ai continué dans le couloir, m’approchant de la grille qu’il y avait sur le côté de la porte. Je me suis retourné vers Ariel, le dos contre le mur, à côté de la grille.
« Je ne me suis jamais pardonné ce que je t’ai fait…
– Leo… Leo ? C’est toi ? me fit cette voix brulante derrière moi.
– Si j’aurais imaginé rien qu’une seule seconde, pouvoir te retrouver et te dire tout ce que j’ai sur le cœur….
– Pourquoi ?
– Parce que je devais protéger le monde, éviter que cette arme tombe entre leurs mains, ils sont arrivé à m’enrôler, même si ce n’était que très peu. Assez pour que j’élimine la personne à qui je tenais le plus dans notre crédo… Oh ! Et aussi pour libérer tous ceux qui croupissent ici.
– Je crois que tu ne sais pas tout Leo…
– Comment ça ?
– J’étais un templier, envoyé pour vous espionner. Je devais te tuer ce jour-là…
– Tu n’aurais pas pu, tu n’aurais jamais pu m’éliminer… »
J’étais tourné vers Ariel qui me rendait mon regard. Je la voyais comme je l’avais toujours connue, une sorte de princesse qui brillait dans l’ombre, une lueur qui chassait le désespoir. Elle se tenait droite, les mains jointes au niveau de la taille, les jambes croisées. Ce qui me fascinait le plus chez elle c’était la manière dont elle était coiffée. Ses cheveux descendaient plus bas que ses épaules. Ils étaient noirs, avec d’étranges reflets bleus et des mèches de même couleur. Sa prestance majestueuse me rappelait celle de sa petite sœur.
« J’imagine que tu ne comptes pas me libérer ?
– Tu le seras comme toutes les autres.
– Ma cellule ne s’ouvre pas avec les autres.
– Et j’ai bien peur que je ne puisse pas casser cette porte… fis-je, glissant ma main sur la surface métallique, entrainant quelques particules dorées, Ariel, recule.
– Attends, mais qu’est-ce que…
– Recule ! repris-je posant mes mains sur la porte, Tara, reste le plus loin possible. Ça va faire mal ! »
J’étais en train de charger l’énergie Saory contenue dans la porte. Lorsque mon corps s’est mis à briller, j’ai rapidement dégainé Arbitrer, frappant d’une puissance phénoménale sur la porte, provoquant un immense rayon derrière moi. Il ne restait que des miettes de la porte. J’ai rangé mon arme dans mon dos, m’approchant de Tara qui s’empressa de se jeter dans mes bras.
« Tout va bien, je vais te sortir de là.
– Tu es sûr de pouvoir me sortir d’ici ?
– Certain. J’ai juste deux choses à régler.
– Tient, vous êtes ici. Leo, dans la salle il y a une porte secrète, avec un chemin qui t’amènera au dernier étage. Les reliques sont apparemment là-bas. Oh ! Tara. Content de te revoir !
– Que… Qui est-ce ?
– Sieg Wahrheit, tu ne l’as jamais vu, il est censé être invisible. Merci Sieg on s’en charge.
– Je passe la première ? demanda Ariel ouvrant le passage, je devrais pouvoir protéger tout le tunnel avec mon bouclier.
– Allez-y, j’ai une dernière chose à régler. »
Je me suis redirigé vers la cour, au centre du trou crée par la chute. Le levier se tenait encore debout. J’ai avancé vers lui, l’activant lorsque je suis passé à côté. Toutes les cellules de la vingtaine d’étages se sont ouvertes en même temps. Quelques-unes sont venues vers moi alors que je repartais avec les filles, puis une centaine, qui ont commencées à me freiner. Enfin vinrent toutes les autres. Leur assaut me stoppa net, agenouillé par la force qu’elles déployaient pour s’assimiler à moi. Je me retrouvais seul, au milieu d’un dôme blanc, naviguant entre les personnalités qui s’ajoutaient à moi. J’en suis sorti plus puissant, plus fort, avec toute l’énergie que j’avais perdue jusqu’ici. J’ai utilisé en masse mes pouvoirs pour les rejoindre le plus vite possible car la prison commençait à s’effondrer. Je n’avais utilisé qu’un centième de ce que j’aurais dû utiliser d’énergie pour les rejoindre.
« Mesdemoiselles.
– Ah ! Adam. Tu devrais faire attention, t’as des lucioles qui te suivent.
– Ce n’est pas des lucioles, dis-je prenant une grande respiration et expirant ces petites particules bleues, c’est moi qui les crée.
– Tu es certain que tu pourras me faire sortir Leo ?
– Bien sûr Tara. Il me faudra juste entrer dans ta tête.
– Quoi ?
– À ta place je ne ferais pas ça Adam.
– Parce que tu as une autre manière Ariel ?
– Euh…
– Bon, crois-moi que j’aurais voulu l’éviter.
– Je crois que l’on est arrivé. Adam ? Tu peux venir, même moi je n’y vois rien.
– Rien ? Sérieusement, fis-je passant à côté d’elle, je… »
J’ai été stoppé par quelque chose, comme si quelque chose m’appelait dans ma tête. Je suis resté quelques secondes sans bouger, puis mon sens s’est éveillé. J’avais aperçu quelque chose dans la vague multicolore qui avait traversé ma vision.
« Assez sombre pour que la vision d’aigle soit inefficace…
– Qu’est-ce que c’est ?
– Assez consistant pour que les étincelles restent en suspensions…
– Adam ? Tu commences à me faire peur…
– Pourtant je n’arrive pas à les voir… Suivez la trainée d’étincelles que je laisserai derrière-moi, mais n’en sortait jamais. »
J’ai enfumé tout mon corps, avançant au pas en suivant la vitesse de pulsation de l’instinct du loup qui utilisait la vision d’aigle pour terminer la nature de ce qui pouvait se trouver devant moi. J’avançais, dans le noir complet, m’approchant d’une lueur fluette. Je me suis accroupi, juste à côté, Ariel et Tara derrière moi. « N’aie pas peur, je ne te ferrais pas de mal », dis-je m’approchant de la lumière. La petite créature lumineuse s’est posée sur ma main, augmentant la lumière qu’elle produisait et allumant toutes les autres au passage.
« Qu’est-ce que c’est ?
– Des Nhys, ils habitaient la lune de Sirius avant qu’elle se crache sur Lybra. Ils sont plus vieux que les Saory d’après les légendes et sont éparpillés sur à peu près toutes les planètes qui ont des formes de vies, quelles qu’elles soient.
– Ils ne parlent pas ? demanda Tara.
– Non, repris-je me relevant, ce ne sont que des entités représentative. Chez l’homme, elles sont l’image de l’espoir. Je crois que je vais l’adopter.
– T’est sérieux ?
– Bah ouais, je les ai toujours trouvés trop chou.
– Bon, les reliques Adam ? demanda Ariel.
– Elles sont sur cet étage. Je me charge de les localiser et tu nous trouve le portail ?
– D’accord.
– Tu me suis Leo, je sais où elles sont.
– Comment tu sais de quoi on parlait Tara ?
– C’est compliqué…
– Explique-moi. Ce n’est pas comme si je ne pouvais pas comprendre.
– Je suis un enchainé. Voyante à travers le temps et l’espace.
– Oh ! Je commence à comprendre…
– Je ne pense pas…
– Je me présente. Adam Pearce, enchainé élémentaire. Contrôle des éléments et des esprits. Alors oui, je peux te comprendre princesse.
– Mais, je… Leo… dit-elle reculant, effrayée.
– Mort. Le 2 janvier 1952. J’ai utilisé la personne la plus compatible avec moi pour me réincarner. En l’occurrence, Adam.
– Euh, je…
– Tu ne pouvais pas le savoir je sais. Ne t’en fait pas. Continue, je te suis.
– Tu penses que tu pourrais retrouver ma petite fille ?
– Oula, je ne sais pas, pourquoi ?
– C’est une eran.
– Attends. T’est sérieuse quand tu dis ça ?
– Je te dis que je vois dans le temps, je sais ce qu’elle est, mais pas qui.
– Ma foi, je t’aiderais.
– Tient, les voilà, dit-elle me tendant un coffre en bois orné d’or, combien il doit en avoir ?
– Vingt-sept, dis-je en ouvrant la boite, elles y sont toutes. Sieg ?
– Tout de suite ! répondit-il en le passant dans son monde.
– Bon, on se sort d’ici ?
– Avec plaisir. »
Nous sommes repartis vers Ariel. J’appréhendais sur le chemin ce qui allait m’arriver lorsque je prendrais possession de l’esprit de Tara. Je me demandais qu’est-ce que j’allais voir, qu’est-ce que j’allais ressentir. Arrivé à côté d’elle, j’ai activé mon pouvoir et ai tourné ma main vers Tara. Ma vue s’est troublée tout de suite, puis mon ouïe c’est coupée, ne laissant que le bruit d’un battement de cœur effréné qui ralentissait peu à peu. Je m’étais mis à suffoquer, comme si c’était le mien qui s’arrêtait. Puis quelque chose se mit à me frapper, m’obligeant à couper la liaison. Je suis alors revenu, frappé par une vision. Je me suis écroulé, la tête entre mains. La première chose que j’ai vu c’est ce cœur, saignant. Puis tout est devenu noir, s’éclaircissant peu à peu, découvrant le son d’une personne sanglotante. C’était la nuit, j’étais de nouveau avec Nova, dans le même endroit. La fille était à côté du feu, perdu dans ses larmes et ses remords. Je suis alors parti la rejoindre, m’asseyant à ses côtés.
« Qu’est-ce qu’il t’arrive princesse ?
– Je suis nulle…
– Mais non voyons, pourquoi tu dis ça ?
– Regarde, ce matin je jetais encore mon petit ami, ça ne faisait même pas une semaine que j’étais avec lui.
– Ce n’est pour autant que tu dois te décourager.
– C’était la même chose avec tous les autres. J’ai toujours l’impression que quelque chose ne va pas chez moi.
– Ils sont juste trop bête pour essayer de voir le plus beau chez toi.
– Arrête, comme si toi tu pouvais le voir, tu n’es venu me voir que parce que je te faisais pitié.
– Non, je peux te montrer que tu es différente et que tous les idiots avec qui tu es sortie n’ont jamais vu ce que je sais de toi.
– Qu’est-ce que tu sais qui te permet de dire tout ça ?
– Je ne peux pas te le dire maintenant. Je te demande juste de me faire confiance.
– Je n’sais pas… »
Je suis revenu à moi-même, fracassé, meurtri, pourtant encore vivant, une seule chose me vint à l’esprit.
« Je sais qui est ta fille.
– Quoi ? Attends, quoi ?
– Je sais qui est ta fille, elle habite mes visions depuis pas mal de temps, dis-je me relevant difficilement, je commence à comprendre tout ce qui m’arrive.
– Attends, je ne te suis pas.
– Moi non plus. Sortons d’ici au plus vite, on verra après.
– Adam, trouves un moyen d’exploser ta tour et la mienne.
– Bon, Ariel, tu pars vite avec Tara, d’accord ? dis-je entrant dans sa tête.
– Non, attends, le lien en tiendra pas si tu…
– Vite !
– Tu l’as vu, résonnant dans ta tête, frappant chaque mesure plus forte encore.
– Je savais qu’il y avait quelque chose en plus, que tu ne m’avais pas tout dit.
– Tu t’en doutais ?
– Pourquoi m’aurais-tu choisi moi ? Pourquoi vouloir un être aussi puissant que moi ?
– Parce que tu es le seul qui peut le supporter.
– Je l’avais vu la première fois. Mes rêves avant ton apparition étaient tous vrais.
– Tu ne vas pas me dire que ça te fait peur maintenant ?
– Avec tout ce que j’ai vécu avec et grâce à toi ? Jamais. J’ai même hâte de voir ce que ça donne.
– Chaque chose en son temps mon ami, chaque chose en son temps… »
J’ai essayé de fissurer les deux mondes. Oui, pour être précis j’ai déployé toute mon énergie pour me forcer à passer à Toshiie sans succès. Je me suis bloqué dans un état de chaos ambulant. Tout dégénérait autour de moi, tous mes pouvoirs s’affolaient et détruisait absolument tout ce qui pouvait se trouver sous mes pieds ou au-dessus de ma tête. Je suis parti vers le portail, téléporté presque instantanément. Le chaos que j’avais trainé avec moi s’est condensé sur moi, forçant l’échange des personnages. L’arrivée de Toshiie créa une immense onde de choc qui explosa tout autour de moi, presque aussi puissant qu’une bombe nucléaire. J’étais en l’air, flottant, je me suis alors mis à descendre doucement, les débris que j’avais provoqués avec moi. J’avais des frissons dans tout le corps, comme si quelque chose s’était débloqué en moi. Tara s’empressait de se jeter sur moi. Serrée contre moi, dans ses bras. Je commençais à m’illuminer au moment où elle s’est collée contre moi. Elle m’a laissé partir, décollant vers les nuages. Quelques secondes, j’étais de nouveau dans la salle du conseil, à attendre leur arrivée.
« Tient, Vozan. Bien ou bien ?
– Comment dois-je répondre à ça ?
– Comme vous le souhaitez. Je suis seul ici ?
– Alors ça sera bien. Et oui, tu es le seul convoqué cette fois-ci.
– Que m’en vaut l’honneur ?
– Le tient.
– Le mien ? Attendez…
– Ton honneur t’a poussé à tuer une amie, pour sauver un monde. Trahir les tiens pour éviter sa destruction. Maintenant tu réussi à la trouver et tout te pousse à retrouver ton dû caché.
– Et ? J’ai du mal à saisir.
– Je veux que tu le récupère.
– Pour ?
– La Citadelle est impénétrable, il y sera en sécurité. Il ne servira que de protection, dans le cas ou Akziel vous élimine tous.
– Si je saisis bien, si on y reste tous, toute la planète s’envole avec nous ?
– C’est à peu près ça oui. Je présume que tu approuves.
– Vous présumez bien dîtes donc !
– Nous non plus ça ne nous enchante pas, je préfèrerais mettre ne place le protocole dix-sept avant si possible.
– Sauf que ce protocole oblige notre présence, moi et Chester.
– Tu as alors connaissance de cette particularité de ta personne. Intéressant.
– Dans quel sens ?
– Je vais l’étudier. Requiers-tu quelque chose de notre part ?
– Non, si ce n’est l’état des victimes.
– Toutes sur Aldor. Pour l’instant tout ce que nous avons mis en place à l’air de fonctionner correctement.
– Et Akziel ?
– Invisible, comme depuis le début. Pense-tu que ça pose problème ?
– Non, pas Akziel lui-même. Auriez-vous des informations sur un certain BioReign ?
– C’est un virus contaminateur de phase trois. Pourquoi cette question ?
– Comme ça… Encore besoin de moi ?
– Tu peux disposer.
– Au plaisir Vozan !
– Le conseil est terminé. »
Je me suis retrouvé catapulté sur Terre aussi vite que j’en étais parti. Sur le plateau de la Tour. Sieg se posa derrière moi quelques secondes plus tard, étouffant le bruit des réacteurs de son armure.
« Où est Tara ?
– Dans la citadelle, dans ton immeuble. Tu comptes donc retrouver sa petite fille ?
– Je sais qui est sa petite fille. Je veux juste qu’elle reste en sécurité jusqu’au moment venu.
– Soit ?
– Je ne sais pas. Mes visons ne m’ont jamais indiqué de dates.
– Donc tu veux continuer sans t’occuper d’elle ?
– Voilà. Mais où ?
– La moitié des tours simples ont été éliminées par la trouve de Kévin. Il se fait appeler Keith d’ailleurs.
– Tu n’en aurais pas une à me conseiller ?
– Le duo de force ?
– Tu voudrais nous envoyer où ?
– En Italie. Apparemment, il y aurait trois tours communicatrices et un monde assez étrange entre.
– Une sorte de triangle des Bermudes ?
– Dans le genre oui. Tu penses que tu t’en sortiras uniquement avec lui ?
– Si je savais ce qu’il s’y passait.
– Apparemment ce ne sont que des démons illusionnistes. Pas de quoi nous faire peur, fit Izidro, studieux à côté de moi.
– Si tu le dis, je te fais confiance.
– Je l’espère bien.
– Je pense que tu ne comptes pas partir demain ?
– Non, apparemment il aurait un débarquement à partir de demain. Je ne veux pas rater ça !
– Je n’en doute pas. Tiens-moi au courant quand tu voudras y aller.
– Sieg, je te laisse, je vais aller voir Virginie.
– Va, je ne te retiens pas. »
Mon appartement se trouvait dans l’aile droite de la Tour lorsqu’on la regardait de face. J’ai quitté le plateau en marchant, prenant mon temps pour atteindre la chambre. Je me suis posé, l’épaule appuyée au cadre de la porte. Je connaissais Nikki depuis presque six-cent ans. Sa beauté arrivait toujours à me surprendre.
« Adam, tu n’as jamais pensé à avoir un enfant ?
– Tu veux vraiment la vérité ?
– Non, juste que tu répondes à ma question.
– J’y ai pensé plusieurs fois. Aussi bien avec toi, ou avec d’autres…
– Tu parles de Tara ? Je commence à comprendre pourquoi tu t’en voulais autant pour sa mort.
– Pas seulement, d’autres, après toi.
– J’ai l’impression que j’ai encore beaucoup de chose à découvrir chez toi.
– Et moi donc.
– Attends, tu ne vas pas me dire que tu en a déjà un ?
– Non, par contre je ne suis pas capable de prouver que j’en ai sans les connaitre.
– Oh. La petite fille de Tara…
– Impossible. Je n’ai pas eu le temps de considérer Tara comme une de mes compagnes.
– Qui alors ?
– Aucune idée. Je n’ai jamais réellement considéré cette idée. Mais maintenant que j’ai retrouvé Tara, je commence à me poser cette question.
– Sieg doit le savoir alors, non ?
– S’il le savait il me l’aurait dit, dis-je me laissant tomber sur le lit.
– Ça ne te fait pas peur ?
– Comment ça ?
– Tu n’as pas peur de le ou la retrouver s’il en existe un. S’il ne veut pas de toi, s’il te déteste ou si tu ne veux pas de lui ?
– Ne commence pas à me parler de malheur.
– Mais tu penses réellement qu’il y en a un ?
– Je ne sais pas… »
Je m’étais posé trop souvent cette question pendant la disparition de Nikki. Même maintenant. Est-ce que depuis le début de ma présence sur Terre j’avais pu engendrer une progéniture.
Onze heures du soir. J’étais sorti, dans le froid, sans même m’être rhabillé. La discussion que j’avais eue avec Nikki me perturbait de plus en plus. Une demi-heure plus tard, Tara est venu me rejoindre.
« Quelque chose ne va pas Leo ?
– Je commence à me demander si depuis tant d’année, je n’avais pas un enfant dont je ne connaitrais pas l’existence.
– Tu te préoccupe de ça ?
– Surtout parce que Nikki m’a posé la question. Et que je pense qu’elle doit en vouloir un.
– Ce n’est pas le tient. Il est lié à ton sang. C’est l’enfant de Sieg.
– Quoi ?
– Tu la connais. C’est un messager…
– Elle s’appelle Émeline. Tu n’es pas sérieuse ?
– Totalement. Je ne me trompe jamais.
– Bordel… Si j’avais su que c’était sa fille…
– Ça à l’air de t’étonner.
– Oui, j’aurais dû le voir. C’est la fille d’un onyx. De plus c’est un messager et possède certainement le contrôle du temps.
– Tu veux lui en parler ?
– Il le sait déjà.
– Quoi ?
– Il sait tout. Rien ne lui échappe, ni ce que l’on a fait, ni ce que l’on fera. Il sait tout sur tout, tout le monde. Tous les temps, tous les mondes.
– Je te sens quand même mieux que tout à l’heure.
– Ça me rassure dans un sens.
– Alors moi aussi.
– Retournes te coucher, profites de la sécurité que je t’offre. Tant qu’elle existe encore.
– À plus tard. »
Je suis resté encore dix minutes ici, avant de retourner me coucher aussi. Même Leo ne savait pas que c’était sa fille. J’avais des remords en repensant à ce que je lui avais dit au tout début. Seulement, si j’avais su…
Partie 6 : Expérience Surnaturelle
Je devenais un guide. Une icône. La représentation d’un être qui voulait sortir le monde d’une situation en crise. Certains créaient des statues à mon image, d’autres des immeubles. Je n’aurais jamais pensé que ça prendrait autant d’ampleur. J’avais en quelque sorte réussi à convaincre la plus grande partie de la population que j’étais là pour les aider, seulement je ne pensais pas que je deviendrais presque un culte pour eux.
Dimanche 8 décembre 2013, six jours avant l’anniversaire de Sia. C’était l’hiver. La neige. Le monde tout blanc ! Enfin, presque. Après des jours et des jours à affronter les armées démoniaques. Même des tanks mutants. On était en Italie. Sieg, Izidro et moi. J’avais repris mon costume classique sachant que je pouvais changer presque instantanément. Les trois tours à détruire étaient toutes séparées, mais invisible. Rome, Turin et Milan. Nous, nous étions à Pise. Et le comble, c’est la tour si connue qui s’y trouve qui était droite !
« Vous êtes certains qu’il y a quelque chose d’anormal ici ? Je ne vois rien moi !
– Sérieusement ? Un jour il faudra que tu m’explique comme tu as fait pour survivre jusqu’ici sans réfléchir.
– Parce que je laisse les autres le faire à ma place Leo.
– Ça y’est ! Je me souviens pourquoi tu ne me manquais pas.
– Hey vous deux ? Comment je suis censé entrer dans les limbes ?
– Oh ! Emeline. Comment vas-tu ?
– Bien. Si je pouvais entrer.
– Si mademoiselle veux bien, fis-je ouvrant le portail.
– On se reverra.
– Pourquoi elle ne voit pas Sieg ? dit Izidro avant que Sieg passe le portail à son tour.
– Sieg attend !
– Je ne suis pas tout là.
– Je sens que ça va vite devenir bordélique. »
Nous sommes arrivés dans une ville assez étrange, sombre avec un éclairage jaune orange, comme s’il était encore fait avec le gaz. Toutes les rues étaient pavées.
« Où est-ce qu’on est partis ?
– Dvirel. C’est une de ces citées fantômes. Enfin presque.
– Comment ça, presque ?
– Elle est “supposée” être inhabitée. Je n’y crois pas du tout.
– Tu t’attends à quoi alors.
– Une ville qui veux nous tuer, dis-je montrant le sol devant sous s’effondrer.
– Magnifique !
– Comme tu dis ! »
Une ville finalement très atypique qui ne nous réservait pas de surprises en soi. Du moins pas en apparence. On avait perdu Sieg, sans se soucier des problèmes qui pouvait rencontrer ni de l’endroit où il était. Pour notre part, nous avons passé la nuit dans un hôtel, juste en face d’une salle de théâtre.
« Bon, on est supposé faire quoi ici ?
– Tomber les trois tours qui créent le monde dans lequel on est. Sauf ! Que sans Sieg, on va en chier !
– Bah ! Bonne nuit. On se revoit demain ! »
Lundi 9 décembre 2013, il était neuf heures du matin, j’étais levé depuis un peu plus d’une heure, sur le balcon en train de regarder le ciel. J’attendais que l’autre se réveille.
« Qu’est-ce qui te fait tant rire Leo ?
– Rien, je suis juste ne train de penser à quelqu’un.
– Qui intrigue ta pensée alors ?
– La fille de Tara.
– Quoi ? Attends, la fille de Tara ? La même Tara que tu as assassiné ?
– Oui. Je l’ai retrouvée dans la prison des âmes. Ils l’ont utilisée et gardé en vie pour m’anéantir un jour.
– Pas le bon jour apparemment. Qu’est-ce qu’on est supposé faire ?
– Je veux savoir où est Sieg, pour ça je vais utiliser Emeline. Apparemment elle doit rencontrer quelqu’un sur la place.
– Bon, qu’est-ce qu’on attend alors ?
– Toi, grosse feignasse !
– Oh ! Au temps pour moi. »
Nous n’avons pas tardés à quitter notre chambre et à parcourir les quelques mètres qui séparaient l’hôtel de la grand place. Nous nous sommes installés sur les rebords de la fontaine, observant quelqu’un de bien précis. Jusqu’à ce qu’elle fasse surface.
« Qui elle vient voir ?
– Sirus. C’est un démon reconverti. L’un des rare qui existe encore, qui ne se sont pas fait tués après avoir changé de côté.
– Et elle lui veut quoi alors ?
– Aucune idée et ça ne me regarde pas. »
Plus le temps passait, plus je me rattachais à ce qui faisait de ma vie ce qu’elle était à ce moment, et plus je portais d’attention à ceux qui tenait une place particulière dans mon cœur. J’avais les yeux rivés sur elle, fasciné par le reflet du soleil dans ses cheveux châtains aux reflets cuivrés.
« Tu aurais pu choisir une meilleure cache pour m’espionner Tanguy.
– Si j’avais voulu t’espionner. Je me serais vraiment caché.
– Que me vaux ta visite ?
– Toi.
– Quoi ?
– C’est une longue histoire…
– Adam. Je crois qu’on nous cherche. »
Une troupe de soldats de glace fit irruption quelques secondes après. J’ai aperçu une flamme s’envoler au moment où je me dirigeais vers Emeline. Puis vinrent les coups de fracas, d’explosions. Izidro avait éliminé les attaquant en moins d’une minute. Quelques secondes plus tard, une voix vibrante et grasse se fit entendre.
« Kryssen !
– Oh ! Non, pas lui !
– Comment ça ? Tu n’as pas l’air d’être heureux de me voir !
– Excuse-moi de ne pas aimer les ordures. Un on dirait un sac poubelle qui a mal vieilli, deux t’a l’odeur qui va bien avec aussi.
– Je sais pour qui tu es venu Leo.
– Sérieusement ? J’en doute vraiment.
– Alors laisse-moi m’occuper de celle que je suis venu chercher avant toi.
– Je t’interdis de la toucher Aëthfil.
– Oh ! Papa protège sa petite fille.
– Ce n’est pas mon père.
– Sieg… Je…
– C’est moi ton père… Non, attends ! fit-il essayant de la rattraper.
– Je savais que ça allait être une journée pourrie.
– Pas autant que tu le pense ! » fit Aëthfil me sautant dessus.
Son corps était tout blanc, avec des tatouages noirs. Il avait quatre tentacules blanches elles aussi dans le dos qu’il avait essayé de me planter dans le cœur. Mais il a réagi plus vite, provoquant une impulsion dans ses bras supplémentaires, leur obligeant le retrait de mon corps.
« Quoi ? Il est encore vivant ce con ?
– Sully ! Pas mécontent de te voir mon ami.
– Je serais partout où tu iras, enfin presque ! Bref, on a un mutant muté, comment on le dégomme ?
– BioReign ! fit Aëthfil penchant la tête vers la droite.
– Tu me laisse ce plaisir Sully ? répondis-je.
– Mais avec plaisir Leo. »
Je me suis retrouvé aussi vite devant lui que lui devant moi quelques minutes plus tôt. J’ai utilisé l’appel dimensionnel pour passer à travers lui, bloquant ses tentacules avec mes lames. J’étais un genou à terre, derrière lui, tirant le plus fort possible jusqu’à les faire céder. À ce moment, mon second double frappa son corps d’un puissant coup avec le katana pour lui passer à son tour à travers et me rejoindre.
« Tu pourrais pour une fois, essayer de tuer un démon sans qu’il n’explose ?
– Jamais Sully, dis-je regardant ses tentacules encore attachées à mes lames, je n’y trouverais aucun plaisir.
– Parce que là c’est vraiment dégoutant !
– Désolé ! dis-je alors que j’absorbais le contenu de ses bras.
– Bon, puisque apparemment on n’a pas besoin de moi, m’en vais. Si tu me cherches.
– Je penserais à toi. Ne t’en fait pas.
– On se décide Leo ? demanda Izidro me montrant une ruelle.
– Je te suis. »
L’apparence de cette ruelle ne me plaisait pas déjà de loin. Alors une fois dedans. J’ai commencé à me découper, puis mon corps se mit à vibrer de plus en plus. Comme si quelque chose voulais me séparer de mon corps. J’en suis assez vite sorti, surprenant Izidro.
« Vas-y, moi je ne peux pas.
– Pas de problème. On se revoit plus tard.
– Je commence à comprendre pour elle s’appelle ville fantôme », fis-je lançant une boule de fumée dans la ruelle, disparaissant presque aussi tôt.
Je suis parti me balader dans la ville, me dirigeant vers un parc, en face d’un restaurant où j’ai mangé vers midi. L’étendue verte donnait sur un lac, d’un bleu presque trop vrai pour être réel. Il était seize heures, alors que j’étais assis sur un banc après y avoir fait une sieste, lorsqu’Emeline est venue s’assoir à mes côtés.
« Tu le savais ?
– Comment dire…
– Et t’aurais pas pu me le dire ?
– Je le sais que depuis mon retour de Chine. Je n’ai pas l’impression que ça te fasse plaisir.
– Ce n’est pas ça. C’est juste que, voilà quoi.
– Que quoi ?
– Il m’a abandonné je te ferai remarquer.
– Déjà que j’ai du mal à conceptualiser comment ça a pu se produire.
– Ben tu sais, l’homme et la femme…
– Oui quand même. Je sais comment on fait ce genre de choses. J’ai quand même huit cent soixante-cinq ans de plus que toi. Non, ce qui me dérange c’est que tu as dix-sept ans. Née donc en 1996, soit la conception faite neuf mois plus tôt. Neuf mois plus tôt, époque pendant laquelle Sieg était encore en stase depuis 1962, date de ma mort. Comment, sans m’exposer la théorie du paradoxe universel, tu m’explique le simple fait que tu sois née à cette époque ?
– Oh ! Je n’avais pas pensé à ça. À quoi penses-tu alors ?
– Deux choix. Soit Tara s’est trompée. Inconcevable du simple fait que Sieg ait avoué être ton père. Alors qu’il le savait avant moi. Soit, il existe un autre paramètre persistant que je ne comprends pas ou que je ne connais pas.
– Et ton paradoxe universel ?
– C’est une théorie du temps qui admet que toute chose se passant dans un monde concret est provoqué par des éléments aléatoire tels qu’ils n’ont aucun lien avec tout ce qui peut graviter autour de l’évènement recherché.
– Mais…
– Elle n’est pas possible. Le temps est une chaine d’évènement à cause répartie. Chaque chose possède un lien, même infime avec tout ce qui est en relation avec. En d’autre termes, rien n’arrive sans causes ni effet et le pur hasard est irrationnel.
– Alors, comment ma vie est possible ?
– J’ai bien une idée, mais je ne peux pas affirmer qu’elle s’applique au cas présent. Pas sans en avoir une confirmation.
– Vous n’auriez pas pu rester chez vous ? Au lieu de venir nous emmerder avec vos histoires ?
– Si on n’était pas sur cette planète, la Terre n’existerait plus depuis des années. »
Nous sommes restés tous les deux sur le banc. J’ai dû m’assoupir pendant un long moment, puisque à mon réveil il était déjà dix-huit heures. Le soleil reflétait sur le lac, lui donnant une allure dorée et chaude. La ville avait repris les mêmes tons.
« Qu’est-ce qu’elle va devenir cette ville lorsque vous aurais supprimés les tours ?
– Normalement, elle finira détruite. Certainement en cendre, pourquoi ?
– Tu ne pourrais pas la conserver ?
– Je ne sais pas. Peut-être oui. Mais tu veux que je la mette où ?
– Dans les airs.
– T’es sérieuse ?
– Oui, tu pourrais la placer au-dessus d’Amidia, ou à côté.
– J’y réfléchirais », répondis-je me levant de ma place.
Je me suis tourné vers l’autre côté de la ville, où j’y ai aperçu une femme poursuivie par un muté noir. Au moment où il l’attrapa, Sieg est apparu, la détachant de ses liens et repartant avec elle. Le démon avait alors l’air dépité, il n’arrivait pas à comprendre ce qui s’était passé. Quelques secondes plus tard, Keiji sorti de la ruelle, enflammant au passage de sa lame le démon resté sans bouger. Il ne resta pas à ses côtés, il vint me rejoindre peu après.
« Il y a vraiment quelque chose de bizarre dans ce monde.
– Comme le fait que Sieg puisse utiliser ses pouvoirs temporels dans les limbes. Oui, je crois aussi.
– Quoi, tu l’a vu ? demanda Emeline.
– Ouais, je crois même que c’est ta mère qu’il a sauvé.
– Attends, t’est sérieux là ?
– Je me disais bien que la présence de Sirus n’était pas normale, dis-je au moment où mon instinct s’alerta.
– Je ne suis plus Adam.
– Moi non plus. »
Une armure semblable à celle de Sieg se posa au milieu du parc, c’était Alexia qui venait nous rejoindre.
« Tu m’explique comment tu es entrée ?
– Il y a un trou de verre au portais Arios qui menait ici.
– D’accord. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que cette histoire va me rendre dingue.
– Tu l’est déjà Adam. Apparemment certains enchaînés aurait passé du côté des mutés. C’est pour ça que je suis venu vous rejoindre.
– Donc, tout ça n’est pas normal. Ça me rassure.
– Un démon distorsionnel ça te rassure ?
– Quoi ?
– Oh ! Oui, j’en ai croisé tout une pelleté tout à l’heure. Je crois qu’ils te cherchent, fit Izidro.
– Bon ! fis-je me laissant tomber sur le banc, ça explique tout, mais ça ne me rassure pas du tout.
– Que comptes-tu faire ?
– Déjà sortir Emeline. Je n’ai pas envie que Sieg me fasse payer ta perte.
– Mais…
– Je t’envoie sur la Tour, dis-je ouvrant le portail, trouve Virginie et demande-lui de te garder en sécurité dans la citadelle. D’accord ?
– D’accord, répondit-elle passant le portail.
– Et maintenant ? demanda Alexia.
– Izidro, retourne à l’hôtel avec Alexia. Moi j’ai besoin de réfléchir. Je viendrais vous chercher dès que saurais quoi faire.
– À vos ordres. »
Je me suis installé sur le toit du théâtre, avec une vue sur le reste de la ville.
« Est-ce normal que je me sentes perdu comme ça Leo ?
– Dans le cas où je n’y comprends plus rien non plus. Je pense que oui.
– On dirait que tout ce qui se produit ici est provoqué par quelqu’un. Comme si on voulait réécrire le monde.
– Et tu penses que c’est impossible ?
– J’ai du mal à y croire. Ce n’est pas un évènement aléatoire puisque Emeline est bel et bien vivante.
– Qu’est-ce qui te perturbe le plus ?
– Le fait que la mère d’Emeline soit là et que Sieg la sauve.
– Concrètement c’est possible. Imagine que le démon souhaite te toucher. Il s’en prend à sa mère parce que tu es avec sa fille.
– Mais, si ! Le livre des vérités !
– Comment ça ?
– La connaissance parfaite. Sieg sait que tout ceci va se produire. Il met alors tout en place pour la sauver et ne pas briser la ligne temporelle. Dans ce cas-là, si la mère d’Emeline est celle de 1996, le fait qu’il soit son père s’explique concrètement.
– Qu’est-ce qu’on est supposé faire maintenant ?
– Tu l’as amené dans la citadelle ?
– Je ne peux pas me permettre sa perte Sieg, dis-je me retournant vers lui.
– Je vous laisserais vous battre. Lojin ne sais pas que je suis avec vous, il ne peut pas me voir.
– Alors une question. Pourquoi il m’en veut à moi ?
– Parce que tu es son demi-frère.
– Quoi ?
– Vous êtes tous les deux les « descendances » de Connor. Il prétend que c’est toi qui as pris le mauvais chemin. Oh ! Et il a la même apparence qu’Aëthfil.
– Génial.
– Qu’est-ce qui te fait peur ?
– Il est arrivé à s’en prendre à la mère d’Émeline. Imagine s’il en fait de même avec la petite fille de Tara.
– On a les reliques du paon.
– Je me serais donné autant de mal pour rien. Comment on tombe les tours ?
– Trois points stratégiques, on en prendra chacun un, sachant qu’une ne peut être détruite que par Izidro. Tu prendras Alexia avec toi, tu en auras besoin.
– Tu repars ?
– J’ai encore beaucoup de choses à régler. On se reverra une fois terminé. »
Je suis retourné à l’hôtel. Alexia avait pris le second lit de la chambre. J’ai passé ma nuit sur un fauteuil, mais je n’ai pas dormi. Tout ce qui accompagnait mon cœur me permettait de supprimer les effets de la fatigue en me régénérant instantanément. Mardi 10 décembre 2013, il était huit heures alors qu’Alexia se levait.
« Tu ne dors jamais ?
– Presque jamais. Sauf si j’en ai l’utilité.
– Et dans les autres cas ?
– Je passe la nuit à réfléchir. Y’a de quoi manger sur la table basse.
– Alors, dit-elle s’asseyant en face de moi, qu’est-ce qui te tracasse ?
– La fille de Tara. Je ne sais pas pourquoi elle m’obsède autant.
– Parce que tu la vois dans toutes tes visions.
– Et parce qu’elle est la seule qui me permettra de récupérer mon arme. Non, il y a autre chose.
– Autre chose. Comme s’il y avait quelque chose d’incomplet ?
– Où tu veux en venir ?
– Je te prends un exemple. Grey et Crimson. Respectivement chasseur de lumière et chasseur de l’ombre. Chacun doit vivre dans sa dimension. Soit les limbes et le monde oblitéré. La seule possibilité pour que leurs vie soit probable et sans danger dans le monde réel est celle qui les oblige à être tous les deux en même temps dans ce monde. Il en est de même avec moi et Sia.
– Et comment je suis censé prendre ça ?
– Là ça devient un peu plus compliqué. Il faut en revenir au concept de l’Aldorien sur Terre. Soit, le fait que Leo soit à la fois l’image des limbes et l’oblitérée de toi, et toi, son image du monde réel.
– Attends, tu voudrais me faire comprendre qu’Alix est une des images de Virginie et qu’il faut que je les fusionne ?
– Là encore c’est plus si simple. Elle est une image, mais parait être celle des limbes et du monde réel.
– Mais comment tu expliques le fait qu’elle soit découpée dans deux corps et qu’elle ait apparue ?
– Je ne sais pas trop, soit la mort, la manière dont elle a été tuée, soit des événements venant après. Sinon, et là je vais soit chercher trop loin, soit chercher dans la réalité. Le concept qu’il existe deux élus voudrait admettre que celui ou celle qui « offre » le gène dédié soit le même. Dans cette idée-là, on pourrait penser à ce que le père d’Alix soit aussi le père de Nikki.
– Et on en revient au paradoxe universel.
– Non, juste Lojin, sous-fifre de Barabas pendant la disparition de Leo.
– Je savais que j’aurais dû prendre Chester.
– Il le connaissait.
– Mais il y a quand même quelque chose que je ne comprends pas, si tout ce que tu me dis est vrai. Alors ça voudrais dire que Tara est Aldorienne.
– Pas forcément. La différence avec votre peuple est que le mélange de deux civilisations différentes ne crée pas un croisé, mais l’enfant est Aldorien.
– Alors, soit son grand père est Aldorien, soit son père. Exact ?
– La mère de Nikki est aldorienne ?
– Oui, mais j’ai jamais connu son père.
– Moi je pense, je pense hein, prend pas ça pour une vérité, que son père est Aldorien et que c’est sa mère, la fille de Tara.
– Vous ne pouvez pas arrêter de jacasser vous-deux ? fit Izidro que l’on venait de réveiller.
– Lève-toi plutôt que de faire la feignasse. Je t’ai laissé les indications sur ta table de nuit. On y va mademoiselle ?
– C’est parti. »
Plus le temps passait, plus les trous de verre vers l’extérieur ou vers un autre endroit de la ville devenaient nombreux. Le nôtre nous a guidés dans une sorte de château fort. Dans un des donjons pour être précis. Je m’étais attaché au plafond avec mon glaive et descendu presque au fond la tête en bas.
« T’a vraiment que ça à faire Adam ?
– Ouais je sais, j’ai une araignée au plafond, répondis-je me décrochant.
– Alors, où est-ce que l’on va ?
– Je ne sais pas. Au talent. Comme d’hab.
– Ouais, mais ton talent ne t’attire que des ennuis mon ami. Même si t’es débrouillard. Je vous conseille de descendre dans la cour, éliminer le muté et de vous fier à ses traces. Après si Tu préfères ton talent. Fait, dit Sieg, apparaissant juste le temps de prononcer ces phrases.
– Il est toujours comme ça lui ?
– Ouais, il tient ça de moi.
– Kryssen…
– Pourquoi j’ai l’impression que je ne vais pas l’aimer lui. »
Il était à quelques centimètres de moi lorsque je me suis retourné. Il m’attrapa au ventre et me propulsa violemment dans la cour. Me tenant pas le cou et m’assaillant de coups, il se mit à gonfler en quelques secondes, devenant un mastodonte plus de deux mètres de haut. Alexia s’empressa de se rapprocher de moi et de se connecter à mon cœur. J’ai stoppé le dernier coup qu’il me portait, grâce au gain d’énergie d’Alexia, mon golem commençait à se former autour de moi alors que je le repoussais. Une fois assez important j’ai riposté d’un coup droit. Mon golem aussi était devenu élémentaire. Les fragments qui flottaient autour de moi étaient tous noirs, fumants et laissant tomber des étincelles. J’ai répété à mon adversaire les mêmes actions qu’il m’avait infligées, jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’il y avait une cellule d’ouverte juste à côté. Je l’y ai enfermé à l’intérieur.
« La prochaine fois, attaque-toi à quelqu’un qui t’égale, pas une personne moins forte que toi, dis-je avec la voix grave qu’il me donnait.
– T’y a trouvé un petit nom à ton golem ?
– Mon nom est Knyro, écrit K-N-Y-R-O, seul le k ne se prononce pas.
– Parce qu’en plus il est réel ?
– Nous sommes tous réel. Les golems de reliques vivent par eux-mêmes. Ils leur suffit juste d’une âme pour les guider.
– Tu ne veux pas rétrécir, tu me fais peur.
– Oh ! dis-je repliant mes fragments dans le cœur, pauvre petite princesse.
– Tu sais, je commence à comprendre l’attrait que te portent les autres. En plus d’être un guerrier puissant, tu es un mec génial !
– Arrête, pas autant.
– Et modeste en plus !
– Si tu le dis, tu passes devant ?
– Et galant ! Je vais finir par devenir jalouse de Virginie.
– Il ne faut pas. Je ne suis pas si parfait que ça. J’admets que j’exagère un peu ma personnalité pas mal de fois, mais pas autant. »
Nous avions suivis les conseils de Sieg et suivis les traces du muté qui criait encore dans sa cage. J’ai failli me laisser distraire dans mes pensées dans ce couloir répétitif qui n’en finissait pas. Mais mon instinct était plus rapide. Au moment où un démon m’arriva par-dessus, j’ai utilisé la cristallisation pour esquiver en arrière puis ai dégainé Arbitrer pour le trancher en deux. Le choc avec le sol créa un immense bruit qui résonna dans tout le corridor.
« Fait attention, j’ai l’impression qu’on sait que nous sommes là.
– Toujours aucune vision ?
– Pas pour l’instant non, pourquoi ? Ça te parait étrange ?
– Non, au contraire. C’est logique.
– Parce que toi aussi tu penses qu’il s’en est pris à Alix ?
– Comment ça, moi aussi ?
– Je pense qu’un monstre capable de toucher la mère de la fille de Sieg peut vouloir s’attaquer à elle parce que j’ai besoin d’elle.
– Et moi je pense que tu devrais passer devant. On approche de la sortie. »
Quelques mètres plus loin, le tunnel donnait sur quelque chose d’étrange. Une sorte d’usine, un peu comme la ville d’Akziel. Une fabrique de démons mutés, tous plus puissant les uns que les autres et tous plus soumis les uns que les autres aux ordres de leur chef. Il y avait pourtant du gaz qui flottait dans l’air, l’odeur en devenait vite insupportable.
« Utilise le respirateur artificiel. Tu vas t’asphyxier sinon.
– Oh ! Comment on s’y prend ?
– J’avais envie de tout faire flamber. Mais ça serait trop facile. Lojin ne se montrera que si je fais assez de boucan pour me faire voir.
– Pourquoi il n’attaquerait pas Sieg ou Izidro ?
– Lojin ne voit pas Sieg et la tour d’Izidro et une tour de guet. Il ne va pas prêter attention à si peu.
– Donc, il ne reste que toi.
– Je n’ai pas l’impression qu’ils sentent le gaz, je me demande si je pourrais l’utiliser en augmentant assez sa quantité pour déployer la portée du contrôle d’esprit.
– Tu penses qu’on peut trouver encore des humains qui pourraient nous aider ?
– À toi de me le dire.
– Suis-moi alors, je pense que je peux en trouver. »
Elle m’a guidé jusqu’aux bureaux du bâtiment. Quelques humains y étaient encore, surveillés par des crackers.
« Ils vont nous voir.
– Impossible. Ils sont aveugles, par contre ils peuvent nous entendre. Si je leur arrive comme un barbare dessus ils vont me déchirer.
– Comment faire ? demanda Alexia.
– Sully, au lieu de chercher un moyen de leur bourriner la gueule, pourquoi, pour une fois, tu ne ferais pas dans la finesse ?
– T’est sérieux Leo ? Ouais, ce n’est pas comme si j’avais le choix.
– T’a cinq minutes, quoi que un peu moins.
– Hey saloperie ! dit-il se plaçant devant le couloir, viens, je t’attends ! »
J’ai coupé mon cœur aussitôt qu’ils se sont jetés sur lui, alors que Sully absorbait tout l’oxygène autour de nous, asphyxiant alors les démons qui rodaient. Il assimilait tellement d’oxygène que j’ai été obligé de le frapper dans le ventre pour évacuer l’air de son corps.
« Combien de temps ? demandais-je réactivant mon cœur.
– Un paquet d’années. Désolé pour le dérangement.
– C’est bon, vous pouvez sortir, fit Alexia dans les bureaux.
– Tu comptes vraiment les sauver tous ?
– Parce que tu comptais les laisser périr ici ? répliquais-je à Sully.
– C’est bon ! Je vous laisse, j’ai quelque chose à faire.
– Quelqu’un saurais où est la salle de commande. Du moins où je pourrais augmenter la quantité de gaz ?
– Vous comptez tous nous tuer en fait ?
– Non, j’aimerais utiliser le gaz pour éliminer le bâtiment. Vous serez épargnés avant.
– Au fond du couloir, il y a un escalier de service. Descendez jusqu’en bas. Vous la trouverez.
– Bien, dis-je démarrant le contrôle d’esprit, bon voyage et bon répit.
– Ils partent tous seuls ?
– Les Saory les transportent automatiquement s’ils ne me sont pas utiles.
– Comment ça, pas utile ?
– S’ils ne vont pas me permettre de détruire la tour, aider d’autres humains, ou me sortir des limbes, leurs survies est plus importante que mon plaisir, donc ils partent.
– Oh ! D’accord. »
Il ne nous avait fallu que quelques minutes pour descendre les étages. Je savais que beaucoup nous attendaient en bas, derrière la porte de service. J’ai dégainé ma lance chargée assez rapidement et l’ai envoyée à travers la pièce. J’ai passé la porte, sous les regards de ceux qui étaient encore en vie. J’ai rappelé mon arme regardant les autres se lancer sur moi alors qu’elle changeait d’apparence sur le trajet. Je l’ai attrapé de la main droite, me laissant emporter par l’élan que sa vitesse me donnait. J’avais les doigts appuyé sur une sorte de gâchette, qui faisait vibrer mon arme. J’ai terminé mon tour sur moi-même, ma lame enflammée, supprimant ceux qui s’étaient approchés de moi. Ma lame commençait à adopter sa nouvelle forme, mechanical.
« Bon ? Qu’est-ce qu’on fait ?
– Je ne sais pas, je commence à me demander ce que fait Lojin dans tout ça.
– Il vous isole. Vous êtes dans un conteneur, dans lequel lui se trouver et t’attends. Je n’arrive pas à comprendre comment il a créé ce truc, bref, une fois détruit tu te trouveras je ne sais où avec lui, et il n’est pas seul. Tu l’élimine et tu arriveras dans le monde réel.
– Merci Sieg. Je m’en charge.
– Quelque chose te dérange Adam ?
– Oui, même si j’augmente le gaz ici, qu’est-ce qui me prouves que ça marchera ?
– Remonte, il ne me faudra que quelques secondes pour remonter, dépondit Alexia.
– Comme tu voudras. »
Je commençais à trouver le temps long dans ce truc. Peut-être est-ce que je m’impatientais, ou je craignais qu’il s’ne prenne à Alix. Une fois en haut, je me suis placé au meilleur endroit pour observer ce qu’il allait se passer. Alors que mon respirateur artificiel augmentait en puissance avec la quantité de gaz, l’usine fonctionnait encore aussi bien, ils ne remarquaient pas le gaz. J’ai commencé à faire passer les liaisons du contrôle des esprits à travers le gaz. Lorsque j’ai pensé à ça, je n’aurais jamais réellement imaginé que ça pouvait fonctionner, pourtant grâce à mon élémentarité, j’arrivais à activer le contrôle des pauvres humains devenus mutés.
« Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi ils veulent sortir ?
– Je ne sais pas monsieur. J’ai l’impression qu’ils se rebellent.
– Alors arrêtez-les ! »
Je me suis demandé comment je pouvais ouvrir les cellules, le contrôleur était juste derrière moi. J’ai posé une sorte de sphère là où j’étais, pour conserver les liaisons avec les démons. Je suis ensuite rentré dans la salle, déjà presque attaqué par celui qui tenait les lieux.
« Qu’est-ce que… dit-il stoppé par mon contrôle.
– Il te faut l’utiliser pour désactiver les verrous, ils vont nous voir si tu le fait, fit Alexia qui arrivait dans la salle.
– Tu as entendu la demoiselle ?
– Tout de suite, dit-il, léthargique.
– Est-ce qu’il peut m’être utile ?
– Ce n’est qu’un démon après tout, répondit Alexia.
– Certes, mais ! Je vais quand même le laisser périr avec les autres, repris-je lui infligeant un overload mémoriel.
– Il ne reste qu’eux.
– On va s’amuser. Viens. »
J’ai repris ma petite sphère et les esprits par la même occasion, poussant les emprisonnés à ouvrir leurs cellules à la manière de zombies affamés. Ils avançaient vers le contrôleur au centre, qui commençait à s’affoler. Les zombies un peu trop près de lui, il s’empressa de les faire exploser, avec un système d’auto destruction intégré.
« D’accord. Il est où le con qui joue avec mes cobayes ?
– Ici ! répondis-je de mon point d’installe.
– Descend si tu n’as pas peur de m’affronter.
– Pas de t’affronter, juste de te faire sauter ta petite usine avec tout le gaz qui flotte dans l’air. Oh ! Attends, mais tu ne le sens pas toi ! Comme c’est bête.
– Alors je vais m’occuper de toi ! » répondit-il en s’envolant vers moi.
J’ai observé son regard tout au long de sa montée. Ses yeux, déterminés, colériques, devenus brusquement effrayés et perdus au moment j’ai laissé mon corps s’envahir d’étincelles. Tout s’est enflammé autour de nous alors qu’Alexia nous protégeait avec le bouclier intégré à sa combinaison. Quelques minutes plus tard, j’étais arrivé à observer le décor d’un alterstase à travers les hexagones bleutés qui formaient le bouclier.
« Heureux de te rencontrer Adam.
– Ambitieux l’alterstase.
– Si tu meurs, tu seras effacé de la ligne du temps.
– Et si l’inverse se produit, tu disparais, toi et tous ceux qui te connaissent t’oublierons, tu feras exploser avec son créateur et l’endroit dans lequel elle se trouve. J’opterais pour cette solution, je ne peux pas concevoir pas ma mort.
– Tu devrais pourtant, dit-il, poussant la fille qu’il cachait dans son dos.
– Je savais que tu t’en prendrais à elle.
– Alors sa mort ne devrait rien te faire mon frère. »
Si je ne montrais pas mes émotions, si je semblais froid au fait qu’il s’en prenne à Alix, au fond de moi j’étais effondré. J’avais espéré pour qu’il ne s’en prenne pas à elle, mais il ne pouvait s’empêcher de venir me chercher par les sentiments. « Ne me laissez pas avec lui… » me dit-elle me regardant dans les yeux.
C’était la plus belle des princesses.
Elle était plus petite que moi, aussi grande que Virginie. J’avais l’impression qu’elle avait une aura autour d’elle à chaque fois que je la voyais. Comme un ange, un guide parmi les perdus de ce monde. Elle n’était pas brune comme Virginie, mais blonde. Une fausse blonde pour être exact. Les cheveux légèrement plus longs que le niveau de ses épaules, ils étaient attachés, pas en queue de cheval comme les avaient Virginie la première fois que je l’ai vue, mais tous plaqués d’un côté, retombant le long de son cou, au-dessus de son épaule droite. Elle avait les yeux bleus, dans lesquels j’aurais pu me perdre pendant des heures. Elle me fascinait, sa beauté me captivait plus que celle de Nikki. Si j’avais trouvé une ressemblance entre elle et Virginie. C’est à Jessica que ressemblait Alix, en plus mince, plus fluette, une petite plume, un ange tombé des cieux.
Elle était la plus belle créature que je n’ai jamais rencontrée. Et c’était ma femme. Du moins une partie. J’en arrivais à me demander à me demander si les deux apparences allaient s’ajouter ou si l’une disparaitrait pour laisser place à l’autre.
« Alexia, je vais avoir besoin de toi.
– Ne t’en fait pas, je ne la lâche pas des yeux.
– Je te laisse le choix mon frère, soit tu nous rejoins, tu rejoins tes racines. Soit elle et tu en payeras le prix, dit Lojin.
– Je ne suis pas ton frère.
– Tu ne peux pas le nier Adam, nous tenons nos pouvoirs de la même personne.
– Tu veux jouer alors ? Qu’est-ce que tu as à dire si je te dis que… Je ne suis pas Adam !
– Quoi ? Qu’est-ce que ?
– Leo Kryssen. Gardien de l’horloge. Heureux d’avoir l’honneur de te détruire mon frère…
– D’accord ! Tu le regretteras ! »
Il attaqua Alix en lui jetant un couteau dans un poumon. Alexia qui avait prévu son attaque s’empressa vers elle, repliant son armure pour la déployer sur celle qu’elle partait sauver. Je l’avais suivie, pour la sauver alors que l’armure s’était mise à flotter grâce à ses réacteurs. « Oh ! Pauvre chou » Je me tenais alors dos à lui, mon épée apparaissait. Cette forme-là portait le nom de Drago Angelo. C’était la véritable apparence de la nouvelle Rebellion.
« Hey, mais c’est mon arme !
– Impossible, elle est gravée Adam Pearce, désolé ! répondis-je me tournant vers lui.
– Tu te résigne à rester contre nous alors ?
– Nuance. Déjà c’est toi qui est du mauvais côté. Les fragments d’Eden ont été créés pour fonder l’équilibre, pas la destruction. Ensuite, fis-je dégainant mon arme, je ne suis pas contre toi, c’est toi qui viens te mettre au milieu de mes affaires.
– Tu sais que tu n’as pas la capacité de me tuer.
– Pourquoi prétends-tu ceci ? Tu as peur que ce ne soit pas vrai ?
– Je suis distorsionnel, tu n’es qu’un pauvre élémentaire. »
Depuis que l’on discutait, je m’étais mis à tourner autour de lui, Alexia me suivait toujours de très près, comme si elle s’attendait à quelque chose.
« Pourquoi tu le suis, tu as peur que je te tue ?
– C’est toi qui devrais avoir peur de nous. Je sais que concrètement il ne peut pas te tuer. Mais n’oublie pas ça. Ce n’est pas ton frère.
– Arrêtez ! Vous allez me rendre dingue !
– Je n’ai pas envie d’être chiant, répondis-je, mais c’est un peu le but.
– NON ! Vous allez le payer !
– Comme tu voudras. »
Il s’est jeté violement sur nous, nous projetant au milieu de cette salle sans fin. Pendant une dizaine de minutes, j’ai parés tous ses coups, esquivant ou mettant mon épée entre moi et la sienne. Quelques fois j’essayais de lui assener des coups à mon tour, mais sans succès. En passe d’arme, lame contre lame, il se mit désespérer quelque peu.
« Plutôt coriace !
– Tu ne pensais vraiment pas que je sortirais d’ici mort Lojin ?
– Tu devrais !
– Il va te falloir faire preuve de plus de courage que ça. »
J’ai passé mon arme en mode fumée, pour le pousser et le forcer à lâcher sa garde. J’en ai alors profité pour le rouer d’attaques sans lui faire beaucoup de dégâts, il en avait pris autant que moi alors que je l’avais touché une centaine de fois plus.
« Alors, tu faiblit ?
– Non ! Je me demande si je ne peux pas trouver un moyen de te faire vraiment mal.
– Aucune chance Adam. Tu vas périr ici ! Même si tu ne le veux pas.
– Alors essaie. Je t’attends. »
Cette fois-ci c’est sur le torse qu’il m’attaquait, lançant une attaque piquée dans un de mes poumons pour m’éjecter le plus loin possible. A l’instant où son épée lâchait mon torse, j’ai essayé de me rattraper en prenant la main d’Alexia à côté de moi, mais sans succès, mon désespoir me guidait à regarder Alix dans l’armure. Elle l’avait régénérée, la visière ouverte. C’est son regard qui m’inspira une envie de m’en sortir. C’est Leo qui vint pour changer les choses. « L’héritage » Voilà la dernière parole que je pensais l’entendre prononcer alors que ma main lâchait celle d’Alexia. Un léger flot de particules dorées s’échappa de sa main pour atteindre la mienne. Provoquant quelque chose au fond de moi. J’ai touché le sol une fois, à cause de l’élan, reprenant mon équilibre et l’apparence de Leo au même moment. Je n’ai pas compris comment son apparence pouvait être possible, ni le fait que je sois encore en vie à ce moment. Je suis retombé à genoux, glissant jusqu’à m’arrêter et il me fit partir aussi tôt dans un flux sombre et ténébreux. Je me suis heurté à lui, avec une vitesse phénoménale. Je l’ai jeté encore plus loin qu’il n’aurait pu le faire. « Bordel ! Mais t’es qui ? » Je n’y ai pas répondu. Je l’ai regardé, esquissant un sourire démoniaque.
J’avais totalement changé d’apparence. Aucun trait de Leo ou de ma véritable image. Ma veste était devenue une peau, par-dessus une seconde semblable à celle des démons, mais plus cristalline, comme l’anneau éclair de Toshiie. La peau bleue tirant vers le gris, couverte par une partie noire. Mon cœur restait sur cette apparence, un point bleu au milieu de mon torse, fissuré autour de lui. La taille et les jambes étaient renforcées par des partie plus épaisses, gris foncé, des griffes aux bout des pieds. Mon bras gauche avait totalement changé de tête. Il était blanc, fissuré par la même énergie que mon cœur, les doigts lumineux et une pique au coude du même type mes doigts. Mon bras gauche avait une apparence à priori normale. À part le fait que sur le poignet, à l’emplacement ou se déploient mes lames, il y avait un fourreau, qui remontait plus haut que mon épaule, il gardait le katana que j’avais dans le dos dans le monde normal. Sur mes épaules et attachées au dos et au torse, deux sortes d’ailes, ressemblantes à celles de la Tour. Mon visage avait pris le même aspect. Les yeux dessinés par la forme de mes lunettes, lumineux comme mon cœur et mon bras, cachés par une sorte de capuche de la même couleur que ma seconde peau.
« Leo !
– Shh ! répondit-il à Alexia.
– Qu’est-ce qu’il me veut ce con ?
– Ta mort Lojin.
– Alors ça tu peux toujours rêver. »
Il m’en voulait toujours autant, même peut-être plus. Il se releva assez difficilement, mais s’attaqua au nouveau moi assez rapidement. J’étais étonné par laquelle je répondais à chacune de ces attaques. Stoppant tous ces coups avec mon bras gauche. Jusqu’à ce qu’il plante son épée dans la main.
« Lâche-moi bordel !
– Pourquoi autant de haine ? répondit-il avec ce sourire démoniaque. »
J’avais l’impression que rien ne pouvait l’arrêter. Sa lame était plantée dans ma main et je ne ressentais aucune douleur, aucun saignement. Je l’en ai sorti en le frappant avec le manche du katana qui dépassait de mon bras. Dès lors je sentais que ce que je lui infligeais lui faisait réellement mal et que son espoir de m’anéantir tombait à l’eau.
« Ah ! Je ne peux pas abandonner maintenant.
– Tu devrais pourtant, il va vraiment te tuer, répondit Alexia.
– C’est ce que tu crois !
– J’admire ton courage, pas ta force.
– Tu commences vraiment à m’énerver tu sais !
– Sérieusement ? »
Une forme d’arrogance m’animait, comme une conviction que ce combat ne pouvait être perdu. Une certitude de la terminaison de cet affrontement. Je passais mon temps à le narguer, le regarder avec ce sourire narquois, diabolique. Lui il bouillonnait de voir que tout ce qu’il tentait était à chaque fois vain, sans succès sur mon arrogance et mon corps.
« Déjà fatigué ?
– Non ! Je, euh…
– Déjà fatigué !
– Arrête ! Je n’en peux plus de toi ! Qui es-tu pour oser t’affronter à moi ?
– Déjà dit !
– Leo Kryssen, gardien du temps oui je sais ! Et alors ? Tu crois que ça peut me faire peur ?
– Ça devrait !
– Comment ça ?
– Leo ne peux pas être dans les limbes, du moins pas de lui-même. Tu devrais t’inquiéter du fait qu’il soit devant toi !
– Oh !
– J’opte pour la douleur !
– Quoi ? Mais, attends, je n’ai rien dit.
– Je n’t’ai pas demandé ! »
Mon glaive n’existait plus, c’était mon bras qui se projetait pour devenir extensible. Je l’ai attrapé par la tête, le tirant vers moi. J’ai stoppé son élan en le frappant avec le fourreau du katana, me retournant pour le dégainer et finissant mon tour en lui tranchant le torse à moitié. Je l’ai ensuite rattrapé au cou avec la main gauche.
« AH ! Lâche-moi !
– Aucun espoir ! répondit-il téléportant le katana dans son fourreau.
– Putain, mais comment tu fais pour vivre encore ?
– Celui de l’humanité ! »
Le manche du katana s’est soudainement transformé en une lame, je lui ai alors coupé la tête, attrapé le reste du corps avec l’extension de mon bras droit et écrasé sous mes doigts. Quelques secondes après sa mort, mon apparence s’en alla, s’envolant en fumée.
« Adam ? demanda Alexia.
– Ouais, je crois que c’est moi.
– Je peux m’approcher ou est-ce que tu vas de nouveau devenir tout bizarre et me martyriser comme l’autre ?
– Non, tu peux venir. Je me demande juste comment on peut sortir d’ici ?
– Je crois que je peux faire quelque chose… fit Alix, montrant un portail sous ses pieds.
– Mademoiselle, fis-je regardant Alexia.
– T’est bien redevenu toi-même. Contente de le voir !
– Je ne suis pas près de changer ! Sauf s’il revient.
– Prenez mes mains, dit Alix. »
La ville était en cendre. Enfin presque, sa représentation démoniaque avait atteint notre monde. La neige qui tombait à Pise le jour où on avait débarqué était devenue des cendres grises qui tombaient du ciel aujourd’hui. Elle ne représentait en fait qu’une infime partie de la zone que couvrait la dimension des trois tours. Alix était avec Alexia et moi, à Rome, au milieu des ruines du bâtiment qu’Akziel avait construit. J’admirais le désastre que j’avais causé et le poste des Saory se monter en attendant que mes deux autres alliés nous rejoignent. Quelques minutes plus tard, Sieg arrivait en trombes.
« On a un gros problème Leo !
– Dit-moi, je t’écoute.
– Nikki est partie aider Crimson et Grey attaqués par un muté dimensionnel.
– Je m’en charge »
Je me suis envolé aussitôt, changeant d’apparence au moment où mon chronosceptre me vint dans les mains. Quelques secondes plus tard, j’étais au-dessus du parc à côté du lycée, encore enneigé. J’ai atterris, le chronosceptre planté dans le sol, une des mâchoires autour du cou d’un des assaillants. L’appel des âmes changeât la neige en une brume noire épaisse, flottante au-dessus du sol. Les deux frères me rejoignirent quelques instants plus tard.
« Tiens, le grand Toshiie. Content de te voir, fit Crimson.
– J’aurais préféré l’éviter. Où est-ce qu’il est ?
– Supposé invisible. Juste pour nous narguer.
– Il est sérieux ? Il pense que je vais le laisser l’emmener comme ça ?
– Apparemment. Je suis désolé d’ailleurs, je n’aurais pas dû lui demander de venir nous aider.
– Ne t’en fait pas pour ça. Je te pardonne.
– Bon, ce n’est pas tout, mais il commence à me les briser l’autre.
– S’il était un minimum intelligent, il n’enverrait pas ses troupes d’où il se trouve ! »
Mon chronosceptre était ciblé. Il passait à travers tous ceux qui se trouvaient au travers du chemin en leur infligeant une puissant attaque électrique. Il arriva sur le torse de mon ennemi, pliant la seconde mâchoire en face de la première pour infliger une onde énergétique qui propulsa Ezira une dizaine de mètres plus loin. J’ai rappelé ma lance avec la main droite, le tenant derrière moi alors que je m’approchais de mon adversaire qui ne se relevait que. « On se reverra » me lança-t-il peinant à se tenir debout. Je me suis empressé de rejoindre Nikki allongée sur le sol, nous téléportant dans le labo de la Tour.
« Sieg !
– Pose-la sur le bloc, je m’en occupe tout de suite. »
Mardi 17 décembre 2013, sept jours. Voilà sept jours que qu’elle était dans le coma. Si le monde tournait plutôt bien à ce jour, moi j’avais l’impression de reculer et de tourner en rond. Je restais le plus souvent seul, à méditer ou à m’entrainer d’arrache-pied. A cette heure-ci, j’étais sur ma tour, dans la citadelle. Emeline était venue me rendre visite.
« Toujours rien ?
– Aucun changement. Elle n’est pas en danger, mais elle ne s’est toujours pas réveillée. Je commence à m’inquiéter de plus en plus.
– Et Alix ?
– Toujours au lycée. Elle ne sait pas ce qu’il se passe. Pour elle, elle est juste une victime comme une autre. Je n’ai pas envie de la préoccuper avec mes histoires tant qu’elle n’est pas prête.
– Je serais toujours là si tu as besoin de moi.
– Je te remercie, seulement c’est plutôt d’elle que j’ai besoin.
– Je te comprends.
– Tiens, tant que tu es là. Je t’offre Dvirel ! dis-je, montrant la ville que j’avais détruite, flottante dans son bouclier entre Anathema et Arios.
– T’es sérieux ?
– Fais-en ce que tu veux, elle est à toi. D’ailleurs ce n’est pas moi qui l’ai mise là. C’est Sieg. Tu devrais aller le voir.
– Ne te dérange pas, fit Sieg arrivant, je vais le faire.
– Vous préférez que je vous laisse ?
– Comme tu voudras, ça te concerne aussi dans un sens.
– Je voudrais juste essayer de comprendre… dit Emeline.
– Des points fixes, répondit Sieg, des points identiques ici, dans les limbes et dans le monde oblitéré. Le fait que je t’ai abandonné est simplement que je ne pensais pas que ta mère était enceinte.
– Mais, comment ça a pu se passer ? Tu étais endormi à cette époque.
– Adam et Leo l’ont très bien compris. Dans la cité, lorsque tu étais avec Adam, Lojin s’en est pris à ta mère pour le toucher en attaquant ses sentiments. Il s’est attaqué à ta mère, en prenant son image temporelle de 1996, celle du jour exact de ta conception. La chose que le Livre de mentionnait pas c’était qu’elle tomberait amoureuse de moi. Je suis resté trois jours avec elle, juste après que Adam m’ait vu la sauver sur Dvirel. S’en est suivi ce que le point temporel avait écrit, ta conception et neuf mois plus tard, ta naissance.
– Attends, je résume, je ne suis pas certaine d’avoir compris. Lojin s’est attaqué à ma mère en 1996.
– En passant ta mère dans les limbes de Dvirel.
– D’accord. Ton livre disait que tu la sauverais à cette époque, dans cette ville ?
– Exact.
– Donc tu l’as sauvée, et tu es restée avec elle ?
– Pour la protéger.
– Mais pourquoi tu ne l’as juste pas laissé et tu n’es pas reparti rejoindre Adam ?
– Les points fixes sont inchangeables, répondis-je, enfin presque. Oser changer un point fixe reviendrait à essayer de briser l’équilibre temporel, donc on ne le fait jamais. Ensuite pourquoi tu es un point fixe ? Tout simplement, tu es un messager, il n’en reste que peu dans le monde. Sachant qu’aucun gardien n’était vivant à cette époque, les Saory ont voulu te préserver en le créant ici. De plus, le temps s’écrit souvent assez étrangement, si le futur a voulu que Sieg soit ton père, c’est parce qu’une série d’événements l’a mené à s’écrire de cette manière. Après qui est le fautif, moi où Sieg, incapable de le dire.
– Euh, je…
– Je ne te demande pas de m’excuser, si tu ne veux pas de moi comme père, je l’accepterais, dit-il avant qu’elle ne se jette dans ses bras, ça te dérange de me laisser avec Leo ?
– Non, allez-y.
– À qui la faute l’ami ?
– Toi ! T’y crois, en forçant Connor à rentrer dans la confrérie plus tôt, tu sauves toute une famille, qui est celle d’Emeline.
– Non !
– Si ! Et tu fais de moi son père à ta place.
– Quoi ?
– Vraiment. Moi non plus je n’y croyais pas. Comme quoi, non actions ne sont pas sans impacts.
– Maintenant je comprends d’où viennent ses cheveux roux.
– Pas de moi, sa mère est rousse. Non, tu n’as juste fait que la rendre messager, lui débloquant ses capacités avec Toshiie.
– Mon Dieu.
– Comme tu dis. Encore désole pour Virginie. Même si je ne peux te dire qu’elle va mieux, je peux au moins te dire que dans on coma elle ne rêve que de toi.
– Merci Sieg.
– Ça ne fait que commencer Leo.
– Ce n’est que le début, je sais. »