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Partie 1 : Mise en Scène
La rentrée des classes, jour le plus détesté de tout enfant normal et adoré par tous leurs parents. (C’est le meilleur moyen pour se débarrasser d’eux) C’était mon cas aussi. Mercredi 5 septembre 2012, je rentrais dans mon nouveau lycée avec une envie, indescriptible je pense, mais je n’étais pas le seul, que ce soit Justine, ou Loïc qui était rentré la veille, ce jour, personne ne voulait le voir venir…
STOP ! Quel impoli je suis, je commence mon récit sans même me présenter ! Je m’appelle Tanguy, j’ai 17 ans et rente cette année en 1re STL. Je suis du genre fou et j’aime être différent des autres, même si ça ne leur plait pas, ça m’est totalement égal. Ça fait de moi quelqu’un que l’on a souvent du mal à accepter, seulement, j’ai des amis et je ne les abandonnerai jamais.
Loïc, c’est mon meilleur ami, je le connais depuis la maternelle, soit environ quinze ans. Lui aussi est dingue, mais il est passionné par le parkour et le free-run. Il rentre en Bac pro dans le lycée Sacré-Cœur. Il est aussi passionné par sa petite amie, Justine.
Justine donc, petite amie de Loïc, elle est devenue elle aussi ma meilleure amie. Elle est aussi la petite cousine de mon second meilleur ami, Julien. Sa plus grande passion restera son copain, dès qu’elle peut le voir elle arrange toujours tout pour. Sinon quand elle ne peut pas, elle me remercie de ma bonté et de bien vouloir lui tenir compagnie.
Julien partit loin de nous lorsque nous avons quitté le collège, on le voit de moins en moins, mais on essaie de se retrouver le plus souvent possible.
Mais revenons à moi. Depuis un peu plus d’un an et demi, je travaille avec un outil appelé Photoshop. Passionné par l’informatique et ayant une imagination débordante, je l’exerce en me créant des fonds d’écrans. En général, on me dit que je gère, que ce que je fais est magnifique, mais trop modeste pour les croire, je n’ose pas penser que je suis aussi bon que ce que l’on me dit.
Je suis souvent arrogant et invivable, ma personnalité d’anarchiste fait de moi quelqu’un d’asocial. Mis à l’écart par les autres. Heureusement, je peux toujours compter sur mes amis, parce que même si l’on ne m’aime pas au premier abord, tous ceux qui s’habituent à ce que je suis m’apprécient à la fin.
Revenons-en donc… Ah non, je n’ai pas tout à fait fini. Nous vivons dans une petite ville de Lozère, Saint Chély D’Apcher, « Loin de toute civilisation » comme disent les étrangers qui viennent en internat dans nos établissements scolaires, qualifiant notre ville de pays avec son microclimat approprié. Loin de l’agitation des grandes villes, de leurs pollutions, même si moins garnie que ces dernières, au moins on a la paix !
On en revient donc à ma rentrée des classes, dans le lycée Théophile Roussel, avec ma chère et tendre petite tata (je l’appelle comme ça parce qu’elle m’appelle son tonton lorsqu’elle a besoin de moi), je m’attendais à vivre l’une des pires journées de ma vie, je me suis trompé, pas qu’elle était merveilleuse non, mais pas aussi mauvaise que je ne l’imaginais. Nous sommes finalement neufs (juste un de moins que lors de mon CAP), mais enfin, je me retrouve avec des femmes, pas que j’ai quelque chose contre les hommes, mais déjà être dans un lycée avec presque que des de ça n’est pas super. (Deux femmes et encore si l’on peut parler de femmes) De plus, je ne suis pas le genre à plaire à toutes les filles qui me passent devant, ou qui croisent mon regard, alors ça me redonne du courage quant au fait d’arriver à trouver quelqu’un que j’aimerai. Un prof principal, qui m’a l’air assez sympa, je pense que je vais bien m’entendre avec lui. Ayant que le matin de cours puisqu’étant un mercredi, je rentrais chez moi pour manger à midi. Seulement, quelque chose était anormal, je me sentais différent, comme si j’avais quelque chose en plus, ou qui avait changé. Est-ce possible que l’on puisse changer en l’espace de quelques heures ? J’en restais hanté tout mon après-midi à réfléchir sur ce que cette impression de différence pouvait avoir changé en moi. Est-ce le lycée en lui-même qui me transformerait, ou simplement qu’il ne m’aime pas ? Mais pourquoi s’attaquer à moi, pourquoi me changer moi alors que l’on doit être plus de cinq-cents dans l’établissement ?
Durant les deux jours qui ont suivis, mes amis me firent remarquer que mon comportement avait quelque peu changé, non pas mon calme légendaire, qui est l’une de mes grandes qualités, mon calme presque parfait et incassable. Seulement, j’étais plus discret, plus distant que d’habitude, comme si j’avais envie de me faire oublier. Pour moi, rien n’avait changé, à part cette nouvelle impression, mais je n’en avais parlé à personne encore. Pourtant tout se passait tout à fait normalement, pas plus perturbateur, ni moins d’ailleurs. Je me semblais totalement inchangé, seulement l’avis des autres n’était pas le même. J’ai gardé cette idée de nouveauté tout le weekend, mais en plus j’avais l’impression que quelque chose bougeait en moi. Non ce n’est pas possible, à moins que je sois possédé par un fantôme ! J’avais du mal à y croire.
La semaine suivante m’a paru plus calme, mon comportement était redevenu normal, mais pour moi, il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas. J’étais fatigué à longueur de journée, tous les muscles endoloris et j’avais un problème de vision. Il arrivait que certaines fois, mes yeux fibrilles (enfin, c’est l’impression que ça me donnait). Ma vue se troublait et les couleurs devenaient plus vives, plus saturées et plus lumineuses. Ça ne restait pas, juste quelques secondes, mais avec ça je pouvais être sûr que quelque chose n’allait pas. Mais quoi ? À la fin de cette semaine, j’avais l’impression d’être un peu plus fort, plus rapide, pas de beaucoup, mais je n’avais pas l’impression que ce changement était insignifiant.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ! (il faut que j’arrête ce genre de réflexion moi.) Je venais de passer une semaine superbe, sans aucun souci ni physique, ni mental ni autre. Je me sens de nouveau normal. Mercredi (oui j’aime bien ce jour, très même) 19 septembre 2012 cette fois-ci, je m’étais pris un café (grand amateur de café que je suis) et quelqu’un a eu le malheur de me le renverser, pas sur moi, je n’aurais encore moins apprécié le fait que l’on me brule avec. Seulement à cet instant, j’ai eu l’impression que quelque chose voulait sortir de moi, que l’on voulait me pousser à jeter le reste de mon café sur la personne fautive. Mais pourquoi ? Ce n’est pas mon genre, je n’oserais jamais faire preuve d’un irrespect à ce point. Y aurait-il un rapport avec ce changement ? Ou, est-ce totalement indépendant et plutôt lié à mon humeur, pourtant bonne aujourd’hui ? Depuis la semaine dernière, j’entendais des voix, qui disaient « I Watch You ». J’avais l’impression d’être espionné, d’être suivi, comme si partout où je passais il y avait des caméras qui m’observaient. Quelque chose n’allait pas, cette fois-ci j’étais sûr que j’étais différent. Mais en quoi, qu’est-ce qui me rendait comme ça ? J’appelais alors Lloyd en début d’après-midi.
Lloyd que j’ai connu en 6e, et que j’ai retrouvé quand on était en 3e, était lui aussi mon meilleur ami. Partit loin de chez nous, ça ne m’empêchait pas de lui parler le plus souvent possible. Il adore les mangas et a un œil sur le monde un peu comme le mien, à quelques détails près. Il pourra me donner son avis sur cette étrange nouveauté.
« Salut, Lloyd, ça va ?
– Salut Tanguy, ça va et toi ?
– Ça va. Alors je t’explique pourquoi je t’appelle. Depuis le jour de la rentrée, j’ai l’impression d’être différent, d’avoir quelque chose en plus, comme si j’étais deux ! Mes amis m’ont fait remarquer que mon comportement était anormal. La semaine dernière j’étais mort en tout point et j’avais des problèmes de vue. Les couleurs changeaient et elles se troublaient. Ce matin aussi, on a renversé mon café et j’avais envie de jeter mon café à la gueule de celui qui me m’avait bousculé. Tu as une idée du pourquoi du comment de tout ça ?
– Toi et ton café, tu ne changeras donc jamais. Mais anormal, totalement l’opposé ? Ou non ?
– Plus énervé, plus distant. Un peu comme si quelqu’un me faisait changer ou que je m’y obligeais pour plaire à quelqu’un. Seulement je m’éloigne de ce que je suis et ça m’effraie un peu. Le pire est que pour moi rien n’a changé dans mon comportement, comme si je n’étais pas capable de voir ces différences, ou que quelqu’un contrôle la façon dont je vis et pense. Une sorte de force me pousse à faire certaines choses que je ne ferai jamais en temps normal.
– Tu pourrais me décrire comment tu ressens cette force.
– En fait, comme une ombre, un mystique. Tu sais comme quand tu t’opposes à un vent fort, ou que tu le prends de dos. Un élément qui n’a pas une grande densité, voir même aucune, mais qui est capable d’agir sur toi.
– C’est tout ce qui a changé ?
– Non je me sens espionné par quelqu’un, j’ai l’impression que des caméras me suivent partout où je vais, comme si elles voulaient tout connaitre de moi.
– Je vois, je vois…
– Tu as une idée ?
– Et bien, y’a quelque temps j’ai lu un article sur un guerrier voyageait dans le temps, c’est un ami qui m’en avait parlé. Son arrière-grand-père lui avait dit qu’il l’avait vu mourir lors de son dernier combat. Il s’appellerait Leo Kryssen, d’après ce que l’on dit il se réveillerait tous les 60 ans, plutôt il réapparaitrait sur Terre, 60 ans plus tard, le même jour que sa mort ou sa disparition. En l’occurrence le 6 janvier et il existe un grand nombre de personnes nées ce jour-là. De plus on l’assignait à une Tour en marbre, qui apparaitrait avec lui apparemment, mais personne ne la verrais, sauf quelques dérangés du bocal.
– Mais pourquoi moi ? Et pourquoi ne se manifesterait-il que maintenant ?
– Alors là je n’en ai aucune idée. Il faudra le lui demander quand il arrivera.
– C’est bizarre, mais j’ai l’étrange impression que c’est le lycée qui m’a changé. Tu n’aurais pas une nouvelle fracassante sur un fantôme dans cet établissement ou quelque chose du genre ?
– Oula non, je crois bien au fantôme, mais ton lycée n’est pas renommé pour changer ces élèves ni pour habiter des formes de vies différentes des nôtres.
– Mouais, merci quand même.
– De rien, j’espère avoir pu t’aider. Il faut que je bosse moi. À plus.
– OK, à plus. »
Un guerrier qui voyage dans le temps, mais pour quoi m’avoir choisi moi ? Je ne suis quand même pas le seul à être né à cette date ! J’ai voulu faire des recherches sur cet étrange personnage, mais elles ne m’ont rien apporté de plus que ce que Lloyd m’avait dit. À part le fait qu’il avait toujours avec lui un bijou autour du cou qui dont sa symbolisation était inconnue à l’époque, mais qui est maintenant considérée comme le signe « Biohazard ». Un peu comme le mien en fait. Il brillait quand il faisait appel à ses pouvoirs. Surement la source de ses capacités. Tout ceci me faisait douter, une sorte de peur qui m’obligeait à réfléchir sur ce que cet homme pouvait faire de moi et surtout ce que je pourrai faire avec. Est-ce que j’en parle à mes amis ? Vaut-il mieux les laisser dans l’ombre ? Non, il vaut mieux que je le leur dise, qu’ils soient un minimum prêt à n’importe quelle surprise.
Jeudi 20 septembre 2012, rien d’anormal à priori, seulement je me décidais à en parler à Justine et Loïc. Je finissais les cours à 17 h (j’adore ça, pouvoir finir plus tôt certain jour, après deux ans à finir tous les jours à 18 h, ça me fait du bien). Je commençais alors par la seule qui ne finissait pas à 18 h comme Loïc.
« Justine, il faut que je te dise quelque chose, depuis la rentrée et tu me l’as fait remarquer, j’ai un comportement étrange, du moins changé comparé à ce que je suis d’habitude.
– Oui, vas-y je t’écoute.
– En fait depuis le début, j’avais l’impression que quelque chose avait changée, mais je ne savais pas du tout ce que ça pouvait être, alors j’ai décidé de ne pas en parler, ensuite mercredi quand on m’a bousculé et versé mon café, y’avais comme quelque chose qui voulait me pousser à jeter le reste sur celui qui m’avait bousculé. J’en ai alors parlé à Lloyd hier et il m’a donné une explication que j’ai un peu de mal à croire m’enfin. Pour lui, cette chose qui me change serait un guerrier, qui serait mort et son âme aurait pris possession de mon corps lors de ma naissance. Et il voudrait se réveiller, voilà la raison de ce changement.
– C’est un peu improbable ton histoire, c’est même carrément dingue, comment tu-veux qu’une âme, si encore ça existe, prenne possession d’un corps ?
– Je savais bien que tu ne me croirais pas, de toute façon ce n’est pas ce que je te demande, je veux juste te mettre au courant si quelque chose de vraiment bizarre arrive tu ne sois pas totalement choquée.
– Oui si tu veux, mais tu veux en parler à Loïc aussi ?
– Ben oui vaudrait mieux. Mais je n’irais pas le déranger pour ça, je préfère vous laisser votre temps pour vous voir.
– Oh, c’est trop gentil. Bon je te laisse je vais le voir. À demain.
– D’accord à demain. »
Je suis un gros feignant, j’en arrive à ne pas vouloir aller voir Loïc, d’une part pour ce que j’ai dit à Justine, d’autre part aussi, parce que je n’ai pas envie (moins je peux en faire, mieux je me porte). Alors j’y dis par message, j’y raconte toute mon histoire et lui au moins, il me croit. Enfin bref. Ils sont au courant, ils pourront anticiper, presque toutes les situations, j’espère qu’ils sauront quoi faire.
Partie 2 : Dérangé
Vendredi, la fin de la semaine, je l’attendais, mais pas tant que ça, je ne suis pas sportif non plus et j’ai sport de huit heures à dix heures, je n’ai pas envie d’aller courir, mais bon tant pis.
J’étais déjà assez énervé, pas très bien réveillé et assez fatigué ce matin-là tout pour que je sois dans un des pires moments pour me faire chier. J’en étais à me dire que j’en collais une au premier qui se foutait de ma gueule, ou qui faisait quelque chose qui ne me plaisait pas. J’avais mal au dos aussi, une sorte de brulure, mais comme si un signe ou, un symbole se traçait dans mon dos ou, si j’avais fait un tatouage la veille. Je me rappelais ce que j’avais lu sur Leo, il avait une marque dans le dos, qui donnait son rang, sa classe dans un groupe de guerriers, comme un assassin, ou un chevalier. Il signifiait qu’il était un « Gardien de L’Ordre ». Je n’étais pas parvenu à trouver ce à quoi cela correspondait, seulement j’en saurais plus s’il apparait.
Il y a bien une chose que je déteste c’est les injustices, oser traiter une personne uniquement par rapport au premier aspect qu’elle donne. En l’occurrence certaines personnes de la classe de Justine se permettaient de le faire avec ses deux amies. Cindy et Marina. En particulier un certain dénommé Loïc, pas comme mon ami, loin de là, lui je ne l’aimais pas trop, même au premier abord, seulement je ne sais pas comment, mais j’arrive à décrypter une personnalité uniquement en observant la personne, sa démarche, ses paroles, ses gestes, ou ses relations avec les autres. Et lui, il ne me plaisait pas.
Revenant de sport, ce dernier c’est donc permis ce se foutre de leurs gueules, sans se gêner. Au début j’ai voulu lui en coller une, puis je suis arrivé à me retenir. Plus il continuait, plus cette force qui voulait me pousser à jeter mon café mercredi revenait, de moins en moins facile à retenir, jusqu’au point où, j’en perdis conscience, je ne me contrôlais plus, pourtant je voyais tout ce que je faisais, et je constatais bien que quelque chose me faisait me déplacer malgré cette absence.
Je me suis retourné, et je commençai à marcher vers lui, je sentais tout comme si rien n’avait changé, pourtant, une fois devant lui je l’attrapais et le lançais par terre (mais ce n’est pas possible, il est beaucoup plus grand que moi et surtout plus costaud, je ne fais pas le poids face à lui, ça n’a aucun sens). Il se releva et commença à s’avancer vers moi, bizarrement, mon sac à dos disparut et moi je marchais, toujours vers lui. Il me disait : « tu ne me fais pas peur, je t’écrase comme je veux ! » Toujours insensible à ces menaces, je me déplaçais déterminé dans sa direction, tout le monde voulait m’arrêter, même mes professeurs, ils me trouvaient inconscient, mais je n’écoutais rien, je n’avais qu’un but, lui faire payer tout ce qu’il avait pu dire. Il s’imposa alors devant moi, massif et enragé, il commença à me frapper, mais moi, esquivant tous ses coups, restait de marbre face à cet individu que j’avais rendu fou dès que je l’avais lancé au sol. Agacé par la répétition de ses actions je finis par le frapper dans l’estomac et l’arrêta net avec un coup de pied dans le cou. Affalé sur le trottoir, il se recula le plus possible quand il aperçut mon regard se tourner vers lui. J’avais envie de parler, seulement j’étais encore incapable de faire quoi que ce soit. C’est alors que ce mystique, qui avait le total contrôle de mon corps, se mit à parler.
« S’il existe une chose que j’exècre dans le comportement humain, c’est bien son niveau d’idiotie. Et oser maltraiter de pauvres innocentes comme elles, cela me rend malade. Tu es l’exemple même de la bêtise de votre race. Si tu reproduis cette erreur, tu le paieras de ta vie, sois-en certain ! »
Il s’était enfin manifesté, Leo, en prenant possession de moi. Tout le monde me regardait comme si j’étais devenu un étranger, un être différent d’eux. (Ce n’est pas totalement faux) Je ne pouvais pas rester ici, pas parmi eux, ils m’ont vu agir et vont vouloir savoir pourquoi ou comment j’ai fait ça, Leo était de mon avis et me fit partir en volant (c’est une étrange sensation que de voler par soi-même, sachant que l’humain n’en est pas capable, cependant, j’adore !) C’est comme si pour tous les autres je devenais un exemple même de contradiction, j’adopte un comportement totalement opposé à ce que je suis et comme si c’était naturel chez moi, je m’envole, pour éviter leurs questions ou remarques sur ce que je venais de faire. Je laissais alors un énorme mystère sur ma personnalité, à part pour la seule que j’avais mise au courant auparavant. Bien entendu je n’allais pas retourner en cours, je n’avais pas envie d’affronter leurs regards curieux et effrayés. Leo l’avait bien compris et m’emmena loin du lycée, toujours dans la ville, mais à l’écart. Perdu au milieu de la campagne de Saint Chély d’Apcher, j’ai voulu, après avoir repris le contrôle, communiquer avec lui, seulement j’en étais toujours incapable. Je me suis aperçu que ma brulure dans le dos, avait changé, elle creusait ma peau et symbolisait un anneau avec des ailles et une épée au centre. Je me mis alors en tête de passer chez moi et voir avec plus de précision ce changement physique. J’avais envie de voler, puisque j’en étais capable, seulement je ne pouvais pas, je ne savais pas comment faire. Alors je suis rentré à pieds, fatigué par le sport que je venais de faire, mais anormalement en pleine forme, comme si Leo m’avait régénéré. Enfin à la maison après 5 bonnes minutes de marche, je me suis dirigé vers ma chambre pour observer ce tatouage étrange. Il m’avait en effet créé une tranchée dans le dos, pour pouvoir s’y nicher. Il brillait, comme un petit néon, malgré sa faible luminosité, il scintillait même. Un étrange élément qui ne pouvait être naturel, aucun autre être ne possédait une telle chose. Seulement j’aimais l’aspect qu’il avait et même ça forme. Un anneau, portant deux petites ailes sur le haut, traversé par une épée dentelée, comme si elle appartenait à un ange, ces pics ressemblaient à des plumes, collées sur la lame.
Durant environ deux heures, je me suis entrainé à essayer de voler. Au début je ne savais pas puis, au fil du temps, j’ai compris qu’en m’imaginant volant, j’arrivais à décoller du sol. Petit à petit je montais et montais de plus en plus haut jusqu’à arriver à rester en suspension dans les airs. Dès lors j’ai expérimenté le déplacement, laborieux au départ, je suis parvenu à parcourir toute la ville, de long en large sans tomber une seule fois. En à peine une heure, j’arrivais à reproduire ce que Leo faisait naturellement. (Ce n’est pas si compliqué en soi, il faut juste de la patience et de la rigueur) Je partis vers le lycée, où, à leur habitude, Justine et Loïc se rejoignaient entre midi et midi et demi, pour se voir. Je l’avais prévenue un peu plus tôt que je viendrais, je ne pouvais pas me permettre de partir et laisser mes amis dans l’ombre. Tous les deux m’attendaient, Loïc étonné par ce que venait de lui raconter Justine se demandait bien comment j’avais pu faire ça. (Lui étant un grand casse-cou, presque cascadeur, le fait de voler pour lui est un rêve ! Pour moi c’est devenu quelque chose de naturel). Alors, j’arrivais, tout à fait normalement, en volant, arrivant en accélération (chose que je venais d’appréhender quelques instants plus tôt) et descendais, tranquillement vers eux, me posant avec la plus grande des douceurs. Sur la fin de la descente, de petites vagues d’énergies tournoyaient autour de moi, comme si elle me servait de frein. Sous les yeux ébahis de mon meilleur ami et ceux amusés de sa charmante copine, qui m’avaient déjà vu auparavant. C’est alors qu’un bégaiement sortit de la bouche de Loïc.
« Mais, mais, comment ?
– Leo, du moins c’est la seule explication possible, de moi-même je ne peux pas voler, il n’y a que lui qui le peut.
– Mais c’est génial, quoi de plus merveilleux que de voler ! Tu dois être content !
– Ne te réjouis pas si vite. Déjà, ma classe et celle de Justine sont au courant. J’aurais voulu qu’ils l’apprennent d’une autre manière, mais je n’ai pas eu le choix. Ensuite, je ne veux pas que ça se sache, ça doit rester un secret entre nous et pas un sujet de discussion pour tout le monde, même si c’est déjà le cas.
– Et comment tu vas faire pour ta classe, il faudra bien que tu l’affrontes pour retourner en cours, me rétorqua Justine.
– Oui, je sais. Je n’ai pas le choix, il faut que je le fasse. J’imagine la tête qu’ils vont faire quand je vais entrer en cours.
– Mais dis-moi, comment il est ce Leo, il est mignon au moins ?
– Justine ! Comment veux-tu que je le sache il n’est pas apparu, je ne sais même pas quand et comment il va arriver, si encore il revient. Je pense que, comme d’habitude, il va arriver au mauvais moment, avec ma chance. Mais bon tant pis. Il faut bien que je fasse avec.
– Bon, désolé Loïc, mais il faut qu’on aille manger. À tout à l’heure.
– À toute, les gens.
– Dit moi Tanguy, il est parti où ton sac, tu l’avais quand tu sortais de cours et il a disparu d’un coup.
– Je ne sais pas, il a peut-être été téléporté, dans mon casier qui sait ?
– Moui, vaudrait mieux aller voir, que sinon il faudra que tu le cherches.
– Oui, mais je pense qu’il doit y être. Je ne vois pas où il pourrait être d’autres puisqu’il n’est pas chez moi. »
Arrivé à mon casier, comme par magie, il était bel et bien ici. Leo était surement capable de téléporter les objets, peut-être lui-même aussi. À vérifier ! Tout le trajet de dehors jusqu’au self s’était fait sans aucun souci. Aucune question ou aucun regard intrigué sur moi. Dans la cantine non plus, tant mieux d’ailleurs, je n’ai pas envie que l’on me harcèle à cause de ça. C’est qu’une fois que nous sommes partis en cours, en premier Français. Dernier arrivé, dernier entré, j’ai préféré une place au fond, même si elle ne m’a pas empêché d’avoir eu droit à tous les regards rivés sur moi. Je m’étais assis, les coudes sur la table, les mains serrées, rapprochées de mon visage. Comme en train de prier, mais les yeux ouverts, rivés sur le professeur. Toujours sous les feux des projecteurs quand ma prof m’interrogea :
« Dites-moi Tanguy, pourquoi avez-vous pris une telle distance avec moi et que vous valent les regards de la classe ?
– Ils savent pourquoi je suis si loin, d’autant qu’il y a une explication simple à cette attirance des attentions des élèves de cette classe. Je n’ai en aucun cas à justifier mes actes ni à vous donner les détails sur ceux-ci. De plus je souhaiterais que les témoins de cette scène ferment leurs gueules, étant au courant de ce dont je suis capable, je doute qu’ils aient envie d’en subir les conséquences de leur trahison. Sur ce je vous prierais de me laisser. Merci d’avance.
– D’accord, tout ce que vous voulez… »
Je venais tout de même de clouer le bec de ma prof ! C’est un exploit ! (Je m’étonne parfois !) Cependant je soupçonne Leo de contrôler un minimum mes paroles, quand il est en question, il doit se montrer plus présent que d’habitude. Finalement le cours se passa sans problèmes et sans moi aussi, comme si je n’existais pas. (Au moins ça me fait des vacances) La sortie de cours se fit aussi calmement, avec une sorte de tension ou, plus une distance envers moi. Une sorte de peur de ma personne. Second et dernier cours, Histoire. Encore une fois mon prof me demanda pourquoi je m’éloignais, mais cette fois-ci je restais sans dire un seul mot, comme insensible à ces propos. Il me harcelait de questions, obstiné à vouloir tout savoir seulement je ne bougeais pas, un roc impénétrable. (Quelle étrange sensation que de sentir repoussé, détesté et admiré à la fois par huit personnes et assailli par les pensées du prof qui s’interroge sur le pourquoi de tout ceci) Encore une fois, je sortis le dernier, sans aucune remarque, aucun commentaire. Je suis alors parti avec Justine, pour attendre Loïc avec elle. Chaque endroit que je traversais me semblait étrange, j’avais l’impression que ressentir toute la peine du monde (du moins celle de ceux qui étaient proches) je voyais tout légèrement différent, dans des tons bleus et orangés. Des sensations à la fois glaciales et brulantes, passant du chaud au froid à chaque nouvel individu. Qu’est-ce que ça pouvait être ? Encore une chose que me faisait subir Leo ? J’ai alors demandé à la demoiselle qui m’accompagnait que l’on s’éloigne un peu des autres, que l’on s’isole. Intriguée, elle me demanda :
« Qu’est-ce qu’il t’arrive ?
– J’ai l’impression de vivre dans un autre monde. Comme si je pouvais sentir la bonté qu’il y a en chacun d’eux. Si encore elle existe.
– Ça doit être bizarre de ressentir tout ça rien qu’en passant à côté de quelqu’un. Je n’aimerais pas être à ta place.
– Je te comprends, mais j’imagine qu’il faudra que je m’y habitue et que je vive avec. »
On avait alors pris le temps d’aller chercher quelque chose à manger, malgré cette nouveauté, ça me laissait donc le temps de m’adapter et de mieux comprendre comment ça fonctionnait. J’arrivais à contrôler ma vue, normale ou avec cet aspect colorimétrique. Il variait suivant leur bonté. Les personnes neutres se décrivaient blanches, ou grisées. Celles au cœur pur se voyaient teintées d’un Bleu pâle pour les plus simples, au Magenta pour celles qui seraient prêtent à donner leurs vies pour aider les autres. Les envoyés des enfers brulaient d’un ton orangé pâle pour les plus classiques, au Rouge sombre pour les plus sanguinaires. Je maitrisais un peu moins les sensations que cela me procurait, mais j’y arrivais quand même. Dix minutes avant que Loïc ne sorte, lorsque l’on s’était arrêté pour manger, j’ai senti un énorme souffle me parcourir. J’avais l’impression que le monde allait s’arrêter à ce moment. Une seule chose sortit de ma bouche.
« Tout s’enchaine, on approche du moment de vérité, j’en suis certain.
– Tu en es sûr, je veux dire. Qu’est-ce qui te prouve qu’il va bien arriver ?
– Je n’en sais rien, mais je le sens. C’est tout. J’en suis convaincu.
– Salut ! me fit Loïc arrivant en sautant au-dessus de nous. Alors, tu fais quoi de plus maintenant ? Tu te téléportes ?
– Non, pas encore, mais qui sait si je n’en suis pas capable ? »
On s’était mis au Péchaud, grand parking en face du lycée Sacré-Cœur. Seulement Loïc ne voulait pas y rester, pour des raisons personnelles, alors on est partis plus loin. Il a préféré le petit mur où on a l’habitude d’être à midi.
Saint Chély d’Apcher, ancienne ville qui habitait un château à une époque, dont son seul vestige est le donjon, était une ville calme, puisque presque considérée comme une commune. Situé dans la montagne, la plus basse de France. Elle était nivelée, où le plus haut point était cette tour, qui dominait tout le reste. Jusqu’au jour un grand bâtiment appartenant à l’usine, s’est dressé. Je ne savais pas pourquoi il avait été construit. Je ne le sais toujours pas d’ailleurs. Il est un peu plus haut, pas de beaucoup, seulement il est construit sur la plus basse partie de la ville et dépasse de quelques mètres le clocher. Mais pourquoi faire un aussi grand bâtiment ? Aussi grand et qui, de plus par sa façade entièrement en métal, dénature totalement l’aspect rustique de la commune. Même si elle a subi une modernisation au fil du temps. Ceci m’a toujours paru assez louche.
Nous étions tranquilles tous les trois, parlant toujours des changements que Leo apportera à ma vie (je pense qu’ils ne seront pas petits) quand tout à coup, le sol se mit à trembler, de plus en plus fort. (Mais comment est-ce possible ? On n’est pas dans une zone à risque pour les tremblements de Terre pourtant) On s’était alors dirigé vers la source de ces secousses. Bizarrement, la vie autour de nous n’avait pas changé, comme si eux ne ressentaient pas ces vibrations, étrange tout de même. (Sommes-nous les seuls à remarquer les tremblements ?) Proche de la sortie de la ville, un immense cratère s’était formé au milieu d’un champ. Lentement en sortait une tour. Blanche et brillante, faite de granite blanc. Elle s’élevait, comme poussée des entrailles de la planète. Et le monde ne changeait pas, comme si pour eux rien ne se passait. J’ai eu le réflexe d’attraper le médaillon que je porte autour du cou. (Je joue toujours avec mes bijoux quand je stresse) J’ai remarqué que pour la première fois, une lueur en sortait, qui augmentait au fur et à mesure que la tour grandissait. Il finit par s’éteindre quand cette immensité s’arrêta. J’ai alors compris que cette apparition était due à moi, pour être précis à l’arrivée progressive de Leo. J’avais donc raison. Ce n’était qu’une question de temps maintenant. On décida alors de rentrer chacun chez nous.
J’étais retourné plus d’une fois voir cette tour, j’admirais la façon dont elle était faite, une immensité de marbre aux formes impressionnantes, et une porte, en or, avec des inscriptions que le temps avait dû effacer. Son apparition avait été causée par Leo c’était la seule explication possible. Dès lors, je savais que plus rien ne pouvait être comme avant. Et que nos vies seraient différentes.