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Partie 3 : Au cœur de la Foule
Tout avait changé et moi avec. Tout était plus difficile, comme si le monde nous forçait à disparaitre. Même si c’est notre planète.
Lundi 22 décembre 2014.
On approchait de Noël et c’était la première année que je le passerais seul. Loin de tout et de tous. La neige n’avait pas encore atteint cette région, qui pourtant était l’une des premières à en profiter en hiver.
Je m’étais installé sur un flanc de montagne, observant tous les reliefs autour. Le ciel commençait à être envahi par les nuages. Une couleur rouge en émanait, comme si tout le ciel était en flamme. J’étais en Auvergne, région de naissance d’Adam et je commençai à me dire que c’était l’un des plus beaux paysages que j’ai pu voir jusqu’ici.
J’étais ici pour deux choses, des vacances et un camp de réfugiés que je pourrais aider. Toute la journée j’ai divagué, sans penser à rien, sauf à Alix bien sûr, rien n’arrivait à la faire sortir de ma tête. Je me sentais un peu seul, personne pour me répondre. Dans ces cas-là, d’habitude j’avais Zinn, Sieg au début puis Leo. Je me suis décidé à rejoindre la ville la plus proche pour la nuit. La plupart des habitants y vivaient comme si de rien n’était. Comme si rien ne s’était passé. À mon arrivée, certains d’entre eux m’ont regardé étrangement, d’autres étaient effrayés. Seuls les enfants ne réagissaient pas négativement à ma présence. Ils venaient vers moi pour me dire bonjour et voulaient jouer avec moi. Quelques minutes plus tard, une vieille femme se rapprocha et les éloigna.
« Je ne leur veux pas de mal, fis-je.
– Éloignez-vous d’eux.
– Bien, si vous le souhaitez. »
J’ai relevé la tête pour apercevoir l’enseigne d’un bar. Je m’y suis rendu sans trop d’hésitations. Eux au moins de me n’ont pas épié du regard à mon entrée. Je me suis posé au comptoir, la tête entre les mains.
« Tiens, un étranger, qu’est-ce que la maison lui sert ? demanda le barman.
– Un scotch. Non, mettez-moi en deux.
– Comme il voudra. »
Les voix revenaient, toujours. Je ne sais pas qui, ce qu’ils me voulaient, mais elles commençaient à me fatiguer. Ne ferais-je pas mieux de les écouter ?
« Alors, quel bon vent vous amène dans notre patelin ? demanda le serveur.
– Il parait que c’est le bordel ailleurs, fis-je commençant mon premier verre.
– Effectivement. Jamais vu ce genre de chose en trente ans de carrière. Il nous a foutu un beau bordel l’autre.
– Comment vous avez échappé à tout ça ?
– C’est la campagne mon petit. Ils nous ont oubliés et c’est tant mieux.
– Intéressant.
– D’où est-ce que vous venez vous ? demanda-t-il.
– Depuis que je suis ici ? Ou où je devrais être normalement ?
– Les deux.
– Je viens de Paris, je ne sais plus pourquoi. Sinon je devrais être à St Chély.
– Ah, il parait que ce n’est pas bien beau là-bas non plus.
– J’imagine, fis-je finissant mon premier verre.
– Aiden ! »
Une voix résonnait dehors, elle m’appelait. Je n’ai pas tardé à décoller de mon tabouret pour sortir du bar. Aussi tôt je me suis retrouvé ailleurs, à St Chély. Le jour où j’ai sauvé la sœur de Virginie. Lucy.
Tout se retraçait comme je l’avais vécu la première fois, avec le même signe de la main. Je suis revenu aussi vite que j’étais parti, l’esprit troublé par plusieurs choses. Tout d’abord, Virginie. Sa compagnie me manquait cruellement. Ensuite le katana que je portais était apparu dans mon dos. Mon bras droit qui voulait absolument se transformer chaque seconde. Enfin, qui avait pu me transporter comme ça ? Je suis revenu de mes propres moyens, mais je n’en suis pas parti tout seul. Je suis alors rentré dans le bar, retourné au comptoir pour finir mon verre et payer.
« Aucun évènement étrange à signaler dans les environs ? demandais-je.
– Vous pensez à quelque chose en particulier ?
– Un être étrange qui nous ressemble peu qui pourrait rôder dans les parages ?
– Maintenant que vous le dites. Deux hommes trainent souvent par ici, un nous ressemble, l’autre pas du tout.
– Une idée des noms ? demandais-je.
– Navré.
– Bon, merci quand même.
– Et vous alors, comment je dois vous nommer ?
– Ne cherchez pas à retenir mon nom, je n’ai pas l’intention de rester bien longtemps. »
J’avais une idée derrière la tête. Quelqu’un capable de faire voyager à travers le temps, ça ne court pas les rues, à part moi. Je m’étais mis en route, parcourant les rues une à une pour admirer cette petite ville. Je savais que quelqu’un se cachait ici, ou dans les environs, mais je n’avais aucun moyen de déterminer où il se trouvait exactement. Je me suis trouvé un hôtel pour la nuit, même si je ne dormais presque pas, j’aurais au moins droit à un peu de repos.
Mardi 23 décembre 2014.
Je m’étais donné comme destination Clermont-Ferrand, un camp de réfugiés s’y trouvait. La ville avait l’air dévastée, en guerre. Une grande partie des bâtiments étaient en ruine, en cendres. Je ne savais pas comment réagir à ça, j’en étais en partie la cause et je n’avais rien pu faire pour l’éviter. J’ai commencé à traverser les rues, espérant trouver quelqu’un errant ici pour me guider. À part les morts humains et zombies, je n’ai pas croisé grand monde.
Il était un peu plus de midi lorsque j’ai atteint la place de Jaude. Une voix résonnait dans les environs, comme si elle venait de sous terre. J’ai aperçu une entrée de parking et je m’y suis dirigé. Tout était bloqué, la plupart des zones se trouvaient sans électricité, celle-ci y comprise. J’ai forcé les barrières pour pénétrer. Il restait encore un bon nombre de voitures ici, certainement encore en état de marche. Je suivais la résonance de la voix, personne d’autre ici. Ça me paraissait étrange que personne n’ait voulu s’y protéger.
La voix venait d’une fille, cachée derrière une voiture. Je ne savais pas ce qui l’avait mené ici, mais je sentais sa peur dans ses yeux.
« De qui te caches-tu ? demandais-je.
– Des, des stalker, dit-elle.
– Stalker ?
– Tu ne les connais pas ?
– J’avoue que non, je n’ai pas encore croisé toutes les races.
– Ils sont toujours là où tu ne les attends pas.
– Intéressant.
– Derrière ! s’exclama-t-elle effrayée. »
Elle n’avait pas eu le temps de fini sa phrase que j’avais déjà dégainé mon katana pour riposter. Je m’étais mis en posture devant lui, prêt à toute attaque. Il était chétif, avec un bras en forme de fouet, ou un truc du genre. Il était rapide et ses coups étaient imprévisibles. « Tu n’arriveras pas à le battre avec ça », me dit-elle. J’ai alors décidé de déployer mes griffes, lui asséner un grand coup et le trancher en deux. Je savais que je l’avais effrayée, mais après tout, je n’ai aucunement l’intention de lui faire du mal. J’ai regardé mes mains une seconde avant de faire disparaitre mes griffes. Je lui ai tendu la main juste après.
« Je sais que mon côté zombie peut faire peur, mais je ne pense pas qu’il soit méchant. Enchanté, je m’appelle Aiden, fis-je la relevant.
– Lynn. »
Elle m’a sauté dans les bras presque aussitôt qu’elle était sur ses pieds.
« Que dois-je en déduire au fait que tu sois poursuivi par ce genre de créature ?
– Que j’essaie de les combattre, répondit-elle.
– Combattre soixante-millions de zombies, ce n’est pas très ingénieux.
– Parce que tu te penses mieux ?
– Moi au moins j’ai des armes.
– Qu’est-ce que tu viens faire ici ?
– Pourquoi cette question ? fis-je atteignant la place.
– Si tu étais des environs, j’aurais déjà entendu parler de toi.
– Perspicace.
– Alors ?
– J’ai entendu dire qu’il y avait un camp de réfugiés dans les environs, j’aimerais les aider.
– Les aider à se faire tuer ?
– Non, les aider à s’échapper, repris-je.
– Comment ? Où ?
– Loin. Je leur dois au moins ça.
– Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
– C’est une longue histoire. Si je te dis réellement qui je suis peut-être tu te douterais du pourquoi je fais ça.
– Et j’imagine que tu veux que je te guide jusqu’au camp ?
– Tu imagines bien.
– Viens alors. »
Elle me rappelait beaucoup trop de personnes, Alix pour son côté innocent, Ariel pour son apparence très hors du commun. Elle m’avait approché du campement, entouré par une horde de zombies, j’avais passé la journée à imaginer comment tous les supprimer. À la fin de la journée, elle m’avait ramené chez elle. Elle avait investi une maison qui surplombait la ville, proche du campement. Le ciel était rouge, parsemé de nuages. Ça me rappelait le jour où était arrivé Izidro.
Il devait être dix-neuf ou vingt heures, j’étais allongé au bord de la petite falaise observant les étoiles qui commençaient à apparaitre. Je m’étais remis à fumer, sans savoir d’où sortaient les cigarettes et le briquet que j’avais dans la veste. Lynn est venue me voir, avec de quoi manger.
« Tu dois avoir faim, me dit-elle en me tendant l’assiette.
– Je sais m’en passer.
– Mais…
– Je ne vais pas quand même refuser alors que tu t’es donné du mal pour moi.
– C’est gentil ça, dit-elle.
– Qu’est-ce que tu as trouvé de si étrange chez moi ? demandais-je entamant la cuisse de poulet.
– J’ai l’impression de t’avoir déjà vu quelque part.
– Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
– Ton visage, puis ton bâton, si on peut appeler ça un bâton.
– C’est une clé à molette !
– Mais bien sûr. À qui est-ce que tu l’as volé ?
– C’est mon arme. Je ne l’ai pas volée.
– Alors comment ça se fait que j’aie vu Leo Kryssen l’utiliser ?
– Haha, c’est pas mal ça.
– Explique-moi !
– Si je te le disais, tu ne me croirais pas.
– C’est trop facile ça.
– Pourtant c’est la vérité. Si je porte cette arme, c’est parce que je suis Leo Kryssen.
– Prouve-le-moi ! s’exclama-t-elle.
– C’est là que ça devient plus compliqué.
– Tu vois que tu mens.
– Leo est bloqué par l’infection. Mon vrai nom est Adam Pearce.
– Je ne te crois toujours pas.
– Dommage.
– Mais ça ne me dit pas pourquoi tu lui as volé son arme.
– C’est la vérité.
– Non.
– Bon, j’ai trouvé plus têtue que Sieg, chouette.
– Sieg ?
– Sieg Wahrheit, c’est mon compagnon d’habitude, je ne l’ai pas revu depuis que je suis revenu ici.
– Tu… Tu dis peut-être vrai.
– Je n’ai aucun moyen de te prouver mes pouvoirs, Leo est bloqué. J’ai seulement mes capacités à moi.
– Comment tu comptes supprimer la horde qui garde le campement ?
– Bombe nucléaire.
– T’es sérieux ?
– Bien sûr que non. Ils ne poseront pas de problèmes, ils ne sont qu’une centaine.
– Qu’une centaine ? Arrête ça, ce n’est pas bien de fumer. »
Elle m’a retiré la cigarette de la bouche pour la jeter en bas. Je l’ai regardé d’une manière plutôt agacée. J’ai ressorti mon paquet, sorti une cigarette et la poser aux coins de mes lèvres. J’ai sorti mon briquet, l’ai regardé une seconde avant de l’allumer puis j’ai enflammé ma cigarette.
« Ça n’a aucun effet sur mon organisme, repris-je.
– Mais oui, t’es un extraterrestre aussi ?
– Non, mais on va dire que je n’ai plus grand-chose d’humain, fis-je déployant ma lame droite.
– Merde ! Qu’est-ce que…
– Accident. J’ai perdu mes jambes, mes bras, mes yeux et mon cœur.
– Oh, je…
– Tu ne pouvais pas le savoir, je ne vais pas te blâmer.
– Ça n’explique pas pourquoi tu ne crains pas la nicotine, reprit-elle.
– Mon organisme élimine toutes les toxines. Il fait aussi en sorte que je ne puisse pas geler, contrairement à toi.
– Du coup, c’est juste pour le plaisir ?
– Pas exactement, j’en ressens les effets, je ne subis pas les défauts.
– C’est bien ça, où est-ce que tu l’as trouvé ?
– Dans cinquante ans, quand j’aurais sauvé ce monde.
– Quand tu auras sauvé ce monde, ce n’est pas un peu prétentieux ? s’étonna Lynn.
– Si je retrouve Leo, je retrouve toutes mes capacités.
– J’ai l’impression que t’as un objectif caché derrière tout ça.
– Derrière quoi ?
– Ce camp, toute cette histoire.
– Je cherche L’Éternelle. Il parait qu’elle peut guérir l’infection.
– Tout de suite c’est plus logique. Tu penses qu’elle peut te rendre Leo ?
– J’espère.
– Pourtant je ne vois pas l’espoir dans tes yeux.
– J’ai, perdu beaucoup de choses, beaucoup de personnes pour le monde que tu connaissais avant. J’ai perdu ceux qui m’étaient chers pour celui que tu connais aujourd’hui. En particulier, ma femme.
– Et tu as du mal à le supporter.
– J’ai du mal à me dire que les choses changeront, pour moi tout est perdu si je n’arrive pas à la fin de ma quête.
– Quelle quête ?
– Supprimer Akziel, et moi avec.
– Pourquoi te sacrifier ?
– Il est la cause de ce désastre, j’en suis la raison. Leo a été envoyé sur Terre pour la protéger. Il m’a confié cette tâche en me choisissant comme hôte et je n’ai pas été capable de la remplir.
– Pourtant je suis sûr que certaines personnes tiennent encore à toi.
– Je n’ai plus personne. Plus aujourd’hui. »
J’étais une immense forme de drame, plus les jours passaient, plus mon restant d’espoir s’éteignait. Je m’éloignais de la seule qui pouvait me sauver de cet enfer et de celui qui l’a causé.
Elle m’avait offert un lit pour dormir, mais ça ne servait à rien. À peine endormi que mes cauchemars étaient de retour, encore et toujours. Comment je pourrais évacuer ces idées noires qui me bouffent si je suis incapable de dormir correctement ? J’avais la sensation de devenir fou, comme si plus rien n’allait correctement dans ma tête. J’étais ici pour des vacances au début. Mais à quoi bon si je n’arrive pas à me reposer ?
J’étais retourné à l’extérieur, j’admirais le décor, l’horizon qui gardait cette part rouge malgré l’heure tardive. J’avais l’étrange sensation de ressentir une présence derrière moi, comme si Leo était encore avec moi. J’avais rallumé une cigarette, c’était peut-être l’une des seules choses qui arrivaient à me détendre. Je ne me préoccupais de plus rien, même si quelque chose m’arrivait par-derrière je ne le sentirais pas venir. Puis quelque chose s’approcha de moi, une ombre, puis un corps, fantomatique.
« Tiens, Aiden. Content de te revoir.
– Leo ? Je, j’hallucine ?
– Je ne crois pas, je crois que je suis bel et bien là.
– Comment, qu’est-ce que…
– Ta cigarette, toute la fumée que tu absorbes arrive à me réveiller, partiellement.
– Partiellement.
– C’est la seule forme que je suis capable d’atteindre, ni mes capacités ni ma forme originelle ne sont possibles.
– Mais…
– Cinq, six minutes.
– Toujours ces six minutes.
– Je crois qu’on y est lié Adam.
– Tu te réveilles à chaque fois que je fume ?
– Non, je n’arrive à revenir qu’une fois par jour. Mais je peux choisir quand.
– Tu m’entends toujours ?
– Toujours, et les choses ont du mal dans ton esprit mon cher.
– Alors, arrête de lire dans ma tête !
– Jamais, au moins j’ai l’impression de me sentir vivant. »
Il disparut en fumée, comme il était arrivé. J’avais une once d’espoir qui commençait à renaitre en moi, certainement pas assez pour me dégager de mon univers trop sombre. J’ai passé la nuit sur la pointe du bâtiment, à entrainer mon calme et mon équilibre. J’arriver à retrouver mes capacités, doucement. Le soleil se levait alors que j’arrivais à percevoir les pensées d’un être possédant une grande puissance. Mais son esprit était trop puissant pour moi.
Mercredi 24 décembre 2014.
Il était environ neuf heures quand Lynn est sortie en trombes de la maison.
« Mais qu’est-ce que tu fais sur le toit ? T’es complètement fou ?
– Fou oui, fis-je avant de sauter en bas, inconscient peut-être pas, repris-je attrapant le café qu’elle avait à la main.
– Mais…
– Merci pour le café. »
Pendant une seconde je me suis demandé quelle image elle avait de moi, mais pas plus d’une seconde. Elle est retournée dans la maison prendre un second café et est venue me rejoindre.
« Tu veux aller les attaquer ? demanda-t-elle.
– Non je vais rester là et attendre qu’ils viennent.
– Je ne sais pas, mais je ne vais pas te supporter longtemps.
– Rassure-toi je ne vais pas rester.
– Vraiment ?
– Je n’ai aucun intérêt à rester, je les sauve et je vais en chercher d’autres.
– Tu ne comptes même pas rester avec moi ?
– Pour mettre en danger une personne de plus ? demandais-je. Non merci.
– Comment tu comptes t’y prendre ?
– Tu oseras les affronter une fois de plus ?
– Plutôt deux fois qu’une.
– J’aimerais que tu retiennes une sorte de général qui devrait venir dans le camp.
– Le temps que tu fasses le ménage ?
– Je te rejoindrais jute après.
– Bien, comme tu voudras. »
Elle est partie aussi tôt vers la ville. Son courage m’impressionnait. En attendant, je me demandais par quel côté j’allais commencer. Ils étaient nombreux, pas assez pour me faire peur cependant. Seulement j’aurais quand même du mal si je les affronte les cent en même temps. Il m’a fallu une bonne dizaine de minutes pour rejoindre le camp. J’ai revêtu mon habit d’assassin, ça faisait longtemps. J’ai grimpé une sorte de tour de surveillance, j’en étais à me demander si ce n’était pas une prison.
Est-ce qu’ils ont des souvenirs ? Ce sont des zombies, d’abord des humains, mais ont-ils encore des souvenirs ? Est-ce qu’ils gardent ceux de leur passage zombie ? Tant de questions qui me trottaient dans la tête avant que je ne les assassine un par un. Ils restaient des humains, des survivants et d’autres qui apparemment gardaient les survivants. Ils ne me paraissaient pas très sympathiques. J’ai sauté sur l’un d’eux pour déterminer leurs camps.
« Qui es-tu ? dit-il étonné.
– Pour qui tu travailles ?
– Qu’est-ce que ça peut te faire ?
– Ce n’est pas grave j’en trouverais un autre, fis-je déployant ma lame.
– Non, pitié, je te dirais ce que tu veux.
– Intéressant.
– C’est Akziel qui nous envoie, il veut éloigner l’Éternelle d’ici.
– À quoi bon ? Elle est déjà passée, repris-je.
– Justement.
– Hum. Il imagine que d’autres vont venir derrière elle. Brillant.
– Comme toi, dit-il en se débâtant.
– Sauf que je ne suis pas attendu, comparé aux autres.
– Tu attends quoi pour me tuer ?
– C’est vrai ce n’est pas comme si j’avais besoin de toi. Je t’offre une rédemption, profites-en, fis-je en l’assommant. »
Les zombies grouillaient à l’infini, je ne les comptais pas, il y en avait beaucoup trop. J’avais du mal à imaginer comment je pouvais tous les éliminer. En aurais-je besoin ?
Mon but était de trouver une entrée, pourquoi pas le toit ? Il devait bien y avoir une trappe ou une lucarne par laquelle entrer. J’ai fait mon chemin assez facilement, personne ne gardait le toit évidemment. J’ai alors trouvé mon passage pour entrer et atteindre une pièce sombre. Quelqu’un derrière moi essaya de m’attaquer, j’ai dégainé Ivory avant qu’il ne me touche.
« Qu’est-ce que ? fit la chose dans le noir.
– N’y pense même pas.
– Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
– Aiden.
– Vous n’êtes pas très bavard.
– Pas avec quelqu’un qui a essayé de me tuer.
– Je n’avais aucunement l’intention de vous tuer, dit-il hésitant, je, me défendais.
– Tu ne sais même pas pourquoi je suis là.
– Dites-le-moi.
– Pourquoi ? demandais-je cherchant la sortie.
– Je fais partie des réfugiés et je cherche un moyen de nous échapper.
– Avec les troupes et monstres qui rôdent, il va vous falloir plus qu’un manche à balai mal affuté.
– Vous vous prétendez mieux ?
– Moi j’ai des armes.
– Donc vous êtes là pour nous sortir d’ici ?
– Bien vu le futé. Amène-moi à tes amis, je verrai ce que je peux faire, fis-je en montrant la porte. »
Le chemin qu’il m’avait fait prendre était plutôt sécurisé, j’imagine qu’il avait dû le chercher pour pouvoir monter si haut. Il m’a amené presque au rez-de-chaussée, dans un grand gymnase où résidait plus d’une centaine de personnes. Hommes, femmes et enfant. Je me demandais comment je pourrais tous les sauver.
« Vous avez un endroit où vous cacher ? demandais-je.
– Vous voulez dire, à part ici ? Oui, je sais où les amener.
– Bien, je dois juste trouver le moyen de vous sortir en sécurité.
– Regarde maman c’est le monsieur dont parlait la dame, fit un enfant à côté de moi.
– Arrête Sarah, tu vois bien que tu le déranges, répliqua une femme semblant être sa mère.
– Quelle dame ? demandais-je.
– Vous savez la dame qui guérit, les gens, reprit l’enfant. Elle nous a dit que quelqu’un viendrait nous sauver.
– Quand est-ce qu’elle était ici ?
– Il y a presque un mois, me répondit sa mère.
– Ça veut dire que je ne suis pas loin.
– Comment ça pas loin ?
– Je la cherche toujours, je suis venu ici dans l’idée que vous puissiez m’aiguiller sur où elle avait pu partir après.
– Vers l’arène des playmobils ! s’exclama l’enfant.
– Intéressant ! fis-je avec un léger sourire.
– Sur le circuit Michelin se tient des courses, au milieu, s’est construite une arène de combat à morts, entre hommes et créatures, me fit l’homme au bâton.
– Créatures ? m’étonnais-je.
– Comment qualifiez-vous les choses qui rôdent dehors ?
– Des zombies, majoritairement. Des mutés pour d’autres. J’irais y faire un tour, merci.
– Hey, où est-ce que tu vas ?
– Trouver une sortie, je dirais même vous faire une sortie.
– Avec tout ce qu’il y a dehors ?
– Ils ne me font pas peur.
– Mais ils vont vous tuer !
– Alors vous mourrez aussi, fis-je en esquissant un signe de la main. »
J’ai commencé à traverser les couloirs, au milieu des zombies. Aucun ne voyait, enfin si je faisais du bruit j’imagine qu’ils ne tarderaient pas à me sauter dessus. Le campement fait une sorte d’anneau, avec plusieurs lignes. Les renforts, les passages puis le bâtiment. Les soldats d’Akziel étaient sur les murs de renforts et les zombies en dessous. J’ai passé tous les rôdeurs sans cervelle pour m’attacher à un mirador et tomber l’un des soldats pour m’armer contre les autres. Il m’a fallu une dizaine de minutes pour toutes les tomber au fusil sniper. J’ai redescendu l’échelle par laquelle j’étais monté pour faire face aux zombies. Ils étaient nombreux, mais j’avais l’espoir de pouvoir faire appel à Leo dans cette situation. J’ai sorti une cigarette, tiré une latte pour entendre la voix de Leo, puis son épée apparaitre entre mes mains.
« Tu penses qu’on aura le temps ?
– Hum, quelle idée, bien sûr ! »
À deux pour faire la moitié de toute cette populace, elle ne pouvait survivre très longtemps. Les six minutes avaient suffi largement pour tous les exterminer. J’avais retrouvé Leo, devant une nouvelle entrée qui menait vers la sortie du camp. Quelques secondes plus tard, il disparaissait encore une fois. Je suis retourné dans le bâtiment pour trouver comment rejoindre la salle où ils résidaient. Des sons étranges me parvenaient, mais rien qui ne sortaient de bruits de zombies affamés. Ce n’est qu’une fois le premier étage atteint qu’un muté me tomba dessus, ma riposte se fit rapidement avec ma lame déployée sur ses pieds tournés vers moi. Je l’ai ensuite repoussé pour déployer mes griffes et me lancer à sa poursuite. Il m’a fait faire le tour de l’étage pour prendre la seule entrée qu’il y avait à la salle. Il se brusqua à la lumière des néons, assez de temps pour que je le rattrape et le découpe en morceaux. J’étais devant la porte, mes griffes déployées à vue de tout le monde. Il m’a fallu quelques secondes pour que mon adrénaline redescende et que je puisse retrouver mes mains.
« Comment sommes-nous supposés vous faire confiance maintenant ?
– Ne le faites pas et mourrez ici, ça m’est égal, fis-je repassant la porte en replaçant ma veste sur mes épaules. »
Je m’étais installé devant les escaliers du rez-de-chaussée encore en train de fumer et avec une bouteille d’alcool que j’avais trouvé dans les parages. Il était presque midi lorsque Sarah descendit me voir.
« Tu es un zombie toi aussi ? demanda-t-elle.
– Un peu oui.
– Alors pourquoi tu veux nous aider ?
– Pour retrouver L’Éternelle, la dame qui peut me guérir de l’infection.
– Pourquoi tu ne veux pas nous sauver ?
– Je veux, mais je doute que les gens fassent confiance à un homme qui peut se transformer en zombie.
– Je vais changer ça ! »
Elle me faisait rire parce qu’elle était pleine de vie, rien de ce qui pouvait se passer ne lui faisait peur. Quelques minutes plus tard, elle redescendit en trainant des pieds, le visage attristé.
« Je n’ai pas réussi.
– Ce n’est pas grave, je le comprends tout à fait.
– Je n’ai pas envie de rester ici !
– Alors tiens, fis-je lui tendant une petite boule jaune, garde ça avec toi quelques minutes, ça devrait vous emmener en sécurité. »
Mes visions étaient de retour, cette fois-ci c’était Lynn et je devais la rejoindre. Sarah serra ses bras autour de mon cou avant de partir les rejoindre. Je me suis précipité dehors pour rejoindre ma moto, attendu quelques secondes pour voir si mon artéfact avait correctement fonctionné puis je suis parti vers la ville pour sauver Lynn.
Encore une personne à sauver. Combien depuis que je possédais Leo avais-je sauvé de vies et combien sont tombées sous mes coups ? Les deux questions me hantaient, aucune ne trouvait de réponse et la seule plausible à la seconde était beaucoup trop. Je suis arrivé sur la place en vitesse avec ma moto, descendu aussitôt lorsque j’ai vu Lynn au sol. Je me suis précipité vers elle.
« J’aurais peut-être dû t’écouter, dit-elle en souffrant.
– Pas encore, fis-je.
– Je suis désolé, j’ai réussi à le retenir au moins, répondit-elle avec le sourire.
– Mais tu ne devais pas mourir, fis-je alors que mes yeux commençaient à s’illuminer.
– Tu as encore lamentablement échoué mon pauvre, fit le démon.
– Ferme ta grande gueule Salma !
– Je crois toujours en toi, Leo… »
Elle posa sa main sur ma joue juste avant de donner son dernier souffle. Ma colère je me jeta violemment sur Salma avec la cristallisation, la forme d’énergie que m’avait donnée Sia était revenue. « Qu’est-ce que ? » dit-il en me tirant dessus alors que j’esquivais toutes ses balles.
« C’est impossible ! s’exclama-t-il.
– À croire que si, répondis-je.
– Qui es-tu ?
– Je me présente, Adam Pearce.
– Qu’est-ce que tu me veux ?
– Ta mort, rien de plus.
– La vengeance ne résoudra rien.
– Je ne cherche pas la vengeance, je cherche à supprimer une à une les ordures qui servent Akziel.
– Non, pitié ! dit-il alors que je le soulevais par le col.
– Qu’est-ce que tu sais de l’Éternelle ?
– Qui ?
– Celle qui guérit les infectés.
– Elle, elle bouge tout le temps, elle est impossible à suivre.
– Pourquoi vous la traquez ?
– Pour la tuer, définitivement.
– Comment ça définitivement ? Comment ça ?
– Certains ont déjà réussi à la tuer, mais elle s’est relevée, plus forte qu’avant.
– Intéressant.
– Ma mort ne servira à rien, si tu me tues, d’autres viendront jusqu’à qu’ils t’aient fait disparaitre.
– Alors qu’ils viennent, ils ne me font pas peur. »
Je lui ai planté une de mes lames dans la gorge, attendant les autres pour les combattre un à un. Tous sont tombés, il ne restait plus qu’un champ de cadavre sur la place. J’ai rejoint le corps de Lynn pour l’emmener loin d’ici. J’ai alors rejoint sa maison, du moins celle qu’elle avait investie. Je l’ai déposé sur son lit et posé mes mains sur sa poitrine en espérant que je pourrais l’emmener loin d’ici. J’ignorais à quel point j’avais vidé mon chronosceptre pour faire tout cela et j’espérais que ça aurait servi à quelque chose.
J’avais récupéré la dernière bouteille de whisky qu’il y avait dans la maison. Je m’étais pris une chaise, installé sur les bords de la colline en regardant l’horizon. Il devait être seize heures lorsque je me suis perdu dans mes pensées. J’imaginais à nouveau la première fois que j’avais aperçu Virginie. Puis lorsque j’ai réussi à sortir avec elle.
Je me souviens à quel point je la trouvais belle. Personne n’arrivait à sa cheville, toutes les autres étaient horribles à mes yeux. Puis est arrivée Nikki, et son corps de déesse de marbre.
« Adam ?
– Oui ?
– Pourquoi moi ? demanda Alix.
– Comment ça pourquoi toi ?
– Pourquoi j’étais la partie manquante de Nikki ? Pourquoi pas une autre ?
– Je ne l’ai pas choisi après tout.
– Qui alors ?
– Ton père, qui est aussi celui de Nikki.
– Euh…
– Oui, c’est la seule raison plausible que j’ai trouvé au fait que tu puisses avoir une partie de Nikki et Virginie aussi. Elle est l’élue et tu es née à la date de sa mort.
– Comment je peux être née à la date de sa mort alors que je suis née en 1996 ?
– Lojin, ce foutu manipulateur temporel.
– J’ai du mal à comprendre.
– Il faut admettre que dans un espace physique et temporel il existe des milliers de lignes temporelles, toutes érigées par les choix que tu effectues, seule une se crée, car tout le monde est dans cette ligne temporelle. Maintenant prend le fait qu’il existe des personnes capables de voyager, contrôler le temps comme moi, Sieg ou Lojin. Chaque action effectuée dans un retour dans le passé crée une nouvelle ligne temporelle. Je m’explique. Demain tu vas comme tous les matins chercher tes croissants chez le boulanger. Tu suis ta ligne temporelle.
– D’accord.
– Après-demain je décide de venir te voir demain, en remontant le temps. Tu vas croiser un moi du futur dans le passé et tu vas suivre une nouvelle ligne temporelle due au fait que tu m’aies vu et que normalement non.
– Compris.
– Lojin est capable de traverser ses lignes temporelles, chose que je ne peux pas faire. Par ma faute Tara s’est trouvé à rencontrer le père de Nikki et de ce fait tu es née, le truc que je ne saisis pas c’est où est-ce qu’elle était lorsque tu es née.
– Ça importe vraiment ?
– Pas spécialement.
– Et comment tu expliques le fait que je suis amoureuse de toi ?
– Oula.
– Qu’est-ce que ça veut dire ça ?
– J’ai des tas d’explications, Nikki ? Virginie ? Ou Nova.
– Nova ?
– Personne ne résiste au charme de Nova.
– Il est fou et incontrôlable.
– Mais tu l’as embrassé !
– Ah.
– Notre mémoire est partagée.
– Je me posais des questions et je l’ai trouvé attachant. J’ai réussi à voir sa peur au fond de ses yeux, celle qui a réveillé Phoenix.
– Intéressant.
– Arrête ! Je sais que t’aimes jouer avec moi, mais ça ne marche pas.
– La preuve que si j’arrive à te faire sourire.
– T’as toujours réussi »
J’ai fini par retourner au bar auquel j’étais passé quelques jours, commander une bouteille de whisky au contour et m’y endormir dessus.
« Pourquoi tu te caches alors ? demanda-t-elle
– Je ne me cache pas princesse.
– Aiden et son masque ?
– C’est Aiden, c’est toute une autre histoire.
– Dixit le mec qui l’utilise pour draguer Virginie.
– Aiden est un personnage, rien de plus.
– Pourquoi l’avoir créé ?
– Pour me cacher, en partie.
– Te cacher de quoi ? Ou de qui ?
– Je ne sais pas. Je l’ai toujours vu comme une représentation du côté sombre d’Adam.
– Tu parles de toi à la troisième personne maintenant ?
– Certaines fois oui, ou ce n’est pas moi qui parle. »
Je me suis réveillé en force à cause du bruit de la bagarre derrière moi. J’ai attrapé le verre de la main droite et assommé un homme de la main gauche. « Je crois que c’est à vous, dis-je tendant le verre à mon voisin » Je me suis levé, fini mon verre et j’ai regardé les deux énergumènes.
« Qu’est-ce qui vous arrive ? demandais-je agacé.
– Il a couché avec ma femme !
– Et vous ne pensez pas qu’il y a plus grave que ton ami qui se tape ta femme ?
– Euh…
– Et si vous n’arrivez pas à vous décider, couchez tous les deux avec ensemble, comme çà vous serez quitte, fis-je passant la porte du bar, ils me désespèrent.
– Rassure-toi, moi aussi.
– Qu’est-ce que, je connais cette voix. Victor ? m’étonnais-je.
– Bien vu gamin.
– Mais, je, pourquoi ?
– Tu ne pensais tout de même pas que j’allais mourir ici ? dit-il d’un air arrogant.
– Je me suis posé des questions, beaucoup de questions.
– Alors, arrête, j’ai une requête à te faire.
– Forcément tu ne viens pas pour le plaisir.
– J’ai, quelqu’un à aller chercher, apparemment il est enfermé dans l’arène.
– Enfermé ?
– Et il gagne tout le temps.
– Ça ne fait aucun sens.
– Soit tu gagnes, soit tu meurs.
– Bah voyons.
– Tu acceptes de m’aider ?
– J’ai le choix ? demandais-je.
– Pas vraiment.
– Génial. De toute façon je comptais y passer.
– Pourquoi ?
– Je recherche l’Éternelle, il parait qu’elle est dans les parages.
– Alors, allons-y, ne perdons pas de temps. »
Partie 4 : Dissonants
Jeudi 25 décembre 2014.
Victor ! J’avais du mal à croire à sa présence, mais d’un autre côté c’est un Saory, ancien maitre du conseil, ça ne me choquait pas plus que ça. Il m’avait demandé d’aller chercher quelqu’un dans l’arène. Qui il pouvait bien y avoir pour qu’il se donne la peine de venir me chercher ?
« Ce truc est une vraie forteresse, fis-je.
– C’est vrai, tu penses que c’est un problème ?
– Le problème est, comment on rentre là-dedans ?
– Il y a un sous-terrain par lequel on peut accéder.
– Bah voyons, toujours par en dessous.
– Pourquoi ? Ça te pose un problème ? demanda-t-il.
– Allons-y »
L’entrée était à une centaine de mètres de là où nous nous trouvions, c’était une grotte qui menait à un tunnel sous terrain.
« Qui est-ce qu’on vient chercher ? demandais-je.
– Ça t’intéresse ?
– J’aimerais bien comprendre pourquoi, pour qui même tu te donnes la peine de venir me chercher.
– Un vieil ami.
– Génial.
– Qu’est-ce qu’il se passe encore ?
– J’ai l’impression d’entendre Sieg dans tes paroles, toujours plus explicite.
– Mais qu’est-ce que ça peut te faire ? demanda agacé.
– Je n’ai plus mes pouvoirs, j’aimerais savoir pour qui je risque ma peau !
– Tu ne devais pas déjà venir pour l’Éternelle ?
– Pour des infos, pas pour sauver je ne sais qui.
– Par là.
– Tu ne m’en diras pas plus. Comme tu voudras. »
Je sentais que cette face sombre et brute de moi-même dérangeait Victor. Il ne m’avait jamais connu de la sorte et après tout je n’ai jamais voulu que qui que ce soit le connaisse. On avait parcouru une bonne partie de ce couloir interminable quand des visions me vinrent, j’y voyais une cellule comme celle que l’on croisait depuis le début et une femme, assise dans un coin. Je n’ai pas dérangé Victor pour ça, je savais que ça ne l’occuperait pas. Quelques mètres plus loin, alors que le couloir se coupait en deux, instinctivement je me dirigeais vers une autre direction que celle de Victor, à cause de ma vision.
« Qu’est-ce que tu fais Adam ?
– Je, j’ai quelqu’un à sauver, répondis-je.
– On n’a pas le temps pour ça, le combat va bientôt commencer.
– Je ne peux pas la laisser ici, je ne peux pas la laisser mourir.
– Je m’en fiche qu’elle meurt, je ne suis pas ici pour elle.
– Alors, casse-toi ! Je me démerderais sans toi.
– Comme tu voudras ! s’exclama-t-il s’en allant. »
Il l’avait mal pris, mais je m’en doutais. Je m’engouffrais dans une des parties les plus longues du sous-terrain d’après le plan qui se tenait à côté de la porte qui venait de se fermer. Je n’avais plus qu’à le traverser pour trouver une sortie, de préférence avant que la cible de Victor meure dans son combat.
La zone était rustique, comme si ça avait été créé il y a des années, alors que ce n’était apparemment pas vieux. On trouvait de tout dans les cages de ce côté, des animaux, des personnes déjà mortes, de leur emprisonnement, des zombies, des mutés et quelques hommes encore vivants. La plupart avaient perdu la tête, pour une raison ou pour une autre. Au fur et à mesure que je m’approchais de la zone indiquée par la vision, je ressentais une présence mystique. Assez étrange, mais pas humaine. J’ai avancé jusqu’à l’angle du couloir pour observer celui qui gardait cette cellule. Pourquoi celle-là et pas les autres ?
J’hésitais sur la manière de l’appréhender. Est-ce que j’y sautais dessus ou je l’abattais à distance ? J’ai préféré le faire venir à moi, en faisant du bruit pour attirer son attention. Une fois à la bonne distance je lui au porté un coup de lame dans le torse avant de lui trancher la gorge. J’ai entendu le cri qu’a poussé la femme lorsque mes lames ont résonné dans le couloir. Je me suis approché de la porte quand un « Il est ici ! » résonna quelques mètres plus loin. « Génial » fis-je avant de déployer le chronosceptre et d’exploser la seule lampe du couloir. Je n’ai pas compté le nombre de personnes que j’ai tué, juste le nombre de fois où mon massacre a rendu folle celle qui était dans la cellule à côté de moi. J’étais à quinze meurtres, pas trop mal pour un combat dans le noir. J’ai ensuite forcé la porte et lancé mon glaive en forme lumineuse dans un mur pour m’éclairer.
« Je, qu’est-ce que vous me voulez ? demanda-t-elle.
– Je crois que tu as besoin de mon aide.
– Comment tu peux en être sûr ?
– Déjà parce que tu te trouves dans une cellule, d’une arène où l’on tue tous ceux qui y entrent. Ensuite parce que j’ai eu une vision de toi, je ne serais pas là autrement.
– Je…
– Laisse-moi te sortir de là, fis-je lui tendant la main, on en discutera plus tard. »
Elle passa la porte puis j’ai récupéré mon glaive qui me servait de torche pour la suivre. Elle m’attendait les bras croisés dans le couloir.
« Qui t’es au juste ? demanda la femme.
– Aiden.
– Pas plus ? Je n’aurais le droit à rien d’autre ?
– Il parait que j’attire les ennuis à ceux qui me côtoient récemment.
– Comment ça ? Tu vas me dire qu’une autre des filles que tu as sauvées est morte hier ?
– Oui, répondis-je sèchement.
– Ah, je…
– Viens, si tu ne veux pas rester coincé ici. »
Quelques mètres plus tard, d’autres ennemis arrivaient, deux à la gorge tranchée derrière moi, un autre décapité devant et un suspendu à la force de mon glaive sur le mur en face de la fille.
« Qu’est-ce que…
– Il parait qu’on me recherche, repris-je. Ça ne m’étonnerait pas qu’il y en ait encore d’autres.
– Mais…
– Je ne vais pas te tuer, je n’aurais aucun intérêt. Passe derrière moi avant que tu ne finisses comme eux. »
Elle ne dit rien, elle s’empressa de passer dans mon dos et nous avons continué notre avancée. Je n’avais aucune idée de combien de chemins il y avait, ni la distance parcourue par ces couloirs. Mon seul but était de revoir la lumière du jour, du moins ce qu’il en reste. Presque une heure c’était écoulé et j’avais déjà l’impression de tourner en rond et déjà marre de cet endroit. Étrangement elle ne se trouvait pas autant déroutée par cet endroit que moi, je n’avais aucune idée de la raison.
« Oh, et je m’appelle Nadia.
– Enchanté, répliquais-je.
– Pas plus ? Tu n’es pas du genre bavard.
– Je ne suis pas ici pour te faire la conversation.
– Alors pourquoi es-tu venu me chercher ?
– Huh, Fine. Je ne sais qui, certainement toi m’a fait parvenir une vision. Si je suis venu te sauver, c’est parce que quelqu’un me l’a demandé.
– C’est peut-être Sully.
– Sully… »
Ces mots m’avaient bloqué, étrangement. Comme si tout dans ma tête tournait différemment, normalement.
« Sully ? Sullivan ? Reydus Sullivan ?
– Oui, pourquoi tu le connais ? s’étonna-t-elle.
– Je…
– Je suis sa petite amie. »
Ses derniers mots m’ont fait éclater de rire. Je venais de sauver la petite amie de Reydus Sullivan, l’homme le plus solitaire de l’univers. Ça me faisait un choc.
« Sully. Peut-être que ce vieux fou de Victor n’est pas aussi déjanté que je l’imaginais.
– Bon, on avance ou tu restes planté ici ? demandais-je.
– Choisis, puisque tu as l’aire si maligne !
– Bah voyons. Celui-là, dit-elle me montrant la droite. »
On se trouvait à un croisement de quatre chemins et elle avait pris celui de gauche. Elle avait choisi le bon apparemment puisqu’il nous avait menés à une salle remplie de gardes et de mutés. On aurait dit un dortoir de loin, on pouvait apercevoir des lits. Je me suis approché de la porte, puis je me suis plaqué au mur avec elle lorsque quelqu’un a ouvert la porte. Il n’a pas avancé, juste ouvert pour voir ce qu’il se passait devant. Nous n’étions pas dans son champ de vision apparemment.
« Reste ici, je vais m’occuper d’eux, dis-je.
– Tu vas te faire démonter.
– Parce que tu crois ton Sully plus fort que moi ?
– Forcément.
– Évite de te faire tuer pendant mon absence. »
Je commençais à retrouver mon assurance, j’avais abandonné l’idée des méthodes souples pour revenir à la force brute. J’ai passé la porte, mon chronosceptre à la main, tous avaient le regard tourné vers moi « Qu’est-ce que tu viens faire ici ? » « Ouais, tu vas mourir pour être venu ici. » Mes enseignements au bâton revenaient, ma lance derrière moi, mon bras gauche pour ma garde et les yeux fermés. Je me revoyais avec Sieg sous les cerisiers, sous la pluie. Toujours plus vite, toujours plus fort, toujours plus silencieux. Le premier s’approcha de mon bras gauche, j’ai lancé un revers à deux mains pour échanger mon bâton de main et ma garde aussi. Les gardes étaient un peu abasourdis, mais ça ne les a pas empêchés de m’attaquer juste après. En trois coups, ils étaient à terre. Il ne restait plus que les mutés. Ils étaient plus virulents, moins prévisibles dans leurs actions. Je me suis pris deux ou trois coups de leur part, mais j’ai fini par tous les tomber, grâce à mes lames augmentées. « Aiden » Le cri se fit entendre à l’autre bout de la planète tellement sa voix était puissante. « Génial ! » fis-je en me retournant pour courir vers elle, mes deux pistolets à la main. J’ai explosé la porte, tué les deux devants et suspendu à nouveau un autre avec mon glaive à l’autre bout du couloir.
« Nadia ! m’exclamais-je.
– Aiden…
– Nadia ?
– Je suis devant toi Aiden.
– Vision infrarouge, fis-je pour essayer de la voir, comment tu t’es rendu invisible ?
– Je suis invisible ?
– Non t’a disparu de l’univers ! répondis-je avec un ton agacé.
– Oh, je ne savais pas.
– Comment est-ce que tu as réussi à faire ça ?
– Je n’en ai pas la moindre idée.
– J’ai peut-être une idée du pourquoi Sully te porte de l’attention. Ne bouge pas, ça va pincer un peu, dis-je en frottant mes doigts contre sa nuque.
– Hey, je voulais rester invisible moi ! s’exclama-t-elle.
– Au moins, ça te donnera une chance de retrouver comment ça marche.
– J’ai faim.
– Vraiment ? On est cloitré dans les corridors de la mort d’une arène et la seule chose à laquelle tu penses c’est bouffer ?
– Parce que tu pensais qu’on me nourrissait bien ici ?
– Ce n’est pas ta corpulence qui me fait croire le contraire.
– Pff »
Je ne savais pas comment le prendre. J’avais trouvé un être invisible, plus chiante à vivre que ne l’était Sully. Génial. Elle avait pris la direction du dortoir pour trouver de quoi manger et je l’avais suivi. Personnellement, j’avais écumé les verres de ces gardes et entamé les bouteilles de whisky qu’ils avaient. J’avais pris place dans un fauteuil, qui faisait face au lit sur lequel elle s’était installée.
« L’alcool ne résout rien, me dit-elle.
– Je te fais la morale ?
– Non.
– Alors, laisse-moi. Je ne te juge pas, alors je ne te permets pas d’en faire de même.
– Qu’est-ce que tu viens faire ici ? À part me sauver bien sûr.
– Un ami à moi m’a demandé de l’aide pour sauver quelqu’un que je soupçonne être Sully.
– Tu connais Sully ?
– Je l’ai connu à l’époque où il se faisait appeler le Colonel. Si tu ne l’ignores pas, c’est un démon vampirique, que j’ai réussi à tourner du bon côté.
– Comment tu l’as connu ? demanda-t-elle.
– Il parait qu’il était la tête de ligne d’une armée puissante, que rien ne pouvait battre. Il parait que j’avais à réduire cette armée en cendre. Je l’ai fait, mais j’ai été incapable de le battre.
– Je l’avais dit, tu n’arrives pas à sa cheville.
– Laisse-moi rire. Tu n’as pas la moindre idée de qui je peux être.
– Je m’en fiche. Tu ne me sers à rien, reprit-elle.
– Bravo la mentalité.
– Pourquoi l’alcool ?
– Pourquoi tant de questions ? Étrange que tu ne me répondes pas, repris-je après un léger blanc. D’où est-ce que tu viens ?
– Je ne sais pas. Ça ne fait que peu de temps que je suis ici, mais je ne sais pas pourquoi.
– Depuis combien de temps tu connais Sully ?
– Je dirais six mois. »
Je l’ai laissé manger en paix, faire ce qu’elle voulait faire pendant que j’étais perdu dans mes pensées. Elle chantonnait, comme Emeline. Sa voix résonnait, mais était tellement agréable à entendre. Je crois qu’elle arrivait à apaiser la rage et le désespoir que le temps avait installé pour me rendre un peu plus vivant. Il ne restait que deux lits, un seul en état. J’avais rassemblé ce qu’il restait de draps, de couvertures et d’oreillers pour que le lit soit correct.
« Tu devrais dormir, j’imagine que tu n’as pas eu beaucoup de repos ces derniers jours, lui fis-je.
– Et toi ?
– Je vais monter la garde, au pire j’irais me mettre sur le fauteuil. Ce n’est pas comme si je dormais vraiment beaucoup.
– Viens dormir avec moi, tu dois en avoir besoin autant que moi, dit-elle.
– Laisse-moi m’assurer qu’il n’y a personne dans les environs. »
J’avais tourné dix minutes puis je suis retourné dans le dortoir. Je me suis allongé à côté d’elle alors qu’elle dormait déjà. Au bout d’une heure, je n’avais toujours pas trouvé le sommeil. Elle dormait profondément et chantonnait. Je trouvais ça amusant. Un moment plus tard, j’avais réussi à m’endormir. Dans mon rêve, je voyais Emeline au loin, j’entendais sa voix.
« You and I.
I know it’s warmer where you are
And it’s safer by your side
But right now, I can’t be what you want
Just give it time.
And if you and I can make it through the night
And if you and I can keep our love alive
We’ll find we can meet in the middle
Bodies and souls collide
Dance in the moonlight
When all the stars align
For you and I. For you and I
I know it’s cold when we’re apart
And I hate to feel this die
But you can’t give me what I want
Just give it time
And if you and I can make it through the night
And if you and I can keep our love alive
We’ll find we can meet in the middle
Bodies and souls collide
Dance in the moonlight
When all the stars align
For you and I. For you and I.
But for now, we stay so far
Until our lonely limbs collide
I can’t keep you in these arms
So, I keep you in my mind
But for now, we stay so far
Until our lonely limbs collide
I can’t keep you in these arms
So, I keep you in my mind. (Reaching out, can’t feel you now)
We can meet in the middle
Bodies and souls collide
Dance in the moonlight
When all the stars align
For you and I. For you and I. »
C’est ce qu’elle chantait. Elle tournait et tournait dans ma tête jusqu’à ce qu’Alix ne revienne pour me réveiller, en sursaut encore une fois. Je n’avais pas réveillé Nadia, mais ma tête m’a fait souffrir pendant quelques secondes après mon réveil. « Bonjour Adam » me fit l’assistante de mes augmentations qui venait de se rallumer.
« Quelle heure il est ? demandais-je.
– Sept heures trente minutes du matin. Nous sommes le vendredi 26 décembre 2014.
– À quelle heure je me suis couché ?
– Il y a environ douze heures.
– Taux d’alcool ?
– Réduit à zéro depuis onze heures trente minutes.
– Merci Kat.
– À votre service monsieur. »
Je n’avais pas remarqué que j’avais quitté tous mes vêtements. Je suis parti à la cuisine à côté pour récupérer de quoi manger. Des croissants, des pains au chocolat et du café. J’ai ramené une table basse et un autre fauteuil pour être plus confortable. Nadia s’est réveillée alors que j’étais en train de me laver le visage.
« N’aie pas peur, je ne suis pas plus inhumain que je ne l’étais hier soir, fis-je.
– Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?
– J’ai perdu mes jambes et mes bras. On m’a implanté des membres bioniques dans le futur auquel je me suis plutôt bien habitué.
– Tu, tu viens du futur ?
– Tu as de quoi manger sur la table, repris-je.
– Tu n’as pas répondu à ma question.
– Pas exactement. Une partie de moi vient du futur. Une autre est bien de ton époque, fis-je alors que je prenais place sur mon fauteuil.
– C’est étrange, dit-elle me prenant une main dans les siennes.
– Ça l’est plus lorsque tu te dis que ça n’a rien d’humain.
– C’est vachement réaliste. Ça réagit comme de vrais bras ?
– Pareil, à l’exception des lames que j’ai de cachée.
– Des lames. Oh ! dit-elle alors que je déployais l’une d’elles. Qu’est-ce que tu étais pour que l’on te greffe des choses pareilles ?
– Un ancien agent du FBI et mari d’un génie de la robotique humanoïde.
– Tu es devenu leur cobaye ?
– Le créateur de ces machines a voulu me sauver. Il a réussi. Et après tout, cet attirail m’a sauvé de nombreuses fois.
– Et ton cœur ? questionna-t-elle.
– Il fallait bien quelque chose pour faire fonctionner tout ça.
– Qu’est-ce que c’est ?
– Du Técéros, une roche extraterrestre à l’énergie inépuisable.
– Donc on a réussi à découvrir de nouvelles planètes ?
– Pas exactement, on va plutôt dire qu’une autre de mes parties n’est pas de cette planète.
– Trop compliqué pour moi.
– Ma foi, mange, on a encore du chemin à faire, dis-je allant récupérer mes affaires.
– Tu as une idée de l’origine de mon invisibilité ?
– Jusqu’où remontent tes souvenirs ?
– Lorsque j’ai rencontré Sully.
– Où l’as-tu rencontré alors ?
– Dans un labo, Sully m’a dit que les agents d’Akziel faisaient des tests sur moi.
– Aucune envie de tuer, de manger des humains, des cerveaux humains ?
– Non, répondit-elle me regardant étrangement.
– Le bioReign, qui a rendu la majorité de la population sous forme de zombies. Ils auraient pu le tester sur toi. Ça n’est donc pas le cas.
– Qu’est-ce qui te prouve que je suis humaine ?
– Aucune race de cette foutue galaxie ne mange plus que les humains, fis-je alors qu’elle avait dévoré tout ce que j’avais apporté.
– Ah, navré, répondit-elle en riant.
– Alors qu’est-ce qu’ils ont bien pu te faire ? La guérison de l’Éternelle ne donne pas de pouvoir…
– L’Éternelle ? Comment tu la connais ? Où est-ce que je peux la trouver ?
– Sully la cherche aussi ? Ça ferait du sens. Non je ne la connais pas et je ne sais pas où la trouver. Moi aussi je la cherche. J’étais venu ici en premier lieu pour ça. »
Elle était retournée vers le lit pour se rhabiller. J’ai aperçu quelque chose à la base de sa nuque sur sa colonne vertébrale. Une sorte de sceau ressemblant à celui des Enchainés. J’ai approché ma main et ai l’ait senti vibrer.
« Hey ! Tu ne veux pas finir de me déshabiller en plus ! dit-elle en se retournant alors que j’avais éclaté de rire.
– Oh Sully. Je savais qu’il y avait quelque chose derrière.
– Quoi ?
– Je crois savoir d’où viennent tes pouvoirs.
– Alors ?
– Laisse-moi, laisse-toi un peu de temps, juste assez pour que tes pouvoirs se débloquent.
– Tu es certain de ce que tu dis ? s’étonna-t-elle.
– Certain. Viens, je sais par où continuer. »
Elle était une enchainée, c’est pour ça que Sully l’avait pris à ses côtés. Mais pourquoi Akziel l’avait faite prisonnière ? Pour essayer de me contrer ?
On avait parcouru environ deux kilomètres alors que l’on tombait sur une salle remplie de soldats. Derrière j’apercevais une porte qui menait à l’arène. Je me suis demandé une seconde, comment j’allais les éliminer puis j’ai pensé à Nadia.
« Je vais avoir besoin de toi.
– Ne compte pas sur le fait que je sois une femme pour faire distraction ! s’exclama-t-elle.
– Non, je veux provoquer tes pouvoirs.
– Et, comment ?
– Tu vas rentrer et laisser la magie agir.
– Je vais surtout entrer et laisser leurs mitraillettes agir !
– Tes pouvoirs ne sont pas actifs, ils ne se déclencheront qu’en situation de danger, comme hier. Et au pire, fis-je en déployant une lame et mon chronosceptre, je serais derrière pour t’épauler.
– D’accord. »
Elle prit son courage à deux mains et passa la porte. Nombre d’entre eux se retournèrent vers elle. L’un fit « Comment tu t’es échappée ? Abattez-la ! » Le premier coup de feu déclencha son invisibilité et une violente rage énergétique sur moi. J’avais repris la forme que m’avait donnée Sia. J’ai pris alors la cape de loup pour avancer à mon tour et la rejoindre.
« Tu vois, ce n’était pas si compliqué ! lui dis-je avec le sourire.
– Qu’est-ce que je fais maintenant ?
– Approche-toi d’un d’entre eux, on verra ce qui se passe. »
Le général se mit à vibrer puis une violente onde de choc bruyante le propulsa contre le mur. « Kat, coupe-moi l’audio », fis-je en entendant sa voix s’élever. « Tout de suite monsieur » répondit-elle avant une immense onde sonore qui poussa tout ce qui se trouver autour d’elle. Cette onde sonna comme une mélodie dans ma tête. Une étrange mélodie qui me coupa de tout autour de moi quelques secondes avant que je me jette sur elle alors qu’elle s’écroulait. J’ai coupé ma cape, remis l’audio et j’ai transféré une partie de mon énergie dans son corps.
« Toi aussi ? demanda-t-elle avec le sourire.
– Moi aussi.
– Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
– J’ai l’impression que tes pouvoirs se sont réveillés. Des capacités sonores, étrangement.
– Et toi ?
– Élémentaire, répondis-je montrant mon bras gauche chargé d’énergie, bien joué, repris-je la relevant.
– Comment tu savais que ça marcherait ?
– Ça marche toujours.
– Oh, il y a quelqu’un ? fit la voix de Victor étouffée.
– Viens avec moi. »
Nous nous sommes dirigés vers la porte. Il y avait un grand escalier qui menait à l’étage supérieur et un couloir d’où venait apparemment Victor. Nous l’avons emprunté pour le rejoindre. Il était encerclé par quatre mutés.
« Ah, Aiden ! Te voilà. Pourrais-tu m’aider ?
– Ah, tu veux de mon aide maintenant ? m’étonnais-je. C’est nouveau ça ?
– Pas le temps de jouer au plus con. Débarrasse-moi d’eux, je t’en prie.
– Mademoiselle ? fis-je lui montrant Victor.
– Avec plaisir, répondit Nadia. »
Elle tendit sa main vers eux avant de lancer une puissante onde dont le son ressemblait fortement à ceux des gorgones. Les mutés tombèrent sur le sol et Victor les acheva de coups de canne.
« Je suis sûr que tu peux les tuer, fis-je.
– C’est vrai ? demanda la femme.
– Avec un peu d’entrainement oui.
– Enfin, tu en as mis du temps ! s’exclama Victor.
– Ton chemin ne devait pas être plus court ?
– Je, j’ai eu un contre temps.
– Bah voyons.
– Allez, viens avec moi, toi par contre tu restes ici !
– Non ! dis-je alors qu’il commençait à monter les escaliers.
– Quoi ? Tu ne vas tout de même pas t’empoter d’une femme ?
– De la raison pour laquelle Sully est venu s’enfermer ici Victor.
– Comment tu sais que c’est Sully ?
– Victor…
– Bon, d’accord, mais tu te démerdes avec !
– Comme si tu allais t’en occuper. »
À l’étage se trouvait l’arène, derrière des murailles et des grilles. Nous avons tourné quelques minutes avant de trouver un moyen de rejoindre les gradins.
« Le combat n’a pas encore commencé.
– Juste une question, comment comptes-tu le faire sortir d’ici ? demandai-je.
– Je comptais sur toi pour éliminer tout le monde, comme tu fais toujours.
– T’es incorrigible.
– Tu as une autre solution ?
– J’ai mon idée. »
En face, il y avait une plateforme avec un trône fait de tubes qui crachaient des flammes. Un des deux hommes sur la plateforme annonça le début du combat et l’arrivée du propriétaire et juge des combats. Un certain Sadnor. Il avait un piercing au nez et une lame plantée dans le crâne.
« Mesdames, mesdemoiselles et messieurs, bienvenue dans l’arène ! Aujourd’hui est un grand jour, car aujourd’hui est le jour où le grand vainqueur des nombreux combats va tomber !
– Il doit parler de Sully, me fit Victor alors que toute la foule l’acclamait.
– Accueillez, le Colonel, Sulivan ! »
Tout le public l’acclamait à haute voix, comme s’il était le héros de cet endroit.
« Alors Sully, on a perdu son compagnon ?
– Parce que tu l’as fait buter Sadnor !
– Je n’ai rien fait, c’est la triste loi de mes serviteurs, tu sais, reprit l’annonciateur.
– Alors, donne-moi au moins quelque chose avec qui me battre !
– Quelqu’un pour lui venir en aide ? Non ? »
Les gradins n’étaient pas des escaliers, mais des salles derrière les murs avec des ouvertures pour admirer le combat. Nous étions au dernier étage et j’ai demandé à Nadia de m’attendre ici avant que je ne saute dans l’arène.
« Je serais son coéquipier ! fis-je en tombant lourdement et attrapant mon chronosceptre.
– Leo ? Mais qu’est-ce que tu viens faire ici ?
– Leo… fit Nadia étonnée.
– Pas le temps pour les formalités Sully, on a un combat à remporter.
– Faites entrer les adversaires ! »
Quatre choses sont sorties des portes, deux hommes lourdement armés et deux mutés avec de gros points.
« Tu penses pouvoir te charger de ces deux-là ?
– C’est une formalité, fis-je déployant mes griffes. »
Nous sommes restés une demi-heure à nous battre, aucun n’avait l’ascendant. Ni moi, ni Sully, ni eux. Je commençais à douter de nos capacités à terminer ce combat. Puis Sadnor a prononcé quelques mots. « Il vous reste six minutes avant que je ne vous achève tous ! » J’ai senti Sully s’apeurer quelque peu alors que je reprenais ma confiance. J’ai fouillé mes poches pour tirer une cigarette de mon paquet. Mais impossible de retrouver mon briquet.
« Sully, j’ai besoin de ton briquet, vite.
– Ce n’est pas le moment Leo ! »
J’ai allumé ma cigarette, tiré une latte et j’ai ressenti la force de Leo se réveiller en moi. J’étais dos à nos adversaires. J’ai commencé à reculer vers eux, relançant le briquet à Sully. « Tient, prend ça, lui fis-je lui jetant un fusil lourd, je m’occupe du reste ! » Enfin je retrouvais Leo pour avoir toute ma puissance. Pendant que Sully arrosait les deux autres à la mitraillette, moi et Leo étions en train de tabasser les deux mutés. Mon entrainement au bâton se sentait, la vitesse de mes frappes et leur fiabilité sur les positionnements de mes coups étaient imparables. Aucun de ceux qui pouvaient me lancer d’attaques et encore moins me toucher. En cinq minutes, les quatre étaient devenus de la charpie et je m’élançais sur Sadnor pour l’abattre à son tour. Leo m’a poussé à voler son âme, au moment où Sully arrivait sur le plateau. « Leo, non, finis-le. » J’ai absorbé son âme, mis quelques secondes pour l’assimiler avant que mes lunettes se referment. J’ai regardé Leo qui me lança « Encore une fois, bien joué Adam » avant de disparaitre.
« Je te dois une fière chandelle.
– Non, on est quitte maintenant, répondis-je.
– Merde, Nadia.
– Attends Sully.
– Qu’est-ce qu’il y a ?
– Elle est dans les gradins, de là où j’ai sauté. Je l’ai trouvée avant de rentrer dans l’arène.
– Elle va bien ?
– J’espère bien ouais. »
Il s’empressa de traverser toute la muraille pour redescendre et la prendre dans ses bras. J’ai pris mon temps pour traverser, pour admirer ce paysage autour malgré les dégâts que faisait la guerre qui y faisait rage.
« Bon, puisque tu es de retour, je m’en vais, fit Victor à mon arrivée.
– Non Victor ! Quelle espèce de vieux con !
– Lui au moins n’aura pas changé ! répondit Sully. Qu’est-ce que tu viens faire ici ?
– Victor m’a demandé de venir te sortir d’ici. Et par ailleurs, je cherche l’Éternelle, tout comme toi.
– Ah ! s’exclama-t-il.
– Qu’est-ce qu’il se passe ?
– Je cherchais l’Éternelle parce que je pensais que tu serais avec elle.
– La preuve que non. Je me retrouve au même point.
– Tu ne peux pas demander de conseil à notre ami Sadnor ?
– Pas sans Leo.
– Comment ça pas sans Leo ?
– J’ai été infecté. Le bioReign bloque Leo et ses capacités, fis-je.
– Mais…
– Oui, six minutes avec la fumée d’une cigarette. Pas plus.
– Je peux peut-être essayer ? demanda Nadia.
– Qu’est-ce tu veux dire par là ? demanda Sully.
– Tout à l’heure, quand il m’a aidé à débloquer mes pouvoirs, j’ai réussi à lire dans la tête du général. Je peux essayer avec toi ?
– Tu, as des pouvoirs.
– Sully… fis-je désespéré.
– Quoi ?
– Tu l’as aidé, sans même savoir que c’était une enchainée ? m’étonnais-je.
– Une enchainée ? Non, je l’ai trouvée dans un des labos d’Akziel que j’étais venu saccager et je me suis dit, pourquoi ne pas la sauver puisque c’était la seule à peu près consciente.
– Tu m’étonneras toujours.
– Héhé, je sais.
– Je ne serais pas fier à ta place.
– Qu’est-ce que ça peut te faire ? »
La femme me fit m’asseoir pour s’installer en face de moi. Elle prit mes mains entre les siennes. Puis je l’ai senti entrer dans ma tête. Comme lorsque j’absorbe une nouvelle âme, mais cette fois, la sensation ne disparaissait pas. Je voyais les souvenirs qu’elle cherchait, longtemps elle tourna autour de ceux que j’avais avec elle depuis le début de la journée, puis ceux avec Lynn qui provoqua la rage énergétique de tout à l’heure. « Reprends ton calme » puis elle toucha au rêve que j’avais fait la nuit dernière, avec Emeline.
« Tiens, elle fait partie de la mémoire de Sadnor. Tu veux que j’aille cherche plus loin ? demanda Nadia.
– Vas-y.
– Je vois, une tour, une grande tour. Avec la tête de Barabas dessus. Je la vois, elle est en haut, enfermée dans une cuve avec des mutés autour d’elle…
– Hey, doucement, tu vas te fatiguer.
– Non, ça va. Je peux continuer.
– Rien sur l’Éternelle ?
– Elle, je crois qu’elle est partie la sauver.
– C’est bon, pas besoin de te faire souffrir pour moi.
– Je…
– Ça va ? demandais-je.
– Oui, c’est juste, bizarre.
– À quel point ?
– C’est comme si des milliers de voix, des milliards de souvenirs se mélangeaient dans ta tête.
– Les âmes damnées de Toshiie, répondis-je en même temps que Sully. C’est normal. Navré si ça a été un problème.
– Non, ça va.
– Pourquoi est-ce que tu cherches l’Éternelle ? demanda Sully.
– Pour supprimer l’infection et retrouver Leo.
– Ouais, c’est logique. Tu sais où est cette tour ?
– Je n’en ai pas la moindre idée. Mais je sais qui pourra me la trouver.
– Qu’est-ce que tu comtes faire ?
– Tu sais toujours voler ? demandais-je.
– Quelle question !
– Alors tu nous suivras, moi je prends ta copine sur ma moto et je rentre à Paris.
– Je te suivrais au bout de l’univers tant que tu peux me fournir à bouffer !
– T’es incorrigible. »
Il me fallait quatre heures pour rejoindre Paris et retrouver Zinn. Ma moto n’avait pas bougé de là où elle était et fonctionnait toujours aussi bien.
Une fois arrivée chez Zinn, la première chose que j’ai faite c’est rallumer la télé et me servir un verre de whisky.
« Zinn !
– Adam enfin ! s’exclama-t-il.
– Bah dit donc, je ne pensais pas que je t’avais manqué !
– Et t’as ramené Sully ! Très bonne nouvelle !
– Et sa petite amie. Enchainée.
– Une enchainée ? Mais…
– Je ne suis pas le seul, c’est logique.
– Bon. J’imagine que si tu es ici, c’est parce que tu as des infos. Dis-moi tout.
– J’ai retrouvé Emeline et l’Éternelle est partie la sauver.
– Génial, où ça ?
– Il faut que tu me trouves une tour avec l’effigie de Bob Barabas.
– Oh, facile elle est dans le jardin de Versailles.
– Au moins je n’aurais pas besoin de chercher ! fis-je finissant mon verre.
– Tu comptes aller la chercher ?
– Et trouver l’Éternelle.
– Bien. Bien.
– Si tu ne m’en veux pas, je vais aller faire une sieste sur le toit.
– Va. »
J’ai pris mon casque, mon téléphone et ma bouteille pour aller m’allonger sur l’un des chaises longues que j’avais mises sur le toit. J’ai dû dormir une heure avant que Nadia vienne me rejoindre.
« Je crois que tu ne dormais pas, dit-elle.
– Ce n’est pas vraiment ça, plutôt que lorsque je dors, à chaque fois le même cauchemar me réveille.
– C’est parce que je fredonne que tu t’es endormi hier ?
– C’est possible oui.
– C’est marrant.
– Je dois avouer que c’est peu commun.
– J’ai deux questions depuis tout à l’heure.
– Dit moi, j’essaierais de répondre du mieux possible, fis-je.
– Sully t’appelle Leo, et tu as parlé de Toshiie…
– Je ne vais pas te le cacher, je suis Leo Kryssen, mais sans lui étrangement je suis bien différent.
– Je trouve que tu t’en sors bien tout seul Adam.
– Merci.
– Et, j’ai l’impression que tu ne cherches pas l’Éternelle uniquement parce qu’elle peut te guérir ? Je me trompe ?
– Le premier jour où j’ai su sa présence ici, j’ai appris qu’elle utilisait le logo de Leo là où elle passait. Je me suis dit qu’il y avait une raison. Elle me cherche. Elle faisait partie de ceux qui étaient avec moi avant tout ça. Ou elle cherche à m’anéantir en me prenant pour responsable de tout ça.
– Et ?
– Tu sais déjà tout, fis-je.
– Presque.
– Elle me rappelle ma femme. Par sa bonté, et par son physique. Elle y ressemble étrangement.
– Et pourquoi ça ne serait pas elle ?
– Elle est morte…
– Oh je, suis désolée.
– Non, il ne faut pas. Je n’ai pas envie de me laisser ronger par mes ressentiments, parce que je n’ai pas réussi à l’aider. Je veux sauver ce monde, quoi qu’il m’en coute.
– Tout ça pour elle ?
– Tout ça pour elle.
– Adam ! Viens voir, me fit Sully.
– Tu viens avec moi ? demandais-je.
– Je te suis, répondit Nadia. »
J’ai descendu les étages pour le rejoindre. Il était devant la télé, la seule chaine qui restait qui montrait des images de mon combat avec Sullivan.
« Je vous ai déjà parlé de l’arène, cet endroit où une fois dedans, plus personne ne sort, et je vous ai déjà présenté le grand champion depuis de nombreux jours, le Colonel. Aujourd’hui, un homme a sauvé tous les emprisonnés de l’arène, y compris le Colonel. Cet homme se fait appeler Aiden. Et je ne sais ni qui il est, ni ce qu’il est, mais il pourrait bien représenter l’avenir, que dis-je. La rédemption de notre population. Alors s’il entend ce message. Continuez de vous battre. Et que ceux qui croiseront son chemin lui offrent main forte dans son combat pour l’humanité !
– Bon, je crois que l’on commence bien Leo ! me fit Sully.
– Je crois ouais, répondis-je avec le sourire avant de finir mon verre »