Vendredi 15 mars 2013.
Ryan m’avait apporté un autre message, écrit de la même main que celui que j’avais reçu il y a quelques mois. Il me disait d’attendre cette personne dans le préau après les cours. Je finissais à seize heures et je me suis installé sur l’une des tables pour attendre.
« Tu te motives vraiment pour rien, me fit Lucas.
– Mais si t’es jaloux, dis-le directement. Au moins, je serai fixé.
– Jaloux ? Tss. Jamais.
– Alors, lâche-moi.
– Très bien. Mais n’oublie pas de me dire si t’as perdu ton temps.
– J’y penserai. »
Je me suis coupé du monde autour de moi avec mes écouteurs, la tête posée sur la table. À défaut, si une personne devait venir me voir, elle me réveillerait. À cette époque, j’écoutais beaucoup Icon for Hire. Je crois que c’était le groupe que j’écoutais le plus à ce moment.
I don’t want your sugar and spice, sugar and spice
I don’t want your sugar and spice, sugar and spice
Ooh whoa-uh-woh, Ooh whoa-uh-woh, Ooh
Ooh whoa-uh-woh, Ooh whoa-uh-woh, Ooh
Ooh whoa-uh-woh, Ooh whoa-uh-woh, Ooh
Sometimes I say really dumb things ’cause it’s hard to talk and at the same time think
At the same time, I feel like I should have that down
I should’ve figured out the conversation by now
There’s a lot of time wasted hating the way I act
Social skills I’m not sure I have
The list of what’s wrong runs way too long and I had no idea ’till you came along
Over and over (Over and over)
Track on repeat (Track on repeat)
There’s something wrong with me
There’s something wrong with me
They got me, they got me, they got me hooked so good
High fructose Hollywood
I don’t want your sugar and spice, sugar and spice
Sugar and spice and everything nice I poured down the drain of my life last night
I don’t want your sugar and spice, sugar and spice
Sugar and spice and everything nice I poured down the drain of my life last night
— Icon for Hire | Sugar and Spice —
Un temps plus tard, une heure pour être exact. Une personne vint s’installer à côté de moi. Je l’ai entendu parce que je n’avais qu’un seul écouteur. J’ai relevé la tête pour voir Melissa qui me souriait timidement.
« Ça t’arrive souvent de dormir sur les tables comme ça ? me demanda-t-elle.
– C’est souvent que je me pose sur une table et que je m’endors oui. Pourquoi ? »
Elle me regardait, toujours avec le sourire. Je n’arrivais pas à comprendre pourquoi elle était venue me voir, alors qu’il n’y avait plus personne dans le préau. J’étais encore à moitié endormi.
« Ça me fait plaisir de voir que tu m’as attendu… dit-elle.
– Attends, c’est toi qui m’as écrit ces deux messages ?
– Oui, pourquoi ? Ça te choque ?
– Je… Je ne m’y attendais pas vraiment oui.
– Tu me raccompagnes ? Je prends mon car au Péchaud. Ça nous laissera du temps pour discuter.
– Oui, avec plaisir. »
Quelques fois, je me suis dit qu’aucune des personnes à qui je prêtais attention ne m’en prêtait en retour. Melissa réussit à me prouver le contraire. Elle prêtait attention à moi et malgré tous les regards que j’avais tournés vers elle. Je n’avais jamais réussi à remarquer qu’elle en faisait de même. Nous avons donc pris le chemin pour redescendre devant mon ancien lycée, passant par le parc où j’ai passé des heures avec Flora. Il était dix-sept heures trente et nous attendions le bus de Melissa. Mon regard croisa celui d’une personne qui sortait du tunnel qui rejoignait le Sacré-Cœur. C’était Patrick, qui me faisait un clin d’œil m’apercevant accompagné d’une demoiselle. Lui aussi venait rejoindre son bus. Il est vrai que je ne lui avais jamais présenté Flora. Seuls ceux de mon lycée la connaissaient. Mais cette fois-ci, ce n’était pas Flora. Nos conversations n’avaient pas été très intéressantes. J’étais toujours très réservé et timide. Même si je venais de me faire approcher par la fille à qui je pensais presque tous les jours, je n’en étais pas moins incompétent socialement.
« On se revoit lundi ? demanda-t-elle avant de rejoindre son bus.
– Tu es sûre de vouloir t’intégrer à ma bande de potes ? Ils sont pas faciles à supporter.
– Ce n’est pas grave. L’important c’est que je sois avec toi.
– Très bien, à lundi alors. »
On passait presque tous nos vendredis ensemble. À se balader, discuter, rire, elle réussissait à m’ouvrir alors que je n’avais aucune confiance en ce que je faisais. Évidemment que je faisais ça par intérêt, et elle aussi. Mais j’avais toujours cette crainte, de penser que quelqu’un à qui je m’intéressais ne s’intéressait pas à moi. Pourtant, après tout ce temps, elle a su me prouver le contraire.
Jeudi 23 mai 2013.
Il était vingt-trois heures passées, j’étais plutôt désarmé par toutes mes tentatives ratées durant la journée alors pour me laisser une dernière chance, j’avais demandé à Mélissa de venir me rejoindre dans le parc sous le lycée. À ce moment, j’y étais avec Ryan, le seul qui était venu. Je me demandais comment je pouvais faire pour que ma tentative soit un minimum fructueux.
« C’est ma dernière chance, si je rate celle-là j’abandonne définitivement.
– Mais non, même si tu te plantes tu ne peux pas t’arrêter maintenant, pas si près du but.
– Puisque tu as l’air de savoir comment faire, dit moi grand sage.
– Faut que tu sois genre, je veux bien, mais aussi genre, je ne sais pas trop. Tu vois.
– Ouais, répondis-je hésitant.
– Je t’explique, tu te rapproches, tu la regardes dans les yeux, t’y fais comprendre que t’es chaud, mais que tu ne sais pas trop, si elle le veut elle s’avancera aussi, et là tu hack.
– OK, je vois le truc. Je vais essayer.
– Ben dit donc, vous êtes toujours ensemble vous, que ce soit lui ou Lucas. Vous deviez penser au pacse les mecs, fit Mélissa nous rejoignant.
– Euh, ouais non, non. Ça va toi ? demandais-je.
– Ça va.
– Bon aller, bonne soirée Ryan.
– Bonne soirée, répondit-il regardant l’étendue d’eau.
– Bien cette fête ?
– Pas trop mal, mais t’aurais dû venir. Je me serais mieux amusé avec toi.
– Ouais, mais tu vois les fêtes comme ça avec tous ces gens, trop de monde. Puis une fête sans alcool, pour moi, pas trop.
– Tant pis, dit-elle regardant Ryan qui était toujours là.
– Euh… dis-je me tournant vers lui.
– Ah pardon, oui c’est moi qui pars en fait.
– Et oui.
– Ah oui, pardon je n’avais pas… En fait juste, il veut t’embrasser, mais il ne savait pas comment faire, dit-il, se levant et s’adressant à Mélissa qui avait un air étonné. Allez ciao les amoureux, dit-il en partant
– Il est sérieux ton pote là ? demanda-t-elle d’un air amusé. Tu m’obliges à venir ici et à faire patienter ma mère juste pour qu’on se roule des pelles sur un banc comme des gamins ?
– Ben euh… »
Elle s’est rapprochée de moi pendant que je commençais à bégayer et perdre mes mots à cause de mon stress. Elle n’attendit pas la fin de ma phrase, j’étais en train de me perdre alors qu’elle posa ses petits doigts sur ma joue pour me tourner vers elle, puis elle posa ses lèvres sur les miennes pour m’embrasser. Je ne disais toujours rien alors qu’elle me regardait avec son beau sourire dans mes yeux béats. « Tu me fais craquer », me dit-elle alors que je perdais encore mes mots. J’avais toujours mes yeux rivés sur elle alors qu’elle s’est décidée à partir. « Bon, je vais y aller, je n’ai pas envie de faire patienter plus ma mère. À demain », dit-elle en partant vers le parking. Je ne savais pas comment réagir, j’étais tellement heureux que j’avais envie de sauter dans l’eau.
Mais cette petite histoire ne s’est pas terminée comme j’aurais aimé. Deux semaines plus tard. J’avais les résultats de mes demandes d’études supérieures. Et, non pas qu’elles étaient mauvaises, mais elles n’allaient pas dans le sens que ma vie prenait actuellement.
Jeudi 6 juin 2013.
Je retrouvais Melissa dans le préau après mes cours, ayant consulté déjà mes mails qui contenaient les informations de mes demandes d’études.
« J’ai été pris à Clermont, lui dis-je.
– Vraiment ? Mais c’est trop bien ! je suis super contente pour toi !
– Le seul inconvénient, c’est que ça sera plus difficile pour se voir.
– Tu viendras me voir tous les weekends ?
– Peut-être, je ne sais pas si j’aurais l’envie de revenir tout le temps…
– Je ne t’intéresse pas assez pour ça c’est ça ? demanda-t-elle.
– Non ! C’est juste que ma vie va certainement être très différente dès que je serai là-bas. Je ne sais pas comment ça se passera et je ne sais pas si j’aurais envie de revenir tout le temps.
– On se séparera quand tu partiras, c’est ça ?
– J’aimerais que ça ne soit pas le cas… répondis-je. »
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