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Partie 5 : Révolution Humaine
Nouvelle apparence, nouveau visage, nouvelle époque. Bref, une nouvelle vie et une chance d’en apprendre plus sur ce que mon monde deviendra. S’il faut que je change, ou s’il faut que je reste tel quel. Une question qui ne restait pas longtemps sans réponses.
« Sieg, raconte-moi, dis-moi tout ce que tu sais sur Adam.
– Ancien agent et l’un des meilleurs du FBI, il a été viré à la suite de sa dernière intervention qui a couté la vie à dix des agents qu’il avait sous son commandement, de plus, il a échoué cette mission qui était extrêmement importante aux yeux de son poste. Le patron de sa femme…
– Sa femme ?
– Ouais presque, vous n’êtes pas mariés, justes fiancés, enfin son patron l’a engagé, car elle l’a poussé et parce qu’il avait besoin d’un chef de la sécurité.
– Et quoi de mieux pour la place de chef de la sécurité qu’un ancien commando du FBI
– Exact, tu possèdes tous ses souvenirs, comme celui qui t’a fait dire que tu es un commando. Tu es un expert en arme, quelle qu’elle soit, principalement les armes à feu.
– Logique.
– Oui. Pour finir, il doit être huit heures du matin, c’est ton premier jour, tu as rendez-vous avec ton nouveau patron à neuf heures.
– OK, mais juste une dernière chose, comment tu sais tout ça ?
– Tu crois que mes écrans ne sont là que pour la décoration, ils me disent tout, tout ce que tu dois savoir et tout ce que je veux savoir.
– Petit cachotier va, je suis sûr qu’il y a beaucoup de choses que tu ne me dis pas.
– Mais, euh, non je te dis tout je te le jure !
– Mouais… Et comment j’y vais moi à Libio… truc ?
– Taxi ! Il t’attend en bas, bon voyage ! »
J’appréciais le caractère d’Adam, il est plus puissant que le mien et surtout plus avant-gardiste. J’ai pris le taxi, qui devait me mener à mon nouveau lieu de travail. (C’est bizarre de dire ça quand en fait, ben on n’a jamais travaillé de sa vie) J’admirais le paysage, toutes ses rues, les bâtiments, tout était si futuriste. Ce n’était pas quelque chose que j’aurai cru voir un jour, ou que j’aurai vécu assez longtemps pour l’admirer et pourtant, c’était sous mes yeux. Je pensais rêver, j’avais du mal à y croire, qu’un monde pouvait changer du tout au tout en seulement cinquante ans. C’était incroyable. Environ dix minutes plus tard, la voix du chauffeur m’interpela.
« Nous sommes arrivés, monsieur, je mets la note sur votre compte ?
– Euh, oui bien sûr. »
Il m’arrêta devant une immense tour. Un building d’environ cent mètres de haut (on dirait la tour de Stark dans le film The Avengers) estampillé « Libiothech, World of Evolution ». Ils se la pètent pas un peu ceux-là ! Je me suis alors décidé à entrer et à rencontrer la première personne que je trouverais. L’assistante de l’accueil, encore l’administration.
« Bonjour.
– Bonjour, que puis-je faire pour vous, Monsieur Pearce ?
– Euh, j’ai rendez-vous avec le patron à neuf heures.
– Ah oui ! C’est vrai. Il a demandé à ce que votre petite amie soit avec vous, voulez-vous que je l’appelle ?
– Non merci, j’irai la chercher moi-même. Merci. »
Une première, un personnel de l’administration qui ne fait pas la gueule et qui n’est pas chiante ! Wôw, finalement ils ont fait des progrès en tant d’années. J’ai ensuite pris l’ascenseur, encore une fois, un ascenseur bien différent de ceux que je pouvais connaitre. Seulement je devais rejoindre ma copine sans même savoir à quel étage elle travaille…
« 31.
– Sieg !
– Quoi ?
– Rien, tu m’exaspères.
– Mais pourquoi ? T’es bien content de m’avoir quand même ?
– Oui, enfin t’es un peu chiant quelques fois. T’imagines si tu m’avais fait peur, je fais une crise cardiaque, je meurs et pouf ! Y’a plus de monde.
– Ça, ce n’est pas possible !
– Pourquoi ?
– Parce que tu n’es pas cardiaque, je connais tes limites.
– Ce n’est pas une raison pour jouer avec.
– Pourquoi pas ?
– Je ne sais pas, déjà que l’on me prend pour un fou parce que je te parle et que personne ne te voit.
– D’accord, j’essaierai d’être moins sauvage à l’avenir.
– Bonne résolution l’ami. »
Étage 31, l’étage des recherches en technologies innovatrices. Tout ça raconté par une petite voix qui sonnait dans l’ascenseur. J’en suis alors sorti, j’ai traversé la salle de travail pour atteindre le bureau de ma petite amie, en écoutant les autres me disant « Salut, Adam », ou « Bonjour, monsieur Pearce » (je suis populaire moi ici ! J’aime ça) J’arrivais dans un somptueux bureau. Les sièges en cuir noir, les meubles aussi et une tapisserie en velours rouge sang. Cet aspect sombre qui pourrait mettre mal à l’aise beaucoup, me plaisait bien, je me sentais apaisé par cette atmosphère oppressante. J’avais pris un journal, qui maintenant n’était qu’une plaque en verre tactile, un peu comme les consoles de Sieg et je m’étais assis dans un siège quand une jolie voix précédée de l’ouverture d’une porte coulissante m’appela.
« Tient, que est-ce que tu fais là Adam ? Tu es en avance.
– Je sais, mais j’avais envie de passer un peu de temps avec toi avant, ça te dérange ?
– Non bien sûr. Je suis ravie que tu l’aies fait, je n’ai pas osé te le demander.
– Pourquoi, tu avais peur que je te mange ?
– Adam ! Ce que tu peux être bête parfois !
– L’amour rend aveugle, bête et sourd. Que veux-tu y faire ?
– Non, c’est…
– T’arrête un peu ? Tu me dis bête, mais toi tu n’es pas mieux ! lui répondis-je en l’attrapant et la prenant dans mes bras.
– Ce n’est pas une preuve d’amour, sachant qu’il rend bête ?
– Je ne sais pas, je pense que je n’ai pas besoin de ça pour que tu saches que je t’aime.
– Oh ! T’es trop mignon. Moi aussi je t’aime, tu sais… »
Puis une voix résonante vint nous déranger.
« Nikki, Adam est arrivé ?
– Oui, on arrive, monsieur.
– Je connais cette voix moi.
– Comment ça ?
– Il me semble avoir connu cette voix quand j’étais au lycée.
– C’est possible. »
Nous sommes repartis, reprenant l’ascenseur, cette fois-ci pour l’étage 100. La direction.
« Tu es stressé ?
– Moi, mais pourquoi ça ?
– Je ne sais pas, en général on stresse toujours un peu quand on rencontre pour la première fois le patron.
– J’ai appris à gérer mon stress, quoi de pire que ça quand on se trouve dans une situation de crise, sans munition et que l’on doit éliminer une dizaine d’ennemis sans aucun autre soutien que ses propres poings ?
– Je sais que ton ancien travail n’a pas toujours été facile, mais tu verras celui-ci sera plus calme.
– Je ne veux pas, j’étais bien comme commando moi. Au moins je m’y plaisais.
– Oui, seulement je n’ai jamais été sure de ce que tu pouvais faire avec ton assistante…
– Quoi, que est-ce que…
– Nikki, content de vous voir.
– De même monsieur.
– Vous devez être Adam ?
– Exact, répondis-je.
– Elle m’a beaucoup parlé de vous. Je me présente, Kévin Buffier. Propriétaire, patron, PDG et chercheur de Libiothech.
– J’ai aussi beaucoup entendu parler de vous, lui répondis-je en éclatant de rire.
– Qu’est-ce qui peut vous faire autant rire ?
– Rien. C’est juste que j’ai connu un dénommé Kévin Buffier quand j’étais au lycée. Enfin, en quoi consiste mon travail ?
– Pour l’instant pas grand-chose, une fois que les agents de sécurité seront arrivés, je vous demanderai de les entrainer à votre niveau.
– Sans vouloir vous vexer, je vais plutôt les tuer.
– Mais non voyons, ce sont des soldats entrainés, mais pas assez à mon gout c’est tout.
– Pensez-vous que vous avez besoin de soldat pour vous protéger ?
– Vous n’imaginez même pas ce qui peut se faire dans ce bâtiment. Nous avons révolutionné la façon dont l’homme vit Adam », me répliqua-t-il en se dirigeant vers sa grande baie vitrée. « Quand j’avais dix-huit ans, lorsque quelqu’un perdait un membre, son bras, sa jambe, il le perdait à jamais. Maintenant on lui pose une jambe bionique, capable de répondre aux attentes de son utilisateur. Ces augmentations ont amélioré notre vie. Elles nous rendent plus puissants, plus rapides, plus… Plus comme l’homme a toujours rêvé d’être. Nous sommes plus que des hommes. Nous sommes des surhommes !
– Des surhommes, vous ne pensez pas que vous faites de ces gens des machines, en les rendant moins humains que ce qu’ils étaient ?
– Puis-je vous laisser messieurs ?
– Bien sûr Nikki. Excusez-moi.
– Crois-tu vraiment que tous ceux que tu as augmentés l’on voulut Kévin ?
– Oui, enfin je crois et de quel droit tu me tutoies sans mon autorisation ?
– Arrête Kévin, je sais que tu ne m’as pas pris juste pour faire plaisir à Nikki.
– Quoi, mais que veux-tu dire ?
– Tu te souviens, on était en première, au lycée à Saint Chély D’Apcher. Et maintenant on se retrouve tous les deux à Paris. Toi, patron d’une multinationale qui vaut des milliards et moi, ancien agent du FBI, viré depuis et embauché par toi.
– Que est-ce que ? Tanguy ? C’est toi ?
– Précisément, j’ai changé de nom entretemps.
– Mais pourquoi ?
– Pour Leo, je devais disparaitre alors j’ai changé de nom et pris celui d’Adam Pearce.
– C’est… Incroyable…
– Moins que ce que tu l’imagines. En attendant, maintenant que tu sais tout ceci, je doute que tu aies réellement besoin de mes services.
– En fait, si. Maintenant que tu es ici, je vais surement avoir besoin de tes talents pour m’aider dans mes recherches.
– Tu sais, je ne suis qu’un piètre scientifique.
– Oui, certes, mais tu es un commando de renommée. Déjà, tu protègeras la clé de nos recherches, ta petite amie. Ensuite, tu me serviras de détective. La semaine dernière, un petit labo de Lille a été attaqué, j’aimerais que tu enquêtes sur cette attaque. Que tu en apprennes plus sur ceux qui ont perpétué cette action.
– D’accord, mais je ne suis plus flic.
– Si, un flic à mon nom, le poste de “chef de la sécurité” n’est qu’une couverture. En réalité, tu restes un policier, mais sous mon commandement.
– Intéressant.
– Ça te va ?
– Largement. Je peux ?
– Oui. Tu commences demain, viens me voir et je donnerais les ordres.
– D’accord. À demain patron !
– Oh, Adam.
– Oui ?
– Tu as fait le bon choix.
– Quel choix ?
– En trouvant Nikki et en la demandant en mariage.
– Ah, oh. Celui-là, rétorquais-je en éclatant de rire, naturellement, je ne pouvais laisser partir une femme telle qu’elle !
– Bien sûr. Tu passeras chez ma secrétaire, elle te donnera deux, trois trucs.
– OK Chef ! »
Je suis sorti de son immense bureau et ai rejoint celui de sa secrétaire comme il me l’avait demandé.
« Monsieur Pearce.
– Lui-même. Appelait-moi Adam.
– Enchanté Adam, je suis Sophia, la secrétaire de Monsieur Buffier. J’ai quelque chose pour vous.
– Je n’ai besoin de rien, vous non plus d’ailleurs.
– Adam, vous êtes un charmeur, je doute que ce genre de comportement plaise à mademoiselle Monteiro.
– Charmeur, mais pas trompeur. Si, ça la dérangeait vraiment, je pense que je ne serais plus avec elle depuis un bon bout de temps. Enfin, qu’avez-vous pour moi ?
– Un badge de détective, vous assurant la protection de l’entreprise et une arme de service.
– Je n’ai pas besoin d’armes, j’ai les miennes.
– Oui, mais le patron veille à ce que vous ayez celle-ci.
– Une arme augmentée ?
– Exact, je ne sais pas en quoi, mais s’il veut que vous l’ayez, il doit bien y avoir une raison. De plus, il vous laisse les clés de votre nouvel appartement dans lequel vous avez déménagé.
– Oh, quelle gentille attention de sa part.
– Vous êtes drôle monsieur.
– C’est une de mes grandes qualités, vous avez encore beaucoup à apprendre de moi ! À demain ! lui répondis-je en repartant une nouvelle fois vers l’ascenseur. »
Détective ! Au nom d’un très bon ami de lycée. Qui en plus est un génie en technologie bionique. Ça serait plus calme que le terrain, mais toujours mieux que Chef de la sécurité. Je décidais de passer voir Nikki, mais n’étant pas arrivé à la trouver, j’ai préféré lui laisser un petit mot, lui disant où je partais. J’ai redescendu tout l’immeuble pour en sortir et ai eu le droit à une interpellation de la part de l’assistante de l’accueil.
« Vous partez monsieur ?
– Non, je ne sais pas quoi faire alors je fais le tour du bâtiment, dis-je sur un ton sarcastique.
– Vous voulez que je vous appelle un taxi ?
– Non merci je pars à pied ! »
(Elle n’est pas un peu cruche celle-là ?) Je voulais aller chez moi à pied, de manière à observer un peu plus le Nouveau Monde dans lequel j’étais. J’avais une étrange impression, mais tout ce que je voyais me plaisait. Des hommes avec des membres bioniques, beaucoup me saluaient d’ailleurs. J’avais l’impression que me sentir chez moi, de me sentir bien. Que vouloir de mieux, mon patron était un très bon ami, j’avais une femme superbe, mais un léger souci, je devais rentrer chez moi sans trop savoir où est-ce que c’était.
(« Sieg ?
– Tu veux aller à ton nouvel appart ?
– Toi qui sais tout, tu dois savoir où il est, non ?
– Et tu veux que je t’y mène ?
– J’aimerais bien oui.
– Pas de soucis. »)
Je me suis alors laissé guider par mon allié invisible, du moins pour les autres, qui m’amena devant une luxueuse résidence, au style classique de mon époque, rustique, mais qui paraissait tout de même riche. Encore une fois je fus salué par le gardien. (Décidément je suis vraiment populaire moi !) J’ai ensuite pris les escaliers pour accéder à mon appartement. Arrivée devant, la porte s’est ouverte d’elle-même et une petite voix m’envoya.
« Bonjour, Monsieur Pearce, une note de taxi a été ajoutée à votre compte, voulez-vous la payer tout de suite ?
– Oui, merci de me le rappeler service vocal répondant au nom de ?
– Kat.
– Kat ! Mais qu’est-ce que tu fais ici ?
– Je me suis introduite dans le système, pour te tenir compagnie.
– Et bien, au moins je ne me sentirais pas dépaysé.
– Celui-ci vous changera surement de la Tour.
– Et en plus j’ai une merveilleuse vue sur la ville. Que vouloir de plus ?
– Une jolie petite amie ?
– Ah oui bien sûr, mais elle n’est pas là, elle travaille. Qu’est-ce que je deviendrais si je ne l’avais pas ?
– Tu as bien su t’en passer pourtant Leo, me rappela Sieg en faisant irruption.
– Exact, seulement, il y a un temps ou les choses deviennent trop dures pour rester comme elles sont. Tu le sais bien… lui répondit-il en continuant d’admirer la ville.
– Bienvenue, Mademoiselle Monteiro ou préférez-vous Madame Pearce ?
– Comme vous voudrez, j’accepterai les deux avec joie.
– Ça me fait plaisir d’entendre ça, tu sais.
– Tu aurais dû t’en douter et moi aussi ça me fait plaisir. De même que de réentendre Leo.
– Tu sais que je dois me cacher, pour leur sécurité.
– Je le sais oui. »
J’avais fini par me perdre dans mes pensées, m’oublier dans cette ville qui m’attrayait et dont toutes ces nouveautés me dépassaient. À la fois ce que je suis devenu, cette nouvelle vie bien plus attrayante que l’ancienne ou encore ces augmentations qui me paraissaient trop étranges. Il y avait quelque chose d’anormal dans cette histoire, tout était trop parfait et je n’ai jamais été habitué à une vie si calme. Ça ne pouvait pas durer longtemps. Le lendemain je me rendais chez mon patron pour les instructions.
« Kévin ? Tu es là ?
– Dans mon labo, regarde à gauche.
– Oh et que fais-tu dans cet endroit ?
– J’ai une faille dans le système des implants HSS, mais je n’arrive pas à trouver la source de ce problème.
– Ton algorithme est incorrect, règle ton sécuritaire sur vingt-trois et change dans ta ligne de code, ton “call_security” par une fonction d’appel interphase.
– Mais, mais oui bien sûr, tu es un génie, j’aurai dû y penser.
– On ne peut pas penser à tout, on n’est pas parfait.
– Mais on peut le devenir, avec toutes mes recherches.
– Ne cherche pas à rendre quelque chose parfait si elle n’y est pas destinée. Crois-moi. Bon, que dois-je faire pour toi ?
– Je te demanderai d’aller sur les lieux de l’attaque et de relever le maximum d’indices possible. Tout ce qui pourrait te paraitre suspect.
– Comme ?
– Je ne sais pas, un objet, une trace qui nous dirait qui a perpétué cette action.
– Et tu ne penses quand même pas qu’ils ont pu être assez bêtes pour laisser une trace comme tu dis.
– Oh, tu sais, le monde est toujours aussi idiot après tant d’années.
– Je n’en doute pas et comment je m’y rends ?
– En hélicoptère, Maya t’y attend et t’emmènera.
– OK Chef.
– Oh Adam fait attention, je n’ai pas envie que tu te fasses tuer.
– Ne t’en fais pas. Je gère l’ami. »
J’avais enquêté pendant environ une semaine, sans jamais trouver un seul indice. À part le nom de « Agentek », une compagnie chargée d’étudier les effets des augmentations sur l’homme. Rien de méchant donc. La semaine suivante, Kévin nous a donné rendez-vous, Nikki et moi à son labo de montage, le dernier perdu dans ma bonne vieille ville de Saint Saint Chély d’Apcher qui n’a pas changé d’un pouce. Kévin nous prit dans son bureau.
« Vient avec moi Adam, j’ai quelque chose à te montrer.
– Comme tu veux, je te suis.
– Tu sais, malgré toutes ces nouveautés, les augmentations ont un problème. On est arrivé à changer un bras, deux, une jambe ou les deux, mais ceux à qui on a essayé d’implanter le tout ne l’ont jamais accepté et nous ne sommes pas capable de remplacer un organe, un cœur, ou quoi que ce soit d’autre.
– Tu ne peux pas dénaturer ce que le monde a créé, sinon tu en fais un monstre. Robotique pour le coup.
– Si seulement… Si seulement j’avais entre les mains une énergie infinie, quelque chose qui pousserait tous les organes légèrement augmentés à tourner sans arrêt. Tu sais, quand on remplace un cœur, le plus dur est de refaire partir le sang, mais avec une pompe on y arrive. Avec un cœur augmenté, cette méthode ne marche pas, il faudrait une énergie qui le lance et qui le fait tourner tout le temps et qui alimenterait le filtre, car des organes augmentés rejettent des saloperies dans le sang, et le filtre les rejette dans les selles.
– Si je t’apporte cette énergie, un moyen de la traiter et de la canaliser, tu crois pouvoir en faire quoi ?
– Ressusciter les morts !
– Oh, Kévin non !
– Non, écoute-moi, je ne veux pas ressusciter tout le monde, juste sauver une personne qui ne pourrait pas l’être. Imagine, tu as un grave accident, rien ne peut te sauver, tout ton corps est meurtri et détruit. Seuls ta tête et tes organes vitaux sont encore en état correct, avec ça, je pourrai te tenir en vie et te remettre en état.
– T’en es vraiment sûr ?
– Oui, j’ai assez fait de recherche là-dessus, il ne me manque que l’énergie. Adam, réfléchis ça pourrai sauver des milliers de vies !
– Ah, d’accord, attends-moi une seconde. »
Je me suis alors téléporté dans la tour pour aller voir mon ami.
« Sieg ?
– Oui l’ami que te faut-il ?
– Tu m’avais bien dit que tu faisais des recherches sur une énergie perpétuelle ?
– Euh, oui, à partir d’une roche, le Técéros, mais pourquoi ?
– Ça te dérangerait de déroger à la règle pour te montrer pour une fois, du moins pour une personne, pour Kévin. J’aimerais que tu lui expliques un peu tout ce que tu as fait dessus.
– D’accord.
– On y va alors. »
Et je suis reparti chez mon patron.
« Kévin, je te présente Sieg Wahrheit, c’est un ami qui est arrivé avec Leo, je le laisse te présenter ce qu’il a fait.
– Euh, oui avec plaisir.
– Je ne vais pas entrer dans les détails, le Técéros est une roche qui libère une énergie puissante, en continu, mais qui est très instable et difficilement utilisable. J’ai fait des recherches sur des moyens pour canaliser l’énergie et en faire un générateur de courant alternatif ou continu. Mon seul problème est que le canalisateur a besoin d’oxygène pour fonctionner sans aucun souci.
– Ce n’est qu’un détail, mais vous pensez vraiment qu’il peut fournir de l’énergie indéfiniment ?
– Le Técéros est une roche qui fournit de l’énergie comme je vous l’ai dit, indéfiniment à l’échelle humaine oui, j’ai cette roche depuis plus de mille ans, elle n’a toujours pas bougé et fournie toujours autant d’énergie.
– Mais c’est génial !
– Ne te réjouit pas si vite, c’est le seul prototype qui existe et Sieg est le seul à posséder un fragment de Técéros sur cette planète.
– S’il en faut plus, j’irai en chercher, notre planète en est recouverte Leo.
– Oui, quand je t’écoute je croirais entendre mon père nous disant qu’il voulait apporter notre technologie à cette planète grâce à tes recherches. Finalement la leur a avancé bien assez vite.
– C’est bien vrai. Dites-moi Kévin, vous seriez capable de recréer le canalisateur à partir de ses plans ?
– Bien sûr, vous m’apportez la roche et je fais le mécanisme.
– Et bien, je m’en vais alors vous chercher le nécessaire.
– Adam, comment puis-je te remercier ?
– Ne me remercie pas, j’aurais peut-être besoin de ce que tu vas faire un jour… » lui répondis-je coupé par une alarme.
« Alerte, une intrusion a été détectée dans le secteur sept.
– Merde, c’est le labo où est Nikki !
– Toi tu t’enfuis avec ce que je t’ai donné, moi je m’occupe de ses salauds.
– OK, fais attention à toi ! »
Je m’engouffrai alors dans les multiples couloirs de cet édifice, plus tortueux les uns que les autres, fusil en main, espérant retrouver la femme qui partageait ma vie. J’avançais prudemment en éliminant tous ceux qui avaient le malheur de croiser mon chemin, avec un seul but, le secteur sept, le labo de Nikki en particulier. Mes différentes interventions au nom du FBI avaient fait de moi un agent tout terrain, capable de s’adapter à n’importe quelle situation, un soldat que plus rien n’effrayait si ce n’est de perdre la femme que j’aimais. Aucun de mes adversaires n’était parvenu à me toucher, ni même m’effleurer. J’avais traversé ce monstre de fer en moins de 5 minutes. J’étais arrivé à l’étage assez précipité, sans me préoccuper de ce qui pouvait s’y passer, seulement voulant la sauver. Arrivé au labo, j’ai fait face à une armoire à glace. Deux mètres sur deux mètres, avec un corps tout en métal et des bras et des jambes qui s’allument et s’éteignent au rythme de son cœur.
« Qu’est-ce que tu as fait de ma femme ?
– Ne t’en fais pas, elle va bien.
– Adam ! Ah !
– Nikki !
– Tient va la rejoindre sale ordure ! »
Et il me projeta d’un coup de pied dans la vitre qui me séparait de ma petite amie, j’ai traversé toute la pièce pour finir dans un écran accroché au mur.
« Qu’est-ce que…
– Ne t’en fais pas. Je prendrais soin d’elle.
– Non… Je…
– Tu ne peux rien faire Adam. Adieu, mon cher, heureux de t’avoir rencontré. »
Je me retrouvais allongé sur la table au-dessous de la télévision, le corps couvert de débris de verre et de sang, agonisant et regardant cet homme et ces deux acolytes emmener la femme que j’aimais. Sans ne rien pouvoir faire.
J’ai dû passer des heures, des jours, des semaines voire des mois dans la douleur, à agoniser je ne sais où, en ne savant même pas ce que l’on pouvait me faire. J’étais dans un coma, j’ai rêvé pendant des heures, des cauchemars qui ont duré des jours entiers. Pour la première fois de ma vie d’avais peur de mourir. J’avais peur de perdre la seule femme que je n’avais jamais aimée sans avoir pu la protéger, peur de ne pas pouvoir la retrouver et l’abandonner lâchement. Un nombre inconnu de jours, c’était écoulé quand je finis par enfin retrouver connaissance. Je me trouvais dans une grande salle blanche, une chambre d’hôpital surement. J’avais une migraine atroce. Ma vue commençait doucement à s’éclaircir quand une série de lettres bleues s’afficha devant mes yeux. Je commençais à m’affoler quand Kévin et Sieg qui s’aperçurent de mon réveil vinrent me calmer.
« Qu’est-ce qui m’arrive ?
– On t’a retrouvé presque mort et on a tout fait pour te maintenir en vie. Me répondit Kévin.
– Et où est-ce que vous m’avez emmené ?
– On est à Paris, dans une chambre de la tour Libiothech.
– Et pourquoi j’ai des lettres bleues dans les yeux ?
– En fait, pour te maintenir en vie, on a dû remplacer soixante-dix pour cent de ton corps par des augmentations.
– Oh, génial… et à combien de temps remonte le massacre qu’a fait de salaud sur moi ?
– Environ six mois…
– Six mois !
– Calme-toi, je n’ai pas envie que tu détraques ton système, me rappela Sieg.
– J’imagine que j’ai eu droit au cœur de Técéros ?
– Oui, on a travaillé des heures durant Sieg et moi pour te mettre en place ce système.
– Au final, qu’est-ce que vous m’as changé ?
– À peu près tout. Les bras, les jambes, le cœur, les yeux, avec un implant HSS en plus.
– Oh non, je n’avais vraiment pas besoin de tout ça.
– En fait si, c’est moi qui ai forcé Kévin à tout faire pour te ramener.
– Et Nikki…
– On ne l’a pas retrouvé, ils l’ont emmené. Je suis désolé.
– Oh… Vous pouvez me laisser seul quelques instants.
– Pas de problème. Dès que tu as fini, tu pourras te rhabiller et sortir, on t’attendra.
– D’accord. Bon sang, mais qu’est-ce qu’ils m’ont fait ? »
J’étais sorti de mon lit et m’observais dans le miroir en face de moi. Je n’avais plus que le torse qui avait une apparence humaine, le reste était noir, en métal et s’illuminait comme le corps de l’ordure que j’avais rencontré. J’avais un bloc sous les yeux, une petite bande avec deux vis aux deux extrémités. Et une dizaine de trous sur le torse. Malgré cette apparence plus robotique, les améliorations n’étaient pas dérangeantes. J’aurais presque pu les oublier, à part, chaque fois que je voyais mes mains robotique. Je décidais alors de reprendre mes habits et de rejoindre les deux personnes à qui je devais ma survie. Mais juste avant de sortir.
(« Leo, tu l’avais prévu ça ?
– Rien ne m’avait échappé, s’il y avait le moindre souci, je t’aurais changé de temps, ou téléporté, c’était exactement ce que j’avais prévu. Tu comprendras un peu plus tard »)
« Où est-ce qu’on va ? leur dis-je en sortant.
– Dans mon bureau, enfin dans le labo de mon bureau.
– Tu peux rester avec moi quelques minutes Adam ?
– Bien sûr Sieg, je reviendrai te voir Kévin, ne m’attend pas.
– OK.
– Qui y a-t-il Sieg ?
– J’ai peur que l’accident ait endommagé des capacités et pouvoirs.
– J’en doute, Leo m’a dit que tout ce qui m’est arrivé était ce qu’il avait prévu.
– Tu en es sur ?
– Je pense que s’il y avait un souci, il m’aurait prévenu, tu n’as pas à t’en faire pour moi.
– Je l’espère, passe à la Tour quand t’auras une minute d’accord.
– D’accord. »
Je suis parti voir Kévin et traversant les étages par les escaliers pour me tester, une fois en haut je n’étais même pas essoufflé, ni même fatigué. Pas mal tout de même ces augmentations. J’arrivais enfin dans le labo de mon patron.
« Adam vient, j’ai pas mal de choses à te montrer.
– Je t’écoute. Dévoile-moi tout sur le nouveau moi !
– Et bien, pour commencer, les bases. Ton cerveau est un microordinateur.
– D’où les lignes de commandes que je voie dans mes yeux.
– Voilà, ton système interprète et traite tes pensées pour activer ce que tu lui demandes.
– Comme ?
– Ces données sont assez désagréables et puis je ne sais pas si tu t’es regardé dans une glace, mais plus tu as de données dans les yeux, plus tes yeux changent d’aspect, des cercles y apparaissent, et ce n’est pas forcément très agréable à regarder. Le bloc que tu as sous les yeux est un emplacement où se rangent deux verres souples en hexanium, ils filtrent ces données et te permettent de voir normalement. Si tu veux les déployer, tu n’as qu’à y penser, ça se fera tout seul.
– Facile.
– Les choses arriveront avec le temps, pour l’instant, tu as une amélioration de ta force, de ta solidité, tu cours plus vite et tu crains moins les sauts de grande hauteur. Je crois que j’ai fait le tour, les autres fonctions arriveront avec le temps. Alors, heureux ?
– Euh, ouais, on va dire ça comme ça…
– Tu es encore en vie, même si tu ne voulais pas tout ça, c’était le seul moyen.
– Oui, mais rien de tout ça ne me ramènera Nikki…
– Oh, mais tu t’en passeras.
– C’est ça oui ! Tu crois que je suis resté sur cette planète, ayant risqué des milliers de fois ma vie juste pour le plaisir ? NON ! Juste pour elle, pour être avec elle et la protéger…
– Rien ne prouve qu’ils l’ont tué, tu sais.
– Si seulement je pouvais en être sûr…
– Mène ton enquête, cherche qui est à l’origine de l’attaque, retrouve là et ramène là. S’il te faut de l’aide, je le ferai avec grand plaisir.
– Je te remercie, je vais penser à un moyen de la retrouver.
– Tu n’as pas des contacts dans le FBI qui pourrait t’aider sur ce genre de choses ?
– Oh, mais si ! Bien sûr ! Merci, Kévin, tu es un génie !
– Je le savais ça merci.
– Arrête ! Tu es trop modeste. Aller à plus !
– Attend, j’ai oublié, je t’ai posé un communicateur comme celui que tu avais au FBI, si j’ai besoin de toi je l’utiliserai.
– OK l’ami. »
J’avais une idée en tête. Aller voir la seule personne qui m’aurait poussé à entrer dans le FBI.
J’avais le souvenir que Justine voulait devenir policière, mais personnellement je ne l’aurais pas fait, je sais que j’aime l’action, mais au point de devenir flic, pire, agent du FBI. Je la retrouvais dans un café proche de chez elle.
« Oula, tu as mauvaise mine toi.
– Ouais, comme toi, sinon pourquoi tu porterais ces lunettes ?
– Et bien…
– Et puis où est-ce que tu étais passé pendant six mois ? Où est-ce que tu étais quand Loïc s’est fait tuer ?
– Oh, je suis désolé…
– Tu peux l’être ! J’avais besoin de toi moi, tu peux me le dire où est-ce que tu t’étais perdu ?
– Je… J’étais mort…
– Quoi ?
– Le 7 novembre 2062, le labo de Libiothech de Saint Saint Chély d’Apcher a été attaqué, ciblant justement Nikki, j’ai tout fait pour essayer de la protéger, lorsque je l’ai retrouvé, un homme baraqué m’a envoyé dans le décor me faisant traverser une vitre en verre et finir dans un écran. Résultat, j’ai fini dans le coma, quand ils m’ont retrouvé j’étais mort. Si je suis encore en vie, c’est grâce à leurs équipes qui m’ont refait entièrement. Je n’ai plus que le torse d’apparence humaine et Dieu seul sait si l’intérieur l’est encore. Si quand il s’est fait tuer je n’étais pas là, c’est parce que j’étais dans le coma, dans le temps où ils m’ont réparés, mais que je ne répondais pas encore.
– Merde, je ne savais pas. Et Nikki ?
– Enlevé…
– Oh…
– Et j’aimerais que tu m’aides à la retrouver.
– Oui, mais, tu ne veux pas qu’on sorte on sera plus tranquille.
– Oui.
– Monsieur, vous…
– Tenez et gardez la monnaie, répliquais-je en posant un billet de cinquante sur la table.
– Et comment veux-tu que je t’aide ?
– Tu m’as dit que Loïc s’est fait tuer, mais tu sais si c’est un accident, un meurtre ?
– Un assassinat, j’en suis sure.
– Tu sais qui aurait pu faire ça ?
– Je sais que le type qui a fait ça travaillait pour le compte d’une boite au nom d’Agentek.
– Agentek ? Pourquoi ai-je l’impression que cette entreprise n’est pas nette du tout ?
– C’est un centre de test, pour qualifier les méfaits des augmentations sur l’homme.
– Alors pourquoi ce type bossait-il pour eux ? Et qu’est-ce qu’il voulait à Loïc ?
– En fait, il s’était fait poser une augmentation pour son dos et au lieu de la prendre chez Libiothech, on l’a prise dans une petite boite de distribution appelée Liantek.
– Une seconde. Kévin, tu es là ?
– Toujours mon cher. Que te faut-il ?
– Tout ce que tu sais sur Liantek.
– Liantek est une entreprise de distribution d’augmentation, ils étaient sous notre boite jusqu’à ce qu’ils fassent assez de bénéfices pour se séparer de nous, par contre, personne ne sait comment ils font ces bénéfices. Tout ce que je peux te dire, c’est que sans nous, c’est devenu un ramassis de merdeux qui font des augmentations bas prix, pas stables et dont beaucoup de bénéficiaires se sont retrouvés morts, pour on se sait quelle raison. De plus, cette boite est associée à la ligue antiaugmentation, je ne sais pas pourquoi non plus. Ça n’a pas de sens. Ça te va comme info ?
– Ça me suffit merci.
– Au plaisir de t’avoir aidé.
– Alors ?
– Cette saloperie ne m’a pas l’air très claire, je vais aller foutre mon nez dans leurs paperasses.
– Oui, mais ça ne me ramènera pas mon chéri…
– Écoute, tu te souviens de te que je t’ai dit sur Leo ?
– Oui, vaguement.
– Il voyage dans le temps. Je suis parti il y a cinquante ans pour régler mon problème de santé dû à mes pouvoirs.
– Oui je m’en souviens.
– En fait le futur dans lequel je t’ai envoyé est celui où je serai resté seul. Où je n’aurais pas découvert que d’autres personnes comme moi existaient sur Terre, je n’aurais pas retrouvé L’Ordre.
– Mais qu’est-ce que tu veux dire ?
– Je veux dire que d’après ce que m’a dit Leo, toi et Loïc seriez comme moi, d’où le fait que vous avez pu voir la Tour et sentir le tremblement, dans ce futur, je ne vous aurais pas réveillé. Je vais le sauver Loïc, mais dans le passé, fait-moi confiance.
– D’accord.
– Tu acceptes de m’aider alors ?
– Oui, à une seule condition.
– Laquelle ?
– Que tant que tu es là, je sois avec toi. Tu habites où ?
– Dix-sept rues du Palais.
– Dis donc, c’est que tu es riche toi !
– C’est Nikki qui avait choisi cette zone, c’est riche, certes, mais c’est tranquille, tu verras.
– D’accord, merci. Je te laisse, il faut que je passe chez moi, à tout à l’heure. »
Je suis ensuite parti à la tour suite à la demande de Sieg de me faire passer encore des tests.
« Ah, tu es là, j’ai une petite série de tests à te faire.
– Pas besoin Sieg, je vais très bien. Tout ce que tu réussiras à voir c’est que rien n’a changé.
– Mais… Tu as quand même…
– Pas moi, Adam, je te rappelle que mes pouvoirs s’attachent à mon âme, pas au corps.
– Et Tanguy alors ?
– Pareil, il va très bien.
– T’es sûr ?
– Certain. D’ailleurs, Adam, j’aimerais que tu évites d’utiliser tes pouvoirs.
– Si tu veux, mais tu m’expliques pourquoi ?
– Ce que ces augmentations vont t’apporter te permettra de t’en séparer.
– Mais alors, pourquoi les vouloir ?
– Pour te faciliter la vie dans les limbes.
– Ah, ouais, c’est vrai que ça peut être utile.
– Sauf bien sûr si tu es en danger.
– Par contre Adam, tu ferais bien d’aller au coiffeur, ça ne te va pas les cheveux longs attachés.
– Ouais je sais, je vais y passer, tu n’as plus besoin de moi ?
– Non, tu peux y aller.
– À plus alors. »
J’ai opté pour quelque chose de plus long qu’avant, mais moins que ce que j’avais, une coiffure mi-longue méchée sur le côté droit. Elle cachait une partie de mon visage, pour masquer les traits de fatigues que le temps m’avait sculptées. Ce n’était pas superbe à voir, pas autant que mes yeux en mode invite de commande, mais bon je n’avais pas une bonne mine quand même. Je suis ensuite reparti chez moi, pour me reposer un peu.
« Bonjour monsieur Pearce.
– T’es marrante Kat, lui fis-je avec un petit sourire amusé.
– Pourquoi ?
– Je n’aime pas le Monsieur ni le Monsieur Pearce.
– Je sais, mais le système m’oblige à vous parler ainsi.
– Et bien, s’il le faut, tu peux me servir un Scotch je vais me prendre une douche moi.
– Tout de suite monsieur. »
Je suis finalement resté un long moment sous la douche, pensant et repensant à ce que j’étais devenu. Est-ce que j’étais encore un humain ? Ou est-ce que j’étais devenu plus qu’humain comme disait Kévin, ou moins humain ? J’avais totalement changé ou presque. Pourtant j’avais toutes les sensations, je sentais l’eau me couler sur les bras ou sur les jambes malgré leurs aspects métalliques. Peut-être qu’il avait raison, qu’ils rendaient les hommes encore plus humains et amélioraient leurs vies. Leur permettant de reprendre une vie normale après avoir tout perdu. Ils ne changent pas la nature humaine comme je le pensais, il l’adapte et l’améliore.
« Salut Tanguy t’est passé où ? Je euh…
– J’aurais dû mettre quelque chose en sortant de la douche je suis d’accord.
– Non, non. Tu fais ce que tu veux, tu es chez toi à vrai dire.
– Je te sens un petit peu gênée.
– Ben oui un peu quand même. Je ne t’ai jamais vu avec si peu d’habits puis comme ça, c’est bizarre.
– Je sais, même si je m’y suis fait, j’ai plus l’impression d’être humain, tout ça me laisse le léger sentiment d’être un robot. Une machine. Enfin, si tu veux poser tes affaires, c’est la première à gauche, tu as une salle de bain avec.
– D’accord, merci. »
On avait pris un appartement dont les pièces étaient plus somptueuses les unes que les autres, un si grand appartement qui me paraissait terriblement vide sans Nikki. Je m’étais aussi habitué à dormir avec quelqu’un à mes côtés, mais maintenant j’avais une immense et puissante impression de solitude qui m’accompagnait, malgré la présence de Justine, je savais que j’avais perdu quelque chose, quelqu’un et que dans un élan de compassion j’avais accepté qu’elle reste avec moi puisqu’elle aussi avait perdu tous ceux qu’elle aimait. Nous étions deux soldats que la perte de nos amours avait conditionnés à la vengeance et l’amertume de la solitude. Le cœur noirci et endurci nous avait rendus presque plus insensibles encore que les horreurs que l’on avait pu voir par le passé. Des robots programmés pour achever une haine attisée par des monstres aux cœurs encore plus sombres que le nôtre. Qui nous avait tout enlevé. J’avais du mal à dormir, je ne sentais même pas l’envie de dormir ni une quelconque fatigue. Peut-être que Kévin pourrait m’éclairer sur ce sujet. J’étais donc levé depuis quelque temps, révisant mes méthodes de combats et m’apercevant que la vitesse à laquelle j’opérais était bien plus importante qu’auparavant, quand une jolie demoiselle à peine réveillée vint m’interrompre dans mes enchainements.
« Bonjour madame, un café peut-être ?
– Oui, avec plaisir.
– Tu sais comment marche le service vocal ?
– Euh, non pas trop.
– Tu lui demandes quelque chose et elle te le fera.
– Elle ?
– Kat, un café pour mon invité.
– Tout de suite monsieur.
– Voilà, tu le lui laisses dans le salon, moi il faut que je parte.
– Et, tu veux que je te rejoigne après ?
– Non, repose-toi, je viendrais te chercher quand j’aurais besoin de toi.
– D’accord, mais, Tanguy. Promets-moi que tu feras tout pour le sauver.
– Je te le promets, je ne le laisserai pas partir, mais avant je dois leur faire payer ce qu’ils ont fait à ma copine et à Loïc.
– D’accord, à tout à l’heure. »
Il ne me restait plus qu’une idée en tête, opérer une vengeance sans conséquence sur le temps puisque j’agirais différemment dans le passé, grâce à tout ce que va m’apporter ce voyage dans ce futur. Voilà le grand avantage du contrôle temporel, pouvoir changer son destin. J’étais parti au boulot voir Kévin.
« Ah, Adam, je t’attendais.
– Tant mieux, parce qu’il faut que je te parle d’une chose.
– Vas-y, dis-moi.
– C’est normal que je ne me fatigue pas, je ne suis même pas arrivé à dormir, je n’étais pas épuisé.
– Oui c’est normal, certaines fonctions se sont déjà activées d’elle-même et tu n’as que celle-là ?
– L’endurance, la vitesse, la force. J’ai aussi l’impression de ressentir la présence des personnes à côté de moi.
– Bien, ça va plus vite que je ne pensais, la présence est le début du système de vision à travers les murs.
– Ah, j’aime ça.
– Tu vas aimer le reste aussi, il faut que j’active ton système d’autodéfense, tes réducteurs de chocs, ton ralentisseur et tes accélérateurs aériens. Aussi ton camouflage total, limité à trente secondes et tes amortisseurs sonores aux pieds
– Tout ça, eh ben dit donc tu m’as gâté !
– Tient tu as changé d’avis sur ces augmentations finalement.
– À vrai dire, j’ai eu le temps de penser et repenser, même avec ça j’ai toutes les sensations, c’est impressionnant !
– C’est ça l’innovation mon cher. Viens avec moi, j’en ai pour une minute. »
Puis quelques instants plus tard. Après quelques bidouillages.
« Voilà, ça devrait être bon. Tout ne viendra pas de suite, il faut le temps que les augmentations s’adaptent à ton corps. Par contre, tes accessoires de combats sont disponibles, tu as deux lames déployables sur les poignets, deux matraques ou tonfas aux coudes, et deux lames aux talons.
– Ah ouais quand même.
– Oui je sais je t’ai gâté, mais c’est fait exprès, pour que tout te soit bien plus facile. Parce que, toi seule face à une armée d’augmentés, tu vas souffrir.
– Non, ce n’est pas un tas de ferraille qui va me faire peur tout de même.
– Oui, c’est vrai, par contre, tu n’as pas ressenti une quelconque gêne au niveau du cœur, ou quelque chose du genre.
– Rien qui sort du naturel humain pourquoi ?
– Parce qu’il peut y avoir quelques soucis avec la partie qui sort et la chaire qui l’entoure.
– D’accord, s’il m’arrive quoi que ce soit, je te préviens.
– Dit tu as trouvé quelqu’un pour t’aider dans tes recherches ?
– Oui, pourquoi ?
– Parce que j’ai quelqu’un à te présenter, il a accès à toutes les bases de données de l’entreprise.
– Et, son nom ?
– Travis, Travis TouchDown, grand admirateur de votre réputation d’agent.
– Enchanté de te plaire l’ami. Parce qu’il va falloir que tu me supportes.
– En fait non, pas tant que ça, parce que je ne suis pas sur le terrain, toujours ici.
– Encore un qui a peur de faire face à la mort.
– Je ne te permets pas !
– Bienvenu dans la jungle mon ami, tu comprendras pourquoi je bosse seul.
– Je l’imagine déjà.
– Bref, je vous laisse, j’ai du boulot. Moi !
– Hey !
– Ne commencez pas vous deux. Vas-y Adam, je t’appelle si j’ai besoin de toi. »
TouchDown, ça ne fait pas un peu Otaku comme nom ? Le style glitch manga des années 1970, c’est, enfin voilà quoi, vous m’avez compris c’est le principe.
Je voulais expérimenter mon nouvel équipement, alors je suis retourné à la Tour pour m’entrainer.
« Kat, peux-tu me refaire ma dernière mission, qui m’a couté mon poste, en ajoutant quelques démons où ça te chante ?
– Tout ce que tu voudras. »
J’étais devenu un soldat d’élite, que rien ne faisait peur, rapide puissant, imprévisible, surpuissant. Seul hic, les armes équipées aux augmentations ne suffisent pas pour la mêlée. Il faudra que j’en trouve une à garder sur moi. Un katana ou quelque chose du genre.
(« Alors que penses-tu de toutes ces nouveautés ?
– C’est pas mal, ça m’aide bien, mais qu’est-ce que tu veux exactement pour me faciliter les choses dans les limbes ?
– Quelque chose que tu n’as pas encore d’activé, mais qui va arriver, la vision entre les murs te sera pratique, ton instinct encore plus développé t’évitera beaucoup de dangers.
– Et c’est tout ?
– Je cherchais aussi l’esprit solitaire d’Adam, puis sa façon de se débrouiller avec n’importe quoi n’importe quand.
– De quoi jouer plus facilement quoi ?
– Voilà ! Et quelque chose en plus pour les anges.
– Comment ça ?
– Je ne pouvais pas t’utiliser pour prendre l’âme de Toshiie, sinon tu aurais disparu pour toujours. J’avais besoin d’une force libre, poussée par un pouvoir mystique. Le pouvoir de créer un ange ! Le plus puissant de tous.
– J’imagine que c’est à moi de le trouver ?
– Exact.
– D’accord, je m’en charge. »)
Presque tout avait changé, mon apparence, ma personnalité, mon corps, mes capacités. Mais Leo cherchait quelque chose de plus, quelque chose de différent, de puissant. Mais quoi ? Le Pouvoir de créer un ange. Rien que le nom commence à faire peur. J’avais tout perdu, ma vie, ma femme, d’autant que ma meilleure amie et j’avais besoin d’elle pour achever ma vengeance, notre vengeance. Retrouver des salauds qui nous ont tout enlevé. Je n’avais plus qu’un objectif, et rien en m’empêcherai de l’achever.
Partie 6 : Chasseur de Vérité
En quête de vérité, des réponses à toutes ces questions, qui sont-ils ? Pourquoi nous ? Qu’est-ce qu’ils nous veulent ? Et aucune idée sur tout ceci même si quelques pistes me venaient à l’esprit, comme cette boite louche qui a vendu ses améliorations à Loïc, qui lui ont couté la vie malheureusement. Je devais remonter tout ceci et en trouver la source. Je savais que toutes mes actions ne me servaient à presque rien, sauf augmenter encore ma détermination, mon audace et surtout mon niveau, rien de ce que je ferai n’agirait sur le temps, enfin si, seulement je savais que ce futur était issu d’un temps où je serai resté le seul et j’étais dans ce futur pour acquérir tous les moyens de ramener tous mes amis, quels qu’ils soient. Je n’avais plus qu’un but, assouvir ma vengeance !
12 juin 2063, c’était la date d’anniversaire d’un très bon ami à moi que je n’avais pas vu depuis très longtemps. Anthony, je me demandais bien ce qu’il avait pu devenir. Enfin, j’avais passé quelques semaines à roder dans la ville, à chercher quelques informations par-ci par-là, par mes amis policiers, ou de simples passants, des informations sur toutes les entreprises d’augmentation, ou autres choses dans ce genre, de manière à me faire mon idée de la chose.
Comment les choses pouvaient-elles changer ainsi ? Mon meilleur ami, pourtant pas incapable de se battre, avait été assassiné, mais par qui ? Les recherches que j’avais menées sur cette boite, Liantek, me paraissaient suspectes. Une entreprises qui ne fait normalement pas crédit, enfin presque, les crédits qu’ils font ont étés remboursés à peine deux mois plus tard. Louche non ? Son gérant, Bob Barabas ne me semblait pas très clair non plus. Il n’est jamais ici et ses comptes finissent un peu partout, ou disparaissaient. Des employés payés on ne sait comment et aucun ne payaient d’impôts, de plus ils avaient tous droit à des augmentations, devinez comment. Gratuitement ! Je me décidais alors à aller mettre mon nez dans leurs paperasses et mon poing dans la gueule de cette enflure.
Tout le monde possédait des augmentations, sauf les antiaugmentations, quoique rien ne me le prouvait. On trouvait un peu partout en villes des cliniques AmpLib, ils vendaient des kits de dynamisation pour améliorer les augmentations ou effectuer des mises à jour des implants HSS de classe I. Le mien, de classe II, étant relié au réseau, il se mettait à jour dès que Travis m’en faisait une. Il m’exaspérait parfois, il était coincé à un point, concentré sur ses ordis et rien d’autre, qu’il vienne sur le terrain avec moi avec le risque de se faire tuer à tout moment, on verra s’il rigole toujours autant. Heureusement que je ne l’avais pas avec moi. J’étais habitué à travailler seul, ou avec Justine. Une fois mes petites investigations terminées, je me rendais au bureau de Kévin.
« Salut Kévin.
– Tiens, salut, Adam, assieds-toi, je vais t’expliquer ta mission.
– OK, je t’écoute.
– Voilà, j’ai recherché quelques petites choses moi aussi sur cette boite, après qu’ils nous aient quittés. On m’a dit que ce Barabas était souvent au centre de stockage du quartier de Vierra. J’ai demandé à Travis de me sortit un plan du site, que je t’ai envoyé, tu y trouveras des indications pour éviter de t’y perdre, ce bâtiment est immense.
– D’accord.
– De plus, j’ai une petite chose à rajouter à tes bras, des capteurs de sensibilités supérieurs, ils t’aideront à reconnaitre par exemple un mur creux, ou plus mince, que tu pourras exploser à main nue.
– Rien que ça ?
– Rien que ça, c’est tout con, mais c’est largement suffisant.
– Bonjour messieurs.
– Salut, Justine, je laisse finir Kévin et on y va.
– Voilà c’est bon, mais dit moi, comment tu es entrée ? demanda Kévin.
– J’y ai donné mon passe, moi j’arrive autrement.
– D’accord, je vous lâche alors, revenez entier.
– Compte sur moi !
– Tu ne trouves pas qu’il a changé ?
– Si un peu, un peu beaucoup, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai cette impression aussi. Il parait plus, libre.
– Par contre, comment on s’y rend ?
– J’ai un hélicoptère privé !
– Chouette !
– Salut, Maya, tu pourrais nous emmener au centre de stockage de Liantek dans le quartier de Vierra.
– Pas de soucis.
– Tu penses y trouver quoi ?
– Le gros !
– Qui ?
– Barabas, que je puisse y fracasser sa grande gueule de sale rat après avoir obtenu ce que je veux.
– Je veux bien, mais tu penses vraiment pouvoir le retrouver ?
– Ne t’en fais pas pour ça. Je m’en occupe. Je t’explique un peu, ce bâtiment est immense, on va se le partager OK ?
– Pas de soucis, à tes ordres, chef ! »
Il m’avait envoyé dans un des centres de stockage de la boite. Mais quelque chose clochait, pourquoi protéger un entrepôt ? À quoi bon voler des augmentations si on ne peut pas se les équiper ? Bref, arrivé sur les lieux avec ma chère ancienne collègue, qui avais tenu à m’accompagner. (je la comprends, elle aussi veut en savoir plus) On s’était partagé l’édifice en deux, elle à gauche et moi à droite. Mes nouvelles capacités me donnaient des avantages, inutiles même je n’avais rien perdu de mes talents d’officier. Discrétion et efficacité. J’avais pris le temps d’appréhender toutes mes nouveautés, sauf la dernière, pour être plus efficace. On avait investi cet immense édifice, plus grand encore que la Maison-Blanche aux États-Unis, peuplé de milliers de couloirs tous plus longs les uns que les autres. Interminable labyrinthe dont la sortie m’avait échappé depuis quelque temps. Travis m’avait transmis le plan histoire que me guider un minimum. J’avais laissé Justine seule, espérant qu’elle puisse se débrouiller sans problèmes. En apparence oui, car je n’ai jamais entendu ma radio s’allumer. Et j’avançais, sans trop savoir quoi chercher. Piratant les terminaux de sécurité et les ordinateurs à ma disposition, cherchant des infos, des codes, des dates, des endroits. Justine m’appela pour me dire qu’elle avait trouvé où étaient stockées les augmentations de contrefaçon et m’annonça se charger d’aller chercher des échantillons. J’avais pris quelques minutes auparavant un homme en filature, mais perdu de vue, je m’étais posé dans une salle dans les environs. Je n’avais pas remarqué qu’il revenait, mais lorsqu’il passa la porte, quelque chose dans les bras me poussa sur lui, sa gorge sous ma lame, sans autres issues que la mort ou le répit.
« Ah ! Non ! Ne me tue pas. S’il te plait !
– T’as quelque chose à m’apprendre pour que je te laisse en vie ?
– Qu’est-ce que tu veux ?
– Savoir où se trouve le con qui t’emploie.
– Secteur sept, il y est en ce moment. Mais pitié, ne me tue pas, j’ai une famille.
– Je ne veux pas te tuer. Pas toi. Va-t’en. »
(« Tu n’es tout de même pas sans cœur, tu n’as pas tant changé que ça.
– Je suis d’accord avec toi, j’aurais pensé que tout ceci m’aurait dénaturé, déshumanisé même.
– Tu n’as pas à t’en faire, rien n’a changé. »
J’avais pris la direction du secteur sept, j’avançais tranquillement, mais quelque chose n’allait pas, mes membres commençaient à s’endolorir un à un. Mais cette sensation était étrange, c’était comme si je vivais la douleur de quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui était en danger. Je n’arrivais pas à trouver la source de ces douleurs, quand tout à coup, j’ai repensé à Justine, l’ai entendu crier. Je me suis téléporté près d’elle, juste derrière celui qui l’attaquait et une fois sur place, je lui ai tranché le corps avec mes deux lames.
« Tu aurais dû me prévenir, je ne veux pas d’un mort de plus.
– Merci Tanguy, pourtant lui tu l’as bien tué.
– Sauf que lui c’était un tas de ferraille sur patte. Et ce n’est pas mon ami. Tu as récupéré des échantillons ?
– Oui, on va où maintenant ?
– Secteur sept, j’ai croisé une bonne âme qui m’a avoué l’emplacement de cette pourriture.
– Et tu veux le tuer ?
– Non, je vais juste lui taper la causette histoire de faire connaissance !
– T’es toujours aussi chiant !
– Le temps ne m’arrange pas, surtout à force de me faire détruire et que l’on détruise le monde que j’ai mis des années à faire. Mon arrogance et ma colère envers ces connards n’arrangent rien. Tu le sais bien que de toute manière, personne ne m’a jamais aimé, autant toi que Loïc ou que n’importe lequel de mes amis.
– Arrête, tu sais très bien que c’est faux !
– Prouve-le-moi ! Trouve-moi un seul détail qui me prouve que je me voile la face sur ce sujet !
– Euh…
– Tu vois, si je pense toutes ces choses, c’est parce qu’encore une fois, le monde ne m’a jamais fait de cadeaux et que tout ce que je pense se vérifie. À chaque fois !
– Excuse-moi. Je…
– Ce n’est rien, j’ai appris à faire avec, à mes dépens et à celui de mon cœur. La chance n’a jamais été avec moi, pourquoi elle devrait changer maintenant.
– Parce que tu es quelqu’un de bien, quelqu’un en qui beaucoup de personnes ont confiance, moi y compris…
– Personnellement j’en doute.
– Et pourquoi ?
– Tu te souviens de l’époque où on était encore au lycée ? Des tas de fois j’ai eu l’impression que tu n’en avais rien à faire de moi. Quand, au final je n’étais que le seul fautif.
– Oh, tu ne vas pas remettre ça !
– Si tient, tu vois, pendant des mois je te disais que personne ne m’aimait, que tout le monde me détestait, qu’au final toi tu ferais pareil, que tu m’abandonnerais quand tu en aurais marre de moi. Mais tu t’obstinais à me prouver le contraire. À plusieurs reprises tu t’es foutu de moi en voulant me remonter le moral, mais ensuite tu m’as abandonné comme je te le disais, j’en suis arrivé à vouloir terminer mes jours plusieurs fois, mais toi tu n’en avais rien à foutre, puisque tu ne m’aimais pas. Je dirais même que tu me détestais !
– Tu me fais chier, si tu veux être comme ça, moi je m’en vais ! »
J’avais bien raison, le temps passait, mais tout mon monde restait à jamais le même, sauf moi. C’était déprimant à voir. Ce n’était pas pour autant que j’en arrêtais mon voyage. J’avais toujours mon objectif en tête rien d’autre. Mais quand même une petite, culpabilité pour ce que j’avais fait, je me sentais coupable de m’être emporté comme ça, je m’étais arrêté dans une pièce, un peu cachée pour éviter les ennuis. Je commençais à fatiguer, mais c’était étrange, une douleur partant du cœur, me prenant tout le corps. Je tenais plus debout, ma vue se troublait, tous mes membres s’endolorissaient un à un. Puis une voix résonante vola autour de moi, je connaissais cette voix. Justine. Merde je savais que je n’aurais pas dû la laisser partir. Je suis sorti, à moitié affalé sur moi-même. Et le sol se mit à trembler et une fois de plus, je fis mon retour dans les limbes.
« Barabas !
– À toi de jouer l’ami !
– Mais je n’ai pas mes armes, je les ai laissés dans ma chambre.
– Tu n’en as pas besoin. Utilise tout ce que tu as acquis avec Adam. Ça te ferra un entrainement pour après. »
J’avançais, suivant les cris, sentant sa peur au fond de moi. M’offrant un courage inébranlable. Mais l’environnement m’empêchait d’avancer et je faisais face à une crevasse infranchissable.
« Souviens-toi ce que t’a dit Kévin. “Tes réducteurs de chocs, ton ralentisseur et tes accélérateurs aériens.” Tes jambes sont puissantes et je suis sûr que tu peux voler sur une courte distance.
– Je vais essayer. Au pire, je meurs non ?
– Ne t’en fait pas, fais-moi confiance »
Il avait raison, je vole dans les limbes, sur de courtes distances avec de légers propulseurs dans les bras.
« Efficace. Mais ce n’est pas tout, mais j’ai quelqu’un à sauver. »
Je suis reparti, comme une flèche, plus rapide que jamais. Plus j’avançais, plus les choses autour de moi disparaissaient, laissant apparaitre uniquement mes cibles, Barabas et Justine. J’avais une dernière crevasse à traverser et je me jetais sur cette ordure.
« Tanguy ?
– Leo, je savais que tu viendrais la chercher.
– Ta gueule Barabas, si tu veux t’en prendre à quelqu’un, prends-t’en à celui qui t’offre une résistance.
– C’est ce qu’on va voir ! »
Il se jeta sur moi, voulant m’attraper, mais j’étais plus rapide, l’ayant pris par le cou, j’y présentais ma lame sous la gorge.
« Je vais te faire parler saloperie. Pourquoi tu fais tuer ceux à qui tu vends des améliorations !
– Pour les sous et pour éviter des pourritures comme toi !
– Qui tu emploies pour les tuer ?
– Je ne te le dirai pas enfoiré. Tu n’es qu’un échec de plus des enchainés. Je n’ai pas peur de la mort.
– Je vais te faire peur moi gros sac à merde ! »
Je l’avais défiguré, arraché tous ses membres augmentés et j’avais commencé à aller chercher son cœur.
« Ah ! Arrête, Agentek !
– Quoi Agentek ?
– C’est eux que j’emploie pour tuer ceux que j’augmente. Mais par pitié, ne me tue pas !
– Je le savais. Allé, dégage je veux plus te voir ! lui répondis-je en le lançant à travers la fenêtre.
– AH ! NON !
– Tanguy je…
– Non rien c’est moi, je n’aurais pas dû m’énerver.
– J’avais peur qu’il s’attaque à moi. Je crois qu’il vaut mieux que je te laisse faire tes recherches seul.
– Ce serait aussi bien. Je n’ai pas envie de perdre une personne de plus.
– Mais ça ne changerait rien ?
– Je le sais, pourtant je n’ai pas envie quand même.
– Comment tu as fait pour m’entendre et me trouver ?
– Te trouver, je vois à travers les murs et t’entendre, je ne sais pas… Je me pose à la maison, faut que j’aille faire mon rapport au patron.
– Avec plaisir. »
Quelques minutes plus tard, j’arrivais au bureau de Kévin.
« Bonjour, Adam, comment allez-vous ?
– Ça va très bien merci. Où puis-je trouver le chef ?
– Dans le bureau de Travis
– Je te remercie.
– Tiens, regardez qui voilà !
– T’es chiant Travis. Kévin, je pourrai te voir seul un moment.
– Bien sûr.
– Et moi alors ? Vous n’en avez rien à foutre de ce sur quoi je travaille ?
– Bien déduit !
– Adam ! Je reviens Travis. Que te faut-il ?
– J’ai fait mes recherches. Déjà, Liantek n’était pas totalement innocente, j’ai pour ainsi dire, discuté avec le patron et il faisait bien tuer une grande partie des personnes qu’il augmentait. Des augmentations de contrefaçon en plus, j’ai des échantillons qu’il faut que je te laisse pour l’analyse. Et il payait Agentek pour assassiner ses cibles.
– Quoi ? Mais non, c’est une grande entreprise de distribution, même si elle était une de nos concurrentes, pourquoi nous voudrait-elle du mal ?
– Peut-être pour pouvoir profiter des augmentations par le fait que tout le monde en porte, sans vous, ils sont les seuls producteurs et peuvent en faire ce qu’ils veulent.
– Ça n’a pas de sens !
– Justement si. Contrôler la population, l’endoctriner et la mettre à leurs services sans aucun effort, simplement en leur prouvant que les augmentations les aides et ensuite, une neurotoxine ou quelque chose du genre.
– Mais c’est horrible !
– Je sais.
– Mais pourquoi avoir pris Nikki alors ?
– Parce qu’elle possède une connaissance inimaginable, parce qu’elle a traversé le temps comme moi et qu’elle représente un danger pour eux.
– Et pourquoi pas toi ?
– Parce que je ne suis qu’un flic, rien de plus.
– Pas faux. Au fait, tu pourrais me suivre au labo, j’aimerais te faire passer une petite analyse.
– À propos, j’ai un léger souci, tous mes systèmes se brouillent j’ai l’impression d’avoir été détraqué.
– Je le pensais, seulement je n’ai rien pour te garder éveillé le temps que je fasse les modifications de ton cœur.
– Et ton générateur magnétique ?
– Inutilisable. Je ne sais pas comment lui faire suivre le magnétisme correctement.
– Avec un script.
– Comment ça ?
– Tu crées un script en boucle, qui alimente uniquement deux aimants, ceux qui doivent tirer la barre, ils doivent être alignés et alimentent les autres pour les pousser, ainsi de suite, tu tournes les uns à la suite des autres.
– Pas bête et ça marche en plus. Je te branche dessus, te laisse en stase et fais les réparations, à tout de suite. »
Je n’étais pourtant pas resté longtemps en stase, mais pour moi, ce temps m’avait paru une éternité. J’avais rêvé, d’une ville à deux étages, d’un port et d’un paquebot, transportant je ne sais quoi, mais je savais que c’était là-bas que je devais me rendre. Puis quelque chose me sortit de mon rêve brusquement.
« Tokyo !
– Quoi ?
– C’est là-bas qu’il faut que j’aille.
– Et pourquoi ?
– Je ne sais pas, mais il faut que je m’y rende, j’ai fait un rêve étrange, j’étais dans une immense ville sur deux étages, j’embarquais dans un bateau et j’y ai vu celui qui m’a presque tué.
– Alors je vais t’y envoyer. Je t’explique un peu, les modifications t’apportent une régénération continue, plus rapide que le corps lui-même, ciblée sur tes organes, un autre système de régénération, plus puissant, s’occupera de tes améliorations et du reste, il lui faut trois heures pour agir totalement. Par contre il n’a aucun effet sur ton tatouage énergétique.
– Si j’ai bien compris, tu m’as juste rajouté quelque chose pour éviter que je me consume moi-même.
– Exact, quand j’ai vu l’aspect qu’à ta peau autour du cœur, j’ai préféré te l’inclure. En fait l’énergie est tirée plus vite que je le pensais et tes cellules humaines ne le supportent pas. »
J’ai interchangé le générateur avec mon cœur et une fois en place, son énergie me traversa le corps, comme le jour où Sia m’avait soigné en utilisant mon collier et ses pouvoirs.
« Voilà, t’es comme neuf, donc, il faut que je t’envoie au Japon ?
– Oui, il faut que je la retrouve, il faut que leur fasse payer ce qu’ils ont fait.
– Oui, une minute, me dit-il en décrochant le téléphone. Oui, salut, ça va oui, quoi ? Oui je me souviens et vous l’avez trouvé ? Donc j’imagine que tu n’es pas prête de revenir de suite ? D’accord, salut.
– Qui est-ce ?
– Ma femme, elle a retrouvé le tombeau d’un dieu.
– Un dieu ? Ta femme est archéologue ?
– Oui, archéologue des civilisations que ça s’appelle. Elle a découvert qu’avant nous il y avait une civilisation bien plus évoluée que la nôtre. Avec des fragments, encore un truc biblique, d’Eden, je crois. Le Dieu du temps qu’elle m’a dit, Tosh… truc.
– Toshiie.
– Oui exact, tu en as entendu parler ?
– Pas tout à fait, il est à l’origine des pouvoirs de Leo, il cherchait son tombeau justement, tu pourrais m’indiquer où est ta femme ?
– Bien sûr, c’est dans les environs de Pékin, une petite montagne pas loin. Je ne connais pas le nom.
– Merci, je le retrouverais. Je te laisse, j’ai quelque chose à faire, à demain. »
Qu’est-ce qui m’avait poussé à le retrouver et comment avais-je fait pour être aussi sur que c’était là-bas qu’il fallait que j’aille ? J’ai pensais que Sieg pourrait m’éclairer.
« L’amour !
– Quoi ?
– C’est l’amour qui t’a permis de la retrouver indirectement en trouvant ton agresseur.
– Perspicace, mais comment expliques-tu, le fait que je l’ai vu, que je me suis vu monter sur le bateau ?
– Une, vision… Ça voudrait dire que tu peux maitriser la vision temporelle !
– Grâce à sa faculté à avoir des rêves prémonitoires.
– Et tu n’aurais pas pu le dire plus tôt !
– Je n’étais pas sûr que tu en serais capable.
– Dans tous les cas, il faut que j’y aille. Tu viens avec moi Sieg ?
– Oui pourquoi pas, ça peut être drôle. Mais reprends tes armes, on sait jamais.
– Exact, on se retrouve à Tokyo demain ? J’aimerais retourner chez moi avant.
– Pas de soucis, à demain l’ami. »
Mon plan était en place, j’avais toutes les armes en main pour achever ma vengeance. Seulement quelque chose me tracassait. Qu’est-ce qui me poussait à continuer, je pense que Leo m’a fait obtenir ce qu’il voulait pour mon bien, mais pour quoi me laisser continuer ? Il restait malgré tout, une question dont la réponse me restait inconnue et que Leo ne me donnerait pas, je devais la découvrir par moi-même.
J’étais retourné chez moi, je voulais aller voir quelqu’un. Lorsque j’étais arrivé, Kat ne signala pas mon entrée, comme si elle ne voulait pas la déranger. Elle se tenait à la même place que le premier jour que j’avais passé dans cet appartement. Devant la baie vitrée à contempler la vue d’une ville si immense et belle. Qui avait su rester authentique malgré les avancées technologiques.
« Je ne pensais pas te retrouver là.
– Je n’ai pas envie de retourner chez moi, j’y ai trop de souvenirs.
– Je te comprends…
– Tu sais, je me dis que celui qui l’a tué se trouve surement dans cette ville, mais que je ne sais pas où il peut se cacher.
– Non, il n’est plus ici. Il est à Tokyo et je pars demain pour le retrouver.
– Je veux venir avec toi.
– Non, je n’ai pas envie que tu te fasses tuer toi aussi. Je préfère y aller seul.
– Alors je veux que tu fasses quelque chose pour moi. Un grand aux cheveux gris lui a pris le collier que je lui avais offert. Ramène-moi-le s’il te plait.
– Tout ce que tu voudras.
– Merci ! me répondit-elle en me serrant dans ses bras. Je vais te laisser, bonne chance. »
Pendant un laps de temps, j’avais un frissonnement dans les bras et une lueur verte qui s’en dégageait.
(« Je le savais.
– Quoi ? Tu sais ce que ça veut dire ?
– Oui, elle aussi possède cette force en elle, j’imagine donc que ton ami Loïc doit aussi en faire partie.
– Il faut donc que je les réveille c’est ça ? Tu m’expliques comment ?
– Pas de suite, dans ton temps. Tu verras ça sera plus simple que ce que tu le penses.
– Je l’espère. Et comment je saurais qui ils sont ?
– Je ne sais pas, ton imagination et tes idées te donneront peut-être la solution.
– Merci de ton aide l’ami.
– C’est un plaisir ! me fit-il suivi d’un petit rire narquois. »)
Une fois de plus je n’avais pas dormi, j’ai passé la nuit à m’entrainer et à jouer de la musique. Je savais jouer du piano, même si je ne savais pas qui m’avaient appris. Peut-être Loïc ?
Mercredi 13 juin 2063, j’étais reparti tôt le matin, avant que Justine ne se lève. J’avais donné rendez-vous à Maya sur le toit de mon immeuble pour partir. Le voyage pris une heure à peine. Elle me laissa à trois kilomètres du port, sur un bâtiment d’Agentek. J’en avais fait un peu le tour, récoltant quelques informations par-ci par-là. Le bateau était censé partir vers midi. J’avais donc cinq heures pour m’y rendre et trouver quelques infos de plus. Sieg me rejoignit lorsque j’étais sorti de l’édifice.
« Content de voir.
– Si tu savais, je ne sais pas pourquoi, mais je la sens mal cette mission.
– Pourquoi ça ? Tu as tes pouvoirs, tu ne crains presque rien !
– Presque comme tu dis. Tu veux que je te dise. J’ai peur.
– Peur de quoi ?
– D’avoir fait tout ça pour rien, peur d’en arriver à échouer ou même pire, mourir sans avoir pu la sauver.
– Rassure-toi, on va gérer ! »
On s’était dirigé vers le port, avançant tranquillement quand un allumé nous arrêta. « Eh ! L’augmenté ! » Je n’avais pas prêté attention à lui dans un premier temps, mais je n’avais pas trop le choix.
« Oui c’est à toi que je cause tas de ferraille !
– Qu’est-ce que tu me veux ?
– On sait pourquoi t’es là. Je vais te casser ta gueule, tu n’auras pas le temps d’aller les voir ! »
Je lui avais tout juste laissé le temps de finir sa phrase que je lui avais déjà transpercé la gorge avec la lame que j’avais dans le coude.
« Ouh ! Il a pris cher !
– Je les éliminerais un par un s’il le faut pour la retrouver.
– Tant mieux. On y retourne ?
– Avec joie ! »
On avait continué à marcher, arrivant à onze heures devant notre cible. On avait fouillé le paquebot de part en part, sans rien trouver d’intéressant. Ou presque. Arrivé dans la cale, on était tombé sur une grande salle vide, noire. Quand d’un seul coup, la salle s’alluma, dévoilant un mastodonte de deux mètres de haut.
« Pearce !
– Steven !
– Vous, vous connaissez ?
– Un vieil ami.
– Tu sais que ton mystique ne te sert à rien ici !
– Je sais, je n’ai pas besoin de lui pour te démonter une fois de plus.
– Tu crois vraiment que tu peux me terrasser ! Tu t’es regardé ! Tu ne fais même pas la moitié de ma carrure !
– Et ? Tu crois que c’est que qui va m’empêcher de te tuer ? Tu sais, se battre comme une brute ne sert à rien, apparemment tu n’as pas retenu ce détail de ta dernière défaite !
– C’est ce que tu crois, tu ne me vaincras pas cette fois-ci ! »
Cette brute se jeta sur moi, inconscient. Il arrivait à m’infliger quelques dégâts, tandis que moi j’utilisais les lames de Lucifer pour l’attaquer. Après dix minutes de combat, j’étais tout de même parvenu à l’épuiser.
« T’es idiot ou tu le fais exprès ? Depuis le début tu ne te défends même pas ! À part à me planter ces lames fantômes !
– C’est toi qui es con, elles ne sont pas fantômes, je vais te montrer. J’ai qu’à claquer des mains et… »
D’un coup, toutes les lames explorèrent en même temps. Le réduisant à un tas de chaires saignant et agonisant.
« Alors, je suis toujours aussi inutile, lui fis-je avec un léger sourire sarcastique.
– Achève-moi ! Pitié !
– Laisse-moi réfléchir… Non ! Ça te ferait trop plaisir que je le fasse ! » lui répondis-je en passant à côté de ce qu’il restait de lui. « La meilleure mort pour toi reste la souffrance ! Et, ton collier, je le récupère, tu n’en as plus besoin maintenant, puisque toi aussi tu es mort, comme la cible à qui tu l’as récupéré !
– Et à quoi il va te servir ? Je doute que ce soit Leo qui te l’ait demandé.
– Sieg, pourquoi faudrait-il que tout ce que je fais ne concerne que Leo ? C’est Justine qui a voulu que je le récupère.
– Ah. Et maintenant ?
– On se laisse guider !
– Comment ça ?
– Le bateau nous mènera là où on doit aller.
– Oui, mais comment on se cache ?
– Oh, j’ai omis ce détail. En fait là je ne sais pas trop.
– Moi personne ne me voit, mais toi. Si je crois qu’il y a des cellules de stase dans la salle d’après, tu pourrais t’y mettre.
– Et finir on ne sait où n’importe quand ?
– Exact.
– Bon, si je n’ai pas le choix. À plus l’ami, en espérant que je ne me ferai pas tuer. »
Je m’étais donc confiné dans ce tube, endormi, une fois de plus. N’attendant qu’un con pour venir m’en sortir. Seulement j’espérais trop. On m’en avait bien sorti, je ne sais combien de temps après. Je savais juste que l’on m’avait installé sur un siège, attaché aux mains et aux pieds. J’y avais passé des jours et à chaque fois une femme me demandait qui m’envoyait et comment j’étais arrivé à m’infiltrer. On me frappait à chaque fois que je ne répondais pas ou mal. Je ne sais pas combien de temps j’avais passé assis sur cette chaise. Mais le temps commençait à se faire long, très long…
(« Adam ! Adam !
– Quoi, qu’est-ce que…
– Je vais te sortir de là.
– Alors fait vite.
– Presque, il faut que la femme revienne, sans elle je ne peux rien faire.
– Quoi, mais pourquoi ?
– Fais-moi confiance, je veux juste que tu l’obliges à te regarder dans les yeux, et qu’à ce moment-là tu replies tes lunettes.
– Et quoi ça pourra bien nous servir ?
– Fais-moi confiance. Je te laisse elle arrive. »)
« Il est enfin réveillé. Alors M. Pearce, vous êtes décidé à parler aujourd’hui ?
– Venir me voir tous les jours, ça en deviendrait presque du harcèlement sexuel !
– Allez-y ! Jouez avec moi. Riez, mais moi, vous ne me ferez pas rire.
– Non, mais je suis sûr que je peux vous faire votre petit cul !
– Mais c’est qu’il perdrait la tête l’agent du FBI. Vous êtes tombé amoureux de moi et avez oublié l’autre ?
– Non, juste que j’admire votre corps de salle chienne. Combien de fois vous faites-vous sauter pas jour. Deux ? Trois ? C’est que l’on doit se faire chier ici quand même !
– Il va se calmer l’autre là, vous n’avez aucun moyen de me faire plier, mais moi si !
– Et moi j’ai un moyen de vous rendre encore plus heureuse que le con avec qui vous êtes !
– Et comment ? J’aimerais bien voir ça !
– Approchez, c’est un secret. »
Et elle m’écoutait, s’approchait de moi, me fixant droit dans les yeux, oubliée dans mon regard caché par mes lunettes et j’appliquais le conseil de Leo, j’enlevais mes lunettes et laissais mon ami jouer. « Regarde et admire le contrôle de l’âme. » La femme en face de moi se mit à crier, perdant la tête. Puis d’un coup elle s’arrêta et se tourna vers moi. J’observais ses yeux et ils étaient devenus blancs.
« Qu’est-ce que tu lui as fait ?
– Un soldat à ton service, tu n’auras qu’à l’assommer et quand elle reprendra ses esprits elle redeviendra normale.
– Détache-moi !
– À vos ordres !
– Ah ! je me sens mieux. Mais que vais-je bien pouvoir faire de toi ? »
La vitesse à laquelle ces quelques évènements arrivèrent m’avait fait oublier le fait que je n’étais pas seul et qu’il y avait surement du monde dans les parages.
« Ton esclave sexuelle !
– Quoi ?
– Ben oui, ça fait trois mois que tu es attaché ici, tu dois être en manque ?
– Trois mois ?
– Ouaip. Je me présente, je m’appelle Ilan Anderson, enchanté de faire la connaissance du grand Adam Pearce.
– Euh…
– T’inquiète, je suis avec toi, je suis du FBI J’ai été envoyé pour les traquer, mais à mon avis tu feras à meilleur boulot que moi !
– Et je te la laisse ?
– Avec plaisir, va, tes fringues sont dans mon bureau, je t’y retrouverais. »
Un allié dans ce labyrinthe de fer. Super, finalement ce n’était pas si compliqué que ça ! Nous étions donc repartis, sans trop savoir quoi chercher, surtout moi.
« Il est censé arriver où ce rafiot ?
– Quelque part en Arctique, dans une base de recherche biologique de Liantek, pourquoi ?
– Et il est arrivé ?
– Depuis trois jours oui. Mais pourquoi tout ça ?
– Ma femme est ici et je suis ici pour la retrouver.
– Et comment tu veux t’y prendre, ce n’est pas que ce bâtiment est immense, mais un peu quand même. Regarde par toi-même.
– OH ! répliquais-je en jetant un œil dehors. Pas grave, je la trouverai tout de même !
– Bon, à être là, je cherche un moyen de repartir et toi tu fais ton affaire ?
– Pas de soucis. »
Je m’étais dirigé vers l’édifice glacé, entrant de force, n’ayant que pour cible ma femme, que je voulais retrouver. À ce moment, un imbécile vint m’importuner.
« Adam ! Enfin je vous joins. Où êtes-vous ?
– En Arctique !
– Quoi ? Mais vous faites quoi là-bas !
– Ce pour quoi j’ai été engagé, je vais éradiquer la source de vos problèmes !
– Mais non ! Vous ne pouvez pas éliminer nos alliés.
– J’écoute mon patron, vous feriez mieux de faire comme moi plutôt que d’écouter votre grande gueule ! »
J’avais raccroché avant qu’il puisse me répondre. Je devais achever mon plan et rien ne m’en empêchait ! J’étais seul, pas pour longtemps, Sieg m’avait rejoint quelques minutes après que je sois entré.
« Alors, où va-t-on ?
– À toi de me le dire ! J’ai deux objectifs, Nikki et ses salauds.
– Ils sont au sous-sol vingt-trois.
– Y’a pas quelque chose qu’il faudrait que je récupère en plus ?
– Pas que je sache.
– C’est parti alors ! »
Et le voyage commençait, on visitait tous les étages, succinctement, regardant si on ne trouvait pas un idiot voulant nous tuer. Et on avançait, tranquillement, en se racontant des conneries, pour ne pas penser à ce qui nous arriverait en bas. Et on ne l’imaginait pas du tout.
Une demi-heure plus tard, on arrivait à cet étage. Rien ne s’offrait à nous, mais rien du tout. Sauf, un immense robot, enfin un robot, un drôle de truc en ferraille qui apparemment n’appréciait pas notre entrée.
« Adam, tu vois ce qu’il a sur le torse ?
– Non, quoi ?
– La clé !
– La clé des anges ! Voyage stellaire !
– Quoi ?
– C’est la clé du tombeau de Toshiie.
– Tiens, mais qui voilà ? Tu viens chercher ta belle !
– Et t’arracher la pompe qui te sert de cœur, si encore t’en as une.
– Adam, je m’occupe du robot et tu le fais ?
– Je tiens à préciser que cette machine est la prison de ta jolie femme. Tu le détruis, tu la tues. Je suis le seul à pouvoir l’ouvrir.
– T’inquiète, je ne vais pas la tuer. Tu oublies que je suis comme toi. Ne t’en fais pas. Et fais-moi confiance !
– Alors je vais pouvoir me défouler !
– Le grand agent du FBI. Le retour fracassant ! Dans un écran de sa boite. Quelle fin tragique !
– Dommage, ce n’est pas ma fin et rassure-toi, je te réserve plus glorieux encore.
– J’ai hâte de voir ça ! »
Le combat se lançait, mais un grand problème survenait, il était toujours plus puissant que moi. Je ne lui faisais rien, ou presque rien, il m’esquivait et je prenais tous ses coups.
« Malgré tout ce qu’on t’a posé, tu restes toujours aussi minable. Un petit homme comme les autres.
– Mais au moins moi je suis encore un homme et pas un tas de ferraille sans cœur comme toi.
– Oh ! Le pauvre petit, il lui reste une part d’humanité. Ah oui ! C’est vrai, elle t’a mené jusqu’à ta copine. Mais à quoi bon si tu ne peux pas la sauver ?
– Qui te dit que je ne la sauverais pas ? Je ne suis pas comme toi. Épisode 1 : Le tas de ferraille contre l’aliéné augmenté !
– Quoi ?
– Leo, la clé ! »
Sieg me lança la clé du robot, le mettant hors service. La construction que Sieg avait donnée au cœur de Técéros avait été étudiée pour y accueillir cette clé. Je l’ai inséré et d’un coup tout autour de moi se figeât, plus personne ne bougeait, même pas Sieg. Je sentais mes bras bruler et une force surpuissante m’emporter. À ce moment, Leo avait pris le dessus et c’était déplacé devant notre ennemi effaré et perdu par ce qui lui arrivait.
« Mi-ange, mi-démon. Ce n’est pas un tas de ferraille qui fera plier le grand Leo Kryssen ! »
Une fois de plus quelque chose avait changé, ma force et ma puissance avaient doublé ou triplé. Je me sentais capable de tout, même de terrasser le plus puissant des monstres. Mais mon adversaire n’était pas d’accord avec moi et n’avait pas dit son dernier mot.
« Bon et maintenant, tu penses pouvoir m’avoir ? Avec ta nouvelle jolie voix ?
– Je ne pense pas, j’agis ! »
Instantanément Leo se jeta sur lui, l’attaquant à une vitesse fulgurante, chaque mouvement, chaque attaque, chaque coup lui étaient destinés et tous l’atteignaient. Seulement cette fois-ci, ce n’était pas son combat et me rendis ma place.
« J’ai quelque chose à te rappeler, je ne suis pas de ton monde, je ne suis pas comme toi. Je ne suis comme personne. Seulement moi, j’ai la capacité de t’anéantir !
– J’en doute fortement… me répondit-il en agonisant.
– Sauf si tu ne l’as pas remarqué, tu m’avais presque mis dans ton état, mais moi je me régénère, toi non.
– Adam, ses armes. »
Sieg me jetait deux épées courtes, assez larges, que j’attrapais. Je jouais un peu avec, narguant celui qui se trouvait en face de moi.
« Eh, mais elles sont à moi ces armes !
– Exact Leo, je les ai récupérées sur ta dépouille quand je t’ai tué en 1952. Eh oui, c’est encore moi et non tu ne m’avais pas tué. Je suis un voyageur, ce n’est pas un misérable Gardien de L’Ordre qui va me tuer.
– Tu crois. Rafraichis-moi la mémoire. Un voyageur comme toi, meurs bien dans tous les temps, puisqu’il est intemporel !
– Tel que toi !
– Certes, sauf que cette fois-ci je ne me ferai pas tuer, mais je risque de te faire souffrir.
– Et bien, je t’attends ! »
Sieg suivait toujours tout ce que je disais, ou faisais. Il écoutait et lisait dans mes pensées pour anticiper mes actions. Je m’étais dirigé sur mon ennemi, l’attrapant et le lançant en arrière. Sieg me suivant avait pris soin de placer le robot en face de ma zone de lancer. Enfoncé dans le métal, je m’étais dirigé vers lui.
« Je te fais un cadeau. Je t’offre un robot en guise de nouveau corps ».
J’ai découpé sa carcasse en morceau en accrochant celle du tas de ferraille en dessous. Ses composants fusionnaient avec le robot, libérant ainsi Nikki et le laissant prendre sa place. Je l’ai récupérée dans mes bras. J’ai ensuite poussé cette ordure du pied dans la colonne principale de la salle.
« Qu’est-ce que… où est-ce qu’on est ?
– En antarctique, je t’expliquerai, pour l’instant il nous faudrait sortit d’ici.
– ALERTE ! AUTODESTRUCTION ENCLENCHÉE À CINQ MINUTES.
– Et comment tu comptes t’y prendre ? reprit Sieg d’un air agacé.
– Adam, l’héliport se trouve juste sur le toit. Je t’y attends ! me fit Ilan par téléphone.
– Qui est-ce ? Me demanda Nikki à peine réveillée.
– Notre billet de sortie. Il te reste assez de force pour y monter ?
– J’en doute. Je suis désolé.
– Pas grave je vais voler. Sieg, tu nous ouvres le chemin ?
– Avec plaisir très cher ! »
Nous nous étions dirigés vers le toit, en veillant à ne pas passer à travers l’héliport. Arrivés nous sommes montés en vitesse. À une vingtaine de mètres de l’édifice, je regardais l’explosion et l’achèvement d’une nouvelle bataille, la première à mon nom, en tant que guerrier et porteur de l’âme de Leo Kryssen.
« Eh bien, voilà une bonne chose de faite. La clé du tombeau, ton plus vieil ennemi. Et ta femme. Ce n’est pas une belle affaire ça ?
– Bien vu Sieg. C’est exact, j’ai tout ce que je voulais, surtout ce pour quoi j’ai fait tout ça.
– Tu as risqué ta vie pour moi. Je t’en remercie.
– Je n’ai pas fait que ça ! J’ai déchiré un homme d’affaires trop gros pour sa grande gueule, j’ai tué le plus vieux de mes ennemis, Stevenson trente-sixième du nom, un Stevenson de plus au compteur, j’ai achevé ma plus vielle vengeance. J’ai été martyrisé et transformé en robot en prime !
– Oui, mais un robot qui a un cœur !
– Un cœur de Técéros bleu, dont l’énergie…
– Sieg ! lui répondit-on Nikki et moi en chœur.
– Désolé.
– Mais dit moi Adam, pourquoi l’arctique ?
– À ce que je sais et ce que j’ai trouvé, c’est l’endroit le plus dépeuplé du monde. L’avantage c’est surtout que personne ne se serait douté que quelqu’un viendrait se cacher dans un désert de glace. Et Dieu seul sait ce qu’ils faisaient là-dedans.
– Des tas de choses, comme le robot dans lequel ils m’avaient enfermé, des armes, des véhicules de combat. Tout ça grâce à la technologie des augmentations, que Kévin a soigneusement créée.
– D’où le pourquoi qu’il m’a engagé. Pour protéger tout ce qu’il fait.
– Où je vous laisse les amis ? Nous fit Ilan en nous coupant.
– Toi qui es un fervent admirateur de ma personne, chez moi, sur le toit t’as un héliport.
– Alors j’y suis chef.
– Descendait, j’arrive dans une minute. Ilan, je te remercie.
– De quoi ?
– Pour tout ce que tu as fait.
– Je n’ai presque rien fait. Mais tu as une dette envers moi !
– Je m’en souviendrais. Faudra qu’on se revoie un de ses quatre, tu me plais bien.
– Ne t’en fais pas, on se reverra bien plus vite que tu l’imagines ! Aller à plus !
– Ton premier fan ! Enfin, après moi bien sûr !
– Nikki. Je l’aime bien ce mec, je ne sais pas pourquoi, mais il y a quelque chose chez lui qui m’intrigue.
– On va le trouver.
– Oh, au fait, j’ai hébergé Justine le temps qu’ils t’avaient enlevé.
– J’espère que tu en as bien profité.
– Nikki !
– Je rigole, je sais bien que tu n’aimes que moi. Elle t’a aidé à me retrouver.
– Oui, surtout qu’elle a perdu Loïc, il est mort quand moi on me transformait, tué par Stevenson.
– Tanguy, comme je suis heureuse de te voir ! Tu l’as eu et t’as pensé à moi ?
– Tiens et oui, pour l’avoir eu je l’ai eu. Un de plus qui ne fera plus chier le monde
– Je te remercie, t’es génial !
– Je sais oui. Mais ce n’est pas tout, je vais aller faire un tour. À plus les filles. »
Un tour, sur ma Tour. Une fois de plus je viens méditer sur ce haut point dominant tout le reste.
« Tu es prêt à rentrer ?
– J’ai le choix ? J’ai une belle vie pourtant ici.
– Et tu en auras une encore meilleure chez toi. Dis-toi que si tu as réussi à la séduire, et vu comme elle est accro à toi, tu n’auras pas de mal à le refaire.
– Tu en es sûr ? J’aimerais tellement.
– C’est une fille superbe en plus. Ne la laisse pas passer. Ne laisse plus rien passer. Tu as la chance d’être différent des autres, d’avoir un destin hors du commun. Et une vie ou tu peux te permettre bien plus de choses qu’avant ou que quiconque dans ce monde. Alors, profites-en.
– T’as raison. Il ne faut pas que je laisse passer cette chance. Eh Sieg.
– Oui.
– Merci pour tout ce que tu fais pour moi.
– Mais de rien, je te le dois et je le dois à Leo. »
Je savais que j’allais quitter ce monde pour retourner dans le mien, que plus jamais ma vie ne serait comme avant. Rien qu’à voir tout ce qu’il m’était arrivé. Les temps ont changé, moi aussi. D’apparence, de personnalité, de vie. J’étais un nouvel homme. Prêt à défendre une cause plus noble que n’importe quelle autre. Celle de défendre l’humanité de pourritures comme j’ai pu en rencontrer ces derniers temps. Seulement j’étais bien ici. Et savais que si j’ai eu droit à un destin si merveilleux, il ne tient qu’à moi de le retrouver dans mon temps.
Je suis alors retourné chez moi, en 2012. La sensation de différence des deux temps était tellement surprenante. Ici, en deux semaines rien n’avait changé, sauf ma disparition. Quelques petites histoires par-ci par-là, mais rien de plus. Rien d’aussi important que ce que je venais de vivre. Un changement si inattendu. J’avais vu mon futur, ce qui m’attendait. Et je me disais que je ne devais rien laisser passer. Toutes les choses que j’avais dans le futur, je devais les retrouver ici. Par quels moyens ? Je ne sais pas. Mais mon imagination me permettrait de le savoir. Je devais trouver mes alliés. Mes amis qui m’accompagneraient. Pour achever la quête de Leo.
Tout ceci concluait un nouveau chapitre de l’histoire du grand Leo Kryssen. Mais signait le début de la mienne. Le début d’une très longue histoire, menant à la plus Grande Guerre que le monde ait connue. Une guerre des anges contre les démons.