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Partie 3 : Where The Skies End
Les notes si claires et si prenantes du temps dans l’espace. L’impression du temps qui s’en va, d’une paix éternelle et indestructible. Adam avait déjà vécu cette sensation, de perdre tout sent dans le vide incompréhensible entre les étoiles. Vohn semblait avoir laissé son esprit flotter parmi les astres pendant qu’il patientait son retour. Le silence, la destruction, puis le silence encore.
Devant lui seul se tenait le grand néant de l’espace, décoré de ces milliers d’astres qui n’attendaient qu’une seule chose : leur fin. Devant ses yeux flottaient des amas de roche. Tous, attachées ou portant des structures faites de métal et de lumière. Tous ou presque. Sous ses pieds, une plateforme d’acier gris, aux dessins et ornements semblables à ceux que portait l’Horloge, mais aussi les structures des Ancestraux. Les dorures étaient faites de métal noir, ou de long chemin de lumières.
Adam était déjà venu ici, Vohn du moins. Mais il connaissait cet endroit, et les vivants qui avaient construit ces structures. Il glissa sa main droite dans la poche intérieure de son manteau pour y sortir son étui à cigarettes et en alluma une. Il resta quelques secondes à contempler la vue éclairée par l’étoile blanche incandescente autour duquel les rochers semblaient gravités. Il se retourna et prit la direction que le couloir lui indiquait. Le son de ses talons métalliques sur le sol fait d’une matière semblable sonnait différemment. Les pas ne claquaient plus, mais résonnaient le long du couloir et à travers les immenses plaques d’acier qui faisait la structure. Il laissa ses pas le guider, comme s’il connaissait le chemin par cœur. Il croisa des êtres vivants sur son chemin. Des êtres entièrement habillés d’une combinaison faite de plastique et de fer. Ainsi qu’un casque qui leur donnait une allure de robots. Ils ne se préoccupaient pas de l’homme en noir, ou de la fumée qui sortaient de sa cigarette. Artifice qui ne semblait pas vouloir s’éteindre. Elle était devenue éternelle, comme d’autres choses. Dans sa traversée, il aperçut dans les salles sur les côtés des machines, de grands robots, d’autres ressemblant à des animaux. Toujours entourés par ces êtres au casque de fer intégral.
Dans une autre salle, il aperçut une lumière flottant dans un tube. Une pierre bleue qui émanait d’un éclat incomparable. Une roche d’une brillance qu’il semblait connaitre encore une fois. Des couloirs encore, l’amenèrent dans cette salle, qui paraissait bien plus grande qu’elle ne l’était. Une immense pièce aux tons gris et bleus, faite de murs vitrés donnant une vue spectaculaire sur l’espace. Au centre flottait cette pièce de métal, de lumière et d’or. Un grand anneau, portant en son centre un triangle avec la représentation d’une personnalité que Vohn connaissait. Autour, s’animaient trois mots qui se répétaient. Les trois mots qu’il avait vus apparaitre au-dessus du portail qu’il avait traversé. La suite de mots suivait le tour de l’anneau.
Adam alla se placer devant cette structure, qui se prônait a plus de trois fois sa taille. Il observa cette relique, symbole d’un peuple si singulier. Quinze minutes environ se déroulèrent, jusqu’à ce qu’une autre personne entra dans la salle. Un homme, dont la tête ressemblait étonnamment à celle que portait la pièce de métal. Un homme, ou était-ce une femme ?
« Quel étrange visiteur vois-je ? fit le nouvel arrivant. Je suis ravi de te voir chez nous Vohn. Ou devrais-je t’appeler Adam ?
– J’ai tendance à préférer le second, fit l’homme en noir.
– Très bien. Que nous vaut cette visite fortuite ?
– Elles ne le sont que rarement Segevath. J’ai besoin de tes services, de tout ça, fit Adam montrant la salle. »
La personne qui venait de pénétrer la salle portait une combinaison ressemblante à celles qu’avaient les habitants ayant croisé le chemin d’Adam dans les couloirs. Elle ne portait pourtant pas de casque, seulement une cagoule qui devait protéger sa tête pour ce heaume. La seule distinction sur cette personne était sa main droite, qui revêtait un gant fait d’or et de noir.
« Notre technologie t’intéresse maintenant ? Étonnant, fit Segevath.
– J’ai besoin de maintenir cet univers, éviter la même catastrophe que les Saory. Et si je viens te demander ton aide, c’est parce que tu ne survivras pas à un nouveau cycle.
– L’asverath nous protège !
– Pourtant ta planète a explosé, comme la leur, répondit Adam.
– Que cherches-tu à obtenir ? demanda Segevath.
– Laisse tomber ta cupidité et ton égoïsme. Ta couronne prône l’intemporalité et la patience et tu vas refuser de me laisser t’offrir ce temps sans limites ? »
Le ton froid et insistant d’Adam créa un blanc. Si ce dernier savait ce qui allait advenir de l’univers, la non-réponse de Segevath laissait penser qu’il en savait autant.
« Si à notre temps, seuls vos deux astres gravitaient autour de Sarhala. Aujourd’hui, d’autres se sont créés et ont besoin qu’on les retienne avant qu’ils ne viennent entrechoquer vos mondes.
– Pourquoi ne pas aider L’Arbre écarlate à les porter ?
– Parce que les Saory ont essayé de s’isoler dans leur phase, mais ont péri en détachant leur lien au vivant. L’arbre est mort, il n’en reste qu’une racine cachée sur une lune.
– Et tu souhaites recréer L’Arbre ? questionna Segevath.
– Donner vie à un nouveau. Hébergé par une planète dont la sensibilité magique n’est plus à prouver. Mais aussi sur laquelle vivent vos congénères depuis la fin du cycle des Saory.
– La Terre ne pourra jamais porter une telle chose. Votre pauvre petite planète va nous guider à notre perte, encore une fois !
– Oses-tu douter de mes mots ? s’étonna Adam se rapprochant. Oses-tu penser que nous n’avions établi de plan pour rétablir l’ordre à nouveau malgré notre mort prémédité par les Saory ?
– Je…
– Je ne cherche que la pérennité Segevath. Et votre science m’est nécessaire, nous est nécessaire pour l’obtenir. Toi comme moi le savons. Pour une fois dans ta vie, fais un choix qui guidera l’univers entier vers les lois qui régissent votre peuple. »
Le ton fort et convaincu d’Adam laissa à nouveau ce silence, ou seuls les bruits des réacteurs, des habitants et du métal se laissaient entendre.
« Que te faut-il ? demanda Segevath.
– Des machines perpétuelles, portant vos pierres sensibles à la magie. Zihlon se chargera de créer les catalyseurs qui supporteront la force de la Terre.
– Comment a-t-il pu survivre ?
– Tu auras bien assez de temps pour lui demander. Entre en contact avec lui. Ouvre ton portail dans les deux sens. On se recroisera quand il faudra les mettre en service.
– Oh, Vohn ! Avant que tu ne t’en ailles. »
L’homme en noir tourna la tête, regardant Segevath.
« Quelque chose a traversé notre dimension il y a quelques années de cela. Certains de mes hommes y ont vu un vaisseau semblable à ceux que vous aviez avant votre mort. Le vaisseau semblait enveloppé d’un “voile” comme il a été décrit par ceux qui l’ont vu. Mais il attaquait tout ce qui semblait s’en approcher. Il est resté quelques heures puis a disparu dans le même tunnel par lequel il est venu. Je ne sais pas si tu peux utiliser cette information, mais j’ai supposé qu’elle te serait utile. »
Adam retourna le talon, reparti dans les couloirs par lesquels il était arrivé. Il retrouva alors cette pointe de la structure qui laissait place à une vision de l’espace spectaculaire. D’ici, il pouvait observer cette étoile au blanc miraculeux. L’Asverath. Cette étoile au champ magnétique si particulier ralentissait tout ce qui existait dès lors qu’ils étaient dans son champ. Si cette civilisation n’était pas éteinte, c’était grâce à l’intemporalité de cette étoile.
Patient Timeless Power
Adam a quitté cet endroit dans un portail étonnement verdâtre. Je l’ai retrouvé dans une aile de l’Horloge. Essayant avec difficulté de se relever de son voyage apparemment turbulent. Il s’est rapproché du centre de l’édifice après s’être relevé. Ses pas laissaient apparaitre la douleur.
« Kat ? demanda l’homme en noir. Peux-tu ouvrir la salle 13 ?
– Je croyais que vous aviez bloqué tout accès à cette pièce Monsieur.
– Je le sais oui, dit-il souffrant encore. Communiques-tu avec les autres temporalités de ta personnalité Kat ?
– Pensez-vous que je suis fragmenté de la sorte, monsieur ? demanda la voix.
– Je ne le sais pas plus que toi, répondit Adam.
– Pourquoi avoir amené cette question ?
– Cette salle contiendra les horreurs que le pouvoir des enchainés aura provoquées. Une salle de torture éternelle en somme.
– Dans la seconde temporalité ? questionna Kat.
– Celle-là même, reprit Adam.
– Vous souhaitez le récupérer ?
– Une magie qui n’aspire qu’à la folie ? Laisse ce sentiment aux Saory. J’ai besoin que tu me crées un clone du tableau du temps.
– Je peux faire cela, monsieur, mais puis-je savoir pourquoi ? demanda la voix.
– Il est difficile même pour moi de changer de dimension. J’ai besoin de quelque chose qui saura contrôler le flux. L’atlas est déjà là pour lier un chemin entre le vivant et certaines dimensions. J’ai juste besoin de quelque chose pour pouvoir ouvrir les bons portails vers ces chemins de L’Atlas.
– Je m’occupe de cela, monsieur.
– Parfait, je vais retourner voir Sieg.
– J’aurais besoin de son aide pour cette structure, fit Kat.
– Très bien, je te l’envoie. »
L’homme en noir retourna devant la cathédrale d’Anathema, entouré de ces effluves verts que ce monde portait. À l’intérieur, Adam apercevait son ami aux cheveux orange, se tenant aux côtés d’un être similaire à Vohn. Une grande créature, qui paraissait porter une tunique flottante d’acier. Autour de lui, portées par le vent, une seconde couche faite de tissus enrobait une grande partie du corps de la créature. Son nom était Sorohzinsah. Il était le premier vivant créé par la Trinité. Adam s’avança dans la cathédrale, continuant à regarder l’être au corps d’acier, la main droite sur le cœur, un encensoir dans la main gauche. Il dessinait une forme de cercle avec cette pièce de métal fumante qu’il tenait au bout d’une chaine. Sieg tourna la tête vers Adam à son arrivée, puis retourna ses yeux sur son nouveau compagnon.
« Tout se passe comme prévu, fit Sieg.
– Espérons que ça le reste, répondit Adam.
– As-tu eu le temps d’avancer pendant mon réveil ?
– Eva arrive, il ne lui manque que du temps.
– Du temps que nous avons ?
– Du temps que nous avons, fit Adam.
– Bien, bien.
– J’ai fait un petit voyage à Varszvenhain. Je leur ai demandé des machines pour créer L’Arbre. J’espère qu’il a saisi l’enjeu de ce que je lui ai requis.
– Il l’aura, ne t’en fait pas, répondit Sieg. C’est un homme censé.
– Censé, mais guidé par l’avidité. Il n’y gagne que la pérennité, rien d’autre.
– Mais la pérennité lui est nécessaire, l’Asverath a dû lui dire ce que nos étoiles lui réservent.
– J’imagine. »
Adam regardait pertinemment Soro, dont la fumée de son encensoir commençait à embrumer le lieu sacré. Adam déploya son arme de son dos, puis frappa le chronosceptre au sol, provoquant une troublante transformation de ce dernier. Il ne ressemblait plus à une clé à molette à deux faces, mais à un étrange sceptre portant des dessins lumineux flottants autour. Il tendit alors l’arme à Sieg, surprit.
« Es-tu sûr de vouloir que je la récupère ? demanda l’homme à la veste blanche.
– La mienne se trouve ailleurs Soro. Reprends-là. Elle sera plus efficace entre tes mains.
– Comme tu voudras. »
Sieg prit l’arme entre ses doigts, la plaça dans son dos. Elle se replia dans une forme un peu plus courte, sans les pièces de lumières.
« Tu as retrouvé Sia ? demanda Adam.
– Elle repose dans la tombe, répondit Sieg.
– Je suis désolé. J’ai espéré qu’elle réussisse à aller plus loin, malgré le fait que je n’ai pu la retenir.
– Tu n’as pas à t’en vouloir Adam. Je connaissais le sort de beaucoup d’entre nous bien avant notre combat contre Akziel. Et si j’essayais de me convaincre que cela n’arriverait pas, je n’avais pas conscience qu’il y avait d’autres forces qui guidaient nos pas.
– Est-ce que le grimoire en parlait ? De l’arrivée de Soro avant ta stase ? questionna Adam.
– Des tas de passages qui y ressemblent ont été écrits dans une langue que je n’ai su déchiffrer. Mais depuis quand portes-tu de l’empathie envers les autres ? demanda Sieg.
– Depuis que je vois à travers les yeux des vivants. Peut-être cela nous aidera à mieux comprendre la raison pour laquelle les Saory ont choisi notre perte. Tu devrais aller voir Kat. Elle aura besoin de tes connaissances pour cloner le tableau du temps.
– Je m’en occupe, répondit Sieg. »
Soro se décomposa en particules, s’en alla dans le torse de Sieg. Puis l’homme aux cheveux orange sorti de la cathédrale. Adam éloigna les vagues vertes, retrouvant l’ambiance colorée et brillante d’Anathema. Il resta quelques secondes à contempler l’emblème sur la bannière. Il baissa ses yeux sur sa main droite, puis s’envola dans un puissant rayon lumineux, élevant la cathédrale en fracas avec lui. Les pièces et les pierres qui s’en élevaient se reliaient entre elles d’un lien fantomatique bleuté. Adam relâcha tout autour de lui, laissant les débris de la cathédrale s’écraser au sol. Dans le rayon de lumière qu’il avait élevé, Vohn était apparu. Il s’envola à travers le bouclier qui explosa en éclats.
Adam retourna là où il avait passé le plus clair de son temps ces six derniers mois. Il espérait y trouver les personnes qu’il avait sauvées et qui l’avaient accompagnées. Il était apparu quelque peu éloigné de l’endroit exact, et s’y avança à pied. Proche de l’entrée de la maison, il aperçut la moto qui l’avait transporté à chaque mission qu’il avait effectuée depuis son retour sur Terre. Il entra dans la bâtisse, qui semblait bien vide et silencieuse. Il se rapprocha du bureau de Zinn, où toutes les machines qu’il avait installées étaient éteintes.
« Pas un geste ! Ou je te fais disparaitre de la surface de la Terre ! s’écria une voix féminine derrière Adam.
– Je ne doute pas de toi, mais j’ai bien peur que ce ne soit difficile, répondit l’homme en noir. »
Il se retourna, voyant Nadia et Sullivan, prêts à l’attaquer. Ils lâchèrent leur garde et Nadia vint se jeter dans les bras d’Adam.
« J’ai bien cru que tu étais mort ! fit Sullivan.
– J’étais sûr que tu reviendrais ! s’exclama Nadia.
– Je n’allais pas vous laisser seuls ici. Vous vous êtes fait attaquer pour être sorti de la maison ? demanda Adam.
– Non, nous sommes sortis chercher Zinn, il a disparu il y a quelques heures, reprit Nadia. »
Ces mots firent sourire Adam, qui savait étrangement pourquoi cette personne qu’il avait si peu côtoyée était la seule qui restait sur Terre à son retour.
« Ne vous en faites pas pour lui, il a retrouvé ce pourquoi il était ici, fit Adam.
– Emeline aussi est partie à ta recherche. Cela fait quelques jours que nous sommes sans nouvelles, fit Sullivan.
– J’essaierai de la retrouver. Si elle ne me trouve pas avant.
– Tu es venu ici pour nos trouver du travail ?
– À vrai dire, je ne suis pas ici pour vous pousser à combattre à nouveau. Des choses se sont passées depuis que nous avons quitté cet endroit avec Alix.
– Quel genre de choses ? demanda la femme.
– Des choses de divinités. Je me dois de vous proposer quelque chose pour après. Lorsque nous avancerons dans le monde une fois Akziel disparu. Je vous laisse choisir évidemment. Je peux vous dire que notre planète sera reconstruite, avec du temps. Si vous souhaitez rester, vous pourrez.
– Que proposes-tu d’autre ? demanda Sullivan.
– De mettre fin à cette vie. Je peux vous envoyer avec tous ceux que j’ai sauvés. Vous vous souviendrez de ce qu’il s’est passé, mais vos souvenirs vous fuiront le jour où vous reviendrez sur Terre avec les autres. Tu pourrais enfin dire adieu à cette vie de fardeau que tu essaies de chasser depuis tant d’années.
– Mon choix est déjà fait, fit Sullivan.
– Alors je te suivrai, fit Nadia s’approchant de lui. »
Adam ferma les yeux, illuminant les deux personnes devant lui d’une lumière dorée devant du ciel. Il rouvrit les yeux et observa alors les deux s’en aller dans des particules suivant le rayon. Il retrouva alors l’Horloge, encore une fois.
« Monsieur ? Alix est venue vous voir, fit Kat.
– Elle n’a pas dit où elle allait ?
– Non, monsieur.
– Je pense savoir où la trouver. »
Adam s’en alla dans la forteresse perdue dans les alpes. Tout était blanc dedans, seul ce monticule anormal se trouvait devant lui, Alix à ses côtés. Il s’approcha, observant à nouveau le corps inerte de Chester.
« Tu es revenu le voir depuis ton retour ? demanda la femme.
– Il est mort en dernier, bien après les autres.
– J’aurais pu…
– Non, Alix. Nous existons dans deux lignes temporelles distinctes. Nous quatre. Mais dans celle-ci, le virus porte quelque chose de différent, quelque chose qui m’aurait tué si Vohn n’existait pas.
– J’aurais pu essayer au moins… dit-elle la voix faible.
– Sieg lui a dit de lâcher prise lorsqu’il est venu le voir. Que son combat pour sa survie était vain. Je suis désolé… »
Le vent soufflait, recouvrant le corps de neige et l’enlevant quelques secondes plus tard.
« Alors, c’est ici que s’arrête l’histoire de Leo ? demanda la femme.
– J’en ai bien peur, répondit Adam. »
Alix avait abandonné ses cheveux blonds pour une teinte plus rose. Un rose pâle, presque violet. Une teinte qui semblait évoquer des souvenirs à Adam, mais je ne saurais déceler lesquels.
« Kat m’a dit que tu me cherchais, reprit Adam.
– Comment tu savais que tu me trouverais ici ?
– Il ne te reste aucun attachement à ton ancienne vie, à part moi. Chester était la seule solution.
– Et moi alors ? demanda-t-elle. Je représente encore quelque chose pour toi ?
– Tu comptes énormément pour moi. Si c’est encore réciproque. »
Elle tourna à nouveau son regard sur celui qui avait été la souche de la pandémie. Son corps avait été recouvert de mutations, laissant s’échapper de ses pieds, toute la masse mutagène qui s’étalait au sol.
« Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ? demanda-t-elle.
– Il y a plein de choses que l’on peut faire. Tout, ou presque tout ce qui écrira le futur de la Terre est réglé.
– Il ne nous reste qu’à décider du sort d’Akziel ?
– En somme, ça y ressemble.
– Que comptes-tu faire ?
– Pour le tuer ? s’étonna Adam. Je ne décide rien. C’est ton combat. C’est à toi d’en finir. Je t’offrirai ma force si cela est nécessaire bien entendu.
– Je dois décider de la manière dont je termine ses jours ?
– Tu en es libre, en effet. »
Alix se rapprocha de l’homme, le regardant droit dans les yeux.
« Je veux que tu me serves d’appât. Que tu lui poses un ultimatum.
– Tu penses qu’il va accepter ? demanda Adam.
– Venant de toi, c’est presque sûr.
– Et rien de plus ?
– Tu as dit que j’avais certainement une partie d’Ash en moi. Je pense que je devrais pouvoir le tuer.
– Et tu penses que cela va suffire ? questionna Adam. Si tu meurs, que dois-je faire ?
– Tu n’as pas la capacité de me réanimer ? En tant que dieu ?
– Je le peux, mais pas comme tu le penses, répondit Adam. Tu resteras morte, sous mes ordres. Et ce n’est pas ce que je veux.
– Alors, tu devras me faire entièrement confiance. Ou le faire à ma place, si tu ne crains pas de déranger l’ordre des choses.
– Ce n’est pas sa misérable vie qui dérangera notre plan, dit-il d’un ton sec.
– Très bien ! Alors, quand partons-nous ?
– Tout de suite, si tu le souhaites.
– Tout de suite… J’ai encore une dernière chose à régler… »
Alix disparut dans un éclat de lumière. Suivi d’une apparition de Soro, les bras dans le dos, aux côtés d’Adam.
« Quelque chose te tracasse ? demanda l’érudit.
– Avec cette légende, j’ai l’impression de revivre la même histoire encore et encore.
– N’est-ce pas toute l’essence de la vie ? Une boucle infinie qui se ressemble plus chaque jour encore.
– Si, mais nous ne sommes pas ici pour cela, tu le sais.
– Évidemment. Chaque chose en son temps. »
Adam s’en alla à son tour, suivant le même chemin qu’avait pris sa compagne. Il se retrouva en haut des marches de la terrasse du manoir Kryssen. Toujours sous les pétales de ces cerisiers qui semblaient si magiques. Il entendait au loin Alix, qui chantonnait quelque chose.
Time will heal our hearts
But were we doomed from the start
Or were we planned in the stars?
Or is there any God at all?
Adam descendit les escaliers, avança vers la femme qui se tenait proche de la rambarde. Toujours guidé par ces pas métalliques sur les pierres.
« Alors c’est ça ? Nous sommes des dieux ? questionna Alix.
– Ça y ressemble oui, répondit Adam.
– Comment tu le vis ?
– Rien n’a changé, à mes yeux.
– Ah bon ? Rien du tout ? s’étonna Alix.
– Tes cheveux ont changé de couleurs. Et j’imagine que ce n’est pas toi qui l’as choisi.
– Il y a quelques jours, alors que je passais du temps à essayer d’imaginer que ma fille devait mourir pour que l’on vive, je me suis réveillé avec les cheveux de cette couleur.
– Peut-être qu’Ash a remarqué que j’étais là. Elle essaie de te montrer qu’elle existe aussi, reprit Adam.
– Et son corps ? demanda Alix.
– Je n’ai aucune idée d’où il peut être. On m’a dit qu’il avait été aperçu un vaisseau similaire à ceux que nous avions. Mais impossible de trouver sa trace.
– J’ai demandé à l’horloge si elle pouvait calculer le temps qu’il nous faudrait pour la retrouver.
– Et ? Que t’a-t-elle dit ? questionna Adam.
– Que cela devait prendre en compte des variables qu’elle n’était pas capable de comprendre et calculer. »
Adam regardait le visage de sa compagne, dont le léger espoir semblait fuir lors de ces derniers mots.
« Tu as peur que cette quête ne prenne trop de temps ? demanda l’homme.
– Je ne sais pas. Est-ce que nous ne nous lançons pas dans une recherche sans fin, sans but ? À quel point il peut être difficile de retrouver un corps dans l’univers tout entier ?
– Et plus encore.
– Plus ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Le vaisseau qui a été aperçu était enrobé d’un voile. Cela veut dire qu’il venait du vide, et qu’il y a passé du temps. Beaucoup de temps.
– Dans le vide ? Je ne te suis pas Adam.
– Dans le vide, dans les enfers. Là où seul subsiste le voile des morts. »
La femme paraissait perplexe. L’idée qu’elle se faisait des enfers consistait à imaginer le long fleuve des âmes qu’avait remonté Toshiie.
« Il y a des choses sur la compréhension de notre monde qu’il te manque Alix. Et ce n’est pas grave, je prendrais le temps de tout t’expliquer.
– Et si tu devais me raccourcir le récit ?
– Cet enfer des morts voit un parallèle, que les humains appellent paradis. Respectivement Stanahain et Svenvenahain. À ces deux univers, s’étaient ajoutés deux autres, dimensions ou phases parallèles l’une à l’autre. Arzvesahain et Varszvenhain. L’une portait les Saory et l’autre les Velhom. Les ancestraux vivants sur Terre sont des Velhom. Les plus anciens en tout cas. Mais à cela, et à cause des suites de cycles que le Pendulum a causé, ces deux phases se sont doublées. Deux phases que je ne connais pas et où peut se trouver aussi le corps d’Ash.
– Tu essaies de me dire que plus le temps passe, et plus cela va devenir compliqué de la retrouver ? demanda Alix.
– C’est un peu ça oui. Je sais où je dois commencer, mais le problème est que, même si je suis toutes les “traces” qu’elle laisse pour la retrouver. Rien ne me dit que j’aurais assez de temps pour cela.
– Mais pour autant tu continueras à la chercher, reprit Alix.
– J’y perdrais ma vie à nouveau s’il le faut. Je ne sais combien de temps il nous reste pour que l’univers s’écroule encore avant d’arriver à la stagnation.
– La stagnation ?
– Le monde devait vivre un cycle long, presque éternel. Mais les Saory ont enfermé leurs morts dans des cycles courts sans être capables de rendre leur propre création pérenne. Lorsque l’on aura retrouvé Ash, le Pendulum sera mon but principal. Ce qu’il reste des anciens Saory devra tomber. »
Alix se retourna vers le paysage de montagne que proposait le Manoir.
« Lorsque tu seras prête pour affronter Akziel, dis-le-moi. Je me chargerai d’aller le divertir.
– Et après ? Qu’est-ce que l’on fera ?
– On protègera l’univers, puis on partira à la recherche d’Ash. »
Adam s’effaça dans une nuée de particules noires, et le temps s’en alla aussi.
Partie 4 : Changes are Coming
J’ai perdu la trace de notre ami pendant un certain temps. Je l’ai retrouvé dans un endroit que je pensais perdu depuis longtemps. Une étrange lune habitée d’immenses structures faites de marbre et d’or. J’ai retrouvé Adam dans cette salle, aux hauteurs vertigineuses. Au centre, une racine, un arbre, quelque chose de similaire qui portait un blanc écarlate, sans pareil. Tout autour portaient ces dorures que l’on apercevait partout ici. Le sol portait, autour de cette racine, huit pierres lumineuses, qui dégageaient un éclat bleuté, clair, presque verdâtre. Une seule d’entre elles brillait d’un éclat plus puissant que les autres. Dans les hauteurs flottaient d’étranges structures dorées, qui ressemblaient à des orgues enroulés. Une étrange musique se dégageait de cet endroit, ainsi qu’une voix qui accompagnait ce son permanent.
Quelque chose avait changé sur l’homme depuis qu’il était entré ici. Les pièces de métal qui constituaient ses membres avaient changé de couleurs. Elles s’animaient de pulsations bleutées et les chromes étaient devenus dorés.
J’ai vu Adam s’approcher de la racine, se baisser pour ramasser une fleur. Une petite pousse à la tige verte brillante et aux pétales rosés.
« Monsieur, pensez-vous qu’il reprendra vie un jour ? demanda une voix résonante dans l’édifice.
– Je ne sais pas Orva. Je vais essayer de lui donner une nouvelle vie.
– Avec cette pousse ? s’étonna la voix.
– Ce que j’espère, c’est qu’il lui reste assez de force pour donner naissance à un descendant.
– Je l’espère aussi, répondit Orva. »
Adam fit disparaitre la fleur dans sa main, continuant à admirer la puissante racine blanc écarlate qui prônait au centre de la pièce.
« Opérateur ? Votre messager vient d’arriver, fit Orva.
– Mon messager ? questionna Adam avec le sourire. Très bien.
– Avec plaisir opérateur. »
Vous avez longuement entendu parler des messagers, ces quelques uniques Saory qui voyagent à travers bien plus de choses que le vivant ne le permet. Il en restait peu, mais Adam en connaissait un. Une personne qu’il avait retrouvée quelque temps auparavant. L’homme en noir quitta la salle de la racine blanche, s’en allant dans les couloirs aux hauteurs vertigineuses que portait cette structure. Tout était calme ici. Seul le bruit de l’orgue berçait doucement les oreilles même au loin. Quant à la voix qui s’y laissait entendre, elle avait disparu à travers les murs. Adam continua son avancée jusqu’à cette salle, où apparaissait une silhouette au loin. C’était une grande, longue salle, principalement constituée d’escaliers qui rejoignaient quatre étranges portes. Le chemin de marches se coupait en deux, laissant place en son centre à une sorte de vide qui semblait ne jamais trouver de fin. Adam descendit les escaliers de la porte d’où il venait, pour gravir ceux qui les suivaient et rejoindre la silhouette qui se tenait devant l’une des portes. Il s’approcha d’elle, toujours portant ce sourire. La femme se retourna vers lui, étonnée.
« Adam ? s’étonna Emeline.
– Je parie que cela fait bien longtemps que tu n’es pas revenue ici, répondit l’homme en noir.
– Où est-ce que nous sommes au juste ?
– Dans la cité d’évasion des Saory. Une lune cachée dans l’Astral qui gravite autour d’Aldor. Elle a rendu la vie sur cette planète quelque peu, compliquée.
– Pourquoi suis-je ici ?
– Tu as essayé de me retrouver ? demanda Adam.
– J’ai tenté oui, répondit-elle.
– Alors ton voyage t’a mené là où je me tenais.
– Quelque chose a changé Adam… Tu as changé.
– Le temps passe, et je n’ai plus la capacité de le retenir Emeline. Viens, j’ai quelque chose à te montrer. »
Adam et Emeline firent le chemin dans l’autre sens, bordé par la musique de l’orgue qui se laissait étouffer dans la pièce d’où la femme venait. Adam gardait ce sourire, Emeline était perturbée par cet endroit qu’elle semblait connaitre, mais qui lui paraissait merveilleux et surréaliste.
« C’est étrangement calme ici, dit-elle.
– C’est parce que l’endroit est inhabité, répondit Adam. Enfin, presque inhabité.
– Je suis toujours ici monsieur, fit la voix.
– Je sais Orva, je ne t’oublie pas.
– On dirait la voix de Kat, fit Emeline.
– Il est étrange d’observer l’IA Kat qu’Alix a créé pour porter l’Horloge et Orva que Soro avait mis en place pour aider les Saory. Ils sembleraient que les deux aient la même origine.
– Mais d’où sort cet endroit ? Je veux dire, pourquoi avoir créé des salles si grandes et si hautes ?
– L’architecture des Saory reflète bien leur envie et idée de la grandeur, de leur grandeur. Le marbre, l’or, les roches lumineuses. Tout essaie de ressembler à ce à quoi ils aspiraient. Ce qui les a menés à leurs pertes. Avant leur chute, ils ont essayé de scinder leur esprit, entre le vivant et l’Astral. Ils ont espéré pouvoir vivre uniquement ici, sur la lune de Maastrah. Mais il s’est avéré qu’ils n’ont pas trouvé la solution pour rester ici sans mourir. Alors, la lune est restée isolée dans l’Astral, sans personne. Elle est la seule relique de ce monde, avec le reste de l’Arbre qui retenait les mondes.
– Mais pourquoi être venu ici alors… »
Ils arrivèrent dans la salle où se tenait Adam il y a quelques minutes. Emeline aperçut la grande racine blanche qui se tenait au centre de la pièce. Puis, se laissa entendre à nouveau, la voix qui résonnait entre les tubes de l’orgue.
« J’ai l’impression d’être déjà venu dans cet endroit… fit Emeline.
– Orva saurait te dire qu’il y a quelques années, depuis la création du cycle, les messagers se rassemblaient autour de la racine pour ne pas perdre leur lien avec leur voyage entre les mondes. Mais je sais que dans les cycles, les messagers avaient une date à laquelle ils effaçaient leur mémoire, pour ne jamais laisser perdurer des informations qui devaient être cruciales, fit Adam.
– Tu essaies de me dire que j’ai des milliers d’années ?
– Des milliers, oui. Des millions, certainement aussi. Notre cycle a cinquante milliards d’années. Et ni moi ni le codex ne savons si les messagers sont aussi vieux que les Saory. »
Emeline fit le tour de la racine, étonné par les couleurs qu’elle dégageait, les pierres qui s’y reflétaient. Elle s’arrêta une première fois sur la seule qui brillait plus fort que les autres.
« Si je me fie au codex, fit Adam. Chacune des pierres reflète le lien d’un messager. Tu es la dernière, si j’en crois ces pierres.
– N’y en a-t-il pas assez des derniers de ci ou de ça ?
– Je ne compte plus le nombre de restes de cette ancienne civilisation, répondit l’homme.
– Et que veux-tu que j’en fasse ? De cet héritage dont je n’ai aucune connaissance ?
– Ce que tu souhaiteras. Si tu souhaites le conserver et le faire perdurer, si tu souhaites le réduire à néant et trouver une autre voie à ta vie, ou vivre une vie normale. Je t’aiderai, quel que soit le choix que tu feras.
– Lequel de ces choix t’aiderait ? demanda-t-elle.
– Je ne veux pas que tu choisisses une voie pour moi Emeline. Tu as passé ta vie et je ne sais combien d’années à être guidée par des écrits et des lois qui ne sont plus les nôtres. Je ne veux pas que tu suives un chemin guidé par le choix que je pourrais faire simplement parce que tu as passé tes dernières années à mes côtés.
– Si je choisis de conserver tout ça, me laisseras-tu le temps d’en faire quelque chose ? De mieux ? De plus intéressant ?
– Tu auras le temps qu’il te faudra, répondit Adam.
– Monsieur ? Quelqu’un requiert votre présence sur L’Horloge, fit la voix.
– J’y vais, merci, Orva.
– Avec plaisir Monsieur.
– Tu souhaites revenir avec moi ? demanda l’homme en noir.
– Non, je vais rester ici quelque temps, répondit-elle.
– Très bien. À plus tard alors. »
Adam retrouva l’Horloge, à travers ce couloir qui projetait d’infinies versions de lui-même. Il apercevait devant lui la femme qu’il avait laissée quelques jours plus tôt.
Jeudi 19 mars 2015.
« Salut, fit la femme.
– Tu veux aller faire un tour dans le temps ? demanda Adam.
– Non. Tu crois que tu pourrais me montrer comment c’est ? De l’autre côté.
– J’imagine oui, pourquoi ?
– Je ne sais pas, j’ai l’étrange sentiment que je dois retrouver quelque chose là-bas.
– Très bien. »
Adam s’approcha du bord du plateau, qui entourait ce puissant rayon lumineux qui irradiait toute l’Horloge. Il se retourna et se laissa tomber dans le rayon lumineux. La lumière augmenta, de plus en plus jusqu’à récupérer sa teinte originelle.
« Vous pouvez le suivre, Madame, fit Kat.
– D’accord, répondit Alix. »
Elle avança jusqu’au bord de l’anneau, puis sauta dans la lumière. Le rayon réagit de la même manière, devenant de plus en plus éclatant jusqu’à retrouver sa force lumineuse.
De l’autre côté, Adam l’attendait, ainsi qu’une figure qu’elle n’avait pas vue depuis un certain temps.
« Sieg ! s’exclama Alix. »
Elle s’en alla vers lui rapidement, puis le serra dans ses bras de joie. Sieg semblait surpris, mais elle paraissait ravie de le revoir, au sourire sur son visage.
« Toi aussi tu es devenu l’un d’eux ? demanda la femme
– Je ne suis pas vraiment l’un d’eux, mais j’en suis très proche oui.
– Et, comment tu le vis ?
– Tout est comme avant, répondit Sieg. Tout parait toujours aussi étrange.
– Où en es-tu de cette salle ? questionna Adam.
– J’en suis à un état rudimentaire, mais cela devrait fonctionner. Pourquoi telle question ? demanda Sieg.
– Alix souhaiterait voir l’autre côté.
– Oh ! s’exclama Sieg. Et bien, je pense que cela doit être possible. »
L’homme aux cheveux orange s’approcha du centre de cette pièce qui semblait circulaire. Elle s’habillait d’une grande vasque remplie de liquide en son centre. Sur l’eau flottaient d’étranges structures. Toutes identique à l’exception d’un symbole sur chacune d’elles. Elle représentait six de ces formes, qui semblaient être des tours, ou des pointes de pont. Seules deux s’illuminèrent lors de l’approche de l’Onyx. Il fit pivoter le contour du plan d’eau, alignant une tour à la porte devant lui, puis inséra une pièce de métal dans une serrure pour lancer la procédure. Tout s’éteint autour, et l’arche de la porte l’illumina doucement. Alix se rapprocha de la porte, dont les étranges signes l’éclairaient au fur et à mesure.
« Je vois que tu as trouvé toutes les destinations, fit Adam.
– Je les ai toutes vues oui. Mais je n’ai pas trouvé le chemin de l’Atlas qui nous y amène encore. J’ai besoin de l’aide de Sieg. Son grimoire nous donnera des informations que je n’ai pas.
– Alors, laissons le temps faire son œuvre, fit Adam.
– Occupe-toi donc d’elle. Avant que son espoir pour nous ne disparaisse. »
La porte s’ouvrit alors, dans un grand claquement de rouage mécanique. Elle laissa apparaitre une grande porte blanche. Alix y passa la première, Adam la suivit quelques secondes plus tard. Les deux avancèrent alors dans l’immensité blanche, Alix toujours en avance. Il n’y avait rien ici, sauf cette couleur écarlate pourtant si brillant. Ils marchèrent encore, Adam, toujours en retrait. Lorsqu’une seconde arche se laissa apercevoir, quelque chose apparut dans le blanc. Une silhouette que les deux connaissaient particulièrement. Alix se jeta dans les bras de l’homme aux cheveux blonds qui s’était retournés vers eux, alors qu’Adam lui fit révérence de tout son torse à son approche.
« Pourquoi es-tu ici ? demanda Alix
– Mon chemin à travers l’Atlas ne fut pas aussi simple que je l’imaginais, répondit Leo.
– Tu crains ce qui se trouve derrière cette porte ? Mais si nous la voyons tous les trois, c’est que nous allons au même endroit ?
– Seul le conseil décide de la destination de cette porte lorsque l’on accède à l’Atlas par la mort, reprit Adam.
– Alors il ne vient pas avec nous ? s’étonna Alix.
– Je ne sais pas… répondit Leo. »
Alix le serra encore plus fort, alors que les ressemblances entre Leo et Adam semblaient perturbantes. Hormis les traits du visage et la couleur de cheveux notablement différente. Leurs postures, leurs regards emplis de sagesse et de noirceur étaient les mêmes. Le dessin qu’avaient leurs bras le long de leurs corps, les deux mains presque fermées. Quelques-uns auraient pu les confondre avec deux jumeaux, ou deux clones.
« J’espère que tout ce que l’on a vécu ne te mènera pas à un sors pire que tout ce que tu as déjà vu.
– J’espère aussi, répondit Leo. »
Alix lâcha Leo, toujours souriante, puis s’avança doucement vers l’arche jusqu’à disparaitre. Vohn se rapprocha de l’homme, se mettant tous deux à côté de la porte.
« Tu sais ce qu’il y a derrière cette porte pour moi, n’est-ce pas ? demanda Leo.
– J’en ai bien peur oui, répondit Adam. »
Adam avait un fort pour poser des phrases, qui laissaient un puissant blanc. Une peur chez l’autre, une incertitude. Mais il ne laissait que rarement mourir l’espoir.
« Laisse-moi endosser ton passé. Assumer tous les sacrifices que tu as faits. C’est à mon tour de voir toutes les horreurs de l’univers. »
Il montra alors la porte de sa main droite, se tenant toujours face à Leo, le sourire aux lèvres.
« Une vie meilleure t’attend, la tienne a été bien remplie. »
Leo lui sourit en retour, puis passa la porte. Adam resta quelques secondes de plus dans cette immensité immaculée. Il semblait chercher ou attendre quelque chose de cet endroit, sans que je ne puisse déterminer quoi. Puis il passa la porte, retrouva Alix de l’autre côté qui observait Leo s’en aller. Tous deux se tenaient sur la pointe d’une roche, un immense rocher qui semblait flotter dans les airs. Les nuages qu’il traversait ne laissaient pas apercevoir ce qui se tenait sous le mont flottant. Il portait sur son dos, une étrange citée aux couleurs orange et violettes. Une cité que tous deux connaissaient.
« C’est Dvirel ? N’est-ce pas ? demanda la femme.
– Une cité fantôme oui. Mais cela sonne étrange, car elle n’aurait jamais dû apparaitre sur Terre. Je n’en saisis pas vraiment le sens.
– Une simple apparition pour le futur de Leo ?
– Évidemment, répondit Adam. Mais ce n’est pas un point important pour nous. Elle n’a même pas été écrite dans les prévisions de Toshiie. Son apparition ressemble à un paradoxe. »
Alix restait toujours distante envers Adam. Elle n’apercevait pas en lui ce qu’elle voyait avant, ou ce qu’elle avait vu chez Leo. Je ne saurais vous dire si elle n’était plus amoureuse de lui. Mais son comportement envers lui depuis l’arrivée de Vohn était différent.
« Il ne nous voit plus, n’est-ce pas ? demanda Alix.
– Il est dans l’autre monde cette fois-ci. Personne ne pourra venir déranger son repos ici désormais.
– Je n’ai pas réussi à l’atteindre la dernière fois, fit Alix après quelques secondes, j’étais trop préoccupée par ton sors Adam. Mais cette fois-ci, j’imagine que tu ne crains rien face à lui.
– Dans tous les cas, ce n’est plus mon combat. C’était le vôtre, dit-il montrant Leo continuant d’avancer.
– Allons-y, nous aurons tout le temps de profiter du reste du monde lorsque nous aurons tout réparé.
– Très bien. »
Il laissa la femme s’en aller, mais Adam ne repartit pas aussitôt. Il avait observé quelque chose avant de sortir de l’Atlas. Quelqu’un qu’il attendait patiemment.
« Adam !
– Bienvenue de l’autre côté Lynn. »
Elle essaya d’attraper sa main, mais la sienne passa à travers.
« Qu’est-ce que ?
– Je ne suis pas mort Lynn. Mon enveloppe est toujours sur Terre, fit Adam.
– Ça veut dire que tu as retrouvé l’Éternelle ? demanda-t-elle.
– Il s’en est passé des choses depuis, mais oui. Je l’ai retrouvée.
– Et donc ? Je ne suis pas en enfer pour les meurtres que j’ai commis ?
– J’ai essayé de t’emmener ailleurs, pour t’offrir une nouvelle vie, mais je n’ai pas réussi. Le Sanctuaire est un endroit merveilleux, malgré le fait que ceux qui y vivent sont morts.
– Ça ressemble à ça le paradis ? s’étonna-t-elle.
– C’est bien différent de ce que l’on pense. »
Elle s’approcha de l’homme en noir et le serra dans ses bras. « Merci Aiden. » dit-elle s’en allant vers le chemin qui montait rejoignait Dvirel.